Dans le cadre de la déshumanisation, on distingue deux formes principales selon Haslam (2006) : la déshumanisation mécanistique et la déshumanisation animalistique. La déshumanisation mécanistique implique de percevoir les individus comme des objets ou des machines, caractérisés par un manque d'émotions et de chaleur humaine. Ce type de déshumanisation est souvent appliqué dans des contextes où la rationalité et l'efficacité priment, tels que le milieu professionnel. À l'opposé, la déshumanisation animalistique consiste à voir les individus comme primitifs, impulsifs, et émotionnels, leur niant ainsi les attributs supérieurs de la nature humaine. Elle est souvent basée sur des stéréotypes culturels et contextuels qui associent certains groupes à des comportements bestiaux.

Introduite par Leyens et al. (2000), l'infra-humanisation se réfère à l'attribution différenciée d'émotions entre l'endogroupe et l'exogroupe. Les émotions primaires, telles que la joie ou la tristesse, sont généralement considérées comme universelles et partagées par tous les êtres humains. En revanche, les émotions secondaires, comme la nostalgie ou l'orgueil, sont perçues comme spécifiquement humaines. L'infra-humanisation se manifeste par le fait que l'endogroupe est perçu comme capable de ressentir des émotions secondaires plus profondément que l'exogroupe, renforçant un sentiment de supériorité et d'appartenance.

L'étude menée par Loughnan en 2010 éclaire les mécanismes de l'objectification, en particulier chez les femmes. Les résultats mettent en évidence que percevoir une femme sous un angle objectifiant entraîne une perception réduite de ses attributs humains, tels que l'autonomie, la subjectivité, et la profondeur émotionnelle. Cette perception biaisée conduit à traiter les femmes comme des entités dénuées de personnalité et réduit leur pleine reconnaissance en tant qu'êtres humains.

Dans l'étude de Goff et al. de 2008, les mécanismes de la déshumanisation sont étudiés à travers le phénomène du priming racial, où certains stimuli culturels sont associés à la reconnaissance animale. Les conclusions révèlent que les personnes afro-américaines sont plus susceptibles d'être implicitement associées à des concepts animaliers par les participants caucasiens, illustrant une forme de déshumanisation animalistique qui persiste à travers des biais cognitifs inconscients et des stéréotypes raciaux.

L'expérience de Kteily et Bruneau en 2017 explore la dimension évolutive de la déshumanisation à travers l'échelle de l'Ascent of Man. Les résultats révèlent que certains groupes sont systématiquement situés plus bas sur cette échelle d'évolution, intégrant une déshumanisation implicite des groupes considérés comme 'moins évolués'. Cette perception est influencée par des préjugés culturels et une histoire coloniale sous-jacente qui dévalorise certains groupes humains en les rapprochant du règne animal.