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enquête sociologique 1

I.présentation générale du cours et de la démarche d'enquête en sociologie

Objectifs et spécificités du cours

Ce cours vise à initier à la sociologie par la pratique de l’enquête, en mettant l’accent sur la démarche empirique, c’est-à-dire l’observation et l’analyse de faits sociaux concrets, plutôt que sur l’histoire ou les grandes théories de la discipline.

Deux questions structurent la réflexion :

  • Que fait-on en sociologie ?
  • Comment ce que l’on fait en sociologie se qualifie-t-il de « sociologique » ?


Pourquoi l’enquête ?

  • L’enquête est centrale en sociologie car elle articule l’observation empirique (les faits, les données) et la réflexion conceptuelle (les idées, les modèles explicatifs).
  • Elle ne se réduit pas à une simple technique (questionnaire, entretien, observation), mais constitue une démarche complète qui permet de produire des connaissances sur le social.
  • L’enquête sociologique se distingue par sa capacité à mettre en évidence des variations et des régularités sociales, à partir de l’étude d’individus qui, pris isolément, ne sont pas l’objet d’étude, mais sont représentatifs d’un groupe ou d’une structure plus large.


Méthodes d’enquête : quantitatif et qualitatif

  • Quantitative : vise à mesurer, à quantifier, à établir des corrélations entre variables à partir d’un échantillon représentatif (par exemple, par questionnaires). Elle répond aux questions « qui ? », « combien ? » et permet de généraliser les résultats à une population plus large.
  • Qualitative : cherche à comprendre en profondeur les mécanismes, les significations, les processus sociaux à partir d’études de cas, d’entretiens, d’observations. Elle répond aux questions « pourquoi ? » et « comment ? » et permet d’explorer la diversité des expériences individuelles.
  • Les deux approches sont complémentaires : la première met en lumière des corrélations, la seconde aide à comprendre les causalités et les significations.
II.La naissance comme objet sociologique

A. De l’acte individuel au fait social

  • La naissance apparaît d’abord comme un événement individuel et intime, mais elle est en réalité profondément sociale : elle présente des régularités statistiques (taux de natalité, fécondité) et constitue une préoccupation majeure pour l’État.
  • L’État intervient par le biais de l’état civil (enregistrement des naissances, identification des individus) et de politiques publiques (politiques familiales, natalistes, etc.).
  • Exemple : la création de l’INED (Institut national d’études démographiques) en 1945, avec pour mission de rassembler la documentation, d’ouvrir des enquêtes et d’étudier les moyens d’accroître et d’améliorer la population, tout en diffusant les connaissances démographiques.


B. La transition démographique et ses conséquences

  • La transition démographique désigne le passage d’un régime caractérisé par une forte natalité et mortalité à un régime où ces taux sont faibles, avec des conséquences majeures sur la structure de la population et la place de l’enfant dans la famille.
  • Les transformations sanitaires (baisse de la mortalité infantile, amélioration de la santé), économiques (disparition du travail des enfants), sociales (investissement éducatif), juridiques (droits de l’enfant) et la maîtrise de la fécondité ont fait de la naissance un acte de plus en plus volontaire, désiré et planifié, inscrit dans un projet familial.
  • La famille nombreuse, autrefois banale, devient aujourd’hui une exception, et la naissance d’un enfant s’inscrit désormais dans un contexte de choix individuel et de projet parental réfléchi.


C. La naissance : entre sphère privée et enjeu public

  • La naissance, bien qu’intime, a toujours une dimension collective : elle fonde la famille, assure le renouvellement des générations et légitime les parents.
  • L’acte de naissance, au-delà de l’événement biologique, est aussi un acte social et politique, qui donne à l’individu une identité officielle et permet à l’État de connaître, gérer et soutenir sa population.
  • L’évolution des politiques publiques et des normes autour de la naissance reflète la transformation des sociétés et des rapports entre sphère privée et sphère publique.
III.La perception de la naissance par les individus

A. La centralité croissante de l’enfant dans la famille

  • Les transformations contemporaines (baisse de la mortalité infantile, amélioration de la santé, disparition du travail des enfants, investissement éducatif, droits de l’enfant, maîtrise de la fécondité) ont renforcé la place de l’enfant dans la famille.
  • La naissance devient un événement de plus en plus central, souvent désiré et planifié, perçu comme un jalon biographique majeur pour les individus.
  • Cependant, la manière dont la naissance est vécue et perçue varie fortement selon le contexte biographique (situation conjugale, professionnelle, financière, résidentielle) et historique (normes sociales, rôles de genre).


B. Résultats de l’enquête « Histoire de vie » (INSEE, 2003)

  • Enquête menée auprès de 8 403 personnes représentatives de la population adulte en France métropolitaine, dont 6 463 ayant eu au moins un enfant, pour un total de 16 087 naissances.
  • Seuls 47,4 % des naissances sont déclarées comme un événement important dans la trajectoire biographique, ce qui nuance l’idée d’une centralité universelle de la naissance.
  • L’importance accordée à la naissance varie selon :

-Les caractéristiques de l’enfant (sexe, rang, nombre d’enfants, décès éventuel, naissances multiples).

-La situation sociodémographique des parents (sexe, âge, niveau d’études, position sociale, activité professionnelle).

-La trajectoire biographique (événements marquants, situation conjugale au moment de l’enquête, cumul des rôles sociaux).


C. Les facteurs de variation de l’importance accordée à la naissance

Caractéristiques de l’enfant :

  • Le sexe de l’enfant a peu d’effet, même si les mères accordent plus d’importance à la naissance d’une fille (55,4 %) qu’à celle d’un garçon (48,2 %).
  • Les naissances multiples (jumeaux, triplés) sont souvent perçues comme des épreuves majeures.
  • Le décès d’un enfant peut conduire à occulter la naissance comme événement marquant.
  • Le nombre d’enfants : plus il y a d’enfants, moins chaque naissance est perçue comme un jalon décisif (effet d’accumulation).
  • L’ancienneté de la naissance diminue l’importance subjective (effet de génération, effet de mémoire, effet de décalage temporel)


Situation sociodémographique des parents :

  • Le sexe des parents a peu d’effet (5 points d’écart), ce qui reflète une implication croissante des pères.
  • L’âge à la naissance : les naissances très jeunes ou très tardives sont perçues différemment selon le genre et le contexte.
  • Le niveau d’études : plus il est élevé, plus la naissance est perçue comme marquante.
  • La position sociale (PCS) : cadres et professions intermédiaires accordent plus d’importance que les ouvriers ou inactifs.


Trajectoire biographique :

  • Les femmes ayant diversifié leurs rôles (activité professionnelle, etc.) sont plus sensibles aux événements biographiques, car elles doivent arbitrer entre plusieurs sphères de vie.
  • La situation conjugale au moment de l’enquête compte : 49 % des personnes en couple considèrent la naissance comme importante, contre 39 % pour celles qui ne le sont plus.
  • Le cumul des événements marquants dans la trajectoire de vie joue un rôle : il s’agit plus d’un effet d’accumulation que de sélection
IV.Synthèse et apports de l'enquête sociologique

TD 1

enquête pinçon-charlot "les ghettos du ghota"

Pourquoi dans cette enquête il accepte d’être filmé à découvert (d’une manière identifiable en plus) ?

Michel et Monique Pinçon-Charlot acceptent d’être filmés à visage découvert pour plusieurs raisons. D’abord, ils souhaitent montrer la réalité de leur travail de sociologues auprès de la grande bourgeoisie et de l’aristocratie, milieux habituellement très fermés et peu accessibles au grand public. Leur visibilité permet d’incarner la démarche scientifique et de donner une légitimité à leur enquête, tout en assumant publiquement leur posture critique et engagée. Être filmés de manière identifiable, c’est aussi revendiquer la transparence de leur méthode et rendre visible le processus d’enquête, ce qui contribue à démystifier le travail sociologique et à sensibiliser le public aux enjeux de la domination sociale[1][2][3].


Pourquoi les deux sociologues s’habillent-ils de cette manière-là ?

Leur choix vestimentaire est stratégique : ils adaptent leur apparence aux codes sociaux de la grande bourgeoisie et de l’aristocratie. Cela permet de réduire la distance sociale, de se fondre dans le décor des réceptions mondaines, et de rassurer leurs interlocuteurs sur leur respect des conventions du milieu étudié. Cette adaptation vestimentaire facilite l’accès au terrain, la confiance des enquêtés et la qualité des échanges. Selon les Pinçon-Charlot, la cravate, le costume ou la tenue élégante sont des marqueurs essentiels pour être perçus comme « dignes d’intérêt » et pour euphémiser les différences de classe, même si, en réalité, ils ne seront jamais totalement intégrés à ce monde[4][5][6].


Quelles sont les deux dames que les deux sociologues ont rencontrées avant de voir leur enquête ?

Dans le documentaire, les Pinçon-Charlot rencontrent souvent des femmes issues de la grande bourgeoisie ou de l’aristocratie qui jouent un rôle de « passeuses » ou d’intermédiaires, facilitant l’accès à d’autres membres du groupe social étudié. Même si le documentaire ne cite pas toujours explicitement les noms, il est fréquent que les premières personnes rencontrées soient des femmes influentes du milieu, qui, par leur réseau, ouvrent les portes à d’autres entretiens. Ces rencontres initiales sont cruciales pour la progression de l’enquête, car elles permettent d’obtenir des recommandations et d’élargir le carnet d’adresses[3]. (Si tu as besoin des noms précis, il faudrait revoir le documentaire ou consulter le livre associé pour les identifier exactement.)


Comment Monique Pinçon-Charlot a-t-elle présenté leur enquête et le sujet d’entretien ?

Monique Pinçon-Charlot présente leur enquête de façon à ne pas effrayer ou braquer les personnes interrogées. Elle insiste sur l’aspect scientifique, sur la volonté de comprendre les modes de vie, les valeurs et les pratiques de la grande bourgeoisie, sans jugement apparent. Elle adapte son discours pour rassurer, montrer une attitude empathique et respectueuse, et éviter de dévoiler d’emblée toute critique sociale ou politique. Cette présentation vise à instaurer un climat de confiance et à obtenir des confidences authentiques, tout en gardant une posture d’observatrice attentive et discrète[4][7][8].


En quoi un propos « (se sentir) propriétaire de la France » a-t-il marqué les sociologues ?

Ce propos, tenu par le vicomte de Rohan – « Quand je me promène en France, je me sens propriétaire de mon pays, en ce sens que je suis parfaitement conscient que, depuis mille ans, les gens dont je descends ont travaillé, ici et là, pour en faire ce qu’il est » – a profondément marqué les Pinçon-Charlot. Il illustre la force de la conscience de classe et le sentiment d’appartenance, voire de légitimité historique, que ressentent certains membres de l’aristocratie. Cette déclaration met en lumière la manière dont la classe dominante justifie sa position sociale par l’héritage, la tradition et la transmission, et comment elle s’approprie symboliquement l’espace national. Pour les sociologues, ce type de propos révèle la violence symbolique et la naturalisation des rapports de domination, cœur de leur analyse sur la reproduction des élites[9][1][10].


Résumé

Les Pinçon-Charlot acceptent d’être filmés pour rendre visible leur démarche ; ils s’habillent selon les codes du milieu pour réduire la distance sociale ; ils s’appuient sur des rencontres-clés, souvent féminines, pour accéder au terrain ; ils présentent leur enquête de façon rassurante et scientifique ; enfin, ils sont marqués par la force de la conscience de classe, exprimée dans des propos sur la « propriété » du pays, révélateurs de la domination symbolique des élites.


Définition et nature de l’enquête sociologique

  • L’enquête sociologique est un processus complet qui comprend :
  • La posture scientifique du sociologue.
  • La construction de l’objet d’étude.
  • La définition des hypothèses.
  • Les modes d’objectivation (prise de distance, neutralité).
  • La méthodologie d’enquête (choix des outils : entretiens, questionnaires, observation…).
  • L’analyse des résultats et la rédaction scientifique.


L’enquête par entretien : principes et spécificités

L’entretien n’est pas une simple discussion amicale : il vise à comprendre la logique d’action des acteurs, pas seulement à recueillir des opinions.

Il s’agit d’une situation d’interaction sociale, où l’enquêteur et l’enquêté jouent chacun un rôle. Le contexte social de l’enquêté doit toujours être pris en compte dans l’analyse.

L’entretien doit être préparé : problématique claire, grille d’entretien, relances adaptées.

Il existe plusieurs types d’entretiens :

  • Non directif : expression libre de l’enquêté.
  • Semi-directif : guide souple avec des thèmes à aborder.
  • Directif : questions précises et structurées.

L’entretien est souvent couplé à l’observation et nécessite un journal de terrain pour noter les impressions, les contextes, les interactions.


Exemple d’enquête : Pinçon et Pinçon-Charlot, Les Ghettos du gotha

Les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot ont mené des enquêtes ethnographiques sur la bourgeoisie française, notamment dans Les Ghettos du gotha (2007).

Leur démarche :

  • Observation participante et entretiens approfondis avec des membres de la haute bourgeoisie.
  • Analyse de la manière dont cette classe sociale défend ses espaces, entretient une conscience de classe, pratique l’endogamie et la ségrégation socio-spatiale.
  • Importance de l’apparence, du langage et des codes sociaux lors des entretiens (ex : pourquoi les sociologues s’habillent-ils d’une certaine façon ? Pourquoi certains enquêtés acceptent d’être filmés ?).
  • Leur enquête illustre la nécessité de contextualiser les propos recueillis et de comprendre les stratégies de distinction et de reproduction sociale.


. Processus de l’enquête sociologique (étapes-clés)

  • Choix du thème et construction de l’objet d’étude (exemple : l’amitié au travail).
  • Formulation de la question de départ et des hypothèses.
  • Choix des critères d’enquête (groupe professionnel, type d’entreprise, PCS…).
  • Recherche et sélection des enquêtés selon ces critères.
  • Préparation des outils d’enquête (grille d’entretien, journal de terrain).
  • Réalisation des entretiens et/ou observations.
  • Analyse des données recueillies, en les replaçant dans leur contexte social et scientifique.
  • Rédaction du dossier d’enquête, en respectant la rigueur scientifique et en évitant tout plagiat.

enquête sociologique 1

I.présentation générale du cours et de la démarche d'enquête en sociologie

Objectifs et spécificités du cours

Ce cours vise à initier à la sociologie par la pratique de l’enquête, en mettant l’accent sur la démarche empirique, c’est-à-dire l’observation et l’analyse de faits sociaux concrets, plutôt que sur l’histoire ou les grandes théories de la discipline.

Deux questions structurent la réflexion :

  • Que fait-on en sociologie ?
  • Comment ce que l’on fait en sociologie se qualifie-t-il de « sociologique » ?


Pourquoi l’enquête ?

  • L’enquête est centrale en sociologie car elle articule l’observation empirique (les faits, les données) et la réflexion conceptuelle (les idées, les modèles explicatifs).
  • Elle ne se réduit pas à une simple technique (questionnaire, entretien, observation), mais constitue une démarche complète qui permet de produire des connaissances sur le social.
  • L’enquête sociologique se distingue par sa capacité à mettre en évidence des variations et des régularités sociales, à partir de l’étude d’individus qui, pris isolément, ne sont pas l’objet d’étude, mais sont représentatifs d’un groupe ou d’une structure plus large.


Méthodes d’enquête : quantitatif et qualitatif

  • Quantitative : vise à mesurer, à quantifier, à établir des corrélations entre variables à partir d’un échantillon représentatif (par exemple, par questionnaires). Elle répond aux questions « qui ? », « combien ? » et permet de généraliser les résultats à une population plus large.
  • Qualitative : cherche à comprendre en profondeur les mécanismes, les significations, les processus sociaux à partir d’études de cas, d’entretiens, d’observations. Elle répond aux questions « pourquoi ? » et « comment ? » et permet d’explorer la diversité des expériences individuelles.
  • Les deux approches sont complémentaires : la première met en lumière des corrélations, la seconde aide à comprendre les causalités et les significations.
II.La naissance comme objet sociologique

A. De l’acte individuel au fait social

  • La naissance apparaît d’abord comme un événement individuel et intime, mais elle est en réalité profondément sociale : elle présente des régularités statistiques (taux de natalité, fécondité) et constitue une préoccupation majeure pour l’État.
  • L’État intervient par le biais de l’état civil (enregistrement des naissances, identification des individus) et de politiques publiques (politiques familiales, natalistes, etc.).
  • Exemple : la création de l’INED (Institut national d’études démographiques) en 1945, avec pour mission de rassembler la documentation, d’ouvrir des enquêtes et d’étudier les moyens d’accroître et d’améliorer la population, tout en diffusant les connaissances démographiques.


B. La transition démographique et ses conséquences

  • La transition démographique désigne le passage d’un régime caractérisé par une forte natalité et mortalité à un régime où ces taux sont faibles, avec des conséquences majeures sur la structure de la population et la place de l’enfant dans la famille.
  • Les transformations sanitaires (baisse de la mortalité infantile, amélioration de la santé), économiques (disparition du travail des enfants), sociales (investissement éducatif), juridiques (droits de l’enfant) et la maîtrise de la fécondité ont fait de la naissance un acte de plus en plus volontaire, désiré et planifié, inscrit dans un projet familial.
  • La famille nombreuse, autrefois banale, devient aujourd’hui une exception, et la naissance d’un enfant s’inscrit désormais dans un contexte de choix individuel et de projet parental réfléchi.


C. La naissance : entre sphère privée et enjeu public

  • La naissance, bien qu’intime, a toujours une dimension collective : elle fonde la famille, assure le renouvellement des générations et légitime les parents.
  • L’acte de naissance, au-delà de l’événement biologique, est aussi un acte social et politique, qui donne à l’individu une identité officielle et permet à l’État de connaître, gérer et soutenir sa population.
  • L’évolution des politiques publiques et des normes autour de la naissance reflète la transformation des sociétés et des rapports entre sphère privée et sphère publique.
III.La perception de la naissance par les individus

A. La centralité croissante de l’enfant dans la famille

  • Les transformations contemporaines (baisse de la mortalité infantile, amélioration de la santé, disparition du travail des enfants, investissement éducatif, droits de l’enfant, maîtrise de la fécondité) ont renforcé la place de l’enfant dans la famille.
  • La naissance devient un événement de plus en plus central, souvent désiré et planifié, perçu comme un jalon biographique majeur pour les individus.
  • Cependant, la manière dont la naissance est vécue et perçue varie fortement selon le contexte biographique (situation conjugale, professionnelle, financière, résidentielle) et historique (normes sociales, rôles de genre).


B. Résultats de l’enquête « Histoire de vie » (INSEE, 2003)

  • Enquête menée auprès de 8 403 personnes représentatives de la population adulte en France métropolitaine, dont 6 463 ayant eu au moins un enfant, pour un total de 16 087 naissances.
  • Seuls 47,4 % des naissances sont déclarées comme un événement important dans la trajectoire biographique, ce qui nuance l’idée d’une centralité universelle de la naissance.
  • L’importance accordée à la naissance varie selon :

-Les caractéristiques de l’enfant (sexe, rang, nombre d’enfants, décès éventuel, naissances multiples).

-La situation sociodémographique des parents (sexe, âge, niveau d’études, position sociale, activité professionnelle).

-La trajectoire biographique (événements marquants, situation conjugale au moment de l’enquête, cumul des rôles sociaux).


C. Les facteurs de variation de l’importance accordée à la naissance

Caractéristiques de l’enfant :

  • Le sexe de l’enfant a peu d’effet, même si les mères accordent plus d’importance à la naissance d’une fille (55,4 %) qu’à celle d’un garçon (48,2 %).
  • Les naissances multiples (jumeaux, triplés) sont souvent perçues comme des épreuves majeures.
  • Le décès d’un enfant peut conduire à occulter la naissance comme événement marquant.
  • Le nombre d’enfants : plus il y a d’enfants, moins chaque naissance est perçue comme un jalon décisif (effet d’accumulation).
  • L’ancienneté de la naissance diminue l’importance subjective (effet de génération, effet de mémoire, effet de décalage temporel)


Situation sociodémographique des parents :

  • Le sexe des parents a peu d’effet (5 points d’écart), ce qui reflète une implication croissante des pères.
  • L’âge à la naissance : les naissances très jeunes ou très tardives sont perçues différemment selon le genre et le contexte.
  • Le niveau d’études : plus il est élevé, plus la naissance est perçue comme marquante.
  • La position sociale (PCS) : cadres et professions intermédiaires accordent plus d’importance que les ouvriers ou inactifs.


Trajectoire biographique :

  • Les femmes ayant diversifié leurs rôles (activité professionnelle, etc.) sont plus sensibles aux événements biographiques, car elles doivent arbitrer entre plusieurs sphères de vie.
  • La situation conjugale au moment de l’enquête compte : 49 % des personnes en couple considèrent la naissance comme importante, contre 39 % pour celles qui ne le sont plus.
  • Le cumul des événements marquants dans la trajectoire de vie joue un rôle : il s’agit plus d’un effet d’accumulation que de sélection
IV.Synthèse et apports de l'enquête sociologique

TD 1

enquête pinçon-charlot "les ghettos du ghota"

Pourquoi dans cette enquête il accepte d’être filmé à découvert (d’une manière identifiable en plus) ?

Michel et Monique Pinçon-Charlot acceptent d’être filmés à visage découvert pour plusieurs raisons. D’abord, ils souhaitent montrer la réalité de leur travail de sociologues auprès de la grande bourgeoisie et de l’aristocratie, milieux habituellement très fermés et peu accessibles au grand public. Leur visibilité permet d’incarner la démarche scientifique et de donner une légitimité à leur enquête, tout en assumant publiquement leur posture critique et engagée. Être filmés de manière identifiable, c’est aussi revendiquer la transparence de leur méthode et rendre visible le processus d’enquête, ce qui contribue à démystifier le travail sociologique et à sensibiliser le public aux enjeux de la domination sociale[1][2][3].


Pourquoi les deux sociologues s’habillent-ils de cette manière-là ?

Leur choix vestimentaire est stratégique : ils adaptent leur apparence aux codes sociaux de la grande bourgeoisie et de l’aristocratie. Cela permet de réduire la distance sociale, de se fondre dans le décor des réceptions mondaines, et de rassurer leurs interlocuteurs sur leur respect des conventions du milieu étudié. Cette adaptation vestimentaire facilite l’accès au terrain, la confiance des enquêtés et la qualité des échanges. Selon les Pinçon-Charlot, la cravate, le costume ou la tenue élégante sont des marqueurs essentiels pour être perçus comme « dignes d’intérêt » et pour euphémiser les différences de classe, même si, en réalité, ils ne seront jamais totalement intégrés à ce monde[4][5][6].


Quelles sont les deux dames que les deux sociologues ont rencontrées avant de voir leur enquête ?

Dans le documentaire, les Pinçon-Charlot rencontrent souvent des femmes issues de la grande bourgeoisie ou de l’aristocratie qui jouent un rôle de « passeuses » ou d’intermédiaires, facilitant l’accès à d’autres membres du groupe social étudié. Même si le documentaire ne cite pas toujours explicitement les noms, il est fréquent que les premières personnes rencontrées soient des femmes influentes du milieu, qui, par leur réseau, ouvrent les portes à d’autres entretiens. Ces rencontres initiales sont cruciales pour la progression de l’enquête, car elles permettent d’obtenir des recommandations et d’élargir le carnet d’adresses[3]. (Si tu as besoin des noms précis, il faudrait revoir le documentaire ou consulter le livre associé pour les identifier exactement.)


Comment Monique Pinçon-Charlot a-t-elle présenté leur enquête et le sujet d’entretien ?

Monique Pinçon-Charlot présente leur enquête de façon à ne pas effrayer ou braquer les personnes interrogées. Elle insiste sur l’aspect scientifique, sur la volonté de comprendre les modes de vie, les valeurs et les pratiques de la grande bourgeoisie, sans jugement apparent. Elle adapte son discours pour rassurer, montrer une attitude empathique et respectueuse, et éviter de dévoiler d’emblée toute critique sociale ou politique. Cette présentation vise à instaurer un climat de confiance et à obtenir des confidences authentiques, tout en gardant une posture d’observatrice attentive et discrète[4][7][8].


En quoi un propos « (se sentir) propriétaire de la France » a-t-il marqué les sociologues ?

Ce propos, tenu par le vicomte de Rohan – « Quand je me promène en France, je me sens propriétaire de mon pays, en ce sens que je suis parfaitement conscient que, depuis mille ans, les gens dont je descends ont travaillé, ici et là, pour en faire ce qu’il est » – a profondément marqué les Pinçon-Charlot. Il illustre la force de la conscience de classe et le sentiment d’appartenance, voire de légitimité historique, que ressentent certains membres de l’aristocratie. Cette déclaration met en lumière la manière dont la classe dominante justifie sa position sociale par l’héritage, la tradition et la transmission, et comment elle s’approprie symboliquement l’espace national. Pour les sociologues, ce type de propos révèle la violence symbolique et la naturalisation des rapports de domination, cœur de leur analyse sur la reproduction des élites[9][1][10].


Résumé

Les Pinçon-Charlot acceptent d’être filmés pour rendre visible leur démarche ; ils s’habillent selon les codes du milieu pour réduire la distance sociale ; ils s’appuient sur des rencontres-clés, souvent féminines, pour accéder au terrain ; ils présentent leur enquête de façon rassurante et scientifique ; enfin, ils sont marqués par la force de la conscience de classe, exprimée dans des propos sur la « propriété » du pays, révélateurs de la domination symbolique des élites.


Définition et nature de l’enquête sociologique

  • L’enquête sociologique est un processus complet qui comprend :
  • La posture scientifique du sociologue.
  • La construction de l’objet d’étude.
  • La définition des hypothèses.
  • Les modes d’objectivation (prise de distance, neutralité).
  • La méthodologie d’enquête (choix des outils : entretiens, questionnaires, observation…).
  • L’analyse des résultats et la rédaction scientifique.


L’enquête par entretien : principes et spécificités

L’entretien n’est pas une simple discussion amicale : il vise à comprendre la logique d’action des acteurs, pas seulement à recueillir des opinions.

Il s’agit d’une situation d’interaction sociale, où l’enquêteur et l’enquêté jouent chacun un rôle. Le contexte social de l’enquêté doit toujours être pris en compte dans l’analyse.

L’entretien doit être préparé : problématique claire, grille d’entretien, relances adaptées.

Il existe plusieurs types d’entretiens :

  • Non directif : expression libre de l’enquêté.
  • Semi-directif : guide souple avec des thèmes à aborder.
  • Directif : questions précises et structurées.

L’entretien est souvent couplé à l’observation et nécessite un journal de terrain pour noter les impressions, les contextes, les interactions.


Exemple d’enquête : Pinçon et Pinçon-Charlot, Les Ghettos du gotha

Les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot ont mené des enquêtes ethnographiques sur la bourgeoisie française, notamment dans Les Ghettos du gotha (2007).

Leur démarche :

  • Observation participante et entretiens approfondis avec des membres de la haute bourgeoisie.
  • Analyse de la manière dont cette classe sociale défend ses espaces, entretient une conscience de classe, pratique l’endogamie et la ségrégation socio-spatiale.
  • Importance de l’apparence, du langage et des codes sociaux lors des entretiens (ex : pourquoi les sociologues s’habillent-ils d’une certaine façon ? Pourquoi certains enquêtés acceptent d’être filmés ?).
  • Leur enquête illustre la nécessité de contextualiser les propos recueillis et de comprendre les stratégies de distinction et de reproduction sociale.


. Processus de l’enquête sociologique (étapes-clés)

  • Choix du thème et construction de l’objet d’étude (exemple : l’amitié au travail).
  • Formulation de la question de départ et des hypothèses.
  • Choix des critères d’enquête (groupe professionnel, type d’entreprise, PCS…).
  • Recherche et sélection des enquêtés selon ces critères.
  • Préparation des outils d’enquête (grille d’entretien, journal de terrain).
  • Réalisation des entretiens et/ou observations.
  • Analyse des données recueillies, en les replaçant dans leur contexte social et scientifique.
  • Rédaction du dossier d’enquête, en respectant la rigueur scientifique et en évitant tout plagiat.
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