Le pouvoir aux mains de l’aristocratie sénatoriale à Rome (République)
1. Introduction générale
- La République romaine est une période caractérisée par une organisation institutionnelle où le Sénat joue un rôle central.
- Le Sénat, siégeant dans la Curie, est dépositaire de l’auctoritas (autorité morale et politique).
- Le Sénat est composé d'environ 300 membres, souvent des hommes ayant exercé des magistratures.
- Le pouvoir est concentré dans une aristocratie sénatoriale, groupe restreint d’hommes et de familles considérés comme les « meilleurs » par la naissance et la formation.
- Rome est aussi une ploutocratie, le pouvoir revient à ceux qui détiennent la richesse la plus importante.
2. Les bases de la puissance
a) Les riches
- La société romaine est organisée selon un système censitaire, où la place sociale de chaque citoyen dépend de sa fortune.
- Les magistratures ne sont pas rémunérées, ce qui limite leur accès aux plus riches capables de dépenser pour la communauté.
- Les riches forment l’ordre équestre (cavalerie) et fournissent aussi la majorité des membres du Sénat.
- La richesse est donc une condition indispensable pour accéder au pouvoir politique.
b) Les réseaux de clients et d’amis
- Le pouvoir s’appuie aussi sur des réseaux de relations fondés sur la fides (foi jurée, engagement devant les dieux).
- Les clients sont liés à un puissant patron par un lien de fidélité, recevant aide matérielle en échange de soutien politique (votes, accompagnement lors des élections).
- L’amitié romaine est un facteur important d’alliance politique, fondée sur la réciprocité, la confiance et une communauté de vues.
- Ces réseaux permettent de mobiliser soutien politique et social lors des élections et dans la vie publique,.
c) Les honneurs
- Les magistratures sont des honneurs précieux valorisant la gloire personnelle et familiale.
- L’accès au consulat est considéré comme le summum de la carrière politique et sociale.
- Les signes extérieurs de gloire comme les funérailles aristocratiques ou les triomphes renforcent la position sociale.
- Ces cérémonies publiques, appelées « liturgies civiques », glorifient le prestige de l’individu et de sa famille,.
3. Le triomphe : une cérémonie majeure de la République
a) Signification et déroulement
- Le triomphe est une cérémonie religieuse et politique destinée à célébrer une victoire militaire majeure et à remercier Jupiter Capitolin.
- Il s’agit d’un défilé depuis le Champ de Mars jusqu’au Capitole, avec passage par la voie sacrée.
- Le général triomphateur porte la pourpre, est monté sur un char à quatre chevaux, accompagné par un esclave qui lui rappelle qu’il reste un homme (« Respice post te! Hominem te esse memento ! ») afin de prévenir l’arrogance.
- La cérémonie se conclut par un sacrifice à Jupiter et la mise à mort des captifs ennemis,.
b) Conditions pour obtenir un triomphe
- Il faut disposer de l’imperium, le pouvoir sacré confié par les dieux.
- La guerre doit être juste (bellum iustum), légitime tant dans sa forme que sa motivation.
- Le général doit être salué imperator par ses soldats sur le champ de bataille.
- Le Sénat et les comices doivent approuver et organiser la cérémonie, qui était coûteuse.
- Pendant le triomphe, les soldats sont autorisés pour la seule fois à porter leurs armes dans la ville.
4. Le débat autour du luxe et des valeurs traditionnelles : Caton le censeur vs Scipion
- Caton l’Ancien (234-149 av. J.-C.), défenseur des vertus romaines traditionnelles (frugalité, patriotisme, intégrité) s’oppose au luxe et à l’influence grecque (hellénisme).
- Il crée les lois somptuaires pour limiter le luxe.
- Les Scipions, grands généraux et philhellènes, sont vus par Caton comme trop imprégnés des modèles grecs, parfois considérés comme tyranniques.
- En 187 av. J.-C., le procès des Scipions pour détournement de fonds accentue ce clivage. Scipion l’Africain refuse de revenir à Rome, accusé par Caton d’adopter un style de pouvoir oriental.
- Caton incarne l’idéal du « vieux Romain » à la fois courageux au combat et vertueux en politique.
En résumé :
- Le pouvoir à Rome durant la République est un mélange de richesse, de liens sociaux (clients et amis) et de prestige par les magistratures et honneurs publics.
- Le triomphe est l’aboutissement de la carrière militaire et une cérémonie religieuse majeure.
- La tension existe entre les valeurs traditionnelles romaines incarnées par Caton et l’ouverture à la culture grecque représentée par les Scipions.
Fiche de Révision : L’impérialisme romain et les imperatores
1. Définition et rôle des imperatores
- Le terme « imperator » désigne à l’origine un général victorieux sur le champ de bataille, acclamé par ses troupes et associé à la figure divine de Jupiter.
- Au sens politique plus large, les imperatores sont des hommes qui assoient leur pouvoir à travers leurs victoires militaires, ce qui leur permet d’accéder à des positions influentes dans la République romaine.
- Selon Florus, les ambitions des imperatores ont contribué à désorganiser le système institutionnel traditionnel de Rome.
2. L'élargissement territorial progressif de Rome
- Rome a commencé par conquérir l’Italie, intégrant des peuples comme les Sabins, les Étrusques, et les Grecs du sud de la péninsule.
- Entre 270 et 272 av. J.-C., Rome prend le contrôle du sud de l’Italie.
- Lors de la première guerre punique (264-241 av. J.-C.), Rome conquiert des îles stratégiques comme la Sicile, la Corse, et la Sardaigne, s’affirmant comme une puissance maritime pour contrer Carthage.
3. Les guerres puniques : un affrontement décisif pour la domination méditerranéenne
- La première guerre punique aboutit à la victoire romaine, qui oblige Carthage à se retirer de Sicile et des îles voisines, et à payer une lourde indemnité.
- Carthage décide alors de s’implanter en péninsule Ibérique pour compenser ses pertes.
- La deuxième guerre punique commence en 218 av. J.-C. avec Hannibal Barca qui traverse les Alpes avec des éléphants et inflige plusieurs défaites sévères à Rome (ex : bataille de Cannes en 216 av. J.-C.).
- Scipion l’Africain prend un rôle majeur à partir de 209 av. J.-C., remportant des victoires en Espagne et en Afrique, notamment à Carthagène, puis demande au Sénat l’autorisation d’envahir l’Afrique du Nord.
- La bataille décisive de Zama en 202 av. J.-C. voit la victoire de Scipion sur Hannibal, mettant fin à la deuxième guerre punique et à l’impérialisme carthaginois.
4. La confrontation des armées à Zama
- L’armée carthaginoise est numériquement supérieure avec environ 36 000 soldats d’infanterie, incluant des mercenaires gaulois, ligures, libyens, et vétérans ayant combattu en Italie.
- Les éléphants de guerre sont utilisés mais pas de manière massive.
- En face, l’armée romaine est moins nombreuse mais plus aguerrie, avec 20 000 fantassins et une cavalerie composée de 1 500 cavaliers italiens et 6 000 cavaliers numides alliés, dirigés par Massinissa, roi numide soutenant Rome.
- Hannibal, conscient de la difficulté, tente de convaincre Scipion d’éviter la bataille en proposant des négociations, évoquant la fortune et l’indécision d’un affrontement.
5. Le choc des impérialismes et les enjeux historiques
- Polybe, historien grec et témoin privilégié de ces événements, présente l’affrontement entre Scipion et Hannibal comme celui de deux ambitions impérialistes rivales pour la maîtrise de la Méditerranée occidentale.
- L’Italie, la Sicile, et les territoires ibériques sont au cœur de cette lutte.
- Après la victoire romaine, la puissance de Carthage est fortement diminuée, marquant la fin progressive de son impérialisme.