L’administration financière de l’Empire romain repose sur une hiérarchie bien structurée de fonctionnaires chargés de la gestion des finances publiques. Cette administration se divise en deux niveaux : les administrateurs les plus hauts, ayant un rôle crucial dans la collecte et la gestion des impôts à l’échelle provinciale, et les administrateurs de rang inférieur, spécialisés dans des domaines spécifiques de la fiscalité.

I) Les Administrateurs Financiers de Haut Rang

A) Les Questeurs

Les questeurs sont des magistrats financiers chargés de la gestion des finances publiques dans les provinces romaines. Leur rôle varie selon qu’ils exercent dans une province sénatoriale ou impériale.

Dans les provinces sénatoriales, le questeur propréteur est envoyé par le Sénat sur recommandation de l’empereur. Il s’agit généralement d’un jeune sénateur en début de carrière, qui apprend ainsi les rouages de l’administration impériale. Sa principale mission est la collecte des impôts et des taxes, dont les montants sont fixés par le Sénat. Ces finances échappent au contrôle direct des gouverneurs, conférant ainsi aux questeurs une certaine autonomie dans leur gestion.

Dans les provinces impériales, la gestion des finances est confiée à des procurateurs plutôt qu’à des questeurs, mais ces derniers conservent néanmoins un rôle symbolique dans certaines régions.

B) Les Procurateurs

Dans les provinces impériales administrées par des sénateurs, on retrouve les procurateurs financiers, qui appartiennent à l’ordre équestre.

À l’origine, ces procurateurs étaient des affranchis impériaux, mais ils seront progressivement remplacés par des chevaliers à la fin du Ier siècle. Ils ne sont pas directement subordonnés aux gouverneurs, bien qu’ils collaborent avec eux. Leur mission principale consiste à représenter le bureau palatin, véritable ministère des finances impérial, dans la province concernée.

Les procurateurs sont responsables de la collecte des impôts et de la gestion des finances provinciales. Ils veillent à ce que les fonds collectés soient correctement transmis à l’administration centrale. Ils fixent également le montant de l’impôt en accord avec les directives du bureau palatin et assurent le paiement des soldats ainsi que du personnel administratif, à l’exception des hauts fonctionnaires payés directement par Rome.

En matière judiciaire, les procurateurs interviennent dans les procès liés aux successions et à l’octroi de la citoyenneté romaine aux pérégrins. Leur rôle est crucial, car les impôts diffèrent selon que l’on est citoyen romain ou non.

C) Autres Compétences des Procurateurs

Depuis l’empereur Claude, les procurateurs possèdent également des compétences judiciaires en matière fiscale. Ils surveillent les mouvements de fonds de la caisse provinciale et délivrent des mandats de rentrée et de sortie d’argent. Ils ont même le pouvoir de suspendre certaines dépenses de l’État dans leur province, bien qu’ils ne puissent pas en initier de nouvelles, cette responsabilité revenant exclusivement au gouverneur.

Leur présence permet également de limiter le pouvoir des sénateurs dans l’administration des finances provinciales. En nommant un procurateur équestre, l’empereur s’assure un contrôle plus direct sur l’utilisation des fonds publics. Ainsi, dans certaines provinces, un procurateur impérial peut être amené à diriger seul une province entière.

Sous les Flaviens, on retrouve des procurateurs impériaux à la tête de certaines provinces stratégiques comme la Belgique ou les Germanies, où ils doivent gérer d’importantes masses financières, notamment pour le paiement des soldats et les infrastructures militaires.

II) Les Administrateurs Financiers de Rang Inférieur

A) Les Procurateurs Spécialisés

Bien que moins influents que les procurateurs de haut rang, ces administrateurs jouent un rôle essentiel dans la gestion des finances impériales. Ils sont tous de rang équestre et mandatés directement par l’empereur. Leur fonction s’inscrit dans une véritable carrière équestre et certains postes deviennent permanents dès leur création sous Auguste.

À partir de Domitien, ces procurateurs sont exclusivement issus de l’ordre équestre. Ces postes de procurateurs spécialisés couvrent plusieurs aspects des finances de l’Empire, notamment la gestion du patrimoine impérial et la fiscalité particulière.

B) Les Procurateurs du Patrimoine

L’empereur étant le plus grand propriétaire foncier de l’Empire, ses biens sont gérés par des procurateurs du patrimoine. Ceux-ci disposent d’un bureau central à Rome ainsi que de représentants dans les provinces.

Dans les provinces impériales, la gestion du patrimoine impérial revient aux procurateurs financiers. Cependant, dans les provinces sénatoriales, un procurateur du patrimoine est spécifiquement nommé pour administrer les biens de l’empereur. Ils sont totalement indépendants des questeurs et des proconsuls et restent en poste tant que l’empereur le décide (généralement pour une durée de deux à trois ans).

Dans certaines régions riches en terres impériales, comme la Chersonèse de Thrace ou certaines parties de l’Afrique du Nord, des procurateurs régionaux du patrimoine sont également nommés.

À partir d’Antonin le Pieux et de Septime Sévère, une distinction est faite entre le patrimoine impérial et les biens privés de l’empereur. Cela entraîne la création de procurateurs spécialisés pour gérer ces derniers, avec des compétences étendues sur plusieurs provinces.

C) Les Procurateurs Fiscaux

Le procurateur du vingtième est chargé de collecter une taxe de 5 % sur les successions et legs des citoyens romains afin d’alimenter le trésor militaire. Au début de l’Empire, cette taxe était affermée, mais sous Trajan et Hadrien, elle est directement administrée par des procurateurs équestres. Un même procurateur peut superviser plusieurs provinces, indépendamment de leur statut administratif.

Le procurateur de la quadragésime gère la perception d’une taxe douanière de 2,5 % sur les marchandises aux frontières fiscales interprovinciales. Un procurateur peut administrer plusieurs provinces à la fois, comme dans le service des quatrièmes Gaules qui couvre quatre provinces et les deux Germanies.