Dans 'Gargantua', Rabelais utilise le rire et la satire pour critiquer la société de son temps. Le personnage de Gargantua, avec ses traits exagérés, sert de miroir aux excès et aux travers des institutions religieuses et des pratiques éducatives médiévales. Le rire devient une arme redoutable pour attaquer la vanité des religieux, en particulier les moines, et la rigidité des méthodes éducatives traditionnelles. À travers les aventures de son gigantesque héros, Rabelais montre l'absurdité des guerres fondées sur des motifs futiles et promeut une éducation plus ouverte et bienveillante.

Rabelais prône les idéaux humanistes en critiquant l’enseignement médiéval. Dans 'Gargantua', l'accent est mis sur un apprentissage basé sur l'expérience, la curiosité scientifique et une ouverture d'esprit. L'auteur se moque des pratiques scholastiques rigides et propose en modèle une éducation qui développe la pensée critique et la créativité de l'individu. À travers le précepteur de Gargantua, Ponocrates, Rabelais défend l'idée d'une instruction qui intègre les arts, les sciences et les lettres comme fondements d’une quête perpétuelle de savoir. Le roman célèbre donc l’épanouissement de l’esprit humain et la connaissance au service de l’amélioration de la société.

La représentation du pouvoir et de la guerre dans 'Gargantua' est abordée de manière satirique. Les guerres menées par Picrochole sont caricaturales et montrent l'absurdité des conflits motivés par la cupidité et l’orgueil. Grandgousier, en revanche, incarne la sagesse et la modération, proposant une gouvernance basée sur la paix et le dialogue. Rabelais dépeint ainsi l'exercice du pouvoir avec humour et sagacité, critiquant implicitement les monarques de son époque et leur appétit pour le pouvoir et la guerre. Il valorise une politique plus humaine, tournée vers le bien-être collectif et la justice.

Le corps occupe une place centrale dans 'Gargantua', où les plaisirs de la chair et de la table sont omniprésents. Rabelais utilise le grotesque pour tourner en ridicule les conventions et offrir une vision carnavalesque du monde. Le corps devient ainsi un espace de liberté et d’expression, dans une société où tout est codifié et contrôlé par les autorités religieuses et politiques. Par ses descriptions exubérantes et souvent scatologiques, Rabelais célèbre la vitalité, la créativité, et la puissance d’un corps libéré des contraintes morales et sociales.

La structure de 'Gargantua' se distingue par son inventivité linguistique et ses digressions. Rabelais joue avec les mots, utilisant un langage riche et coloré qui mêle néologismes, jeux de mots et expressions populaires. Cette créativité verbale reflète sa volonté de renouveler la langue française et de la rendre accessible au plus grand nombre. Les digressions permettent à l’auteur de développer ses idées, de divertir, mais aussi de critiquer indirectement la société. Par cette approche narrative, il invite le lecteur à se laisser emporter par le récit tout en réfléchissant aux messages sous-jacents.