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erwing goffman -- stigmate

présentation générale

Stigmate. Les usages sociaux des handicaps (1963) d’Erving Goffman est un ouvrage fondateur de la sociologie interactionniste. Il y analyse la manière dont certains attributs, considérés comme déviants ou honteux par la société, deviennent des stigmates, c’est-à-dire des marques de discrédit social qui affectent profondément l’identité et les interactions des individus concernés.

1.Définiton du stigmate et cadre conceptuel

1.1. Le stigmate : une différence socialement disqualifiante

Goffman définit le stigmate comme un attribut qui jette un discrédit profond sur un individu, mais il insiste sur le fait que ce n’est pas l’attribut en soi qui est stigmatisant : c’est la relation entre cet attribut et les attentes normatives du groupe social. Ainsi, une caractéristique peut être anodine dans un contexte et stigmatisante dans un autre, selon les normes du groupe et la situation d’interaction. Le stigmate résulte donc d’un écart entre l’« identité sociale virtuelle » (ce que les autres attendent d’un individu, les stéréotypes) et l’« identité sociale réelle » (les attributs effectivement possédés par l’individu).


« Le mot de stigmate servira donc à désigner un attribut qui jette un discrédit profond, mais il faut bien voir qu'en réalité c'est en termes de relations et non d'attributs qu'il convient de parler. »

1.2. Les deux statuts du stigmate : discrédité et discréditable

Goffman distingue deux situations pour l’individu porteur d’un stigmate :

  • Discrédité : la différence est visible ou connue de tous. L’individu est immédiatement perçu comme « diminué » dans l’espace social et doit gérer les réactions directes des autres à son égard.
  • Discréditable : la différence n’est pas connue ou visible. L’individu vit dans la crainte d’être découvert et doit mettre en place des stratégies de dissimulation ou de contrôle de l’information sociale pour éviter la stigmatisation.

La frontière entre ces deux statuts est mouvante et dépend du contexte social, des personnes présentes et de la visibilité de l’attribut stigmatisant.


2.Les trois types de stigmates

Goffman identifie trois grandes catégories de stigmates, qui structurent la manière dont la société discrédite certains individus :

2.1. Les monstruosités du corps

Ce sont les stigmates liés à des difformités physiques, handicaps visibles, maladies, troubles sensoriels (cécité, surdité, etc.). Ils sont immédiatement perceptibles et exposent l’individu à une stigmatisation directe et souvent à des réactions de malaise ou d’évitement de la part des « normaux ».

2.2. Les tares du caractère

Il s’agit de stigmates attribués à la personnalité, au passé ou au comportement de l’individu. Cela inclut les maladies mentales, les dépendances (alcoolisme, toxicomanie), la criminalité, la paresse supposée, l’homosexualité (dans le contexte de l’époque), le chômage, etc. Ces stigmates sont souvent associés à des jugements moraux et à des stéréotypes négatifs sur la volonté, la moralité ou la stabilité de l’individu.

2.3. Les stigmates tribaux

Ce sont les stigmates liés à l’appartenance à un groupe social, ethnique, religieux ou national. Ils sont souvent hérités et peuvent toucher toute une famille ou une communauté. La race, la nationalité, la religion sont les exemples les plus courants. Ces stigmates sont particulièrement puissants car ils s’inscrivent dans des systèmes de discrimination structurelle et de transmission générationnelle.

3.Les réflexions sociales face au stigmate

3.1. Attitudes des « normaux »

Les « normaux » sont ceux qui ne divergent pas négativement des attentes sociales. Face au stigmatisé, ils adoptent des attitudes souvent inconscientes de discrimination, de rejet, de pitié ou de surprotection. La personne stigmatisée est perçue comme « pas tout à fait humaine », ce qui justifie des pratiques d’exclusion, de marginalisation, et la construction d’idéologies rationalisant son infériorité.

Les stéréotypes jouent un rôle central : à partir d’un stigmate, les « normaux » extrapolent souvent d’autres défauts supposés, généralisant la différence et l’associant à d’autres caractéristiques négatives.

3.2. Les « initiés »

Certains « normaux » deviennent des « initiés » : ils connaissent intimement la réalité des stigmatisés (famille, amis proches, professionnels) et partagent, en partie, le discrédit qui touche ces derniers. Pour le stigmatisé, l’initié est une personne devant laquelle il n’a pas à masquer sa différence, car il est perçu comme « ordinaire » malgré son stigmate

4.Les stratégies d'adaptation des stigmatisés

4.1. Correction directe

Certains stigmatisés cherchent à supprimer ou à masquer leur stigmate, parfois au prix d’efforts extrêmes (chirurgie, recours à des charlatans, etc.). Cette stratégie peut conduire à une victimisation, car l’individu cherche à se conformer à la norme coûte que coûte.

4.2. Compensation

D’autres essaient de compenser leur stigmate en devenant experts dans un domaine où ils sont a priori désavantagés, ou en développant des compétences exceptionnelles pour être reconnus malgré leur différence.

4.3. Acceptation et valorisation

Certains acceptent leur situation, voire la valorisent en en faisant une source de fierté ou d’apprentissage (« la souffrance m’a appris… »). Cette attitude permet parfois de retourner la stigmatisation en force personnelle ou collective.

4.4. Recherche de soutien

Les stigmatisés peuvent chercher à s’entourer de pairs, de groupes de soutien ou d’initiés, pour trouver un espace de compréhension et d’acceptation, et échapper à l’isolement social

5.Les modèles de socialisation des stigmatisés ("itinéraire moral")

Goffman décrit quatre grands modèles de trajectoires pour les personnes stigmatisées, selon l’origine et le moment d’apparition du stigmate :

  • Stigmate inné : l’individu se socialise dès l’enfance au sein de son désavantage, il intègre très tôt les conséquences de sa différence.
  • Protection familiale : l’enfant stigmatisé est protégé dans le cercle domestique et découvre la stigmatisation en entrant dans la société extérieure.
  • Stigmatisation tardive : la personne devient stigmatisée à l’âge adulte (maladie, accident, etc.) et doit reconstruire son identité.
  • Socialisation dans une communauté étrangère : l’individu doit apprendre à vivre selon de nouvelles normes, après une migration ou un changement de contexte social.

Le « moment de révélation » du stigmate est crucial dans la construction de l’identité et des stratégies d’adaptation.

6.contrôle de l'information et gestion de l'identité

Goffman montre que la gestion du stigmate passe par le contrôle de l’information sociale : le stigmatisé doit constamment décider ce qu’il révèle ou cache, à qui, et dans quelles circonstances. Cela implique des stratégies de dissimulation, d’évitement, ou au contraire de revendication.

La visibilité du stigmate joue un rôle clé : plus il est visible, plus l’individu est exposé au discrédit direct ; s’il est caché, il vit dans la peur d’être découvert et doit gérer la tension de ce secret

7.Les "contacts mixtes" et l'angoisse de l'interaction

Goffman appelle « contacts mixtes » les situations où stigmatisés et normaux se côtoient dans un même espace social. Ces interactions sont marquées par l’incertitude et l’angoisse, tant pour le stigmatisé (qui ne sait pas comment il sera perçu) que pour le normal (qui peut être mal à l’aise ou maladroit).


Le stigmatisé doit anticiper les réactions, gérer son image, et parfois affronter le rejet ou la pitié. Il peut aussi être confronté à l’isolement, car le stigmate peut « contaminer » son entourage, incitant les normaux à éviter aussi ses proches.

8.Violence symbolique et exclusion

Le stigmate n’est pas seulement une marque de différence, il est source de violence symbolique et d’exclusion sociale. Goffman montre que la société construit des idéologies pour justifier la marginalisation des stigmatisés, et que ceux-ci sont souvent privés de droits, de reconnaissance et d’opportunités, même inconsciemment

9.Actualité et portée du concept

Le concept de stigmate de Goffman a été largement repris et actualisé pour analyser de nombreuses formes de discrimination et d’exclusion, notamment en lien avec les rapports de pouvoir structurels (genre, classe, race, sexualité, etc.). Il reste une référence majeure pour comprendre les mécanismes d’exclusion et d’identité sociale.

réactions des stigmatisés

Goffman analyse les différentes stratégies et réactions possibles face au stigmate :

  • Correction directe : tenter de supprimer ou de masquer le stigmate (chirurgie, dissimulation, etc.).
  • Compensation : exceller dans un domaine pour compenser le stigmate.
  • Acceptation : intégrer la vision des normaux, parfois jusqu’à l’auto-dévalorisation ou l’isolement.
  • Valorisation : transformer le stigmate en atout ou en source de fierté.
  • Recherche de soutien : s’entourer de pairs ou de « normaux » compatissants, appelés « initiés » (personnes qui comprennent et acceptent la situation du stigmatisé).


Pourquoi j'aime ce texte ?

1. Clarté et profondeur de l’analyse

Le texte propose une définition précise du stigmate : il ne s’agit pas simplement d’une différence individuelle, mais d’une différence qui prend sens dans la relation avec les normes sociales. Goffman montre ainsi que le stigmate n’est pas un attribut en soi, mais le résultat d’un écart entre l’identité attendue par la société et l’identité réelle de l’individu. Cette approche relationnelle est très éclairante et permet de mieux comprendre les mécanismes de la stigmatisation.


2. Universalité et actualité du propos

Le concept de stigmate développé par Goffman reste d’une grande actualité. Il s’applique à de nombreuses formes de discrimination et d’exclusion (handicap, maladie, origine sociale, orientation sexuelle, etc.), ce qui rend le texte pertinent pour comprendre les enjeux contemporains d’inclusion et d’égalité.


3. Richesse des exemples et des catégories

J’apprécie la façon dont Goffman distingue différents types de stigmates : les monstruosités du corps (stigmates physiques), les tares du caractère (stigmates moraux ou comportementaux) et les stigmates tribaux (liés à l’appartenance à un groupe). Cette typologie permet de saisir la diversité des situations de stigmatisation et d’illustrer concrètement son propos.


4. Analyse fine des réactions et stratégies

Le texte ne se contente pas de décrire la stigmatisation : il analyse aussi les réactions des personnes stigmatisées, leurs stratégies d’adaptation (dissimulation, compensation, acceptation, valorisation, recherche de soutien, etc.). Cela rend le texte vivant et nuancé, en montrant que les individus ne sont pas seulement victimes, mais aussi acteurs de leur identité sociale.


5. Réflexion sur la société et la normalité

Goffman invite à réfléchir sur la notion de « normalité » et sur la façon dont la société construit des catégories qui justifient l’exclusion. Il met en lumière la violence symbolique exercée par les « normaux » et les mécanismes d’auto-justification des discriminations, ce qui pousse à une prise de conscience critique sur nos propres attitudes.


6. Portée humaniste

Enfin, ce texte a une portée humaniste : il donne la parole aux personnes stigmatisées, met en lumière leur vécu, leurs difficultés, mais aussi leurs ressources. Il invite à plus d’empathie et de compréhension envers ceux qui sont marginalisés.


erwing goffman -- stigmate

présentation générale

Stigmate. Les usages sociaux des handicaps (1963) d’Erving Goffman est un ouvrage fondateur de la sociologie interactionniste. Il y analyse la manière dont certains attributs, considérés comme déviants ou honteux par la société, deviennent des stigmates, c’est-à-dire des marques de discrédit social qui affectent profondément l’identité et les interactions des individus concernés.

1.Définiton du stigmate et cadre conceptuel

1.1. Le stigmate : une différence socialement disqualifiante

Goffman définit le stigmate comme un attribut qui jette un discrédit profond sur un individu, mais il insiste sur le fait que ce n’est pas l’attribut en soi qui est stigmatisant : c’est la relation entre cet attribut et les attentes normatives du groupe social. Ainsi, une caractéristique peut être anodine dans un contexte et stigmatisante dans un autre, selon les normes du groupe et la situation d’interaction. Le stigmate résulte donc d’un écart entre l’« identité sociale virtuelle » (ce que les autres attendent d’un individu, les stéréotypes) et l’« identité sociale réelle » (les attributs effectivement possédés par l’individu).


« Le mot de stigmate servira donc à désigner un attribut qui jette un discrédit profond, mais il faut bien voir qu'en réalité c'est en termes de relations et non d'attributs qu'il convient de parler. »

1.2. Les deux statuts du stigmate : discrédité et discréditable

Goffman distingue deux situations pour l’individu porteur d’un stigmate :

  • Discrédité : la différence est visible ou connue de tous. L’individu est immédiatement perçu comme « diminué » dans l’espace social et doit gérer les réactions directes des autres à son égard.
  • Discréditable : la différence n’est pas connue ou visible. L’individu vit dans la crainte d’être découvert et doit mettre en place des stratégies de dissimulation ou de contrôle de l’information sociale pour éviter la stigmatisation.

La frontière entre ces deux statuts est mouvante et dépend du contexte social, des personnes présentes et de la visibilité de l’attribut stigmatisant.


2.Les trois types de stigmates

Goffman identifie trois grandes catégories de stigmates, qui structurent la manière dont la société discrédite certains individus :

2.1. Les monstruosités du corps

Ce sont les stigmates liés à des difformités physiques, handicaps visibles, maladies, troubles sensoriels (cécité, surdité, etc.). Ils sont immédiatement perceptibles et exposent l’individu à une stigmatisation directe et souvent à des réactions de malaise ou d’évitement de la part des « normaux ».

2.2. Les tares du caractère

Il s’agit de stigmates attribués à la personnalité, au passé ou au comportement de l’individu. Cela inclut les maladies mentales, les dépendances (alcoolisme, toxicomanie), la criminalité, la paresse supposée, l’homosexualité (dans le contexte de l’époque), le chômage, etc. Ces stigmates sont souvent associés à des jugements moraux et à des stéréotypes négatifs sur la volonté, la moralité ou la stabilité de l’individu.

2.3. Les stigmates tribaux

Ce sont les stigmates liés à l’appartenance à un groupe social, ethnique, religieux ou national. Ils sont souvent hérités et peuvent toucher toute une famille ou une communauté. La race, la nationalité, la religion sont les exemples les plus courants. Ces stigmates sont particulièrement puissants car ils s’inscrivent dans des systèmes de discrimination structurelle et de transmission générationnelle.

3.Les réflexions sociales face au stigmate

3.1. Attitudes des « normaux »

Les « normaux » sont ceux qui ne divergent pas négativement des attentes sociales. Face au stigmatisé, ils adoptent des attitudes souvent inconscientes de discrimination, de rejet, de pitié ou de surprotection. La personne stigmatisée est perçue comme « pas tout à fait humaine », ce qui justifie des pratiques d’exclusion, de marginalisation, et la construction d’idéologies rationalisant son infériorité.

Les stéréotypes jouent un rôle central : à partir d’un stigmate, les « normaux » extrapolent souvent d’autres défauts supposés, généralisant la différence et l’associant à d’autres caractéristiques négatives.

3.2. Les « initiés »

Certains « normaux » deviennent des « initiés » : ils connaissent intimement la réalité des stigmatisés (famille, amis proches, professionnels) et partagent, en partie, le discrédit qui touche ces derniers. Pour le stigmatisé, l’initié est une personne devant laquelle il n’a pas à masquer sa différence, car il est perçu comme « ordinaire » malgré son stigmate

4.Les stratégies d'adaptation des stigmatisés

4.1. Correction directe

Certains stigmatisés cherchent à supprimer ou à masquer leur stigmate, parfois au prix d’efforts extrêmes (chirurgie, recours à des charlatans, etc.). Cette stratégie peut conduire à une victimisation, car l’individu cherche à se conformer à la norme coûte que coûte.

4.2. Compensation

D’autres essaient de compenser leur stigmate en devenant experts dans un domaine où ils sont a priori désavantagés, ou en développant des compétences exceptionnelles pour être reconnus malgré leur différence.

4.3. Acceptation et valorisation

Certains acceptent leur situation, voire la valorisent en en faisant une source de fierté ou d’apprentissage (« la souffrance m’a appris… »). Cette attitude permet parfois de retourner la stigmatisation en force personnelle ou collective.

4.4. Recherche de soutien

Les stigmatisés peuvent chercher à s’entourer de pairs, de groupes de soutien ou d’initiés, pour trouver un espace de compréhension et d’acceptation, et échapper à l’isolement social

5.Les modèles de socialisation des stigmatisés ("itinéraire moral")

Goffman décrit quatre grands modèles de trajectoires pour les personnes stigmatisées, selon l’origine et le moment d’apparition du stigmate :

  • Stigmate inné : l’individu se socialise dès l’enfance au sein de son désavantage, il intègre très tôt les conséquences de sa différence.
  • Protection familiale : l’enfant stigmatisé est protégé dans le cercle domestique et découvre la stigmatisation en entrant dans la société extérieure.
  • Stigmatisation tardive : la personne devient stigmatisée à l’âge adulte (maladie, accident, etc.) et doit reconstruire son identité.
  • Socialisation dans une communauté étrangère : l’individu doit apprendre à vivre selon de nouvelles normes, après une migration ou un changement de contexte social.

Le « moment de révélation » du stigmate est crucial dans la construction de l’identité et des stratégies d’adaptation.

6.contrôle de l'information et gestion de l'identité

Goffman montre que la gestion du stigmate passe par le contrôle de l’information sociale : le stigmatisé doit constamment décider ce qu’il révèle ou cache, à qui, et dans quelles circonstances. Cela implique des stratégies de dissimulation, d’évitement, ou au contraire de revendication.

La visibilité du stigmate joue un rôle clé : plus il est visible, plus l’individu est exposé au discrédit direct ; s’il est caché, il vit dans la peur d’être découvert et doit gérer la tension de ce secret

7.Les "contacts mixtes" et l'angoisse de l'interaction

Goffman appelle « contacts mixtes » les situations où stigmatisés et normaux se côtoient dans un même espace social. Ces interactions sont marquées par l’incertitude et l’angoisse, tant pour le stigmatisé (qui ne sait pas comment il sera perçu) que pour le normal (qui peut être mal à l’aise ou maladroit).


Le stigmatisé doit anticiper les réactions, gérer son image, et parfois affronter le rejet ou la pitié. Il peut aussi être confronté à l’isolement, car le stigmate peut « contaminer » son entourage, incitant les normaux à éviter aussi ses proches.

8.Violence symbolique et exclusion

Le stigmate n’est pas seulement une marque de différence, il est source de violence symbolique et d’exclusion sociale. Goffman montre que la société construit des idéologies pour justifier la marginalisation des stigmatisés, et que ceux-ci sont souvent privés de droits, de reconnaissance et d’opportunités, même inconsciemment

9.Actualité et portée du concept

Le concept de stigmate de Goffman a été largement repris et actualisé pour analyser de nombreuses formes de discrimination et d’exclusion, notamment en lien avec les rapports de pouvoir structurels (genre, classe, race, sexualité, etc.). Il reste une référence majeure pour comprendre les mécanismes d’exclusion et d’identité sociale.

réactions des stigmatisés

Goffman analyse les différentes stratégies et réactions possibles face au stigmate :

  • Correction directe : tenter de supprimer ou de masquer le stigmate (chirurgie, dissimulation, etc.).
  • Compensation : exceller dans un domaine pour compenser le stigmate.
  • Acceptation : intégrer la vision des normaux, parfois jusqu’à l’auto-dévalorisation ou l’isolement.
  • Valorisation : transformer le stigmate en atout ou en source de fierté.
  • Recherche de soutien : s’entourer de pairs ou de « normaux » compatissants, appelés « initiés » (personnes qui comprennent et acceptent la situation du stigmatisé).


Pourquoi j'aime ce texte ?

1. Clarté et profondeur de l’analyse

Le texte propose une définition précise du stigmate : il ne s’agit pas simplement d’une différence individuelle, mais d’une différence qui prend sens dans la relation avec les normes sociales. Goffman montre ainsi que le stigmate n’est pas un attribut en soi, mais le résultat d’un écart entre l’identité attendue par la société et l’identité réelle de l’individu. Cette approche relationnelle est très éclairante et permet de mieux comprendre les mécanismes de la stigmatisation.


2. Universalité et actualité du propos

Le concept de stigmate développé par Goffman reste d’une grande actualité. Il s’applique à de nombreuses formes de discrimination et d’exclusion (handicap, maladie, origine sociale, orientation sexuelle, etc.), ce qui rend le texte pertinent pour comprendre les enjeux contemporains d’inclusion et d’égalité.


3. Richesse des exemples et des catégories

J’apprécie la façon dont Goffman distingue différents types de stigmates : les monstruosités du corps (stigmates physiques), les tares du caractère (stigmates moraux ou comportementaux) et les stigmates tribaux (liés à l’appartenance à un groupe). Cette typologie permet de saisir la diversité des situations de stigmatisation et d’illustrer concrètement son propos.


4. Analyse fine des réactions et stratégies

Le texte ne se contente pas de décrire la stigmatisation : il analyse aussi les réactions des personnes stigmatisées, leurs stratégies d’adaptation (dissimulation, compensation, acceptation, valorisation, recherche de soutien, etc.). Cela rend le texte vivant et nuancé, en montrant que les individus ne sont pas seulement victimes, mais aussi acteurs de leur identité sociale.


5. Réflexion sur la société et la normalité

Goffman invite à réfléchir sur la notion de « normalité » et sur la façon dont la société construit des catégories qui justifient l’exclusion. Il met en lumière la violence symbolique exercée par les « normaux » et les mécanismes d’auto-justification des discriminations, ce qui pousse à une prise de conscience critique sur nos propres attitudes.


6. Portée humaniste

Enfin, ce texte a une portée humaniste : il donne la parole aux personnes stigmatisées, met en lumière leur vécu, leurs difficultés, mais aussi leurs ressources. Il invite à plus d’empathie et de compréhension envers ceux qui sont marginalisés.

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