Contexte et justification de la Cinquième République
Ruptures et continuité constitutionnelle :
- La Cinquième République, instaurée en 1958, répond aux faiblesses de la Troisième (1870-1940) et de la Quatrième République (1946-1958), notamment l’instabilité politique et la faiblesse du pouvoir exécutif.
- De Gaulle souhaite un exécutif fort pour assurer efficacité, stabilité, et responsabilité des pouvoirs publics.
- Le Président devient la figure centrale, en rupture avec le "régime d’assemblée" où le Parlement dominait.
Section 1 : L’installation de la Cinquième République
- Le retour de De Gaulle en 1958 :
- Après sa démission en 1946, De Gaulle est rappelé en 1958 en raison de l'instabilité de la Quatrième République, aggravée par des crises coloniales (Indochine, Algérie).
- Le 13 mai 1958, une crise en Algérie mène à une intervention militaire ; le 29 mai, le président René Coty appelle De Gaulle pour éviter la guerre civile.
- Conditions de De Gaulle : rédiger une nouvelle constitution et donner plus de poids à l'exécutif.
- La loi constitutionnelle du 3 juin 1958 :
- Elle autorise De Gaulle à rédiger une nouvelle constitution selon cinq principes :
- Suffrage universel comme source de pouvoir.
- Séparation effective des pouvoirs exécutif et législatif.
- Responsabilité du gouvernement devant le Parlement.
- Indépendance de l’autorité judiciaire pour garantir les libertés.
- Rapports organisés avec les peuples associés à la République.
- Le projet passe par un comité consultatif et le Conseil d’État avant d’être soumis au référendum.
- L’élaboration de la Constitution :
- Michel Debré, influencé par le discours de Bayeux de 1946, dirige la rédaction avec l’objectif de stabiliser et renforcer l’exécutif.
- Le projet de constitution est finalisé fin août 1958, puis approuvé par référendum le 28 septembre avec plus de 80 % des voix.
- Adoption et mise en place :
- La Constitution est promulguée le 4 octobre 1958.
- De nouvelles élections législatives et présidentielles suivent : De Gaulle est élu président le 21 décembre 1958.
Section 2 : Les principes de la Cinquième République
- Principes fondamentaux et continuité républicaine :
- La Cinquième République conserve certains fondements républicains comme la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) de 1789, la laïcité, et l'indivisibilité de l'État.
- L’État et la société doivent s’appuyer sur les valeurs de la DDHC, intégrée dans le préambule des Constitutions de 1946 et de 1958.
- La DDHC de 1789 et son rôle constitutionnel :
- 1946 : Mention explicite de la DDHC dans le préambule.
- 1958 : Réaffirmation dans le préambule de la Cinquième République.
- 1971 : Le Conseil constitutionnel reconnaît la valeur juridique de la DDHC, la rendant applicable aux lois modernes.
Points clés à retenir
- Pouvoir exécutif renforcé : le président devient l'élément central avec des pouvoirs élargis, marquant une rupture avec le "régime d'assemblée".
- Rationalisation du Parlement : l'exécutif peut dissoudre l'Assemblée, tandis que le Parlement conserve le pouvoir de renverser le gouvernement.
- Inspiration de la DDHC : les droits fondamentaux sont explicitement intégrés et protégés par le Conseil constitutionnel, donnant à la Constitution un cadre de droits universels et inaliénables
Articles Clés de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (DDHC, 1789)
- Article 6 : « La loi est l’expression de la volonté générale. »
- La loi doit refléter la volonté de la nation, garantissant l'égalité et la participation citoyenne.
- Article 16 : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution. »
- Garantit les droits et la séparation des pouvoirs comme piliers de toute Constitution légitime.
- Article 17 : « La propriété est un droit inviolable et sacré ; nul ne peut en être privé, sauf lorsque la nécessité publique […] l’exige, et sous condition d'une indemnité juste et préalable. »
- Affirme la protection de la propriété privée, tout en admettant des exceptions en cas d’intérêt public.
Principes Fondamentaux de la DDHC (1789)
- Souveraineté nationale : La nation devient souveraine, reconnaissant les droits naturels et inaliénables.
- Égalité des droits : Abolition des privilèges (4 août 1789).
- Liberté individuelle : Garantie des libertés d’expression, de mouvement, etc.
- Droit de propriété : Un droit inviolable et protégé.
- Caractère démocratique de la loi : La loi protège les droits de tous et les fonctions publiques sont accessibles à tous.
- Séparation des pouvoirs : Un principe fondamental pour établir une Constitution.
La DDHC dans le Droit Positif
- Depuis 1971, le Conseil constitutionnel contrôle la conformité des lois à la DDHC de 1789.
Évolution Constitutionnelle : Le Préambule de 1946
- Face aux bouleversements du XXe siècle (guerres, industrialisation), une nouvelle déclaration des droits sociaux, économiques et politiques nécessaires au temps moderne est adoptée.
La Charte de l'Environnement (2004)
- Ajoutée sous Jacques Chirac, elle donne une base constitutionnelle aux droits environnementaux.
- Article 1 : Droit à un environnement sain.
- Article 3 : Obligation de prévenir les atteintes à l’environnement.
- Article 6 : Politiques publiques favorisant le développement durable.
- Appliquée par le Conseil constitutionnel depuis 2005.
Principes de la Constitution de la Ve République (1958)
- Article 1 : La France est une République indivisible, laïque, démocratique, et sociale.
- Indivisibilité : La République est unitaire et applique une loi unique, garantissant ainsi l'égalité.
- Laïcité : Neutralité de l’État face aux religions, officialisée par la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État.
- Démocratie : Assure la souveraineté nationale et le suffrage universel depuis 1848 (hommes) et 1944 (femmes).
Application du Principe de Laïcité
- Loi de 1905 : Séparation stricte de l’État et des Églises, neutralité de l’État vis-à-vis de toute religion.
- Loi de 2004 : Limite les signes religieux ostensibles dans les écoles publiques.
- Exceptions (Alsace-Moselle) : Régime concordataire maintenu, certaines adaptations pour Guyane.
Souveraineté Nationale et Souveraineté Populaire
- Souveraineté nationale : Exercée par les représentants élus.
- Souveraineté populaire : Le peuple peut exercer le pouvoir directement (ex. référendums en France).
- Article 3 de la Constitution : « La souveraineté nationale appartient au peuple, qui l’exerce par ses représentants et par le référendum. »
Enjeux et Critiques
- Égalité des droits : La DDHC de 1789 ne mentionne pas les femmes ; les droits de minorités sont limités.
- Droit de l’environnement : Constitutionnalisé en 2005, mais sujet à des réformes.
- Principe d’indivisibilité : Contesté pour ses limites aux libertés locales.
Références Historiques et Contemporaines
- Déclaration de 1789 : Fonde les bases du droit et des institutions de la République.
- Évolutions sous la Ve République : Adaptations aux besoins modernes et aux changements sociétaux.