- En août 1870 : A.R a 16 ans et aime plus que tout la liberté -> fugues à plusieurs reprises et rédige durant son vagabondage 22 poèmes qui deviendront les Cahiers de Douai
- "Ma Bohème" : sonnet autobiographique -> a beaucoup contribué à la célébrité du recueil
- La liberté qui se dégage du poème rend compte du surnom que Paul Verlaine (un autre poète) attribua à Rimbaud : "l'homme aux semelles de vent"
- Poème sous-titré : "Fantaisie" -> montre qu'il va jouer avec les codes de la poésie et qu'il ne les prend pas au sérieux
- Ce poème parle de fugue et liberté
- En quoi ce sonnet constitue-t-il un éloge de la liberté et une célébration de la poésie ?
I. L'enthousiasme de l'errance ( v.1-8 ; 2 quatrains)
II. Une expérience source de réinvention (v.9-14 ; 2 tercets)
Les 2 premiers quatrains dessinent l'autoportrait d'un poète voyageur
- comme l'indique la répétition du verbe "aller" au v.1 et v.3 + emploi de l'imparfait fait écho aux vagabondages répétés du poète + liberté d'aller où il le souhaite
- S'agit d'une errance -> voyage sans destination précise : "sous le ciel" (v.3) -> seul complément circ. de lieu : assez vague, incertain -> renvoie à la liberté
- Marques de la première personne très présentes : pronom personnel "je" (au v.3 sous sa forme élidée "j'") -> présence d'une dimension autobiographique + idée qu'il est maître de ses décisions
- Voyage du poète caractérisé par un certain dénouement : la pauvreté -> "poches crevées" (v.1) "Mon paletot" (v.2) mais pas de lamentation : pauvreté n'est pas un frein à son exaltation poétique -> se démarque des normes sociales -> libre
- Poésie occupe toute la place dans son existence comme le montre "Muse" (v.3) -> divinité de l'inspiration apostrophée : Rimbaud se place sous la protection de la Muse -> peut faire penser aux romans de chevalerie au Moyen-âge surtout avec le terme "féal" (v.3)
- Poésie indissociable du thème de l'amour au v.4 : présence d'une certaine ironie montrée par les tournures exclamatives -> verbe "rêver" : preuve d'une certaine errance et donc liberté
- Thème de la pauvreté repris dans le deuxième quatrain : "Mon unique culotte avait un large trou" (v.5)
- Rimbaud s'identifie à la figure littéraire du Petit Poucet (v.6) : contes de Charles Perrault mais celui-ci ne va pas semer des cailloux mais des rimes
- R va revendiquer son statut de poète/créateur : acte de création poétique mis en valeur par le rejet "Des rimes" (v.7) -> célèbre son statut de poète
- Par l'expression " Mon auberge était à la Grande-Ourse"(v.7) : souligne qu'il doit dormir à la belle étoile confirmé par "sous le ciel" (v.3) : pas le confort/chaleur d'une auberge en revanche il peut librement observer les étoiles "mes étoiles au ciel" (v.8) : ne dépend de personne, totalement libre
- Onomatopée "doux frou-frou" (v.8) -> combinaison de sensations sensorielles ( perceptions auditives et tactiles ) : renvoi à la douceur de l'étoffe -> perceptions totalement imaginaires crées grâce à l'imagination poétique -> célébration de la poésie
1ère partie, on remarque déjà un éloge de la liberté avec toutes ses mentions de totale liberté introduites par les verbes à l'imparfait, la marque de la première personnes du singulier, et la mention de la pauvreté sans plainte et de dormir dehors, avec les étoiles. L'adolescent est accompagné par la poésie dans son errance : mention de la Muse dont il est "féal", et le rejet "Des rimes" semées par "Le petit Poucet rêveur" : on voit donc dès le début du poème une célébration de la poésie
Dans les deux tercets nous retrouvons l'idée d'une harmonie entre le poète et la nature
- comme le montre les "gouttes de rosée" (v.10-11) + le poète est attentif au monde qu'il environne -> "Je les écoutais" (v.9)
- Pas que des perceptions auditives, aussi associées à des perceptions tactiles (v.10) "sentais" et gustatives (v.11) "vin" -> a du temps pour être attentif à ce qu'il entoure/ pour se poser tranquillement "assis au bord des routes" (v.9) -> libre
- Dernier tercet -> éloge de la poésie : commence par le participe passé "rimant" (référence à la poésie) -> atmosphère mystérieuse dans le dernier tercet : "rimant au milieu des ombres fantastiques" (v.12) -> atmosphère surnaturelle, étrange, inquiétante, presque irréelle
- Référence à la lyre -> renvoie à Apollon, dieu de la poésie et autre figure de poète : Orphée, introduit par "ombres", qui renvoie à l'étymologie de son nom signifiant "obscurité" : le poète par excellence, ne quitte jamais sa lyre, et si talentueux que les animaux les + féroces sont calmés en l'écoutant -> célébration de la poésie
- Jeu de mots avec le terme "pied" (v.14) : avant la poésie antique comptait les "pieds" et non les syllabes ; aussi une opposition entre "pied" et "coeur" : haut/bas, noble/trivial -> célébration de la poésie
2ème partie continue de nous montrer un éloge de la liberté avec les références à la nature, en harmonie avec le poète et fait une célébration de la poésie avec ces références aux figures mythologiques de poètes ainsi que la référence au compte de la poésie antique
Pour conclure,
Ce sonnet représente bien à la fois un éloge de la liberté de par :
- la dimension autobiographique d'un adolescent fugueur
- la description d'un poète voyageur, errant, sans but, dormant à la belle étoile avec ses habits usés, au milieu de la nature
Le poème représente également une célébration de la poésie remarquable grâce
- à l'identification du poète en tant que Petit Poucet, semant des rimes : il revendique son statut de poète et le célèbre
- la mention de la Muse qui l'accompagne dans son errance et à laquelle il est loyal et dévoué
- aux différentes références à la mythologie antique avec la mention de la lyre renvoyant à deux poètes : Apollon, dieu de la poésie et Orphée, poète par excellence
- la référence au compte de la poésie antique en "pied"
Nous pouvons faire le rapprochement de ce poème avec un autre des Cahiers de Douai, "Le Dormeur du Val" qui lui aussi fait référence à une nature en harmonie avec le personnage mentionné dans le poème, dans le poème étudié le poète et dans ce poème, un soldat mort à la guerre.