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Explication linéaire Manon Lescaut n°2 : Abbé Prévost (1753) 1ère partie (p.81-82, éd. Les Ateliers d'Actes sud)

Introduction

Septième et dernier tome des Mémoires et aventures d'un homme de qualité, Manon Lescaut est un roman de l'abbé Prévost publié pour la première fois en 1731, et qui raconte les amours contrariées et tumultueuses d'un jeune homme de bonne famille, Des Grieux, et d'une jeune fille d'origine modeste, Manon Lescaut. Les épisodes théâtraux sont nombreux dans ce roman et les personnages y tiennent des rôles pouvant rappeler les emplois de la comédie classique. Dans notre extrait, Manon, Lescaut (le frère de Manon) et Des Grieux se jouent d'un vieux barbon comme on en trouve dans les pièces de Molière. Tous les trois ont fait passer Des Grieux pour un jeune frère de Manon destiné à entrer en religion, dans le but de permettre aux amant de se voir alors que Manon demeure la maîtresse de M. de G... M... ; parallèlement, ils lui soutirent de l'argent. Mais cette tromperie se fait essentiellement "pour [se] donner le plaisir d'une scène agréable" : elle est avant tout plaisante et on rit aux dépends du vieux libidineux. Un lien de connivence naît alors entre le lecteur et les personnages, qui en savent plus que le vieillard sur son propre compte.

1er mouvement (l. 1-7 jusqu'à "d'un si bon modèle") : La présentation du prétendu écolier

2ème mouvement (l. 7-18 jusqu'à "un enfant de province") : L'aveuglement du vieux libidineux

3ème mouvement (l. 18-25) : Plaisir de l'hypocrite narrateur.

Comment ce passage de comédie contribu-t-il au plaisir du romanesque ?

Lecture du texte

Développement

1er mouvement : l.1 à 7, la présentation du prétendu écolier

A1 : L'entrée de Des Grieux est soigneusement préparée

E1 : "me prendre par la main", "me conduisant", "m'ordonna" (l.1 et 2) : Pronoms personnels objets + Verbes d'autorité -> Lescaut se comporte comme un grand frère avec lui.

E2 : "J'en fis deux ou trois des plus profondes" : Comique de geste + superlatif -> Des Grieux surjoue le personnage ignorant des usages mondains.

B : Des Grieux est infantilisé. La gestuelle prépare les paroles de Lescaut et a pour but d'endormir toute méfiance de la part du vieillard.

A2 : Pour présenter Des Grieux, Lescaut insiste sur son innocence mais aussi sur sa formation à venir

E1 : "c'est un enfant fort neuf" : Discours direct + périphrase à valeur d'antiphrase pour le lecteur -> ironie que M. de G... M... ne peut décrypter

E2 : "Il est bien éloigné, comme vous voyez, d'avoir les airs de Paris" : adverbe d'intensité -> Lescaut a habillé Des Grieux de façon provinciale :il insiste sur cette apparence en prenant M. de G... M... à témoin

B : Connivence feinte avec le vieil homme qui possède les codes sociaux : Lescaut cherche à le flatter.

A3 : Lescaut use ensuite d'ironie en s'adressent à Des Grieux

E1 : "Vous aurez l'honneur de voir ici souvent Monsieur" "d'un si bon modèle" : vocabulaire mélioratif + antiphrases -> double sens du discours de Lescaut : vocabulaire élogieux <-> tonalité ironique = comique de situation

E2 : "Faites bien votre profit" : Impératif et double sens + intensif -> polysémie de l'expression qui insiste sur le bénéfice que comptent tirer les fripons du vieux libidineux.

B : Le comique établit une connivence avec le lecteur.

Transition : Nous avons vu ici que la présentation du prétendu écolier se traduit par l'entrée en scène de Des Grieux qui est soigneusement préparée, mais aussi par le fait que pour présenter Des Grieux, Lescaut insiste sur son innocence mais aussi sur sa formation à venir ou encore par l'utilisation de l'ironie par Lescaut lorsqu'il s'adresse à Des Grieux. Nous poursuivrons avec l'aveuglement du vieux libidineux. (Ainsi, en jouant sur les ressorts comiques du théâtre, le début du texte prépare le lecteur à rire du vieil amant et nous place d'emblée du côté des trompeurs.)

2ème mouvement : l.7 à 18 , L'aveuglement du vieux libidineux

A1 : M. de G... M... fait preuve d'hypocrisie

E1 : "Le vieil amant parut prendre plaisir à me voir" : Périphrase à valeur d'oxymore + allitération en [p] qui fait résonner l'idée de plaisir -> présentation satirique du vieux libertin.

E2 : "Il me donna deux ou trois petits coup sur la joue" : comique de gestes -> Présentation du personnage qui se veut donneur de leçons.

E3 : "En me disant que j'étais un joli garçon, mais qu'il fallait être sur mes gardes à Paris, où les jeunes gens se laissent aller facilement à la débauche" : Vocabulaire du plaisir + Présent à valeur de vérité générale -> en dépit de ses mises en garde vertueuses à la débauche semble bien la préoccupation première du vieux libidineux.

B : Le barbon est ridiculisé à la fois par ses gestes et ses paroles.

A2 : Lescaut joue à son tour l'hypocrisie et embobine M. de G... M...

E1 : "Lescaut l'assura que j'étais naturellement si sage, que je ne parlais que de me faire prêtre, et que tout mon plaisir était à faire de petites chapelles" : Verbe de parole + Négation restrictive + déterminant indéfini à connotation hyperbolique -> Discours surjoué qui ne peut être compris par M. de G... M... : Lescaut s'amuse à ses dépens

E2 : "sage", "prêtre", "chapelles" : lexique de la vertu + du plaisir -> discours de Lescaut quasi blasphématoire dont l'implicite échappe au vieillard = comique pour le lecteur.

E3 : "Je lui trouve l'air de Manon, reprit le vieillard en ma haussant le menton avec la main" : Troisième personne + comique de gestes -> paternalisme et bêtise de M. de G... M... qui prend ce qu'on lui dit pour argent comptant au lieu de constater les différences physiques entre Manon et Des Grieux et d'en conclure qu'on lui ment.

B : La comédie manigancée par les trois fripons est soutenue par la bêtise de M. de G... M..., clairement dupé par le jeu des autres personnages.

A3 : Des Grieux entre dans le jeu et se met à parler suscitant l'admiration de M. de G... M...

E1 : "Je répondis d'un air niais : Monsieur, c'est que nos deux chairs se touchent de bien proche ; aussi j'aime ma sœur Manon comme un autre moi-même." Discours direct + double sens + vocabulaire amoureux -> Paroles équivoques à connotation érotique : pour M. de G... M... référence à la fraternité de ses interlocuteurs <-> pour les autres personnages et lecteurs aux relations charnelles du couple.

E2 : "L'entendez-vous ? dit-il à Lescaut […] Voyez, ajouta-t-il, cela est admirable pour un enfant de province." : réaction en trois temps (interrogative + impérative + déclarative) + troisième personne -> émerveillement de M. de G... M... qui prend les autres à témoin. Son assurance n'a d'égal que sa bêtise et sa prétention.

E3 : "Ho, Monsieur, repris-je, j'en ai vu beaucoup chez nous dans les églises, et je crois bien que j'en trouverai à Paris de plus sots que moi." double sens ("sot" = cocu au 17ème siècle) -> vivacité de Des Grieux qui emploie le terme "sot" pour désigner son interlocuteur.

B: le vieux barbon s'adresse à l'amant de sa maîtresse sans le savoir et Des Grieux lui dit la vérité mais contrefait = ironie dramatique (forme d'ironie générée par certaines situations dramatiques lorsque le spectateur dispose d'informations essentielles aux personnages que ces derniers ignorent ou interprètent mal.)

Transition :Nous avons vu ici que l'aveuglement du vieux libidineux se traduit par l'hypocrisie dont fait preuve M. de G... M..., mais aussi par le fait que Lescaut joue à son tour l'hypocrisie et embobine M. de G... M..., ou encore avec l'entrée dans le jeu de Des Grieux et ses paroles suscitant l'admiration de M. de G.M. Nous poursuivrons avec le plaisir de l'hypocrite narrateur ( Des Grieux se prend au jeu et le dialogue prend une tournure particulièrement grivoise pour le lecteur : le vieil amant s'en trouve ridiculisé. Il fait preuve d'orgueil et de suffisance sans voir la manipulation dont il est victime.)

3ème mouvement : l.18 à 25, Plaisir de l'hypocrite narrateur

A1 : Manon et Lescaut vibrent au spectacle offert par Des Grieux

E1 : "Manon, qui était badine, fut sur le point, plusieurs fois, de gâter tout par ses éclats de rire." : lexique du plaisir + pluriel -> Manon répond à l'attitude attendue du lecteur en s'amusant du ridicule barbon.

E2 : "Manon […] fut sur le point, plusieurs fois, de gâter tour […].", "Lescaut et Manon tremblaient pendant mon récit" : verbe d'émotion -> accent mis sur le suspense et l'audace de Des Grieux

B : Par leurs réactions, Manon et Lescaut sont les avatars du lecteur et mettent en valeur le brio de Des Grieux qui semble jouer avec le feu.

A2 : Autoportrait d'un comédien manipulateur.

E1 : "Je trouvai l'occasion, en soupant, de lui racontant sa propre histoire", "lorsque je faisais son portrait au naturel.", "je l'achevai si adroitement qu'il fut le premier à le trouver fort risible" : vocabulaire de la narration + première personne + lexique positif -> Des grieux prend plaisir à raconter ce moment qui le met en valeur.

E2 : "mais l'amour-propre l'empêcha de s'y reconnaître, […] il fut le premier à le trouver fort risible" : lexique dévalorisant -> le barbon est une nouvelle fois rabaissé.

B : Des Grieux montre ainsi sa capacité à mener le spectacle et fait son autoportrait à la fois en homme intelligent mais aussi capable de duplicité. Il a surpassé ses maître qui sont même effrayés de son toupet.

Bilan : Nous avons vu ici que le plaisir de l'hypocrite narrateur se traduit par que Manon et Lescaut vibrent au spectacle offert par Des Grieux, mais aussi par l'autoportrait d'un comédien manipulateur.

Conclusion

Dans cet extrait, Des Grieux livre à Renoncour un récit particulièrement plaisant qui a tout d'une scène de comédie : on y trouve un metteur en scène, Lescaut, chargé de provoquer la rencontre et de présenter les différents personnages, un comédien, le chevalier jouant parfaitement son rôle de faux-naïf devant un public. Le rire est provoqué aux dépens d'un vieux barbon, M. de G... M.... Cette scène comique marque une pause dans la succession de malheurs qui affectent les personnages et permet de valoriser Des Grieux présenté comme un maître de l'hypocrisie. Alors que les protagonistes sont en train de tromper le vieux M. de G... M..., nous rions avec eux, car le dupé incarne une "bonne société" corrompue et encore plus hypocrite que celle de ces "personnages en marge". Cependant la bonne humeur des personnages sera de courte durée et le lecteur comprend très vite que, lorsque le barbon sera détrompé, son envie de se venger sera terrible.


Explication linéaire Manon Lescaut n°2 : Abbé Prévost (1753) 1ère partie (p.81-82, éd. Les Ateliers d'Actes sud)

Introduction

Septième et dernier tome des Mémoires et aventures d'un homme de qualité, Manon Lescaut est un roman de l'abbé Prévost publié pour la première fois en 1731, et qui raconte les amours contrariées et tumultueuses d'un jeune homme de bonne famille, Des Grieux, et d'une jeune fille d'origine modeste, Manon Lescaut. Les épisodes théâtraux sont nombreux dans ce roman et les personnages y tiennent des rôles pouvant rappeler les emplois de la comédie classique. Dans notre extrait, Manon, Lescaut (le frère de Manon) et Des Grieux se jouent d'un vieux barbon comme on en trouve dans les pièces de Molière. Tous les trois ont fait passer Des Grieux pour un jeune frère de Manon destiné à entrer en religion, dans le but de permettre aux amant de se voir alors que Manon demeure la maîtresse de M. de G... M... ; parallèlement, ils lui soutirent de l'argent. Mais cette tromperie se fait essentiellement "pour [se] donner le plaisir d'une scène agréable" : elle est avant tout plaisante et on rit aux dépends du vieux libidineux. Un lien de connivence naît alors entre le lecteur et les personnages, qui en savent plus que le vieillard sur son propre compte.

1er mouvement (l. 1-7 jusqu'à "d'un si bon modèle") : La présentation du prétendu écolier

2ème mouvement (l. 7-18 jusqu'à "un enfant de province") : L'aveuglement du vieux libidineux

3ème mouvement (l. 18-25) : Plaisir de l'hypocrite narrateur.

Comment ce passage de comédie contribu-t-il au plaisir du romanesque ?

Lecture du texte

Développement

1er mouvement : l.1 à 7, la présentation du prétendu écolier

A1 : L'entrée de Des Grieux est soigneusement préparée

E1 : "me prendre par la main", "me conduisant", "m'ordonna" (l.1 et 2) : Pronoms personnels objets + Verbes d'autorité -> Lescaut se comporte comme un grand frère avec lui.

E2 : "J'en fis deux ou trois des plus profondes" : Comique de geste + superlatif -> Des Grieux surjoue le personnage ignorant des usages mondains.

B : Des Grieux est infantilisé. La gestuelle prépare les paroles de Lescaut et a pour but d'endormir toute méfiance de la part du vieillard.

A2 : Pour présenter Des Grieux, Lescaut insiste sur son innocence mais aussi sur sa formation à venir

E1 : "c'est un enfant fort neuf" : Discours direct + périphrase à valeur d'antiphrase pour le lecteur -> ironie que M. de G... M... ne peut décrypter

E2 : "Il est bien éloigné, comme vous voyez, d'avoir les airs de Paris" : adverbe d'intensité -> Lescaut a habillé Des Grieux de façon provinciale :il insiste sur cette apparence en prenant M. de G... M... à témoin

B : Connivence feinte avec le vieil homme qui possède les codes sociaux : Lescaut cherche à le flatter.

A3 : Lescaut use ensuite d'ironie en s'adressent à Des Grieux

E1 : "Vous aurez l'honneur de voir ici souvent Monsieur" "d'un si bon modèle" : vocabulaire mélioratif + antiphrases -> double sens du discours de Lescaut : vocabulaire élogieux <-> tonalité ironique = comique de situation

E2 : "Faites bien votre profit" : Impératif et double sens + intensif -> polysémie de l'expression qui insiste sur le bénéfice que comptent tirer les fripons du vieux libidineux.

B : Le comique établit une connivence avec le lecteur.

Transition : Nous avons vu ici que la présentation du prétendu écolier se traduit par l'entrée en scène de Des Grieux qui est soigneusement préparée, mais aussi par le fait que pour présenter Des Grieux, Lescaut insiste sur son innocence mais aussi sur sa formation à venir ou encore par l'utilisation de l'ironie par Lescaut lorsqu'il s'adresse à Des Grieux. Nous poursuivrons avec l'aveuglement du vieux libidineux. (Ainsi, en jouant sur les ressorts comiques du théâtre, le début du texte prépare le lecteur à rire du vieil amant et nous place d'emblée du côté des trompeurs.)

2ème mouvement : l.7 à 18 , L'aveuglement du vieux libidineux

A1 : M. de G... M... fait preuve d'hypocrisie

E1 : "Le vieil amant parut prendre plaisir à me voir" : Périphrase à valeur d'oxymore + allitération en [p] qui fait résonner l'idée de plaisir -> présentation satirique du vieux libertin.

E2 : "Il me donna deux ou trois petits coup sur la joue" : comique de gestes -> Présentation du personnage qui se veut donneur de leçons.

E3 : "En me disant que j'étais un joli garçon, mais qu'il fallait être sur mes gardes à Paris, où les jeunes gens se laissent aller facilement à la débauche" : Vocabulaire du plaisir + Présent à valeur de vérité générale -> en dépit de ses mises en garde vertueuses à la débauche semble bien la préoccupation première du vieux libidineux.

B : Le barbon est ridiculisé à la fois par ses gestes et ses paroles.

A2 : Lescaut joue à son tour l'hypocrisie et embobine M. de G... M...

E1 : "Lescaut l'assura que j'étais naturellement si sage, que je ne parlais que de me faire prêtre, et que tout mon plaisir était à faire de petites chapelles" : Verbe de parole + Négation restrictive + déterminant indéfini à connotation hyperbolique -> Discours surjoué qui ne peut être compris par M. de G... M... : Lescaut s'amuse à ses dépens

E2 : "sage", "prêtre", "chapelles" : lexique de la vertu + du plaisir -> discours de Lescaut quasi blasphématoire dont l'implicite échappe au vieillard = comique pour le lecteur.

E3 : "Je lui trouve l'air de Manon, reprit le vieillard en ma haussant le menton avec la main" : Troisième personne + comique de gestes -> paternalisme et bêtise de M. de G... M... qui prend ce qu'on lui dit pour argent comptant au lieu de constater les différences physiques entre Manon et Des Grieux et d'en conclure qu'on lui ment.

B : La comédie manigancée par les trois fripons est soutenue par la bêtise de M. de G... M..., clairement dupé par le jeu des autres personnages.

A3 : Des Grieux entre dans le jeu et se met à parler suscitant l'admiration de M. de G... M...

E1 : "Je répondis d'un air niais : Monsieur, c'est que nos deux chairs se touchent de bien proche ; aussi j'aime ma sœur Manon comme un autre moi-même." Discours direct + double sens + vocabulaire amoureux -> Paroles équivoques à connotation érotique : pour M. de G... M... référence à la fraternité de ses interlocuteurs <-> pour les autres personnages et lecteurs aux relations charnelles du couple.

E2 : "L'entendez-vous ? dit-il à Lescaut […] Voyez, ajouta-t-il, cela est admirable pour un enfant de province." : réaction en trois temps (interrogative + impérative + déclarative) + troisième personne -> émerveillement de M. de G... M... qui prend les autres à témoin. Son assurance n'a d'égal que sa bêtise et sa prétention.

E3 : "Ho, Monsieur, repris-je, j'en ai vu beaucoup chez nous dans les églises, et je crois bien que j'en trouverai à Paris de plus sots que moi." double sens ("sot" = cocu au 17ème siècle) -> vivacité de Des Grieux qui emploie le terme "sot" pour désigner son interlocuteur.

B: le vieux barbon s'adresse à l'amant de sa maîtresse sans le savoir et Des Grieux lui dit la vérité mais contrefait = ironie dramatique (forme d'ironie générée par certaines situations dramatiques lorsque le spectateur dispose d'informations essentielles aux personnages que ces derniers ignorent ou interprètent mal.)

Transition :Nous avons vu ici que l'aveuglement du vieux libidineux se traduit par l'hypocrisie dont fait preuve M. de G... M..., mais aussi par le fait que Lescaut joue à son tour l'hypocrisie et embobine M. de G... M..., ou encore avec l'entrée dans le jeu de Des Grieux et ses paroles suscitant l'admiration de M. de G.M. Nous poursuivrons avec le plaisir de l'hypocrite narrateur ( Des Grieux se prend au jeu et le dialogue prend une tournure particulièrement grivoise pour le lecteur : le vieil amant s'en trouve ridiculisé. Il fait preuve d'orgueil et de suffisance sans voir la manipulation dont il est victime.)

3ème mouvement : l.18 à 25, Plaisir de l'hypocrite narrateur

A1 : Manon et Lescaut vibrent au spectacle offert par Des Grieux

E1 : "Manon, qui était badine, fut sur le point, plusieurs fois, de gâter tout par ses éclats de rire." : lexique du plaisir + pluriel -> Manon répond à l'attitude attendue du lecteur en s'amusant du ridicule barbon.

E2 : "Manon […] fut sur le point, plusieurs fois, de gâter tour […].", "Lescaut et Manon tremblaient pendant mon récit" : verbe d'émotion -> accent mis sur le suspense et l'audace de Des Grieux

B : Par leurs réactions, Manon et Lescaut sont les avatars du lecteur et mettent en valeur le brio de Des Grieux qui semble jouer avec le feu.

A2 : Autoportrait d'un comédien manipulateur.

E1 : "Je trouvai l'occasion, en soupant, de lui racontant sa propre histoire", "lorsque je faisais son portrait au naturel.", "je l'achevai si adroitement qu'il fut le premier à le trouver fort risible" : vocabulaire de la narration + première personne + lexique positif -> Des grieux prend plaisir à raconter ce moment qui le met en valeur.

E2 : "mais l'amour-propre l'empêcha de s'y reconnaître, […] il fut le premier à le trouver fort risible" : lexique dévalorisant -> le barbon est une nouvelle fois rabaissé.

B : Des Grieux montre ainsi sa capacité à mener le spectacle et fait son autoportrait à la fois en homme intelligent mais aussi capable de duplicité. Il a surpassé ses maître qui sont même effrayés de son toupet.

Bilan : Nous avons vu ici que le plaisir de l'hypocrite narrateur se traduit par que Manon et Lescaut vibrent au spectacle offert par Des Grieux, mais aussi par l'autoportrait d'un comédien manipulateur.

Conclusion

Dans cet extrait, Des Grieux livre à Renoncour un récit particulièrement plaisant qui a tout d'une scène de comédie : on y trouve un metteur en scène, Lescaut, chargé de provoquer la rencontre et de présenter les différents personnages, un comédien, le chevalier jouant parfaitement son rôle de faux-naïf devant un public. Le rire est provoqué aux dépens d'un vieux barbon, M. de G... M.... Cette scène comique marque une pause dans la succession de malheurs qui affectent les personnages et permet de valoriser Des Grieux présenté comme un maître de l'hypocrisie. Alors que les protagonistes sont en train de tromper le vieux M. de G... M..., nous rions avec eux, car le dupé incarne une "bonne société" corrompue et encore plus hypocrite que celle de ces "personnages en marge". Cependant la bonne humeur des personnages sera de courte durée et le lecteur comprend très vite que, lorsque le barbon sera détrompé, son envie de se venger sera terrible.

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