- Economie : science des richesses → économie politique (conception économiste classique)
SMITH, 1776, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (fonde base de l’économie)
SAY, 1803, Traité d’économie politique (traité pr distinguer production, distribution, consommation) échelle macro
- Economie : science de l’échange marchand (marché/prix pas production)
conception économiste néo-classique (fin XIXe), vision + micro économique, influence ce qui est au coeur de l’éco contemporaine
- Economie: science des choix efficaces et rationnels sous contrainte
ROBBINS (1932): éco: “science qui étudie comportement humain comme relation entre fins/moyens rares → usages alternatifs"
BECKER (1976): éco peut résoudre pb de la société → critique pr son impérialisme économique
- Economie : science sociale, historique, politique des interactions humaines dans le cadre de l’activité économique
→ Économistes hétérodoxes
a) Qu’est-ce qu’une science (discipline qui à pour caractéristique d'émettre des propositions) ?
POPPER (autrichien, 1902-1994) : La logique de la découverte scientifique (1934)
→ critère de “falsifiabilité” : propos scientifique → réfutable
→ méthode caractériser par des aller retour entre théorie et empirie
KUHN, La Structure des révolutions scientifiques (1962)
→ “paradigme: ensemble hypothèses/ théories que tous considères comme vraie, accord chercheurs autour d’un même socle d’idée
→ “science normale”/ “révolution scientifique” lorsque chercheurs bloquent à cause du paradigme ancien → nouveau paradigme
Les crises éco déclenchent crises de la pensée éco qui contribuent à modifier paradigme dominant
Idée - pertinente/ datée ou anciennes qui expliquent choses actuels, éco réelle bouge constamment, besoin théories nouvelles
GALBRAITH L’économie en perspective. Une histoire critique, 1989 : “Tout comme monde change (...), théories économiques, si elles veulent conserver leur pertinence, doivent, elles aussi, changer”
Comment la compréhension du fonctionnement de l’économie réelle a-t-elle évolué et progressé avec le développement de courants économiques différents au sein de la science économique ?
A. D'où viennent les richesses ? Les premières approches d’économie politique du capitalisme
1. Le mercantilisme, une vision de l’économie centrée sur le commerce
Le mercantilisme, dominant en Europe aux 16e et 17e siècles, émerge dans un contexte de grands bouleversements politiques (guerres pour fonder les États-nations), culturels (Renaissance), et éco (liés aux découvertes des Amériques et au développement du commerce). Les mercantilistes, principalement des commerçants et hommes politiques, partagent plusieurs idées :
Les mercantilistes (commerçants et hommes politiques comme COLBERT et BODIN) défendent une vision dirigiste de l’éco:
- Richesse = métaux précieux (chrysohédonisme).
- Population = puissance ("il n’y a de richesse ni de force que d’hommes", J. Bodin).
- Excédent commercial : favoriser les exportations.
- Protectionnisme : État fort contrôlant frontières et production nationale.
Limites
- Conflits: les politiques mercantilistes favorisent les guerres.
- Endettement des États (ex : John Law et la Banque Royale).
- Inégalités : seuls les marchands privilégiés profitent des richesses.
2. Les physiocrates, premiers économistes libéraux
QUESNAY, Le tableau économique, 1758
Idées (en opposition avec les mercantilistes):
- origine des richesses vient agriculture (secteur productif), conception richesse réelle, pas monétaire
- liberté des échanges , “laisser faire, laisser passer” P. Le Pesant de Boisguilbert, supprimer barrières douanières
- circuit économique: 2 secteurs (agriculture/ artisanat + industrie/commerce), 3 classes sociales : propriétaires terriens, classe agriculteurs/artisans (classe productive) et industriels/ marchands (classe stérile, re-transforme ce qui a déjà été produit)
Révolution industriel bouleverse manière dont richesses sont crées en éco et idées des physiocrates
→ Précurseurs de l’économie : point commun: propose début d’éco au service politiques/gouvernants qui dépasse éco du foyer
B. Les Classiques: la richesse vient des échanges de la valeur-travail
Points communs des économistes classiques:
- Révolution industrielle
- Ambition scientifique (proposer loi générale et naturel pr expliquer fonctionnement de l’économie), science nomothétique
- Approche macro (holiste)
MALTHUS(1766-1884) Essaie sur le principe de population, 1798
SMITH (1723-1790) Théorie des sentiments moraux, 1759 / Recherche sur la nature et les causes de la richesse sur les nations, 1776 (s’intéresse question de l’échange éco, l’échanges produits, fonde théorie sur sources de la richesse)
SAY (1767-1832), Traité d’économie politique, 1803
RICARDO (1772-1823), Principes de l’économie politique et de l’impôt, 1817
- La valeur des produits vient du travail
a) La valeur travail: la valeur d’échange des produits dépend du travail nécessaire à les produire
- Valeur d’échange : capacité d’un bien à en obtenir un autre dans l’échange (ex : diamant).
- Valeur d’usage : utilité du bien pour un besoin individuel (ex : eau).
- Prix naturels: valeur intrinsèque d’un bien, déterminée par le travail, par opposition au prix de marché.
Deux approches de la valeur travail
- Travail commandé (SMITH, 1776) : la valeur d’un bien dépend de la quantité de travail qu’il permet d’obtenir en échange (“valeur d’une denrée quelconque pr celui qui la possède (...) est égale à quantité de L que cette denrée le met en état d’acheter ou commander”).
- Travail incorporé (RICARDO) : la valeur d’un produit est déterminée par le temps de travail nécessaire à sa production. Plus un bien est complexe, plus il est coûteux.
b) Avec la division du travail, la productivité du travail augmente et fait diminuer la valeur des produits
Division du travail (Smith) : spécialisation ouvrier sur tâche permet production + efficace donc ↘ valeur produits et ↗ C
→ ex manufacture d’épingles (texte 2) voir chiffre + effets sociaux (privation dév qualités intellectuels) (texte 3)
Applications : Taylorisme et Fordisme
- Taylorisme (Frederick Taylor) :
→ Division verticale : séparation conception (cols blancs) / exécution (cols bleus).
→ Division horizontale : décomposition des tâches en unités simples.
→ Standardisation : contrôle strict et chronométrage du travail.
→ Application du taylorisme + travail à la chaîne → optimisation du temps.
→ ↗ Productivité : assemblage d’une Ford T passe de 12h à 1h30 (1914 : 4000 Ford T/jour) ↘ Prix, rendant la voiture accessible.
→ Effets aliénants (Chaplin, Les Temps modernes, 1936).
→↗ Salaire horaire ("5$ a day", soit le double du salaire moyen, lié au salaire d’efficience).
2. La répartition des revenus entres classes sociales est conflictuelle et mène vers l’état stationnaire
Une répartition conflictuelle entre trois classes sociales
- Propriétaires terriens → perçoivent une rente (loyer de la terre).
- Capitalistes → tirent un profit (π = prix - rente - salaires).
- Travailleurs → reçoivent un salaire de subsistance.
Baisse tendancielle taux de produits (↘investissements donc ↘ croissance) → état stationnaire
La théorie de la rente différentielle (RICARDO)
Basée sur la loi de population de MALTHUS : population croît géométriquement (double tous les 5 ans).
alors que ressources naturelles croissent arithmétiquement → pénurie à long terme.
Hypothèse :
- Prix du blé fixé par le coût de production sur la dernière terre exploitée*.
- Rente différentielle = différence entre prix de vente et coût de production.
Mécanisme: croissance démographique → exploitation de terres moins fertiles → hausse des coûts de production sur ces terres → augmentation des prix agricoles → hausse des rentes sur les meilleures terres et des w pour compenser → diminution du profit (π = prix - salaire - rente) → état stationnaire : plus d’investissement, ralentissement éco
Un conflit entre classes sociales : la rente enrichit les propriétaires fonciers, tandis que les capitalistes voient leur profit diminuer, accentuant les inégalités.
Solutions:
- MALTHUS →Limiter la croissance démographique :
- Suppression des Poor Laws (Speenhamland Act, 1795-1834).
- Encourager la contrainte morale pour réduire les naissances.
- Création des workhouses (logique du workfare, ex : Oliver Twist).
- RICARDO → Libéraliser le commerce :
- Suppression des Corn Laws (1815-1846) pour faire baisser le prix du blé en ouvrant les importations.
3. Le libre-échange permet l’enrichissement des individus et des nations
a) Les théories du libre échange chez Smith et Ricardo
SMITH : les avantages absolus
- "Penchant naturel à l’échange" : les individus agissent par intérêt personnel, ce qui crée une interdépendance éco et permet au marché de se réguler seul (main invisible) “Ce n’est pas de bienveillance du boucher/brasseur/boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous en remettons pas à leur humanité mais à leur égoïsme”
- Rôle de l’État limité à :
Fonctions régaliennes (sécurité, justice) + Infrastructure et services publics.
- Avantages absolus : chaque pays doit se spécialiser dans le secteur où il est le plus efficace mais exclusion des pays sans avantage absolu.
Libre-échange : prévient les crises de surprod (O > D), mais pas les situations ponctuelles de sous-production (O < D).
RICARDO : les avantages comparatifs
- Même pays sans avantage absolu ont intérêt à échanger. Portugal et UK → spécialisation permet à tous d’y gagner
→ libre-échange favorise l’enrichissement des sociétés
b) Le libre échange mis en application au XIXe siècle en Europe
L’essor du libre-échange (1850-1860): sous l’influence de RICARDO, plusieurs pays européens entament une libéralisation commerciale en réduisant ou supp les tarifs douaniers. En Angleterre, un débat oppose :
- L’aristocratie foncière, favorable au maintien des taxes sur le blé (Corn Laws) pr protéger l’agriculture nationale et garantir sécurité alimentaire.
- Industriels et travailleurs, soutenant l’abolition des Corn Laws pr réduire le coût du blé et fav la croissance industrielle.
RICARDO, prône leur supp pour avantager les industriels et améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs. MALTHUS, au contraire, plaide pour leur maintien afin de préserver l’agriculture locale et la stabilité sociale.
En 1846, le Premier ministre Robert Peel abolit finalement les Corn Laws.
Conséquences économiques et commerciales
Répercussions en UK : reconversion de l’agriculture vers l’élevage, hausse des M de blé (13 % de la consommation en 1830 → 48 % en 1875), augmentation des dépenses alimentaires et dépendance accrue aux M.
Expansion du libre-échange en Europe:
- Traité Cobden-Chevalier (1860) entre la France et l’Angleterre → baisse des DD
- Élargissement des accords de libre-échange, notamment avec l’ancienne Allemagne (Zollverein).
→ première phase de mondialisation avec une intégration croissante des économies européennes.
4. Il ne peut exister de crise durable de surproduction
SAY,Traité d’économie politique (1803)
loi des débouchés:
- tout ce qui est produit est destiné à être consommé. Si producteurs sont rationnels, aucun intérêt à produire ce qui ne sera pas vendu, chaque bien créé génère demande pour d'autres biens,« l’offre crée sa propre demande » (Keynes)
- si les producteurs sont rationnels, ils ne fabriquent que ce qui sera consommé.
- monnaie n’est qu’un intermédiaire d’échange (« voile monétaire »), sans impact sur la production et la consommation.
→Pas de crise économique durable, seulement des déséquilibres temporaires.
→Rôle limité de l’État : aucune intervention nécessaire sur les marchés.
C. Karl Marx (1818-1883) et les critiques socialistes de la pensée économique classique
- Karl Marx, le “dernier classique” et critique acharné du capitalisme
→ acteur important révolution socialisme,un des fondateur communisme (société sans classe/états)
Manifeste du parti communiste, 1848 (avec Friedrich Engels), Le Capital, Critique de l’économie politique, 1867
a) Le socialisme scientifique (approche scientifique à des fins politiques)
- Holisme : analyse des sociétés à travers la lutte des classes (bourgeoisie vs prolétariat).
- Matérialisme historique : capitalisme repose sur l’opposition entre moyens de prod (détenus par les capitalistes) et force de prod (travail des prolétaires).
- Critique du capitalisme: Inégalités dans la répartition des moyens de prod → nécessité d’abolir la propriété pv et de nationaliser la prod
b) La plus-value, au coeur de l’exploitation capitaliste
Plus-value mesure de l'exploitation de la force de travail par les capitalistes, écart entre la valeur totale créée par le travailleur en une journée et le coût de sa force de travail (salaire de subsistance).
Mécanisme : capitalistes achètent la force de travail à un salaire minimal et s’approprient le surplus de valeur produite.
Théorie de l’exploitation : Inégalité structurelle → capitalistes, détenteurs des moyens de prod, imposent leur domination aux travailleurs, qui dépendent d’eux pour subsister.
c) Vers la disparition du capitalisme ?
Baisse tendancielle du taux de profit (classique) : concurrence pousse capitalistes à remplacer les travailleurs par des machines plus performantes.
→ hausse de l’intensité capitalistique → réduction de la rentabilité du capital.
- Création d’une "armée industrielle de réserve" : ↗ chômage, baisse des revenus, paupérisation des prolétaires.
- Crise de sous-consommation : faible demande → crises récurrentes, condamnant le capitalisme à sa propre instabilité.
2. Les critiques socialistes, (non marxistes), de l’économie classique
a) Le socialisme utopique
Imagine une société idéale alternative au capitalisme, protégeant les travailleurs.
Charles Fourier et les phalanstères; Familistère de Guise (Godin, 1859) → modèle paternaliste, non révolutionnaire.
b) L’anarchisme, contre le marché et contre l’Etat
PROUDHON (1809-1865) : Qu’est-ce que la propriété ? (1840), Philosophie de la misère (1846) → prône le mutuellisme (gestion collective des risques). BAKOUNINE (1814-1876) & KROPOTKINE (1842-1921) : défendent une production et consommation autogérées (Tout est à tous), sans hiérarchie (SCOP).
Sortie du capitalisme :
- Proudhon: réforme pacifique par les élections.
- Marx : révolution nécessaire avec transition politique.
- Bakounine/Kropotkine : révolution violente, suppression de l’État et refus de la démocratie (outil bourgeois).
Expériences socialistes et anarchistes
- La Commune de Paris (1871) : application des principes anarchistes.
- Ligue spartakiste (1918-1919) : création du Parti communiste allemand (Rosa Luxemburg & Karl Liebknecht).
Révolution scientifique qui donne naissance au courant néoclassique, réfléchir autrement à l’économie
Une révolution scientifique simultanée ds 3 pays
- Ecole de Lausanne : WALRAS (France, 1834-1910) puis PARETO : formalisation mathématique de l’économie
- Ecole anglaise (Cambridge): JEVONS (1835-1882) puis MARSHALL, PIGOU, KEYNES
- Ecole autrichienne: MENGER (1840-1921) puis HAYEK , SCHUMPETER
A. La révolution marginaliste : un paradigme en rupture partielle avec les Classiques
1.Les “néo”-classiques prolongent certaines idées des Classiques
- libéraux (loi des débouchés (Say))
- monnaie neutre et exogène
- ambition scientifique (peut émettre des lois naturelles, tjr vrais)
2.Des concepts, une méthode et une échelle d’analyse différentes des Classiques
a) Une nouvelle conception de la valeur reposant sur l’utilité
Quelle conception de la valeur ? (texte 13, 14)
- Valeur utilité (satisfaction: relatif au individu/unités déjà consommé) vs valeur d’échange/travail (dépends individus et n’est pas fixé de manière équivoque pour tous)
- Utilité marginale : celle apporté par la dernière unité consommé
→ raisonnement marginaliste: à partir d'une situation on change une des variables, le reste ne changeant pas
- Loi de l'utilité marginale décroissante (WALRAS) : idée que l'utilité marginale est tjr positive mais décroissante car l'utilité de chaque unité supplémentaire est - importante que la précédente (cf dérivation de l'utilité total)
b) Une analyse micro-fondé, sous contrainte de rareté et de cadre d’équilibre
- Individualisme méthodologique : analyser société par le bas en regardant comportement d’un individu représentatif (rationnel) pr en déduire comportement au niveau agrégé : aucun analyse de la conflictualité/ inégalités entre classes sociales
- Cadre statique : Modéliser ds un cadre fixe fonctionnement d’un marché et non vision dynamique, objectif équilibre entre offre et demande, raisonnement statique ds cadre d’équilibre
- Choix sous contraintes de rareté: manière optimale d’allouer ressources rares, optimiser temps pr faire meilleur choix sous contrainte
→ Conception de l’éco de la macro économie → micro basé/ fondé
B. Les apports théoriques des néoclassiques, futur « camp de base » de la microéconomie moderne
1) Une analyse de l’économie centrée sur l’équilibre de(s) marché(s) : équilibre partiel et équilibre général
Equilibre partiel (MARSHALL, 1890, Principes d’économie politique) :
- introduit concept d’équilibre partiel, où l’équilibre d’un marché est déterminé par la rencontre entre l'offre et la demande
- représente cet équilibre à travers la "croix de Marshall", un graphique illustrant l’interaction entre l’offre et la demande sur un marché donné.
- marché peut être en équilibre sans que l’ensemble de l’économie le soit, car tous les marchés ne sont pas nécessairement équilibrés simultanément
Équilibre général (WALRAS, Éléments d'économie politique pure, 1874) :
- Théorie d’un équilibre général simultané sur tous les marchés, démontré plus tard (Arrow & Debreu).
- Interaction entre marchés : si un marché est à l’équilibre, cela affecte les autres, avec la monnaie équilibrant l’ensemble.
- Tâtonnement walrasien : hypothèse d’un commissaire-priseur ajustant les prix avant toute transaction.
→ l’économie tend naturellement vers un équilibre stable, contrairement aux keynésiens qui insistent sur les crises.
2° Un cadre conceptuel micro-fondé permettant la modélisation idéale des comportements économiques
- Homo economicus : agent éco rationnel fictif qui cherche toujours à maximiser son profit (producteur) ou son utilité (consommateur). Ce postulat fonde l’analyse microéconomique néoclassique.
- CPP : modèle de référence où aucun agent ne peut influencer les prix (atomicité). Tous les acteurs sont en forte rivalité et sont price takers. Ce modèle sert de point de comparaison pour analyser les marchés réels.
- Optimum de Pareto : situation où il est impossible d’augmenter le bien-être d’un agent sans nuire à un autre. Selon le 1er théorème du bien-être (PIGOU, 1920), tout équilibre général en concurrence pure et parfaite est un optimum de Pareto, garantissant une allocation efficace des ressources.
La crise de 1929 remet en cause ces théories en mettant en évidence leur incapacité à expliquer les crises et les déséquilibres économiques.
Rupture: la crise de 1929, une invalidation empirique de paradigme (néo)classique ?
La théorie classique et néoclassique face aux crises : selon SAY, lorsqu’un marché fonctionne correctement, aucune crise durable de surproduction n’est possible. Les crises prolongées sont théoriquement exclues. Mais contre-exemple:
Le "Jeudi noir" du 24 octobre 1929, marqué par un krach boursier à Wall Street (-30 % des cours), déclenche une panique bancaire, entraînant la faillite de nombreux épargnants et établissements financiers (ex. : Credit Anstalt en 1931).
Conséquences économiques et sociales
- Grande Dépression (1929-1933) : chute du PIB de 46 % aux États-Unis et de 23 % en France
- Explosion du chômage
- Déflation : baisse des prix de 20 % aux États-Unis et en Allemagne, 19 % en France
- Contraction du commerce mondial : -70 % des échanges entre 1929 et 1933 (cf. *Les Raisins de la colère*, Steinbeck).
Explications économiques
- Néoclassiques (Fisher, Hayek) : crise résulte de facteurs exogènes et d’une mauvaise gestion des BC. Fisher pointe un endettement excessif des États.
- Keynes : crise liée à un sous-emploi des facteurs de prod, nécessitant une intervention active de l’État.
→ cette crise ouvre la voie au paradigme keynésien, qui prône un rôle accru des politiques publiques pour stabiliser l’éco
A. Le paradigme keynésien: une révolution économique en temps de crise
KEYNES (1883-1946), Théorie général de l’emploie de l’intérêt et de la monnaie (1936)
“Nous sommes ainsi parvenus à une théorie plus générale, dans laquelle la théorie classique qui nous est familière constitue un cas spéciale”
1919: Les conséquences économiques de la paix (diktat)
Crise de 29 est preuve que marchés ne s’auto-régule pas, éco peut être durablement en situation de sous emplois (chômage involontaire)
Hétérodoxes → écoles de convention
→ école de régulation
Post-keynésien (ROBINSON)
1.La rupture conceptuelle de John M. Keynes avec la pensée néoclassique
a) Une approche holiste de l’économie
- Macroéconomie (circuit économique, non micro-fondée): comportement macroéconomique s'explique en tenant compte effets réciproques/concurrents entre différents comportements agents éco → “no bridge”
b) Une analyse de l’économie ds CT
- Incertitude radicale : agents éco prennent leurs décisions sans connaître l’avenir, ce qui limite leur rationalité et les pousse à des comportements prudents.
- Préférence pour la liquidité
- Rigidité des prix: contrairement aux néoclassiques qui supposent des prix flexibles permettant un retour rapide à l’équilibre, Keynes montre queprix et w peuvent rester fixes à CT, empêchant le réajustement automatique des marchés
- Comportements mimétiques et psychologie des marchés : "esprits animaux", illustrant l’irrationalité des comportements éco. Compare spéculation financière à un concours de beauté, où la valeur d’un actif ne dépend pas de ses fondamentaux, mais des anticipations des agents sur les décisions des autres investisseurs.
2.Le rôle nécessaire de l’Etat pour réguler le capitalisme
a) Les marchés ne s’équilibrent pas de manière automatique
La loi des débouchés de Say ne s’applique pas toujours.
- La monnaie peut sortir du circuit, rendant l’offre insuffisante pour créer la demande.
- La demande globale peut être inférieure à l’offre, entraînant surproduction ou sous-production
En période de crise :
- entreprises anticipent une baisse de la demande, réduisant leurs investissements et augmentant le chômage involontaire
- Ce déséquilibre se propage sur le marché du L et devient durable, sans mécanisme d’auto-régulation
b) L’interventionnisme étatique est donc nécessaire
MUSGRAVE (1959), l’État joue trois rôles éco : allocation des ressources, stabilisation et redistribution.
L’intervention publique est essentielle, car les marchés ne garantissent ni l’autorégulation ni le plein emploi. L’État met en place des pol conjoncturelles pr corriger les déséquilibres à CT
- Politique budgétaire : augmenter dépenses publiques stimule l’investissement pv et la consommation, déclenchant un effet multiplicateur (hausse de l’emploi et de la production).
- Politique monétaire : baisse tx directeurs facilite le crédit, encourage la consommation et peut relancer l’activité, mais au risque de créer de l’inflation
c) Keynes: une hétérodoxe pragmatique
Keynes défend l’intervention de l’État, mais sans remettre en cause le capitalisme. Il considère que l’éco doit rester fondée sur la propriété privée et rejette le socialisme d’État : "Il n'y a pas plus de raison qu'avant de socialiser la vie économique."
Un positionnement hybride : politiquement, il reste libéral. Économiquement, il adopte une approche hétérodoxe, en prônant un rôle actif de l’État pour corriger les déséquilibres du marché.
3. Le New Deal, une “application” des idées keynésiennes ?
Phase de relance à CT (1933-1935) pr stabiliser l’éco après crise de 1929. 16 lois majeures (pump priming) pr rétablir confiance et soutenir l’investissement :
- Réforme bancaire : Banking Act, Emergency Banking Act, Glass-Steagall Act (séparation entre banques d’investissement et de dépôt).
- Soutien industriel : National Industrial Recovery Act.
- Grands travaux : Tennessee Valley Authority
Politiques budgétaires expansionnistes (1935-1938) pr redistribution des richesses et renforcement des droits sociaux.
- Social Security Act (1935) : création de l’État-providence (retraites, assurance chômage).
- Wagner Act (1935) : reconnaissance des droits des travailleurs et des syndicats.
Reprise et fin du New Deal (1938)
- Constat : le PIB de 1937 retrouve son niveau de 1929, mais sans forte croissance.
- Dernière tentative de relance par l’investissement public (logement).
- Fin du New Deal*en 1938, avec un basculement des dépenses publiques vers l’armement.
Effets du New Deal: stabilisation de l’économie, mais sans croissance spectaculaire, amélioration des infrastructures et modernisation de la production, tertiarisation des emplois, avec un essor des services.
B. “M. Keynes and the Classics”: la synthèse néoclassique, un compromis théorique entre la pensée keynésienne et le cadre néoclassique
1.Un partage des tâches entre macroéconomie classique et macroéconomie keynésienne
HICKS (Keynes and the Classics: a Suggested Interpretation, 1937) propose une lecture de Keynes comme adaptation et complément du modèle néoclassique, plutôt qu’une rupture. Cette synthèse combine deux approches macroéconomiques :
- Macroéconomie classique (LT): analyse centrée sur l'offre et la levée des contraintes structurelles (éducation, concurrence, innovation). Pour assurer une croissance stable et durable.
- Macroéconomie keynésienne (CT): analyse centrée sur la demande et les fluctuations conjoncturelles. Pour stimuler l’économie en agissant sur la demande via un policy mix (combinaison de politiques budgétaires et monétaires).
→La synthèse néoclassique se veut une version allégée de Keynes, intégrant ses idées dans le cadre néoclassique, avec une place plus grande accordée à l’incertitude, mais sans adopter totalement la rupture keynésienne (no bridge).
2.Les outils keynésiens de la synthèse néoclassique au service des politiques économiques des Trentes Glorieuses
a) Le modèle IS/LM, fondement théorique plan de relance Kennedy-Johnson
→ Modèle de HICKS et HANSEN (1937) pr illustrer l'impact positif d'un policy-mix associant pol budgétaires et monétaires expansionnistes sur la croissance.
→ Contexte des années 60 : chômage élevé et demande insuffisante entraînant un équilibre de sous-emploi (problème keynésien). Plan de relance mis en place pour dynamiser l'économie. Trois volets :
- Pol budgétaire expansionniste → Investissements militaires et spatiaux + programmes de redistribution pour stimuler consommation et investissement privé.
- Baisse de la fiscalité → réduction des impôts sur les revenus et les entreprises pour accroître le pouvoir d’achat.
- Politique monétaire expansionniste → réduction tx d’intérêt pr faciliter l’accès au crédit et augmenter masse monétaire.
→ Croissance économique accélérée : tx de croissance passant de 2,4 % (1953-1961) à 5,7 %.
→ Baisse du chômage : de 6,5 % à 3,7 %
→ Inflation maîtrisée (1,3 %), et déficit budgétaire entièrement résorbé.
b) La courbe de Phillips ou l'arbitrage nécessaire entre chômage et inflation
→ Relation empirique : qd le chômage augmente, l’inflation diminue, et inversement. Dilemme éco nécessitant un arbitrage entre ces deux objectifs.
→ Années 60 : stratégies des gouv → adoption de politiques de "stop and go" :
- Phase "stop"→ réduction des dépenses publiques pour freiner l’inflation, mais augmentation du chômage.
- Phase "go" → relance par ↗ des dépenses publiques, entraînant baisse du chômage mais hausse de l’inflation.
Rupture: la crise de 1973, une nouvelle énigme pour la science économique ?
→ 1930-1973 : consensus du keynésianisme → "We are all Keynesians now" (Friedman, 1965).
→ 1973 : crise économique et remise en question du keynésianisme
Les origines économiques et géopolitiques de la crise de 1973:
fin de cycle de production du pétrole: coût de prod MO (Mayors British Petroleum)0,3 dollars/barils →importation pétrole faible coût
60s vague de nationalisation de l’exploitation pétrole donc changement coût/pétrole ↗ prix de vente pr augmenter rente pétrolière (cf: OPEP et OPAEP), inversion rapport de force sur marché du pétrole
- Guerre du Kippour (6-24 octobre 1973): Egypte et Syrie attaquent Israël et veulent reprendre Sinaï et Golan (pris par Israël guerre 6 jours) → embargo du pétrole contre USA, réduction de leurs quotas d’exportation (5%/mois) jusqu’à fin du conflit
- Fin du système monétaire international de Bretton Woods (1944) (1971 abandon de la convertibilité de l’or et du dollars → Accords de Kingston 1976)
- Pays exportateurs de pétrole exportent en dollars qui perds sa valeur, ↗ pétrole puis de tt les prix
Les effets originaux de la crise: la “stagflation”
-similarités avec crise de 1929: (1933: fin de l’étalon or) fin l’étalon or indirect, crash boursier sur marchés financiers, effondrement cours à la bourse et taux de chômage massif
-différences: choc d’offre négatif donc ralentissement de la croissance des 30 glorieuses: récession mais pas de dépression, FR: avant crise de 73 taux de croissance = 5,5%/an après crise 2,8%, inflation, baisse de 20% valeur biens
Outils keynésiens n'expliquent plus côté théorique de la crise mais côté pratique dirigeants politiques choisissent régulent inflation même si chômage est élevé
→ révolution monétariste
A. La convergence des paradigmes néoclassiques et keynésienne au sein de la nouvelle synthèse néoclassique
1. La contre révolution libérale des monétaristes et de la NEC
a) Le monétarisme de FRIEDMAN
Contre Keynes :
- Consommation : dépend du revenu permanent (anticipations rationnelles et adaptatives)
- Anticipations adaptatives : politiques conjoncturelles inefficaces
- Chômage naturel : taux de chômage minimal dans chaque économie, au-dessous duquel il ne peut descendre
Retour à la TQM (Fisher, 1911) :
- Inflation: phénomène purement monétaire (Friedman, 1970)
- Cause de l’inflation : excès de masse monétaire en circulation
- Solution : contrôle strict de la politique monétaire
Application du monétarisme :
- USA (1979-1980) : Paul Volcker (Fed) : politique monétaire restrictive pour réduire l’inflation (10% en 1979). Taux directeur : 11% à 20%, récession entre 1982-1983. Crise de l’endettement en Amérique latine (Mexique)
- Chili (1973-1990) : Coup d’État (1973) : Pinochet au pouvoir avec soutien de la CIA. "Chicago Boys" : application des pol monétaristes. Privatisations massives et pol éco restrictive. Croissance : +8% PIB
b) La nouvelle école classique (NEC) de Robert Lucas
→ relancer le programme de recherche des néo-classiques
LUCAS, SARGENT, BARRO
Approche micro-fondée :
- Équilibre général
- Homo economicus : rationalité parfaite à un instant donné
- Anticipations rationnelles
Équivalence Barro-Ricardo :
- Hausse dépenses publiques→ agents anticipent hausse future des impôts
- Conséquence : pas d'effet stimulant, État n'a pas intérêt à s’endetter
Position anti-interventionniste : politique éco inefficace car agents rationnels anticipent et neutralisent ses effets
2. La poursuite du keynésianisme par la NEK: asymétrie d’informations et prix rigides
→ Prolongation des idées de Keynes dans un cadre néo-classique (marchés en CPP, mais prise en compte des imperfections de marché)
Auteurs principaux : STIGLITZ, YELLEN, AZARIADIS
- Imperfection des marchés
- Critique du libre marché → nécessité d’une intervention publique
- Asymétries d’information : information incomplète et mal distribuée
- Rigidité des prix à CT (Keynes) → ajustements lents → équilibres sous-optimaux
Exemples:
- Rigidité des salaires → salaire d’efficience
- Rationnement sur le marché du crédit → asymétrie d’information entre banques et emprunteurs
B. Le renouveau de la micro-économie des comportements individuels
La pensée éco contemporaine repose sur une synthèse néoclassique dominante en macroéconomie, tout en intégrant un sous-champ dynamique axé sur l’étude des comportements individuels et leur modélisation. Cette approche, fondée sur l’individualisme méthodologique, remet parfois en question les postulats néoclassiques de rationalité absolue et d’autorégulation des marchés.
1. L'influence importante de la théorie des jeux pour étudier l'effet des stratégies individuelles
→ Impact des travaux de NEUMANN et MORGENSTERN (1944, Theory of Games and Economic Behavior)
Théorie des jeux :
- Basée sur rationalité des agents
- Modélisation par simulations logiques des comportements en économie
- Étude des stratégies des agents pour maximiser leur satisfaction
Deux types de stratégies :
- Coopératives → maximisation du gain total
- Non coopératives → maximisation individuelle
Résultats : Stratégies non coopératives → conduisent à équilibres sous-optimaux + remise en cause de la "main invisible" (Smith) → la plupart des marchés dysfonctionnent car les agents adoptent des stratégies non coopératives
2. La modélisation des comportements individuels par l'économie expérimentale et comportementale
L'économie expérimentale et comportementale explore la dimension psychologique des décisions individuelles. À travers des expériences en laboratoire ou sur le terrain, elle analyse comment et pourquoi les comportements réels s’éloignent souvent de l’hypothèse néoclassique de rationalité parfaite.
a) Economie expérimentale : tester décisions éco, en labo ou sur terrain:
SELTEN (1930-2016, Nobel 1994) : expériences en laboratoire avec volontaires rémunérés
Études sur la prise de décision (risque, préférences...)
Résultats : préférences instables et incohérentes, connaissance imparfaite des préférences personnelles, mauvaise utilisation de l’info, maximisation du gain personnel non systématique, rationalité limitée et dépendance à la satisfaction des autres
Expérimentations sur le terrain :
J-Pal (MIT, Boston) : recherche en économie appliquée à la lutte contre la pauvreté (notamment avec DUFLO, BANERJEE, KREMER, prix Nobel 2019)
Méthode des essais contrôlés randomisés (RCT) : comparaison entre groupe test et groupe témoin
Ex : expérimentation microcrédit au Maroc (2006-2009) avec Al Amana
Critiques : pb méthodologiques et éthiques** liés aux expérimentations sur le terrain
b) L'économie comportementale et la mise en évidence de biais psychologiques
KAHNEMAN (Nobel 2002) et THALER (Nobel 2017 montrent que les agents éco sont influencés par des biais cognitifs, les éloignant d’une rationalité parfaite.
- Exemple : le biais de statu quo pousse à maintenir une situation existante, même insatisfaisante (ex : rester chez le même opérateur mobile par facilité).
- Les nudges (Thaler) sont des incitations subtiles exploitant ces biais pour orienter les comportements dans l’intérêt collectif, sans contrainte. Mouche dans les urinoirs pour réduire les éclaboussures. Ou don d’organes en France : passage à l’opt-out (consentement présumé) pour augmenter le nombre de donneurs.
C. Les courants de l'économie hétérodoxe contemporaine
A l'écart de l'éco de la nouvelle synthèse néoclassique ou de la microéco des comportements indiv, critique hétérodoxe persistent
1. Le keynésianisme radical mais marginal des postkeynésiens
À l’école de Cambridge, ROBINSON, KALECKI et KALDOR prolongent les idées les plus hétérodoxes de Keynes, écartées par la synthèse néoclassique :
- Incertitude radicale : impossibilité de prévoir l’avenir économique.
- Refus d’une micro-fondation de la macroéconomie (no bridge).
Leur approche macroéconomique analyse :
- Répartition des profits (Kalecki).
- Carré magique** : arbitrage entre inflation, chômage, croissance et balance commerciale (Kaldor).
- Concurrence imparfaite** et rôle des institutions (Robinson).
Critiques des économistes libéraux et de leur recours excessif aux mathématiques : « De nos jours, les prétentions des économistes ont impressionné quelques-uns des tenants de certaines autres branches des sciences sociales, qui miment à leur tour les économistes mimant les physiciens » (ROBINSON, 1970)
2. Le courant institutionnaliste : une approche de l'économie ancrée dans la société
Les institutionnalistes ne forment pas une école homogène mais partagent une méthodologie spécifique :
- Approche idiographique : l’éco doit étudier les comportements dans leur contexte historique et spatial.
- Approche holiste: institutions encadrent et contraignent comportements éco, rendant l’étude de l’homo economicus insuffisante
- Critique de l’individualisme méthodologique : phénomènes macroéco ne peuvent être compris sans prendre en comptecadre institutionnel.
a) Qu'est-ce qu'une institution efficace ?
Institutions : ensemble de règles, coutumes, organisations structurant une société (État, entreprises, syndicats, marchés…).
NORTH (1981) : institutions = règles formelles (lois, constitutions) et informelles (normes, conventions) encadrant comportements pour maximiser richesse et utilité. « Les institutions sont des ensembles de règles, de procédures d'observance et de normes comportementales morales et éthiques conçues afin de contraindre le comportement des individus dans le but de maximiser la richesse ou l'utilité des dirigeants »
- Socialement construites : créées et façonnées par les sociétés humaines.
- Contraignantes : imposent un cadre réglementaire et normatif aux individus.
- Durables : évolutives dans le temps mais leur structure fondamentale persiste.
Critères d’efficacité éco :
- Encadrement des comportements : les institutions efficaces incitent ou contraignent les individus à respecter des règles communes, favorisant la coordination sociale (North, Nobel 2009).
- Réduction des coûts de transaction: institutions diminuent les coûts liés au manque d’information et aux incertitudes des échanges (COASE, 1937).
- Organisation optimisée des échanges : WILLIAMSON (Nobel 2009) explique pq certaines entreprises sont très hiérarchisées alors que la théorie néoclassique suppose un marché fonctionnant avec des agents indépendants.
Marché vs entreprises : Sur le marché, chaque transaction implique des coûts (temps, information…). Dans une entreprise hiérarchisée, les liens contractuels internes réduisent ces coûts, rendant certains échanges plus efficaces
b) Le courant institutionnaliste français : économie de la régulation et économie des conventions
L’école de la régulation (BOYER, AGLIETTA) analyse l'évolution du capitalisme, ses crises et ses mécanismes de reproduction.
- Approche historique et descriptive inspirée du marxisme, s’appuyant sur des études statistiques et l’analyse des rapports de pouvoir.
- Chaque période de croissance repose sur un "mode de régulation", structuré par cinq formes institutionnelles: État/ Concurrence/ Monnaie/ Rapport salarial/ Insertion dans l’économie mondiale*
Le mode de régulation fordiste (Trente Glorieuses) se caractérisait par un partage favorable aux travailleurs sous l’influence d’un État interventionniste, tandis que le mode post-fordiste (après 1970) reflète la montée en puissance des marchés financiers et le recul des syndicats.
L’école des conventions: années 1980 (ORLÉAN, SALAIS) cherche à comprendre comment les individus coordonnent leurs comportements en créant des règles de coopération stables.
- Fondements : Incertitude (influence keynésienne)/ Rationalité limitée (contrairement à la NEC)
- Les conventions sont des références collectives facilitant la coordination en situation incertaine. Elles ne sont pas figées et peuvent évoluer.
Conduire à droite est une convention arbitraire qui assure la coordination sur la route.
Le recrutement repose sur des critères comme le CV ou l’attitude en entretien, qui sont des conventions de jugement influençant le marché du travail.
Lien avec la sociologie: forte connexion avec la sociologie pragmatiste (Luc Boltanski et Laurent Thévenot), qui étudie la manière dont les conventions façonnent les interactions sociales et économiques.
Nouveaux champs de recherche
Aujourd’hui, l’économie explore des thématiques transversales comme :
- Les stratégies des agents économiques
- La croissance et le développement
- Les enjeux environnementaux
Ces débats nourrissent des perspectives théoriques encore vives.