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CHAPITRE 10: Le chômage et ses analyses

BARRE affirmait que « la meilleure façon de lutter contre le chômage, c’est de travailler », une vision reprise par MACRON en 2018 lorsqu’il suggérait que l’emploi était accessible à ceux prêts à accepter les contraintes du métier. Cette approche reflète l’analyse néoclassique, selon laquelle le chômage serait principalement dû à un manque d’incitation à travailler. 

À l’inverse, le courant keynésien, développé dès années 1930, considère que le chômage est causé par une insuffisance de la demande et un manque d’emplois disponibles. Keynes soulignait ainsi que « le plein emploi est rare autant qu’éphémère ». 

Ces deux visions opposées ont marqué l’histoire de la pensée économique avant de converger à la fin du XXe siècle vers le concept de chômage d’équilibre, qui intègre des éléments des deux théories. Si les mécanismes du chômage sont aujourd’hui mieux compris, les moyens de le réduire restent sujets à débat.

Le chômage est ajd une problématique centrale pour la majorité des éco contemporaines : qu'ils soient adeptes du libéralisme ou attachés au modèle keynésien, la quasi-totalité des pays fait face à une situation de déséquilibre entre l'O et la D sur le marché de l'emploi. Néanmoins, cette situation cache des réalités bien différentes : en effet, si certains pays (USA et UK) connaissent un tx de chômage < à 4 %, d'autres l'ont vu exploser pour atteindre les 15 %, comme l'Espagne (14, 2%) ou la Grèce (15 %).


I. Les principales caractéristiques du chômage


A. La notion de chômage


Actifs: nb des personnes en âge de travailler qui occupent un emploi ou en cherchent un activement.

Inactifs: personnes qui ne sont ni en emploi, ni au chômage (retraités, enfants, étudiants et hommes ou femmes au foyer)

Chômage: situation dans laquelle un individu se trouve sans emploi, disponible pour travailler et à la recherche effective d'un emploi.

→ résulte d'un déséquilibre entre l'offre de travail (émanant de personnes souhaitant travailler) et les demandes de travail (émanant des employeur-se•s).

Il est ainsi dépendant du taux d'emploi.

Selon L'INSEE, tx d'emploi se définit comme proportion de personnes, parmi celles en âge de travailler, disposant d'1 emploi.

Il est calculé en rapportant le nombre d'individus ayant un emploi au nombre total d'individus en âge de travailler.

Le chômage ne se définit pas uniquement comme l'inactivité forcée d'une personne pv involontairement d'emploi :

  • il est considéré comme un facteur de tensions sociales, de pauvreté et de paupérisation de la population ;
  • il peut aussi constituer un frein à la croissance en limitant la capacité des individus à consommer.

Il existe 2 définitions du chômage :

  • BIT: retenue par l'INSEE : personne en âge de travailler (15 ans ou plus), n'ayant pas eu d'activité rémunérée lors d'une semaine de référence, disponible pour occuper un emploi dans les 15 jours et qui a recherché activement un emploi dans le mois précédent (ou en a trouvé un commençant dans moins de trois mois). BIT fournit donc une définition très stricte du chômage, qui ne tient pas compte :

-du sous-emploi (personnes qui ont un emploi, mais qui souhaiteraient travailler davantage)

-du halo du chômage (personnes considérées comme inactives, mais qui souhaiteraient travailler)

  • Pôle Emploi: les chômeurs sont les personnes sans emploi qui ont fait la démarche de s'inscrire à Pôle Emploi. Il y a 5 catégories, de A à E. Les chiffres gouvernementaux ne concernent que la catégorie A, d'où le chiffre de 3 millions de chômeurs en France pour certains contre 6 millions pour d'autres.

En 2023, 2,3 millions de personnes étaient chômeurs au sens du BIT, mais 3 millions étaient inscrites à Pôle emploi en catégorie A.


B. Les différentes formes du chômage


1. Chômage conjoncturel et chômage structurel

  • chômage conjoncturel est lié à l’évolution de l’activité éco ("conjoncture"). Un ralentissement de l’activité réduit la demande de travail des entreprises et donc le niveau général d’emploi de l’éco. Le chômage conjoncturel est donc un chômage involontaire causé par la récession. Dans l’analyse keynésienne, une éco peut être durablement en situation de sous-emploi si la D globale < O globale. Dans ce cas, les entreprises sont désireuses de produire plus, mais ne le font pas par suite d’une insuffisance de la D. L’équilibre ainsi réalisé est régressif et contribue à créer du chômage. Le chômage conjoncturel est un chômage de CT.
  • chômage structurel: chômage chronique qui traduit un déséquilibre profond et durable du marché du travail. Il est lié aux changements de longue période intervenus dans les structures démographiques, économiques, sociales et institutionnelles. C’est donc un chômage de LT

Les raisons de ce déséquilibre peuvent être :

-manque de flexibilité du marché du travail, notamment le coût trop élevé du travail par rapport à la productivité de certains salariés ;

-l’inadéquation entre les postes offerts et les compétences des salariés : ceci peut s’expliquer par un manque d’efficacité du système de formation professionnelle, ou par un manque d’attractivité de certains métiers.


b. Chômage volontaire et involontaire

  • chômage involontaire fait référence à des salariés qui accepteraient de travailler au salaire du marché, mais qui ne le peuvent pas, du fait de l'insuffisance de la demande de biens.
  • chômage volontaire fait quant à lui référence à des salariés qui pourraient trouver du travail, mais qui préfèrent rester au chômage en raison du niveau de salaire trop faible qui leur est proposé par les employeurs.


c. Le chômage de plein emploi (chômage frictionnel) STIGLER (1962)

Le chômage de plein-emploi (ou chômage frictionnel) est un chômage incompressible lié aux délais d’ajustement de la main d’œuvre d’un emploi à l’autre. Il s’agit donc de la période de recherche d’un emploi ou de latence entre deux emplois.

Le chômage est donc hétérogène : chaque forme de chômage a une origine différente et touche des populations différentes.

Le chômage frictionnel peut tout à fait être rationnel à condition qu’il ne soit pas trop long, en ce cas, le chômage est utile et efficace au sens de Pareto. En effet, parfois un chômeur à intérêt à refuser un emploi qui sous utiliserai son capital humain, premier défaut et deuxième défaut qui pourrait être occupé par quelqu’un dont les qualifications sont moins élevées. L’idée, en allouant mieux les emplois, ie la Dde travail à l’O de travail, le PIB est plus élevé et il est possible de s’approcher de l’optimum de Pareto. Ainsi par exemple, on a assisté à l’inflation des diplômes (paradoxe d’Anderson), cette inflation des diplômes s’est traduite par une baisse de la valorisation des diplômes dans les concours administratifs de niveau bac, la majorité des inscrits ayant un bac+3 donc les bacs+3 occupent des emplois niveau bac, les actifs qui ont un niveau bac n’ont pas d’emploi. On s’éloigne donc d’un optimum de Pareto.

Ce chômage frictionnel est estimé entre 3 % et 5 % de la population active.

II. Les analyses du chômage


Le marché du travail et le chômage selon l'analyse classique et keynésienne


A. Le modèle standard du marché du travail et la flexibilité du salaire réel


1.Offre et demande de travail

Offre de travail

Arbitrage travail / temps libre : les individus décident de travailler en fonction du salaire réel

Salaire de réserve : seuil en dessous duquel un individu refuse de travailler.

L'offre de travail existe si : salaire réel > salaire de réserve

Effet substitution : une augmentation du salaire incite à travailler plus.

Effet revenu : une augmentation du salaire permet de travailler moins tout en conservant le même revenu.

Demande de travail

Calcul coût/avantage des employeurs :

Productivité marginale du travail (pmL) : valeur ajoutée par un travailleur supplémentaire.

Demande de travail existe si : pmL > salaire réel

La demande de travail est une fonction décroissante du salaire réel.


Ajustement des quantités par la flexibilité du prix du travail

Point d'équilibre : Offre de travail = Demande de travail (Q*), salaire d'équilibre (w).

Si w > salaire d'équilibre : Offre > Demande → Chômage.

Si w < salaire d'équilibre : Offre < Demande → Pénurie de main-d'œuvre.


2.Le chômage volontaire selon l'analyse classique

Origine du chômage : salaire de marché > salaire d'équilibre.

Régulation par la flexibilité salariale : la concurrence entre travailleurs doit faire baisser le salaire.

Si le chômage persiste malgré la flexibilité : chômage volontaire (travailleurs refusent de travailler en raison d'un salaire réel jugé insuffisant).

Un salaire de réserve trop élevé maintient les travailleurs hors du marché du travail.

Rôle des revenus hors travail :

Prestations sociales → augmentent le salaire de réserve → désincitation à travailler (trappe à inactivité** : individu qui préfère les aides à un emploi mal payé)

Solution proposée : réduction des revenus de transferts (allocations, indemnités chômage)


3.Analyse néoclassique du chômage

Deux types de chômage :

  • Chômage volontaire : refus de travailler au salaire du marché.
  • Chômage transitoire : délai d'adaptation entre offre et demande.

Causes du chômage : rigidités entravant la flexibilité du marché du travail.

Salaire minimum : bloque le salaire au-dessus du salaire d'équilibre.

  • Charges sociales élevées : coûts d'embauche trop importants.
  • Rigidités syndicales : limitation des licenciements, grèves, etc.

Solutions : réduction du salaire minimum, assouplissement des règles de licenciement, réduction des indemnités chômage, incitation à accepter n'importe quel emploi disponible.

Réforme Thatcher (Royaume-Uni, 1984-1985) : lutte contre les syndicats pour flexibiliser le travail.

Réformes Hartz (Allemagne, 2003-2005) :


B. L’analyse keynésienne par l’insuffisance de la demande effective


1. Le marché du travail n’existe pas

Keynes critique l'idée d'un ajustement automatique de l'offre de travail en fonction du salaire réel.

Raisons : ménages raisonnent en salaire nominal et non en salaire réel, salaire nominal est rigide à la baisse (inflation, syndicats), ménages ne choisissent pas toujours de travailler ou non, offre de travail est influencée par des facteurs (démographiques (baby-boom), culturels (taux d'activité des femmes, jeunes), institutionnels (recul de l'âge de la retraite))

l’absence d’ajustement entraîne l’inefficacité du marché du travail et remet en cause le concept de chômage volontaire.


2. Le chômage résulte d'une demande insuffisante

Les entreprises embauchent selon leurs prévisions de ventes futures = demande effective

Keynes raisonne en économie fermée

L'emploi est déterminé par la demande de biens, non par l'offre et la demande de travail.

  • Si les firmes anticipent une hausse de la consommation et de l'investissement, elles embauchent.
  • Si elles anticipent une baisse, elles limitent les embauches et le chômage augmente.

Le chômage involontaire peut persister si la demande effective est insuffisante. Keynes critique l'approche classique qui ne voit le salaire que comme un coût. Il le considère aussi comme un revenu stimulant la consommation. Une hausse des bas salaires stimule la consommation et donc la demande effective. Rôle des aides publiques pour les ménages à faible revenu. Importance des commandes publiques pour relancer l’investissement et l’emploi.


3. Critique de la loi des débouchés et de la neutralité de la monnaie

Contrairement à Say, Keynes affirme que la monnaie peut être conservée et ne pas circuler immédiatement.

Motifs de conservation de la monnaie : transaction (consommation), précaution (imprévus), spéculation (opportunités futures).

Conséquences :

  • Thésaurisation = fuite de monnaie dans le circuit économique.
  • Déséquilibre entre l'offre et la demande de biens, pouvant entraîner une surproduction.
  • Chômage involontaire par manque de demande effective.
  • Une hausse de la masse monétaire (baisse des taux d'intérêt) stimule la demande et l'emploi.


C. Les politiques keynésiennes de lutte contre le chômage

  • Politique monétaire expansive : baisse des taux d'intérêt pour encourager l'investissement.
  • Politique budgétaire de relance :

-Investissements publics pour stimuler la demande et l'emploi.

  • Politique fiscale et sociale redistributive : hausse des impôts pour les plus riches et transferts aux ménages à forte propension à consommer et hausse des services publics gratuits pour libérer du pouvoir d'achat


L’effet multiplicateur keynésien repose sur trois hypothèses essentielles : 

  • Raisonnement à CT : les capacités de production sont fixes et peuvent être sous-utilisées. Une relance peut donc stimuler l’activité sans inflation immédiate. 
  • Rigidité des prix et chômage keynésien : le sous-emploi est causé par une demande insuffisante. 
  • Taux d’intérêt constant: cela évite que l’augmentation des dépenses publiques n’évince l’investissement privé. 

L’idée centrale est que tte hausse de la demande globale entraîne une augmentation plus que proportionnelle du revenu national. Ainsi, une de l’investissement, de la consommation ou des dépenses publiques entraîne une croissance accrue de la production et de l’emploi. 

Mécanisme du multiplicateur: Prenons l’ex d’une hausse de la consommation incompressible (ΔCo), ie la consommation minimale des ménages même en l’absence de revenus. 

- Les entreprises répondent en augmentant leur production de ΔCo. 

- Cette hausse de production entraîne une augmentation des revenus, également de ΔCo. 

- Les ménages consacrent une partie de ce revenu supplémentaire à la consommation : c × ΔCo, où c est la propension marginale à consommer (PmC, comprise entre 0 et 1). 

- Cette nouvelle demande stimule à son tour la production, créant un cercle vertueux. 

Le multiplicateur repose donc sur la propension marginale à consommer, qui propage l’effet en vagues successives. Ce mécanisme explique pq une hausse de l’investissement peut générer une croissance éco plus que proportionnelle.

III. Les composantes structurelles du chômages


A. Les ajustements de l'emploi aux fluctuations de l'activité : la lutte contre le chômage conjoncturel


1. L'écart de production dans les années 1960

  • Différence entre production effective et production potentielle.
  • L'écart de production est un indicateur clé de la conjoncture éco: différence entre le PIB effectif (effectivement réalisé) et le PIB potentiel (niveau du PIB qui résulterait du plein emploi des facteurs de production) → écart de production (output gap)
  • Relation avec le taux de chômage conjoncturel : lorsque la prod effective est < à la production potentielle, le chômage augmente.

Loi d’Okun: niveau d’emploi s’éloigne du plein emploi si la croissance effective est < à la croissance potentielle.Cette loi d’OKUN a justifié les pol de stop and go dans les années 1960


2. Les cycles de productivité

Alternance entre phases d'expansion et de récession influençant directement le taux de chômage.

En période de reprise, la hausse de la productivité précède souvent l'embauche, ce qui entraîne un décalage dans la baisse du chômage.

Impact des innovations technologiques sur les cycles de productivité et l'emploi.


3. Les ajustements de l'emploi à CT : les types de flexibilité

  • Flexibilité quantitative externe : ajustement par les embauches et licenciements, souvent observé dans les contrats précaires.
  • Flexibilité quantitative interne : modulation du temps de travail (heures supplémentaires, chômage partiel).
  • Flexibilité salariale : ajustement des rémunérations selon la conjoncture économique (baisse des primes, gel des salaires).
  • Flexibilité fonctionnelle : adaptation des compétences des travailleurs par la formation et la polyvalence.

B. La remise en cause des politiques conjoncturelles de lutte contre le chômage


1. La courbe de Phillips (SOLOW, SAMUELSON, 1960)

- Relation inverse entre chômage et inflation : une baisse du chômage s'accompagne d'une hausse de l'inflation.

- Utilisation de cette relation dans les politiques économiques des années 1960 pour arbitrer entre inflation et emploi.

- Contredite par la stagflation des années 1970 (coexistence d’une forte inflation et d’un chômage élevé), remettant en cause son applicabilité.


2. Le taux de chômage naturel (FRIEDMAN, 1968)

taux de chômage incompressible d'une économie, même en période de croissance, niveau de chômage qui résulte des caractéristiques structurelles du marché du travail (formation, rigidités salariales, délais d'ajustement...)

Pq parle-t-on de "chômage naturel" ? taux de chômage est inévitable à LT car il reflète les imperfections du marché du travail. 

Il inclut des phénomènes comme : 

  • chômage frictionnel : le temps nécessaire pour qu’un chômeur retrouve un emploi. 
  • chômage structurel : dû à un décalage entre les compétences demandées et offertes sur le marché du travail. 
  • rigidités salariales : comme le salaire minimum ou les conventions collectives qui empêchent les salaires de baisser. 

Friedman remet en cause l'idée que l'État peut durablement réduire le chômage en stimulant l'éco (via des politiques budgétaires ou monétaires). 

  • À court terme : pol de relance peut faire baisser temporairement le chômage car les travailleurs sont victimes de l'illusion monétaire : ils perçoivent une augmentation de leurs salaires nominaux mais ne réalisent pas immédiatement que l’inflation augmente aussi. 
  • À long terme : les travailleurs s’aperçoivent que leur pouvoir d’achat n’a pas réellement augmenté, ils réclament alors des hausses de salaires. 

Les entreprises, voyant leurs coûts , licencient et le chômage revient à son niveau naturel, mais avec une inflation + forte. 

Lien avec la courbe de Phillips: elle montre une relation inverse entre chômage et inflation : en réduisant le chômage, on accepte une inflation plus élevée. Friedman et Phelps montrent qu'à LT, cette relation disparaît et la courbe devient une droite verticale : l’inflation peut augmenter, mais le chômage reste à son niveau naturel. 

On ne peut pas faire baisser durablement le chômage en stimulant la demande via des pol monétaires ou budgétaires. Le seul moyen de réduire le chômage naturel est d’agir sur les structures du marché du travail : meilleure formation, flexibilisation des salaires, réduction des rigidités. 


3. Le NAIRU (MODIGLIANI, PAPADIMOS et TOBIN)

NAIRU (Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment) désigne le taux de chômage qui n’accélère pas l’inflation. C’est une version améliorée du concept de chômage naturel de Friedman, introduite par Tobin sur la base des travaux de Modigliani et Papadimos dans les années 1970. 

NAIRU: niveau de chômage en dessous duquel une baisse supplémentaire du chômage entraînerait accélération de l’inflation

Contrairement à Friedman, Tobin estime que l'État peut agir sur ce taux via des pol éco adaptées. Il est utilisé par des institutions comme l’OCDE et le FMI pour différencier le chômage conjoncturel et structurel

  • Si le chômage > au NAIRU → chômage conjoncturel, donc l’État peut intervenir avec des pol de relance pour stimuler l’activité et réduire le chômage sans provoquer d’inflation. 
  • Si le chômage < au NAIRU → économie est en surchauffe : il y a trop peu de chômage, ce qui pousse les salaires à la hausse et déclenche une inflation croissante. Dans ce cas, pol de relance inutiles et pourraient même être néfastes. 

Contrairement à Friedman, Tobin pense qu’il est possible d'agir sur le NAIRU à LT en modifiant les structures du marché du travail (meilleure formation, réduction des rigidités). 

Le NAIRU réconcilie la courbe de Phillips à CT avec une approche plus flexible à LT : il ne rejette pas totalement l'idée de pol conjoncturelles, mais il souligne la nécessité de bien diagnostiquer la nature du chômage avant d’agir. 

Limites et critiques du NAIRU 

Il est difficile à mesurer précisément, car il dépend de nombreux facteurs (évolution des marchés, réformes du travail, technologies…). Certains économistes critiquent l’usage du NAIRU comme outil de pol éco, car il pourrait justifier une inaction face au chômage élevé sous prétexte qu'il est structurel. 

Tx de chômage en grèce: 28% et NAIRU: 20,7 et tx de chômage de la zone euro: 12,3 et NAIRU: 10,3


4. La th du déséquilibre CLOWER (The Keynesian Counter-Revolution: A Theoretical Appraisal, 1965) et MALINVAUD (Essais sur la théorie du chômage, 1983)

Application du modèle microéconomique néoclassique à l'analyse de la théorie keynésienne.

  • Chômage keynésien : résulte d'un excès d'offre tant sur le marché des biens que sur le marché du travail. Ce phénomène est dû à une faiblesse de la demande, entraînant une incapacité des producteurs à écouler leurs produits comme prévu, ce qui conduit à un sous-emploi de la force de travail. En conséquence, l'insuffisance de la demande de biens (diminution des ventes) impacte directement le marché du travail, créant un déséquilibre où le nombre d'actifs souhaitant travailler reste trop élevé par rapport aux offres disponibles. 

Solution: stimuler la demande effective pour rétablir l'équilibre.

  • Chômage classique: découle d'un excès de demande sur le marché des biens et d'une offre excédentaire sur le marché du travail. Lorsque la capacité de production est insuffisante pour satisfaire les besoins des consommateurs, cela entraîne une pénurie. En outre, un trop grand nb de travailleurs souhaite un emploi p/r aux besoins réels des entreprises, générant un chômage qui découle d'un salaire réel trop élevé. 

Solution: réduire salaires réels par la flexibilité à la baisse pr restaurer la compétitivité des entreprises et rééquilibrer l'offre et la demande de travail.

Inflation contenue : excès de demande sur les marchés des biens et du travail peut faire "chauffer" l'économie, avec une baisse du chômage accompagnée d'une hausse de la demande. Cependant, à court terme, l'inflation reste maîtrisée en raison de la rigidité des prix, ce qui empêche une flambée des prix malgré la forte demande.


C. Les déterminants du chômage structurel : vers le chômage d'équilibre


1. Les rigidités endogènes : les théories du salaire d'efficience

En présence d’asymétries d’information sur le marché du travail, les employeurs ont intérêt à proposer une rémunération > au salaire de marché afin d’attirer et de maintenir une main-d’œuvre plus productive. 

Salaire d’efficience et sélection adverse

Un salaire > au salaire de marché permet : 

  • D’attirer les salariés les + productifs : travailleurs les + compétents connaissent leur valeur et recherchent une rémunération à la hauteur de leurs qualifications (WEISS, 1980). 
  • De réduire la rotation des employés : meilleure rémunération diminue le turnover, notamment pr postes difficiles, et permet aux entreprises de conserver des travailleurs expérimentés et productifs (SALOP, 1979). 

Salaire d’efficience et aléa moral

Un salaire élevé influence aussi le comportement des travailleurs : 

  • crainte du licenciement incite à l'effort : + le salaire est élevé, plus perdre son emploi représente un coût important. Ne sachant pas qui sera licencié en cas de crise, les salariés augmentent leur productivité pour sécuriser leur poste (SHAPIRO et STIGLITZ , 1984). 
  • salaire perçu comme juste renforce la motivation : lorsque les travailleurs estiment être rémunérés de manière équitable, ils sont plus engagés et performants (Akerlof & Yellen, 1990). 

Théorie du salaire d’efficience et lien circulaire entre salaire et productivité

Akerlof et Yellen (1986) prolongent une idée déjà développée par Marshall dans les années 1880 : des salaires favorise la productivité du travail, ce qui engendre une croissance éco. Contrairement aux néoclassiques, qui considèrent uniquement la productivité marginale comme déterminante du salaire, cette théorie met en avant un lien de rétroaction où la hausse des salaires améliore la productivité marginale. Approche est pertinente pour les PED, où une des salaires permettrait d’améliorer le niveau de vie des travailleurs, entraînant ainsi une hausse de la productivité et favorisant la croissance.

Stratégie des entreprises face aux asymétries d’information 

Les employeurs font face à un double défi : 

  • Identifier les travailleurs les + productifs avant l’embauche, alors que l’info sur leurs compétences est imparfaite. 
  • Maintenir et stimuler la productivité après l’embauche**, ce qui passe par une politique salariale incitative. 

salaire devient un outil stratégique : il ne se contente pas de rémunérer la productivité, il la stimule. Cette inversion du lien traditionnel entre salaire et productivité, souligne le rôle central des salaires dans la performance économique globale.


2. Rigidités endogènes : la théorie des contrats implicites (AZARIADIS, 1975)

Entreprises et travailleurs établissent accords visant à garantir stabilité salariale, indépendamment des fluctuations éco. Contrairement aux modèles néoclassiques où les w s’ajustent librement à l’O et à la D, cette approche met en lumière le rôle des entreprises en tant que garantes d’une forme d’assurance éco pour leurs employés. 

Un contrat d’assurance implicite contre l’incertitude économique: dans un environnement écoincertain, les travailleurs sont particulièrement vulnérables aux fluctuations conjoncturelles qui peuvent affecter leur revenu et leur emploi. Pour atténuer cette incertitude, les entreprises mettent en place des contrats implicites, qui se traduisent par une rigidité des salaires : 

  • En période de récession : w ne diminuent pas ou très peu, même lorsque la conjoncture éco justifierait une baisse. Cela permet aux salariés de maintenir un niveau de vie stable et réduit le risque de pertes de pouvoir d’achat. 
  • En période d’expansion : w ne connaissent pas de forte augmentation, même lorsque la situation éco s’améliore. L’objectif est de stabiliser le coût salarial pour l’entreprise, évitant ainsi une volatilité excessive qui pourrait nuire à sa compétitivité à LT. 

Ainsi, cette approche fonctionne comme un contrat d’assurance mutuelle entre employeurs et salariés : 

  • L’entreprise bénéficie d’un coût salarial prévisible, indépendant des variations conjoncturelles, ce qui facilite la planification à long terme. 
  • Les travailleurs disposent d’un revenu stable, les protégeant contre les risques liés aux cycles éco

Impact sur le marché du travail et le chômage structurel: si cette rigidité salariale réduit l’incertitude pr les travailleurs, elle a aussi des effets sur le fonctionnement du marché du travail, notamment en limitant les ajustements rapides qui pourraient réduire le chômage en période de crise. Contrairement aux modèles néoclassiques où le chômage est censé se résorber par un ajustement des salaires à la baisse, la théorie des contrats implicites suggère que rigidités salariales empêchent cette adaptation automatique, ce qui peut aggraver le chômage structurel

Cette remise en cause du modèle classique souligne que le marché du L ne fonctionne pas comme un marché ordinaire de B et S. La rémunération des travailleurs ne reflète pas tjr leur productivité marginale instantanée, ce qui contredit l’hypothèse néoclassique (facteurs de prod sont rémunérés à leur juste valeur sur un marché libre)

Un « marché de dupes » ?  Bien que cette approche offre des avantages en termes de sécurité économique, elle pose aussi une question essentielle : les travailleurs sont-ils réellement gagnants dans ce modèle ?

  • En période d’expansion, entreprises retiennent la progression des w sous prétexte de stabilité, limitant ainsi le pv d’achat des employés. 
  • En période de crise, si la survie de l’entreprise est en jeu, les salariés doivent finalement accepter des baisses de salaire pour éviter les licenciements.


3. Rigidités endogènes : segmentation du marché du travail

La segmentation du marché du travail remet en cause l’idée d’un marché unique et fluide, mettant en évidence des barrières structurelles qui opposent différentes catégories de travailleurs. 

Marché interne vs marché externe (PIORE et DOERINGER Internal Labor Markets and Manpower Adjustment, 1971)

  • marché interne (au sein de l’entreprise) repose sur des règles internes de gestion de l’emploi (ancienneté, primes, conventions collectives). 
  • marché externe est soumis aux fluctuations du marché, avec des emplois précaires et peu protégés

Cette segmentation limite la mobilité des travailleurs et renforce les inégalités d’accès aux emplois stables. 

Emplois primaires vs secondaires 

  • segment primaire : emplois stables, bien rémunérés, avec évolution de carrière
  • segment secondaire : emplois précaires, mal payés, sans perspectives d’évolution*

Cette polarisation se renforce avec la mondialisation et la flexibilisation du travail. 

Théorie des insiders-outsiders (LINDBECK et J. SNOWER, The Insider-Outsider Theory of Employment and Unemployment,1988) 

  • insiders : salariés disposant d’un emploi stable et droits acquis (ancienneté, conventions collectives, protection syndicale)
  • outsiders: travailleurs précaires, chômeurs et nouveaux entrants sur le marché du travail.

Les insiders, pr préserver leurs avantages, mettent en place des mécanismes visant à exclure les outsiders du marché interne, notamment en renforçant les barrières à l’embauche :

  • Pression syndicale : négociation de w et d’avantages élevés, rendant difficile l’embauche de nouveaux travailleurs.
  • Coût élevé du remplacement : le recrutement d’outsiders peut être perçu comme une menace par les insiders, qui utilisent des moyens de dissuasion (grèves, blocages).

maintien de l’emploi pr les insiders à des salaires > à ceux du marché, mais au détriment des outsiders, qui peinent à trouver un emploi. Cette situation freine également l’efficacité des entreprises, car la rigidité du marché interne empêche l’intégration de nouvelles compétences.

Un marché du travail cloisonné: cette segmentation crée une double inégalité : 

  • Entre travailleurs stables et précaires (sécurité vs instabilité). 
  • Entre insiders et outsiders (barrières à l’entrée sur le marché interne). 


4. Le modèle WS-PS LAYARD, NICKELL et JACKMAN

Ce modèle analyse l'interaction entre les négo salariales et le niveau de concurrence, expliquant l'existence d'un chômage d’équilibr* résultant d'un compromis entre syndicats et employeurs. 

La courbe WS (Wage Setting): représente le lien entre le tx de chômage et le pouvoir de négociation des salariés. + le chômage est élevé, + les salariés acceptent des salaires bas (faible pouvoir de négociation). son déplacement dépend de la capacité des salariés à négocier (ex : force syndicale) 

La courbe PS (Price Setting): reflète l’effet du chômage sur la pol de prix des entreprises. Un chômage élevé réduit les marges, entraînant prix bas et donc des w réels plus élevés. Son déplacement dépend de l’intensité de la concurrence. 

L’équilibre du marché du travail: courbes WS et PS évoluent en sens contraire. Leur intersection définit un unique taux de chômage et de salaire compatibles avec l'équilibre. L'emploi dépend du rapport de force entre salariés et employeurs ainsi que du niveau de concurrence, et non directement du salaire réel. 

Ce modèle montre que rigidité du marché du L et le niveau de concu influencent chômage structurel et conditions salariales.


5.La prise en compte du processus d'appariement

L’efficacité du marché du travail dépend de la qualité de l’appariement entre employeurs et demandeurs d’emploi. Deux théories majeures expliquent ce processus. 

La théorie du Job Search (George STIGLER, «Information in the Labor Market», 1962)

Stigler met en avant le rôle de l’info et du temps de recherche dans le chômage. 

  • travailleurs cherchent un emploi correspondant à leurs compétences et attentes salariales. 
  • Le chômage inclut une part volontaire (choix de prolonger la recherche) et involontaire (absence d’offres adaptées). 

La théorie du Matching (Pissarides, Acemoglu & Shimer, 1979-2000) 

L’efficacité de l’appariement dépend de plusieurs facteurs : 

  • indemnisation suffisante permet aux chômeurs de prendre le temps de trouver un emploi correspondant à leurs qualifications → hausse de la productivité et de la croissance 
  • indemnisation trop faible les contraint à accepter des emplois inadaptés → gaspillage des compétences et perte d’efficacité éco
  • appariement est influencé par la formation, la mobilité et la transparence du marché du travail. 

Ces théories soulignent l’importance d’un équilibre entre incitation à la reprise d’emploi et qualité des recrutements pour garantir un marché du travail efficace et productif.


6. La prise en compte des chocs conjoncturels et l'effet d'hystérèse BLANCHARD et SUMMERS(1986)

→ explique comment chômage conjoncturel peut devenir structurel, même après disparition de sa cause initiale. 

L’hystérèse du chômage : un chômage persistant: 

Blanchard et Summers analysent la persistance du chômage conjoncturel en Europe après les chocs pétroliers des années 1970, malgré la reprise économique des années 1980 et que la cause du chômage a disparu. Selon eux : 

  • chômage prolongé entraîne une dévalorisation des compétences et une exclusion durable du marché du travail. 
  • entreprises hésitent à embaucher des chômeurs longue durée, jugés moins productifs. 

Un mécanisme d’auto-entretien du chômage 

L’hystérèse repose sur une inertie du chômage : une fois installé, il se maintient indépendamment des conditions éco

  • choc d’offre ou de demande entraîne une hausse du chômage. 
  • absence de mécanismes d’ajustement empêche son absorption rapide lors de la reprise. 
  • Plus un individu reste au chômage, plus il a de chances d’y rester, même en période de croissance. 

Conséquences sur l’emploi et les politiques éco

  • croissance seule ne suffit pas à résorber le chômage si ce dernier a duré trop longtemps. 
  • lutte contre le chômage nécessite des politiques actives : formation, incitations à l’embauche, soutien à la demande. 
  • ce modèle remet en cause l’idée néoclassique selon laquelle le chômage s’ajuste naturellement avec le temps. 

Blanchard et Summers montrent ainsi que le chômage actuel dépend en grande partie du niveau passé du chômage, nécessitant des interventions ciblées pour éviter sa persistance.


CHAPITRE 10: Le chômage et ses analyses

BARRE affirmait que « la meilleure façon de lutter contre le chômage, c’est de travailler », une vision reprise par MACRON en 2018 lorsqu’il suggérait que l’emploi était accessible à ceux prêts à accepter les contraintes du métier. Cette approche reflète l’analyse néoclassique, selon laquelle le chômage serait principalement dû à un manque d’incitation à travailler. 

À l’inverse, le courant keynésien, développé dès années 1930, considère que le chômage est causé par une insuffisance de la demande et un manque d’emplois disponibles. Keynes soulignait ainsi que « le plein emploi est rare autant qu’éphémère ». 

Ces deux visions opposées ont marqué l’histoire de la pensée économique avant de converger à la fin du XXe siècle vers le concept de chômage d’équilibre, qui intègre des éléments des deux théories. Si les mécanismes du chômage sont aujourd’hui mieux compris, les moyens de le réduire restent sujets à débat.

Le chômage est ajd une problématique centrale pour la majorité des éco contemporaines : qu'ils soient adeptes du libéralisme ou attachés au modèle keynésien, la quasi-totalité des pays fait face à une situation de déséquilibre entre l'O et la D sur le marché de l'emploi. Néanmoins, cette situation cache des réalités bien différentes : en effet, si certains pays (USA et UK) connaissent un tx de chômage < à 4 %, d'autres l'ont vu exploser pour atteindre les 15 %, comme l'Espagne (14, 2%) ou la Grèce (15 %).


I. Les principales caractéristiques du chômage


A. La notion de chômage


Actifs: nb des personnes en âge de travailler qui occupent un emploi ou en cherchent un activement.

Inactifs: personnes qui ne sont ni en emploi, ni au chômage (retraités, enfants, étudiants et hommes ou femmes au foyer)

Chômage: situation dans laquelle un individu se trouve sans emploi, disponible pour travailler et à la recherche effective d'un emploi.

→ résulte d'un déséquilibre entre l'offre de travail (émanant de personnes souhaitant travailler) et les demandes de travail (émanant des employeur-se•s).

Il est ainsi dépendant du taux d'emploi.

Selon L'INSEE, tx d'emploi se définit comme proportion de personnes, parmi celles en âge de travailler, disposant d'1 emploi.

Il est calculé en rapportant le nombre d'individus ayant un emploi au nombre total d'individus en âge de travailler.

Le chômage ne se définit pas uniquement comme l'inactivité forcée d'une personne pv involontairement d'emploi :

  • il est considéré comme un facteur de tensions sociales, de pauvreté et de paupérisation de la population ;
  • il peut aussi constituer un frein à la croissance en limitant la capacité des individus à consommer.

Il existe 2 définitions du chômage :

  • BIT: retenue par l'INSEE : personne en âge de travailler (15 ans ou plus), n'ayant pas eu d'activité rémunérée lors d'une semaine de référence, disponible pour occuper un emploi dans les 15 jours et qui a recherché activement un emploi dans le mois précédent (ou en a trouvé un commençant dans moins de trois mois). BIT fournit donc une définition très stricte du chômage, qui ne tient pas compte :

-du sous-emploi (personnes qui ont un emploi, mais qui souhaiteraient travailler davantage)

-du halo du chômage (personnes considérées comme inactives, mais qui souhaiteraient travailler)

  • Pôle Emploi: les chômeurs sont les personnes sans emploi qui ont fait la démarche de s'inscrire à Pôle Emploi. Il y a 5 catégories, de A à E. Les chiffres gouvernementaux ne concernent que la catégorie A, d'où le chiffre de 3 millions de chômeurs en France pour certains contre 6 millions pour d'autres.

En 2023, 2,3 millions de personnes étaient chômeurs au sens du BIT, mais 3 millions étaient inscrites à Pôle emploi en catégorie A.


B. Les différentes formes du chômage


1. Chômage conjoncturel et chômage structurel

  • chômage conjoncturel est lié à l’évolution de l’activité éco ("conjoncture"). Un ralentissement de l’activité réduit la demande de travail des entreprises et donc le niveau général d’emploi de l’éco. Le chômage conjoncturel est donc un chômage involontaire causé par la récession. Dans l’analyse keynésienne, une éco peut être durablement en situation de sous-emploi si la D globale < O globale. Dans ce cas, les entreprises sont désireuses de produire plus, mais ne le font pas par suite d’une insuffisance de la D. L’équilibre ainsi réalisé est régressif et contribue à créer du chômage. Le chômage conjoncturel est un chômage de CT.
  • chômage structurel: chômage chronique qui traduit un déséquilibre profond et durable du marché du travail. Il est lié aux changements de longue période intervenus dans les structures démographiques, économiques, sociales et institutionnelles. C’est donc un chômage de LT

Les raisons de ce déséquilibre peuvent être :

-manque de flexibilité du marché du travail, notamment le coût trop élevé du travail par rapport à la productivité de certains salariés ;

-l’inadéquation entre les postes offerts et les compétences des salariés : ceci peut s’expliquer par un manque d’efficacité du système de formation professionnelle, ou par un manque d’attractivité de certains métiers.


b. Chômage volontaire et involontaire

  • chômage involontaire fait référence à des salariés qui accepteraient de travailler au salaire du marché, mais qui ne le peuvent pas, du fait de l'insuffisance de la demande de biens.
  • chômage volontaire fait quant à lui référence à des salariés qui pourraient trouver du travail, mais qui préfèrent rester au chômage en raison du niveau de salaire trop faible qui leur est proposé par les employeurs.


c. Le chômage de plein emploi (chômage frictionnel) STIGLER (1962)

Le chômage de plein-emploi (ou chômage frictionnel) est un chômage incompressible lié aux délais d’ajustement de la main d’œuvre d’un emploi à l’autre. Il s’agit donc de la période de recherche d’un emploi ou de latence entre deux emplois.

Le chômage est donc hétérogène : chaque forme de chômage a une origine différente et touche des populations différentes.

Le chômage frictionnel peut tout à fait être rationnel à condition qu’il ne soit pas trop long, en ce cas, le chômage est utile et efficace au sens de Pareto. En effet, parfois un chômeur à intérêt à refuser un emploi qui sous utiliserai son capital humain, premier défaut et deuxième défaut qui pourrait être occupé par quelqu’un dont les qualifications sont moins élevées. L’idée, en allouant mieux les emplois, ie la Dde travail à l’O de travail, le PIB est plus élevé et il est possible de s’approcher de l’optimum de Pareto. Ainsi par exemple, on a assisté à l’inflation des diplômes (paradoxe d’Anderson), cette inflation des diplômes s’est traduite par une baisse de la valorisation des diplômes dans les concours administratifs de niveau bac, la majorité des inscrits ayant un bac+3 donc les bacs+3 occupent des emplois niveau bac, les actifs qui ont un niveau bac n’ont pas d’emploi. On s’éloigne donc d’un optimum de Pareto.

Ce chômage frictionnel est estimé entre 3 % et 5 % de la population active.

II. Les analyses du chômage


Le marché du travail et le chômage selon l'analyse classique et keynésienne


A. Le modèle standard du marché du travail et la flexibilité du salaire réel


1.Offre et demande de travail

Offre de travail

Arbitrage travail / temps libre : les individus décident de travailler en fonction du salaire réel

Salaire de réserve : seuil en dessous duquel un individu refuse de travailler.

L'offre de travail existe si : salaire réel > salaire de réserve

Effet substitution : une augmentation du salaire incite à travailler plus.

Effet revenu : une augmentation du salaire permet de travailler moins tout en conservant le même revenu.

Demande de travail

Calcul coût/avantage des employeurs :

Productivité marginale du travail (pmL) : valeur ajoutée par un travailleur supplémentaire.

Demande de travail existe si : pmL > salaire réel

La demande de travail est une fonction décroissante du salaire réel.


Ajustement des quantités par la flexibilité du prix du travail

Point d'équilibre : Offre de travail = Demande de travail (Q*), salaire d'équilibre (w).

Si w > salaire d'équilibre : Offre > Demande → Chômage.

Si w < salaire d'équilibre : Offre < Demande → Pénurie de main-d'œuvre.


2.Le chômage volontaire selon l'analyse classique

Origine du chômage : salaire de marché > salaire d'équilibre.

Régulation par la flexibilité salariale : la concurrence entre travailleurs doit faire baisser le salaire.

Si le chômage persiste malgré la flexibilité : chômage volontaire (travailleurs refusent de travailler en raison d'un salaire réel jugé insuffisant).

Un salaire de réserve trop élevé maintient les travailleurs hors du marché du travail.

Rôle des revenus hors travail :

Prestations sociales → augmentent le salaire de réserve → désincitation à travailler (trappe à inactivité** : individu qui préfère les aides à un emploi mal payé)

Solution proposée : réduction des revenus de transferts (allocations, indemnités chômage)


3.Analyse néoclassique du chômage

Deux types de chômage :

  • Chômage volontaire : refus de travailler au salaire du marché.
  • Chômage transitoire : délai d'adaptation entre offre et demande.

Causes du chômage : rigidités entravant la flexibilité du marché du travail.

Salaire minimum : bloque le salaire au-dessus du salaire d'équilibre.

  • Charges sociales élevées : coûts d'embauche trop importants.
  • Rigidités syndicales : limitation des licenciements, grèves, etc.

Solutions : réduction du salaire minimum, assouplissement des règles de licenciement, réduction des indemnités chômage, incitation à accepter n'importe quel emploi disponible.

Réforme Thatcher (Royaume-Uni, 1984-1985) : lutte contre les syndicats pour flexibiliser le travail.

Réformes Hartz (Allemagne, 2003-2005) :


B. L’analyse keynésienne par l’insuffisance de la demande effective


1. Le marché du travail n’existe pas

Keynes critique l'idée d'un ajustement automatique de l'offre de travail en fonction du salaire réel.

Raisons : ménages raisonnent en salaire nominal et non en salaire réel, salaire nominal est rigide à la baisse (inflation, syndicats), ménages ne choisissent pas toujours de travailler ou non, offre de travail est influencée par des facteurs (démographiques (baby-boom), culturels (taux d'activité des femmes, jeunes), institutionnels (recul de l'âge de la retraite))

l’absence d’ajustement entraîne l’inefficacité du marché du travail et remet en cause le concept de chômage volontaire.


2. Le chômage résulte d'une demande insuffisante

Les entreprises embauchent selon leurs prévisions de ventes futures = demande effective

Keynes raisonne en économie fermée

L'emploi est déterminé par la demande de biens, non par l'offre et la demande de travail.

  • Si les firmes anticipent une hausse de la consommation et de l'investissement, elles embauchent.
  • Si elles anticipent une baisse, elles limitent les embauches et le chômage augmente.

Le chômage involontaire peut persister si la demande effective est insuffisante. Keynes critique l'approche classique qui ne voit le salaire que comme un coût. Il le considère aussi comme un revenu stimulant la consommation. Une hausse des bas salaires stimule la consommation et donc la demande effective. Rôle des aides publiques pour les ménages à faible revenu. Importance des commandes publiques pour relancer l’investissement et l’emploi.


3. Critique de la loi des débouchés et de la neutralité de la monnaie

Contrairement à Say, Keynes affirme que la monnaie peut être conservée et ne pas circuler immédiatement.

Motifs de conservation de la monnaie : transaction (consommation), précaution (imprévus), spéculation (opportunités futures).

Conséquences :

  • Thésaurisation = fuite de monnaie dans le circuit économique.
  • Déséquilibre entre l'offre et la demande de biens, pouvant entraîner une surproduction.
  • Chômage involontaire par manque de demande effective.
  • Une hausse de la masse monétaire (baisse des taux d'intérêt) stimule la demande et l'emploi.


C. Les politiques keynésiennes de lutte contre le chômage

  • Politique monétaire expansive : baisse des taux d'intérêt pour encourager l'investissement.
  • Politique budgétaire de relance :

-Investissements publics pour stimuler la demande et l'emploi.

  • Politique fiscale et sociale redistributive : hausse des impôts pour les plus riches et transferts aux ménages à forte propension à consommer et hausse des services publics gratuits pour libérer du pouvoir d'achat


L’effet multiplicateur keynésien repose sur trois hypothèses essentielles : 

  • Raisonnement à CT : les capacités de production sont fixes et peuvent être sous-utilisées. Une relance peut donc stimuler l’activité sans inflation immédiate. 
  • Rigidité des prix et chômage keynésien : le sous-emploi est causé par une demande insuffisante. 
  • Taux d’intérêt constant: cela évite que l’augmentation des dépenses publiques n’évince l’investissement privé. 

L’idée centrale est que tte hausse de la demande globale entraîne une augmentation plus que proportionnelle du revenu national. Ainsi, une de l’investissement, de la consommation ou des dépenses publiques entraîne une croissance accrue de la production et de l’emploi. 

Mécanisme du multiplicateur: Prenons l’ex d’une hausse de la consommation incompressible (ΔCo), ie la consommation minimale des ménages même en l’absence de revenus. 

- Les entreprises répondent en augmentant leur production de ΔCo. 

- Cette hausse de production entraîne une augmentation des revenus, également de ΔCo. 

- Les ménages consacrent une partie de ce revenu supplémentaire à la consommation : c × ΔCo, où c est la propension marginale à consommer (PmC, comprise entre 0 et 1). 

- Cette nouvelle demande stimule à son tour la production, créant un cercle vertueux. 

Le multiplicateur repose donc sur la propension marginale à consommer, qui propage l’effet en vagues successives. Ce mécanisme explique pq une hausse de l’investissement peut générer une croissance éco plus que proportionnelle.

III. Les composantes structurelles du chômages


A. Les ajustements de l'emploi aux fluctuations de l'activité : la lutte contre le chômage conjoncturel


1. L'écart de production dans les années 1960

  • Différence entre production effective et production potentielle.
  • L'écart de production est un indicateur clé de la conjoncture éco: différence entre le PIB effectif (effectivement réalisé) et le PIB potentiel (niveau du PIB qui résulterait du plein emploi des facteurs de production) → écart de production (output gap)
  • Relation avec le taux de chômage conjoncturel : lorsque la prod effective est < à la production potentielle, le chômage augmente.

Loi d’Okun: niveau d’emploi s’éloigne du plein emploi si la croissance effective est < à la croissance potentielle.Cette loi d’OKUN a justifié les pol de stop and go dans les années 1960


2. Les cycles de productivité

Alternance entre phases d'expansion et de récession influençant directement le taux de chômage.

En période de reprise, la hausse de la productivité précède souvent l'embauche, ce qui entraîne un décalage dans la baisse du chômage.

Impact des innovations technologiques sur les cycles de productivité et l'emploi.


3. Les ajustements de l'emploi à CT : les types de flexibilité

  • Flexibilité quantitative externe : ajustement par les embauches et licenciements, souvent observé dans les contrats précaires.
  • Flexibilité quantitative interne : modulation du temps de travail (heures supplémentaires, chômage partiel).
  • Flexibilité salariale : ajustement des rémunérations selon la conjoncture économique (baisse des primes, gel des salaires).
  • Flexibilité fonctionnelle : adaptation des compétences des travailleurs par la formation et la polyvalence.

B. La remise en cause des politiques conjoncturelles de lutte contre le chômage


1. La courbe de Phillips (SOLOW, SAMUELSON, 1960)

- Relation inverse entre chômage et inflation : une baisse du chômage s'accompagne d'une hausse de l'inflation.

- Utilisation de cette relation dans les politiques économiques des années 1960 pour arbitrer entre inflation et emploi.

- Contredite par la stagflation des années 1970 (coexistence d’une forte inflation et d’un chômage élevé), remettant en cause son applicabilité.


2. Le taux de chômage naturel (FRIEDMAN, 1968)

taux de chômage incompressible d'une économie, même en période de croissance, niveau de chômage qui résulte des caractéristiques structurelles du marché du travail (formation, rigidités salariales, délais d'ajustement...)

Pq parle-t-on de "chômage naturel" ? taux de chômage est inévitable à LT car il reflète les imperfections du marché du travail. 

Il inclut des phénomènes comme : 

  • chômage frictionnel : le temps nécessaire pour qu’un chômeur retrouve un emploi. 
  • chômage structurel : dû à un décalage entre les compétences demandées et offertes sur le marché du travail. 
  • rigidités salariales : comme le salaire minimum ou les conventions collectives qui empêchent les salaires de baisser. 

Friedman remet en cause l'idée que l'État peut durablement réduire le chômage en stimulant l'éco (via des politiques budgétaires ou monétaires). 

  • À court terme : pol de relance peut faire baisser temporairement le chômage car les travailleurs sont victimes de l'illusion monétaire : ils perçoivent une augmentation de leurs salaires nominaux mais ne réalisent pas immédiatement que l’inflation augmente aussi. 
  • À long terme : les travailleurs s’aperçoivent que leur pouvoir d’achat n’a pas réellement augmenté, ils réclament alors des hausses de salaires. 

Les entreprises, voyant leurs coûts , licencient et le chômage revient à son niveau naturel, mais avec une inflation + forte. 

Lien avec la courbe de Phillips: elle montre une relation inverse entre chômage et inflation : en réduisant le chômage, on accepte une inflation plus élevée. Friedman et Phelps montrent qu'à LT, cette relation disparaît et la courbe devient une droite verticale : l’inflation peut augmenter, mais le chômage reste à son niveau naturel. 

On ne peut pas faire baisser durablement le chômage en stimulant la demande via des pol monétaires ou budgétaires. Le seul moyen de réduire le chômage naturel est d’agir sur les structures du marché du travail : meilleure formation, flexibilisation des salaires, réduction des rigidités. 


3. Le NAIRU (MODIGLIANI, PAPADIMOS et TOBIN)

NAIRU (Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment) désigne le taux de chômage qui n’accélère pas l’inflation. C’est une version améliorée du concept de chômage naturel de Friedman, introduite par Tobin sur la base des travaux de Modigliani et Papadimos dans les années 1970. 

NAIRU: niveau de chômage en dessous duquel une baisse supplémentaire du chômage entraînerait accélération de l’inflation

Contrairement à Friedman, Tobin estime que l'État peut agir sur ce taux via des pol éco adaptées. Il est utilisé par des institutions comme l’OCDE et le FMI pour différencier le chômage conjoncturel et structurel

  • Si le chômage > au NAIRU → chômage conjoncturel, donc l’État peut intervenir avec des pol de relance pour stimuler l’activité et réduire le chômage sans provoquer d’inflation. 
  • Si le chômage < au NAIRU → économie est en surchauffe : il y a trop peu de chômage, ce qui pousse les salaires à la hausse et déclenche une inflation croissante. Dans ce cas, pol de relance inutiles et pourraient même être néfastes. 

Contrairement à Friedman, Tobin pense qu’il est possible d'agir sur le NAIRU à LT en modifiant les structures du marché du travail (meilleure formation, réduction des rigidités). 

Le NAIRU réconcilie la courbe de Phillips à CT avec une approche plus flexible à LT : il ne rejette pas totalement l'idée de pol conjoncturelles, mais il souligne la nécessité de bien diagnostiquer la nature du chômage avant d’agir. 

Limites et critiques du NAIRU 

Il est difficile à mesurer précisément, car il dépend de nombreux facteurs (évolution des marchés, réformes du travail, technologies…). Certains économistes critiquent l’usage du NAIRU comme outil de pol éco, car il pourrait justifier une inaction face au chômage élevé sous prétexte qu'il est structurel. 

Tx de chômage en grèce: 28% et NAIRU: 20,7 et tx de chômage de la zone euro: 12,3 et NAIRU: 10,3


4. La th du déséquilibre CLOWER (The Keynesian Counter-Revolution: A Theoretical Appraisal, 1965) et MALINVAUD (Essais sur la théorie du chômage, 1983)

Application du modèle microéconomique néoclassique à l'analyse de la théorie keynésienne.

  • Chômage keynésien : résulte d'un excès d'offre tant sur le marché des biens que sur le marché du travail. Ce phénomène est dû à une faiblesse de la demande, entraînant une incapacité des producteurs à écouler leurs produits comme prévu, ce qui conduit à un sous-emploi de la force de travail. En conséquence, l'insuffisance de la demande de biens (diminution des ventes) impacte directement le marché du travail, créant un déséquilibre où le nombre d'actifs souhaitant travailler reste trop élevé par rapport aux offres disponibles. 

Solution: stimuler la demande effective pour rétablir l'équilibre.

  • Chômage classique: découle d'un excès de demande sur le marché des biens et d'une offre excédentaire sur le marché du travail. Lorsque la capacité de production est insuffisante pour satisfaire les besoins des consommateurs, cela entraîne une pénurie. En outre, un trop grand nb de travailleurs souhaite un emploi p/r aux besoins réels des entreprises, générant un chômage qui découle d'un salaire réel trop élevé. 

Solution: réduire salaires réels par la flexibilité à la baisse pr restaurer la compétitivité des entreprises et rééquilibrer l'offre et la demande de travail.

Inflation contenue : excès de demande sur les marchés des biens et du travail peut faire "chauffer" l'économie, avec une baisse du chômage accompagnée d'une hausse de la demande. Cependant, à court terme, l'inflation reste maîtrisée en raison de la rigidité des prix, ce qui empêche une flambée des prix malgré la forte demande.


C. Les déterminants du chômage structurel : vers le chômage d'équilibre


1. Les rigidités endogènes : les théories du salaire d'efficience

En présence d’asymétries d’information sur le marché du travail, les employeurs ont intérêt à proposer une rémunération > au salaire de marché afin d’attirer et de maintenir une main-d’œuvre plus productive. 

Salaire d’efficience et sélection adverse

Un salaire > au salaire de marché permet : 

  • D’attirer les salariés les + productifs : travailleurs les + compétents connaissent leur valeur et recherchent une rémunération à la hauteur de leurs qualifications (WEISS, 1980). 
  • De réduire la rotation des employés : meilleure rémunération diminue le turnover, notamment pr postes difficiles, et permet aux entreprises de conserver des travailleurs expérimentés et productifs (SALOP, 1979). 

Salaire d’efficience et aléa moral

Un salaire élevé influence aussi le comportement des travailleurs : 

  • crainte du licenciement incite à l'effort : + le salaire est élevé, plus perdre son emploi représente un coût important. Ne sachant pas qui sera licencié en cas de crise, les salariés augmentent leur productivité pour sécuriser leur poste (SHAPIRO et STIGLITZ , 1984). 
  • salaire perçu comme juste renforce la motivation : lorsque les travailleurs estiment être rémunérés de manière équitable, ils sont plus engagés et performants (Akerlof & Yellen, 1990). 

Théorie du salaire d’efficience et lien circulaire entre salaire et productivité

Akerlof et Yellen (1986) prolongent une idée déjà développée par Marshall dans les années 1880 : des salaires favorise la productivité du travail, ce qui engendre une croissance éco. Contrairement aux néoclassiques, qui considèrent uniquement la productivité marginale comme déterminante du salaire, cette théorie met en avant un lien de rétroaction où la hausse des salaires améliore la productivité marginale. Approche est pertinente pour les PED, où une des salaires permettrait d’améliorer le niveau de vie des travailleurs, entraînant ainsi une hausse de la productivité et favorisant la croissance.

Stratégie des entreprises face aux asymétries d’information 

Les employeurs font face à un double défi : 

  • Identifier les travailleurs les + productifs avant l’embauche, alors que l’info sur leurs compétences est imparfaite. 
  • Maintenir et stimuler la productivité après l’embauche**, ce qui passe par une politique salariale incitative. 

salaire devient un outil stratégique : il ne se contente pas de rémunérer la productivité, il la stimule. Cette inversion du lien traditionnel entre salaire et productivité, souligne le rôle central des salaires dans la performance économique globale.


2. Rigidités endogènes : la théorie des contrats implicites (AZARIADIS, 1975)

Entreprises et travailleurs établissent accords visant à garantir stabilité salariale, indépendamment des fluctuations éco. Contrairement aux modèles néoclassiques où les w s’ajustent librement à l’O et à la D, cette approche met en lumière le rôle des entreprises en tant que garantes d’une forme d’assurance éco pour leurs employés. 

Un contrat d’assurance implicite contre l’incertitude économique: dans un environnement écoincertain, les travailleurs sont particulièrement vulnérables aux fluctuations conjoncturelles qui peuvent affecter leur revenu et leur emploi. Pour atténuer cette incertitude, les entreprises mettent en place des contrats implicites, qui se traduisent par une rigidité des salaires : 

  • En période de récession : w ne diminuent pas ou très peu, même lorsque la conjoncture éco justifierait une baisse. Cela permet aux salariés de maintenir un niveau de vie stable et réduit le risque de pertes de pouvoir d’achat. 
  • En période d’expansion : w ne connaissent pas de forte augmentation, même lorsque la situation éco s’améliore. L’objectif est de stabiliser le coût salarial pour l’entreprise, évitant ainsi une volatilité excessive qui pourrait nuire à sa compétitivité à LT. 

Ainsi, cette approche fonctionne comme un contrat d’assurance mutuelle entre employeurs et salariés : 

  • L’entreprise bénéficie d’un coût salarial prévisible, indépendant des variations conjoncturelles, ce qui facilite la planification à long terme. 
  • Les travailleurs disposent d’un revenu stable, les protégeant contre les risques liés aux cycles éco

Impact sur le marché du travail et le chômage structurel: si cette rigidité salariale réduit l’incertitude pr les travailleurs, elle a aussi des effets sur le fonctionnement du marché du travail, notamment en limitant les ajustements rapides qui pourraient réduire le chômage en période de crise. Contrairement aux modèles néoclassiques où le chômage est censé se résorber par un ajustement des salaires à la baisse, la théorie des contrats implicites suggère que rigidités salariales empêchent cette adaptation automatique, ce qui peut aggraver le chômage structurel

Cette remise en cause du modèle classique souligne que le marché du L ne fonctionne pas comme un marché ordinaire de B et S. La rémunération des travailleurs ne reflète pas tjr leur productivité marginale instantanée, ce qui contredit l’hypothèse néoclassique (facteurs de prod sont rémunérés à leur juste valeur sur un marché libre)

Un « marché de dupes » ?  Bien que cette approche offre des avantages en termes de sécurité économique, elle pose aussi une question essentielle : les travailleurs sont-ils réellement gagnants dans ce modèle ?

  • En période d’expansion, entreprises retiennent la progression des w sous prétexte de stabilité, limitant ainsi le pv d’achat des employés. 
  • En période de crise, si la survie de l’entreprise est en jeu, les salariés doivent finalement accepter des baisses de salaire pour éviter les licenciements.


3. Rigidités endogènes : segmentation du marché du travail

La segmentation du marché du travail remet en cause l’idée d’un marché unique et fluide, mettant en évidence des barrières structurelles qui opposent différentes catégories de travailleurs. 

Marché interne vs marché externe (PIORE et DOERINGER Internal Labor Markets and Manpower Adjustment, 1971)

  • marché interne (au sein de l’entreprise) repose sur des règles internes de gestion de l’emploi (ancienneté, primes, conventions collectives). 
  • marché externe est soumis aux fluctuations du marché, avec des emplois précaires et peu protégés

Cette segmentation limite la mobilité des travailleurs et renforce les inégalités d’accès aux emplois stables. 

Emplois primaires vs secondaires 

  • segment primaire : emplois stables, bien rémunérés, avec évolution de carrière
  • segment secondaire : emplois précaires, mal payés, sans perspectives d’évolution*

Cette polarisation se renforce avec la mondialisation et la flexibilisation du travail. 

Théorie des insiders-outsiders (LINDBECK et J. SNOWER, The Insider-Outsider Theory of Employment and Unemployment,1988) 

  • insiders : salariés disposant d’un emploi stable et droits acquis (ancienneté, conventions collectives, protection syndicale)
  • outsiders: travailleurs précaires, chômeurs et nouveaux entrants sur le marché du travail.

Les insiders, pr préserver leurs avantages, mettent en place des mécanismes visant à exclure les outsiders du marché interne, notamment en renforçant les barrières à l’embauche :

  • Pression syndicale : négociation de w et d’avantages élevés, rendant difficile l’embauche de nouveaux travailleurs.
  • Coût élevé du remplacement : le recrutement d’outsiders peut être perçu comme une menace par les insiders, qui utilisent des moyens de dissuasion (grèves, blocages).

maintien de l’emploi pr les insiders à des salaires > à ceux du marché, mais au détriment des outsiders, qui peinent à trouver un emploi. Cette situation freine également l’efficacité des entreprises, car la rigidité du marché interne empêche l’intégration de nouvelles compétences.

Un marché du travail cloisonné: cette segmentation crée une double inégalité : 

  • Entre travailleurs stables et précaires (sécurité vs instabilité). 
  • Entre insiders et outsiders (barrières à l’entrée sur le marché interne). 


4. Le modèle WS-PS LAYARD, NICKELL et JACKMAN

Ce modèle analyse l'interaction entre les négo salariales et le niveau de concurrence, expliquant l'existence d'un chômage d’équilibr* résultant d'un compromis entre syndicats et employeurs. 

La courbe WS (Wage Setting): représente le lien entre le tx de chômage et le pouvoir de négociation des salariés. + le chômage est élevé, + les salariés acceptent des salaires bas (faible pouvoir de négociation). son déplacement dépend de la capacité des salariés à négocier (ex : force syndicale) 

La courbe PS (Price Setting): reflète l’effet du chômage sur la pol de prix des entreprises. Un chômage élevé réduit les marges, entraînant prix bas et donc des w réels plus élevés. Son déplacement dépend de l’intensité de la concurrence. 

L’équilibre du marché du travail: courbes WS et PS évoluent en sens contraire. Leur intersection définit un unique taux de chômage et de salaire compatibles avec l'équilibre. L'emploi dépend du rapport de force entre salariés et employeurs ainsi que du niveau de concurrence, et non directement du salaire réel. 

Ce modèle montre que rigidité du marché du L et le niveau de concu influencent chômage structurel et conditions salariales.


5.La prise en compte du processus d'appariement

L’efficacité du marché du travail dépend de la qualité de l’appariement entre employeurs et demandeurs d’emploi. Deux théories majeures expliquent ce processus. 

La théorie du Job Search (George STIGLER, «Information in the Labor Market», 1962)

Stigler met en avant le rôle de l’info et du temps de recherche dans le chômage. 

  • travailleurs cherchent un emploi correspondant à leurs compétences et attentes salariales. 
  • Le chômage inclut une part volontaire (choix de prolonger la recherche) et involontaire (absence d’offres adaptées). 

La théorie du Matching (Pissarides, Acemoglu & Shimer, 1979-2000) 

L’efficacité de l’appariement dépend de plusieurs facteurs : 

  • indemnisation suffisante permet aux chômeurs de prendre le temps de trouver un emploi correspondant à leurs qualifications → hausse de la productivité et de la croissance 
  • indemnisation trop faible les contraint à accepter des emplois inadaptés → gaspillage des compétences et perte d’efficacité éco
  • appariement est influencé par la formation, la mobilité et la transparence du marché du travail. 

Ces théories soulignent l’importance d’un équilibre entre incitation à la reprise d’emploi et qualité des recrutements pour garantir un marché du travail efficace et productif.


6. La prise en compte des chocs conjoncturels et l'effet d'hystérèse BLANCHARD et SUMMERS(1986)

→ explique comment chômage conjoncturel peut devenir structurel, même après disparition de sa cause initiale. 

L’hystérèse du chômage : un chômage persistant: 

Blanchard et Summers analysent la persistance du chômage conjoncturel en Europe après les chocs pétroliers des années 1970, malgré la reprise économique des années 1980 et que la cause du chômage a disparu. Selon eux : 

  • chômage prolongé entraîne une dévalorisation des compétences et une exclusion durable du marché du travail. 
  • entreprises hésitent à embaucher des chômeurs longue durée, jugés moins productifs. 

Un mécanisme d’auto-entretien du chômage 

L’hystérèse repose sur une inertie du chômage : une fois installé, il se maintient indépendamment des conditions éco

  • choc d’offre ou de demande entraîne une hausse du chômage. 
  • absence de mécanismes d’ajustement empêche son absorption rapide lors de la reprise. 
  • Plus un individu reste au chômage, plus il a de chances d’y rester, même en période de croissance. 

Conséquences sur l’emploi et les politiques éco

  • croissance seule ne suffit pas à résorber le chômage si ce dernier a duré trop longtemps. 
  • lutte contre le chômage nécessite des politiques actives : formation, incitations à l’embauche, soutien à la demande. 
  • ce modèle remet en cause l’idée néoclassique selon laquelle le chômage s’ajuste naturellement avec le temps. 

Blanchard et Summers montrent ainsi que le chômage actuel dépend en grande partie du niveau passé du chômage, nécessitant des interventions ciblées pour éviter sa persistance.

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