🏛️ Fiche de Révision – Constantinople : capitale économique et commerciale (Cours 5)
🧱 1. L’artisanat à Constantinople
A. Organisation des métiers
- Les métiers sont réglementés par le livre de l’éparque, rédigé surtout sous Léon VI (IXe siècle).
- Il recense 22 corps de métiers classés en 3 catégories :
- Métiers de première nécessité (boulangers, poissonniers, bouchers…)
- Métiers liés au service public (notaires, enseignants…)
- Métiers du luxe (notamment la soie, très réglementée)
B. Localisation et fonctionnement
- Les artisans travaillent dans des ergasteria (ateliers-boutiques).
- L’activité artisanale est concentrée autour de la Mésè, avenue centrale entre le Grand Palais et la Porte Dorée.
- L’église Sainte-Sophie possédait plus de 1000 boutiques, louées à des artisans.
C. Main-d'œuvre
- Ateliers familiaux : le maître travaille avec sa femme, ses enfants, parfois des esclaves ou des salariés.
- Le travail des femmes est accepté dans le cadre familial.
- Les salariés sont payés à la tâche ou au mois ; peu peuvent épargner.
D. Contrôle et réglementation
- Les métiers sont organisés en corps avec des représentants élus.
- Entrée dans le métier soumise à approbation, paiement de droits, examen de moralité.
- L’État contrôle : qualité, poids, balance, loyers, localisation.
- Infractions fréquentes : fraude sur les produits, manipulation des loyers.
🐛 2. La production et le commerce de la soie
A. Importance stratégique
- La soie est utilisée à la cour impériale et comme instrument diplomatique.
- L’Empereur distribue des vêtements de soie lors de la roga (prime annuelle).
- Des soies sont offertes aux ambassadeurs et souverains étrangers.
B. Fabrication
- Matière première : soie grège (cocons de vers nourris aux mûriers).
- Présence d’ateliers impériaux (production contrôlée) et ateliers privés.
- 5 métiers spécialisés interviennent dans la chaîne de fabrication (fragmentation pour éviter le monopole).
C. Réglementation stricte
- Certains tissus (notamment pourpres) sont interdits à la vente.
- Toute vente doit être signalée à l’éparque.
- Exemple : Liutprand de Crémone, ambassadeur italien, peine à exporter des tissus achetés légalement.
⚓ 3. Constantinople au cœur des réseaux commerciaux
A. Routes et géographie
- Ville stratégique entre Europe et Asie, au croisement de routes terrestres (via Egnatia) et maritimes.
- Ports principaux : Néorion, Prosphorion (Corne d’Or) et Julien, Théodosien (Propontide).
- La capitale est un grand centre de consommation et un entrepôt.
B. Fiscalité et commerce
- Deux taxes :
- Droits d’entrée aux détroits
- Commercion (taxe de 10 % sur les échanges)
- Constantinople s’approvisionne dans sa micro-région (Asie mineure, Thrace, Mer de Marmara).
🌍 4. Les marchands et les marchandises
A. Marchands byzantins
- Présents dans tout l’Empire, jusqu’en Égypte.
- À partir du Xe siècle, certains s’enrichissent et accèdent à des dignités sociales.
- Ouverture du Sénat sous Constantin Monomaque, puis retour à une élite fermée avec les Comnènes.
B. Produits échangés
- Importations : fourrures, miel, poissons (Russie), épices, parfums (Orient), bois précieux.
- Exportations : textile, céramique, objets métalliques, produits agricoles.
- Certains biens sont interdits à l’exportation (bois, soie, blé) pour raisons stratégiques.
🌐 5. Les marchands étrangers et leurs quartiers
A. Les Russes
- Premiers contacts dès 860, traités commerciaux à partir du Xe siècle.
- Installés à Saint-Mamas, escortés au marché.
- Témoignage de Benjamin de Tudèle (1173) sur la diversité des marchands à Constantinople.
B. Les Italiens : Amalfitains, Vénitiens, Pisans, Génois
- Amalfi : première colonie (IXe-Xe siècle).
- Venise : reçoit des privilèges commerciaux (992, puis 1082 par Alexis Comnène), notamment la franchise fiscale.
- Pise : obtient un quartier et des réductions fiscales dès 1111.
- Gênes : quartier à partir de 1155, renforcé par le traité de Nymphée (1261).
C. Les embolos
- Quartiers marchands autonomes avec entrepôts, logements, églises, bains, etc.
- Péra-Galata devient le quartier génois majeur après 1261, avec fortifications, tours, et élite génoise.
- Les quartiers étrangers marquent la puissance croissante des marchands italiens.
🏁 6. La quatrième croisade et ses conséquences (1204)
- Les Croisés s’emparent de Constantinople.
- Venise obtient 3/8 de la ville et des îles stratégiques (Crète, Corfou…).
- Empire grec de Nicée négocie avec Gênes pour reconquérir Constantinople.
- Traité de Nymphée (1261) : Gênes obtient un quartier, la mer Noire, et la franchise douanière.
- La domination génoise s’impose, mais affaiblit Byzance à long terme.
✅ À retenir
Constantinople fut un centre économique majeur du monde byzantin, à la fois par sa production artisanale richement réglementée, son rôle stratégique dans les échanges, et sa capacité à attirer et contrôler les marchands étrangers. L’organisation de ses métiers et son rayonnement commercial ont assuré sa puissance… jusqu’aux déséquilibres provoqués par les privilèges accordés aux puissances maritimes italiennes.
🏛️ Fiche de Révision – Constantinople : capitale économique et commerciale (Cours 5)
🧱 1. L’artisanat à Constantinople
A. Organisation des métiers
- Les métiers sont réglementés par le livre de l’éparque, rédigé surtout sous Léon VI (IXe siècle).
- Il recense 22 corps de métiers classés en 3 catégories :
- Métiers de première nécessité (boulangers, poissonniers, bouchers…)
- Métiers liés au service public (notaires, enseignants…)
- Métiers du luxe (notamment la soie, très réglementée)
B. Localisation et fonctionnement
- Les artisans travaillent dans des ergasteria (ateliers-boutiques).
- L’activité artisanale est concentrée autour de la Mésè, avenue centrale entre le Grand Palais et la Porte Dorée.
- L’église Sainte-Sophie possédait plus de 1000 boutiques, louées à des artisans.
C. Main-d'œuvre
- Ateliers familiaux : le maître travaille avec sa femme, ses enfants, parfois des esclaves ou des salariés.
- Le travail des femmes est accepté dans le cadre familial.
- Les salariés sont payés à la tâche ou au mois ; peu peuvent épargner.
D. Contrôle et réglementation
- Les métiers sont organisés en corps avec des représentants élus.
- Entrée dans le métier soumise à approbation, paiement de droits, examen de moralité.
- L’État contrôle : qualité, poids, balance, loyers, localisation.
- Infractions fréquentes : fraude sur les produits, manipulation des loyers.
🐛 2. La production et le commerce de la soie
A. Importance stratégique
- La soie est utilisée à la cour impériale et comme instrument diplomatique.
- L’Empereur distribue des vêtements de soie lors de la roga (prime annuelle).
- Des soies sont offertes aux ambassadeurs et souverains étrangers.
B. Fabrication
- Matière première : soie grège (cocons de vers nourris aux mûriers).
- Présence d’ateliers impériaux (production contrôlée) et ateliers privés.
- 5 métiers spécialisés interviennent dans la chaîne de fabrication (fragmentation pour éviter le monopole).
C. Réglementation stricte
- Certains tissus (notamment pourpres) sont interdits à la vente.
- Toute vente doit être signalée à l’éparque.
- Exemple : Liutprand de Crémone, ambassadeur italien, peine à exporter des tissus achetés légalement.
⚓ 3. Constantinople au cœur des réseaux commerciaux
A. Routes et géographie
- Ville stratégique entre Europe et Asie, au croisement de routes terrestres (via Egnatia) et maritimes.
- Ports principaux : Néorion, Prosphorion (Corne d’Or) et Julien, Théodosien (Propontide).
- La capitale est un grand centre de consommation et un entrepôt.
B. Fiscalité et commerce
- Deux taxes :
- Droits d’entrée aux détroits
- Commercion (taxe de 10 % sur les échanges)
- Constantinople s’approvisionne dans sa micro-région (Asie mineure, Thrace, Mer de Marmara).
🌍 4. Les marchands et les marchandises
A. Marchands byzantins
- Présents dans tout l’Empire, jusqu’en Égypte.
- À partir du Xe siècle, certains s’enrichissent et accèdent à des dignités sociales.
- Ouverture du Sénat sous Constantin Monomaque, puis retour à une élite fermée avec les Comnènes.
B. Produits échangés
- Importations : fourrures, miel, poissons (Russie), épices, parfums (Orient), bois précieux.
- Exportations : textile, céramique, objets métalliques, produits agricoles.
- Certains biens sont interdits à l’exportation (bois, soie, blé) pour raisons stratégiques.
🌐 5. Les marchands étrangers et leurs quartiers
A. Les Russes
- Premiers contacts dès 860, traités commerciaux à partir du Xe siècle.
- Installés à Saint-Mamas, escortés au marché.
- Témoignage de Benjamin de Tudèle (1173) sur la diversité des marchands à Constantinople.
B. Les Italiens : Amalfitains, Vénitiens, Pisans, Génois
- Amalfi : première colonie (IXe-Xe siècle).
- Venise : reçoit des privilèges commerciaux (992, puis 1082 par Alexis Comnène), notamment la franchise fiscale.
- Pise : obtient un quartier et des réductions fiscales dès 1111.
- Gênes : quartier à partir de 1155, renforcé par le traité de Nymphée (1261).
C. Les embolos
- Quartiers marchands autonomes avec entrepôts, logements, églises, bains, etc.
- Péra-Galata devient le quartier génois majeur après 1261, avec fortifications, tours, et élite génoise.
- Les quartiers étrangers marquent la puissance croissante des marchands italiens.
🏁 6. La quatrième croisade et ses conséquences (1204)
- Les Croisés s’emparent de Constantinople.
- Venise obtient 3/8 de la ville et des îles stratégiques (Crète, Corfou…).
- Empire grec de Nicée négocie avec Gênes pour reconquérir Constantinople.
- Traité de Nymphée (1261) : Gênes obtient un quartier, la mer Noire, et la franchise douanière.
- La domination génoise s’impose, mais affaiblit Byzance à long terme.
✅ À retenir
Constantinople fut un centre économique majeur du monde byzantin, à la fois par sa production artisanale richement réglementée, son rôle stratégique dans les échanges, et sa capacité à attirer et contrôler les marchands étrangers. L’organisation de ses métiers et son rayonnement commercial ont assuré sa puissance… jusqu’aux déséquilibres provoqués par les privilèges accordés aux puissances maritimes italiennes.