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CM ROME S5

I) Les hauts administrateurs et le rôle des gouverneurs

A) Un nombre restreint de cadres décisionnaires

L’administration impériale romaine repose sur un nombre limité de cadres décisionnaires. À la fin du règne d’Auguste, on compte environ 80 hauts administrateurs dans les provinces. Ce chiffre augmente à 180 sous les Sévères, mais cela reste insuffisant au regard de l’immensité de l’Empire. L’administration impériale, dans son ensemble, ne comprend qu’environ 40 000 fonctionnaires, ce qui est relativement peu pour un territoire aussi vaste.

Parmi ces hauts administrateurs, les gouverneurs provinciaux occupent une place centrale. Leur mission essentielle est d’assurer la stabilité et la gestion des provinces sous leur responsabilité. Ils doivent veiller à trois aspects fondamentaux : la défense des intérêts de Rome, l’application des lois et la collecte des impôts. Tout manquement à ces obligations expose le gouverneur à des sanctions de la part de l’empereur.

B) Les missions du gouverneur provincial

Le gouverneur exerce des fonctions variées qui s’étendent à plusieurs domaines : juridique, politique, militaire et financier.

Sur le plan administratif et juridique, il est responsable de l’application des lois romaines dans sa province. Il veille à l’exécution des constitutions impériales, des sénatus-consultes et des édits locaux conformes au droit romain. De plus, il est chargé du maintien de l’ordre, aussi bien dans les zones urbaines que rurales. Dans les provinces situées aux frontières de l’Empire, il joue également un rôle militaire en défendant le territoire contre d’éventuelles invasions ou rébellions.

Dans le domaine politique et législatif, le gouverneur dispose d’un droit d’intervention dans la vie civique des cités sous sa juridiction. Il peut assister aux réunions des conseils municipaux, donner son avis sur l’élection des magistrats et établir des listes de candidats. Toutefois, il ne peut pas intervenir directement dans ces élections. Il possède cependant le pouvoir d’annuler des législations municipales s’il juge qu’elles sont contraires aux lois romaines. De plus, il peut édicter des décrets applicables à l’ensemble ou à une partie de sa province.

Le gouverneur exerce également un contrôle sur les finances locales. Il peut vérifier les comptes des magistrats et approuver ou refuser des dépenses importantes. Sous Antonin le Pieux, toute dépense excédant 40 000 sesterces devait obligatoirement recevoir son aval.

C) Le rôle judiciaire et le Ius Gladii

Le gouverneur est également un acteur majeur de la justice provinciale. Il est compétent pour juger des affaires civiles et pénales, notamment celles qui dépassent la compétence des tribunaux municipaux. Son tribunal est aussi une instance d’appel pour certaines décisions judiciaires.

Au début de l’Empire, seuls les proconsuls sénatoriaux et les gouverneurs impériaux sénatoriaux (anciens préteurs) possédaient le Ius Gladii, autrement dit le "droit du glaive", qui leur permettait de prononcer des peines de mort sur les citoyens romains. Progressivement, ce droit fut étendu aux gouverneurs équestres, bien que ceux-ci aient initialement dû envoyer les affaires criminelles à Rome pour confirmation. Une exception existait en Égypte, où les gouverneurs avaient déjà ce pouvoir au IIᵉ siècle.

À partir de 230, tous les gouverneurs, qu’ils soient sénatoriaux ou équestres, reçurent le Ius Gladii. Il est important de noter que cette distinction entre sénatoriaux et équestres ne s’appliquait qu’aux citoyens romains. Dès le règne d’Auguste, les gouverneurs avaient déjà la possibilité d’exécuter les pérégrins (étrangers) vivant dans leur province.

Le tribunal du gouverneur n’étant pas fixe, il effectuait une tournée judiciaire dans sa province. Il organisait des assises dans plusieurs villes, choisissant celles qui avaient une importance stratégique ou politique. Lorsqu’il était en déplacement, il pouvait déléguer certains pouvoirs judiciaires à des légats, principalement dans les grandes provinces.

II) Les collaborateurs du gouverneur

A) La distinction entre provinces sénatoriales et impériales

L’Empire romain distinguait deux types de provinces :

  1. Les provinces sénatoriales, administrées par un proconsul, assisté de plusieurs légats pro-préteurs.
  2. Les provinces impériales, gouvernées par un légat impérial d’Auguste propréteur, directement nommé par l’empereur.

Dans certaines grandes provinces consulaires, les gouverneurs étaient aidés par des légats impériaux, une fonction mise en place sous Vespasien. Ces légats, souvent appelés "légats juridiques", étaient nommés en nombre variable par l’empereur. Leur mission principale était d’assister le gouverneur dans l’administration judiciaire et de veiller à l’application des lois.

B) Les adjoints du gouverneur

Dans les provinces sénatoriales, certains gouverneurs disposaient d’adjoints. Par exemple, en Afrique et en Asie, les proconsuls étaient assistés de trois légats, bien que sous Caligula, un adjoint ait été supprimé en Afrique. Contrairement aux légats impériaux, ces adjoints étaient choisis directement par le proconsul et quittaient leur fonction en même temps que lui.

Dans les provinces impériales, certains gouverneurs étaient également épaulés par des légats, bien que cette pratique ne fût pas systématique. Ces légats étaient nommés par l’empereur et leur rôle dépendait des besoins spécifiques de la province.

Les provinces équestres avaient généralement moins d’adjoints, sauf en Égypte. Le préfet d’Égypte disposait d’un adjoint principal, le dikaiodotès, une fonction héritée de l’administration des Ptolémées. De plus, il avait sous ses ordres quatre autres adjoints juridiques, appelés épistratèges, qui supervisaient différentes régions de l’Égypte.

III) L’administration financière des provinces

L’administration financière était une composante essentielle du fonctionnement des provinces.

Dans les provinces sénatoriales, les finances étaient gérées par un questeur pro-préteur, un jeune sénateur débutant sa carrière politique. Son rôle était de superviser les recettes et les dépenses provinciales, et de rendre des comptes au Sénat à la fin de son mandat.

Dans les provinces impériales, la gestion financière était confiée à des procurateurs, souvent issus de l’ordre équestre. Ces derniers avaient parfois des sous-procurateurs, souvent d’anciens esclaves affranchis, qui les assistaient. Cependant, sous Domitien, l’usage des sous-procurateurs disparut progressivement au profit d’une centralisation accrue du pouvoir impérial.


CM ROME S5

I) Les hauts administrateurs et le rôle des gouverneurs

A) Un nombre restreint de cadres décisionnaires

L’administration impériale romaine repose sur un nombre limité de cadres décisionnaires. À la fin du règne d’Auguste, on compte environ 80 hauts administrateurs dans les provinces. Ce chiffre augmente à 180 sous les Sévères, mais cela reste insuffisant au regard de l’immensité de l’Empire. L’administration impériale, dans son ensemble, ne comprend qu’environ 40 000 fonctionnaires, ce qui est relativement peu pour un territoire aussi vaste.

Parmi ces hauts administrateurs, les gouverneurs provinciaux occupent une place centrale. Leur mission essentielle est d’assurer la stabilité et la gestion des provinces sous leur responsabilité. Ils doivent veiller à trois aspects fondamentaux : la défense des intérêts de Rome, l’application des lois et la collecte des impôts. Tout manquement à ces obligations expose le gouverneur à des sanctions de la part de l’empereur.

B) Les missions du gouverneur provincial

Le gouverneur exerce des fonctions variées qui s’étendent à plusieurs domaines : juridique, politique, militaire et financier.

Sur le plan administratif et juridique, il est responsable de l’application des lois romaines dans sa province. Il veille à l’exécution des constitutions impériales, des sénatus-consultes et des édits locaux conformes au droit romain. De plus, il est chargé du maintien de l’ordre, aussi bien dans les zones urbaines que rurales. Dans les provinces situées aux frontières de l’Empire, il joue également un rôle militaire en défendant le territoire contre d’éventuelles invasions ou rébellions.

Dans le domaine politique et législatif, le gouverneur dispose d’un droit d’intervention dans la vie civique des cités sous sa juridiction. Il peut assister aux réunions des conseils municipaux, donner son avis sur l’élection des magistrats et établir des listes de candidats. Toutefois, il ne peut pas intervenir directement dans ces élections. Il possède cependant le pouvoir d’annuler des législations municipales s’il juge qu’elles sont contraires aux lois romaines. De plus, il peut édicter des décrets applicables à l’ensemble ou à une partie de sa province.

Le gouverneur exerce également un contrôle sur les finances locales. Il peut vérifier les comptes des magistrats et approuver ou refuser des dépenses importantes. Sous Antonin le Pieux, toute dépense excédant 40 000 sesterces devait obligatoirement recevoir son aval.

C) Le rôle judiciaire et le Ius Gladii

Le gouverneur est également un acteur majeur de la justice provinciale. Il est compétent pour juger des affaires civiles et pénales, notamment celles qui dépassent la compétence des tribunaux municipaux. Son tribunal est aussi une instance d’appel pour certaines décisions judiciaires.

Au début de l’Empire, seuls les proconsuls sénatoriaux et les gouverneurs impériaux sénatoriaux (anciens préteurs) possédaient le Ius Gladii, autrement dit le "droit du glaive", qui leur permettait de prononcer des peines de mort sur les citoyens romains. Progressivement, ce droit fut étendu aux gouverneurs équestres, bien que ceux-ci aient initialement dû envoyer les affaires criminelles à Rome pour confirmation. Une exception existait en Égypte, où les gouverneurs avaient déjà ce pouvoir au IIᵉ siècle.

À partir de 230, tous les gouverneurs, qu’ils soient sénatoriaux ou équestres, reçurent le Ius Gladii. Il est important de noter que cette distinction entre sénatoriaux et équestres ne s’appliquait qu’aux citoyens romains. Dès le règne d’Auguste, les gouverneurs avaient déjà la possibilité d’exécuter les pérégrins (étrangers) vivant dans leur province.

Le tribunal du gouverneur n’étant pas fixe, il effectuait une tournée judiciaire dans sa province. Il organisait des assises dans plusieurs villes, choisissant celles qui avaient une importance stratégique ou politique. Lorsqu’il était en déplacement, il pouvait déléguer certains pouvoirs judiciaires à des légats, principalement dans les grandes provinces.

II) Les collaborateurs du gouverneur

A) La distinction entre provinces sénatoriales et impériales

L’Empire romain distinguait deux types de provinces :

  1. Les provinces sénatoriales, administrées par un proconsul, assisté de plusieurs légats pro-préteurs.
  2. Les provinces impériales, gouvernées par un légat impérial d’Auguste propréteur, directement nommé par l’empereur.

Dans certaines grandes provinces consulaires, les gouverneurs étaient aidés par des légats impériaux, une fonction mise en place sous Vespasien. Ces légats, souvent appelés "légats juridiques", étaient nommés en nombre variable par l’empereur. Leur mission principale était d’assister le gouverneur dans l’administration judiciaire et de veiller à l’application des lois.

B) Les adjoints du gouverneur

Dans les provinces sénatoriales, certains gouverneurs disposaient d’adjoints. Par exemple, en Afrique et en Asie, les proconsuls étaient assistés de trois légats, bien que sous Caligula, un adjoint ait été supprimé en Afrique. Contrairement aux légats impériaux, ces adjoints étaient choisis directement par le proconsul et quittaient leur fonction en même temps que lui.

Dans les provinces impériales, certains gouverneurs étaient également épaulés par des légats, bien que cette pratique ne fût pas systématique. Ces légats étaient nommés par l’empereur et leur rôle dépendait des besoins spécifiques de la province.

Les provinces équestres avaient généralement moins d’adjoints, sauf en Égypte. Le préfet d’Égypte disposait d’un adjoint principal, le dikaiodotès, une fonction héritée de l’administration des Ptolémées. De plus, il avait sous ses ordres quatre autres adjoints juridiques, appelés épistratèges, qui supervisaient différentes régions de l’Égypte.

III) L’administration financière des provinces

L’administration financière était une composante essentielle du fonctionnement des provinces.

Dans les provinces sénatoriales, les finances étaient gérées par un questeur pro-préteur, un jeune sénateur débutant sa carrière politique. Son rôle était de superviser les recettes et les dépenses provinciales, et de rendre des comptes au Sénat à la fin de son mandat.

Dans les provinces impériales, la gestion financière était confiée à des procurateurs, souvent issus de l’ordre équestre. Ces derniers avaient parfois des sous-procurateurs, souvent d’anciens esclaves affranchis, qui les assistaient. Cependant, sous Domitien, l’usage des sous-procurateurs disparut progressivement au profit d’une centralisation accrue du pouvoir impérial.

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