Pourquoi dans cette enquête il accepte d’être filmé à découvert (d’une manière identifiable en plus) ?
Michel et Monique Pinçon-Charlot acceptent d’être filmés à visage découvert pour plusieurs raisons. D’abord, ils souhaitent montrer la réalité de leur travail de sociologues auprès de la grande bourgeoisie et de l’aristocratie, milieux habituellement très fermés et peu accessibles au grand public. Leur visibilité permet d’incarner la démarche scientifique et de donner une légitimité à leur enquête, tout en assumant publiquement leur posture critique et engagée. Être filmés de manière identifiable, c’est aussi revendiquer la transparence de leur méthode et rendre visible le processus d’enquête, ce qui contribue à démystifier le travail sociologique et à sensibiliser le public aux enjeux de la domination sociale[1][2][3].
Pourquoi les deux sociologues s’habillent-ils de cette manière-là ?
Leur choix vestimentaire est stratégique : ils adaptent leur apparence aux codes sociaux de la grande bourgeoisie et de l’aristocratie. Cela permet de réduire la distance sociale, de se fondre dans le décor des réceptions mondaines, et de rassurer leurs interlocuteurs sur leur respect des conventions du milieu étudié. Cette adaptation vestimentaire facilite l’accès au terrain, la confiance des enquêtés et la qualité des échanges. Selon les Pinçon-Charlot, la cravate, le costume ou la tenue élégante sont des marqueurs essentiels pour être perçus comme « dignes d’intérêt » et pour euphémiser les différences de classe, même si, en réalité, ils ne seront jamais totalement intégrés à ce monde[4][5][6].
Quelles sont les deux dames que les deux sociologues ont rencontrées avant de voir leur enquête ?
Dans le documentaire, les Pinçon-Charlot rencontrent souvent des femmes issues de la grande bourgeoisie ou de l’aristocratie qui jouent un rôle de « passeuses » ou d’intermédiaires, facilitant l’accès à d’autres membres du groupe social étudié. Même si le documentaire ne cite pas toujours explicitement les noms, il est fréquent que les premières personnes rencontrées soient des femmes influentes du milieu, qui, par leur réseau, ouvrent les portes à d’autres entretiens. Ces rencontres initiales sont cruciales pour la progression de l’enquête, car elles permettent d’obtenir des recommandations et d’élargir le carnet d’adresses[3]. (Si tu as besoin des noms précis, il faudrait revoir le documentaire ou consulter le livre associé pour les identifier exactement.)
Comment Monique Pinçon-Charlot a-t-elle présenté leur enquête et le sujet d’entretien ?
Monique Pinçon-Charlot présente leur enquête de façon à ne pas effrayer ou braquer les personnes interrogées. Elle insiste sur l’aspect scientifique, sur la volonté de comprendre les modes de vie, les valeurs et les pratiques de la grande bourgeoisie, sans jugement apparent. Elle adapte son discours pour rassurer, montrer une attitude empathique et respectueuse, et éviter de dévoiler d’emblée toute critique sociale ou politique. Cette présentation vise à instaurer un climat de confiance et à obtenir des confidences authentiques, tout en gardant une posture d’observatrice attentive et discrète[4][7][8].
En quoi un propos « (se sentir) propriétaire de la France » a-t-il marqué les sociologues ?
Ce propos, tenu par le vicomte de Rohan – « Quand je me promène en France, je me sens propriétaire de mon pays, en ce sens que je suis parfaitement conscient que, depuis mille ans, les gens dont je descends ont travaillé, ici et là, pour en faire ce qu’il est » – a profondément marqué les Pinçon-Charlot. Il illustre la force de la conscience de classe et le sentiment d’appartenance, voire de légitimité historique, que ressentent certains membres de l’aristocratie. Cette déclaration met en lumière la manière dont la classe dominante justifie sa position sociale par l’héritage, la tradition et la transmission, et comment elle s’approprie symboliquement l’espace national. Pour les sociologues, ce type de propos révèle la violence symbolique et la naturalisation des rapports de domination, cœur de leur analyse sur la reproduction des élites[9][1][10].
Résumé
Les Pinçon-Charlot acceptent d’être filmés pour rendre visible leur démarche ; ils s’habillent selon les codes du milieu pour réduire la distance sociale ; ils s’appuient sur des rencontres-clés, souvent féminines, pour accéder au terrain ; ils présentent leur enquête de façon rassurante et scientifique ; enfin, ils sont marqués par la force de la conscience de classe, exprimée dans des propos sur la « propriété » du pays, révélateurs de la domination symbolique des élites.
Définition et nature de l’enquête sociologique
- L’enquête sociologique est un processus complet qui comprend :
- La posture scientifique du sociologue.
- La construction de l’objet d’étude.
- La définition des hypothèses.
- Les modes d’objectivation (prise de distance, neutralité).
- La méthodologie d’enquête (choix des outils : entretiens, questionnaires, observation…).
- L’analyse des résultats et la rédaction scientifique.
L’enquête par entretien : principes et spécificités
L’entretien n’est pas une simple discussion amicale : il vise à comprendre la logique d’action des acteurs, pas seulement à recueillir des opinions.
Il s’agit d’une situation d’interaction sociale, où l’enquêteur et l’enquêté jouent chacun un rôle. Le contexte social de l’enquêté doit toujours être pris en compte dans l’analyse.
L’entretien doit être préparé : problématique claire, grille d’entretien, relances adaptées.
Il existe plusieurs types d’entretiens :
- Non directif : expression libre de l’enquêté.
- Semi-directif : guide souple avec des thèmes à aborder.
- Directif : questions précises et structurées.
L’entretien est souvent couplé à l’observation et nécessite un journal de terrain pour noter les impressions, les contextes, les interactions.
Exemple d’enquête : Pinçon et Pinçon-Charlot, Les Ghettos du gotha
Les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot ont mené des enquêtes ethnographiques sur la bourgeoisie française, notamment dans Les Ghettos du gotha (2007).
Leur démarche :
- Observation participante et entretiens approfondis avec des membres de la haute bourgeoisie.
- Analyse de la manière dont cette classe sociale défend ses espaces, entretient une conscience de classe, pratique l’endogamie et la ségrégation socio-spatiale.
- Importance de l’apparence, du langage et des codes sociaux lors des entretiens (ex : pourquoi les sociologues s’habillent-ils d’une certaine façon ? Pourquoi certains enquêtés acceptent d’être filmés ?).
- Leur enquête illustre la nécessité de contextualiser les propos recueillis et de comprendre les stratégies de distinction et de reproduction sociale.
. Processus de l’enquête sociologique (étapes-clés)
- Choix du thème et construction de l’objet d’étude (exemple : l’amitié au travail).
- Formulation de la question de départ et des hypothèses.
- Choix des critères d’enquête (groupe professionnel, type d’entreprise, PCS…).
- Recherche et sélection des enquêtés selon ces critères.
- Préparation des outils d’enquête (grille d’entretien, journal de terrain).
- Réalisation des entretiens et/ou observations.
- Analyse des données recueillies, en les replaçant dans leur contexte social et scientifique.
- Rédaction du dossier d’enquête, en respectant la rigueur scientifique et en évitant tout plagiat.