Les principes constitutifs du gouvernement représentatif selon Bernard Manin
Manin insiste sur le caractère mixte du gouvernement représentatif = Traits aristocratiques et démocratiques.
4 principes fondamentaux qui régissent les relations gouvernants/gouvernés.
Autonomie relative des gouvernants
Représentant comme mandataire de confiance, libre de choix et de décision au cours de son mandat (Edmund Burke). Pour visualiser cette indépendance, on peut noter 2 mécanismes qui ont été écartés car trop menaçants pour l'indépendance du gouvernant.
La réitération de l'élection
Cette réélection matérialise le principal élément démocratique. C’est le dispositif qui permet aux électeurs d’influencer de manière indirecte le contenu des décisions.
La liberté de l'opinion publique
Pour B.Manin c'est la contrepartie de l'absence de révocation. Comporte une dimension négative (critiquer le gouvernement) et une dimension positive (informer le gouvernement de la volonté du peuple). Rappel du peuple-réel au peuple légal. Marcel Gauchet montre que cette liberté interdit la captation absolue du droit de parler par les représentants.
L'épreuve de la discussion
4e principe plutôt aristocratique. L'assemblée représente mais elle est aussi délibérante. Cette fiction est celle de la possibilité de produire au sein du parlement, à l’issue de la discussion parlementaire, un intérêt général supérieur susceptible d’être traduit en loi. Sieyès - Une délibération qui produit de la rationalité, du consentement, purge des passions. J-P Heurtin dans L’espace public parlementaire parle d’architecture morale à propos des choix faits à l’époque pour adopter notamment l’hémicycle perçu comme la solution optimale pour que chaque orateur puisse être vu de chacun. Cette délibération demande plusieurs caractéristiques - Elle doit être publique et engager des participants qui doivent pouvoir changer d'avis, et donc ne pas faire partie de groupes trop structurés.
La division du travail politique au principe du gouvernement représentatif
La professionnalisation de l'activité politique
Max Weber - Apparition d'individu qui vivent de et pour la politique. Transition d'une élite de notables amateurs à des professionnels et techniciens de la politique.
Certain flottement autour de la nature de cette activité et les compétences requises. On voit des compétences d'économie, d'éloquence, de communication mais le métier reste flou surtout qu'à toutes échelles, les professionnels peuvent s'appuyer sur des experts.
Christian Le Bart - Définit le métier politique comme un bricolage. 4 types d'activités principalement discursives :
La preuve de cette professionnalisation c'est les difficultés que les outsiders rencontrent à s'imposer dans la sphère politique quand ils viennent de la société civile.
Cette professionnalisation a 2 conséquences majeures sur les représentés pour D.Gaxie :
Le déni et le refoulement de la participation populaire
Le peuple comme énigme
Pierre Rosenvallon Le peuple introuvable. Peuple comme solution (souveraineté populaire devient la réponse à la question de la légitimité dans un monde sécularisé, sans dieu) et problème (réponse opaque, qu'est ce que le peuple ?).
Claude Lefort, L'invention démocratique. Moment historique de passage d’une représentation d’un pouvoir incarné par la figure monarchique à une représentation d’un pouvoir indéterminé. Cependant cette théorie de la représentation politique d'incarnation ne résolve pas tout, car cette figuration revendiquée par l'assemblée est aussi contestée par d'autres figurations du peuple. Opposition peuple des urnes ? Peuple de la rue. D'autres constructions politiques s'opposent comme mouvements ouvriers, syndicats, assos etc.
Le peuple comme objet de méfiance et de mépris
Pensée des élites : Irrationalité et incompétence du peuple. Au XXe s on observe une raréfaction de ce mépris. Joseph Schumpeter - Capitalisme, socialisme et démocratie (1942). De ce fait pour lui, la démocratie ne peut être que le régime au travers duquel des acteurs politiques se font élire par des citoyens incapables.
Lipset : Les catégories pop seraient moins raisonnables et soumis à la tentation de l'autoritarisme. Ainsi l'apathie des pops seraient une des conditions de l'ordre démocratique (car vu l'idée floue que les pops ont de la démocratie, si elle s'y intéressaient ce serait un carnage).
Crozier et Huntington : Ils disent que ce qui menace la stabilité et la gouvernabilité des démocraties, c’est l’excès des demandes exprimées par les citoyens. Dans cette conception systémique, une forte participation du peuple est dangereuse pour les élites. Cette réflexion renforce la vision d’une apathie fonctionnelle.
Pour Marcel Gaucher : le principe démocratique d’égalité amènerait les citoyens aujourd’hui à faire valoir leurs droits individuels ici et maintenant par tous les moyens, sans condition, au détriment de l’intérêt général. L’un des risques aujourd’hui serait l’impossibilité de construire l’intérêt général, dans ce contexte de fragmentation des intérêts particuliers ou de groupe : les individus auraient perdu le sens de l’unité et la responsabilité qui va avec.
Rancière s'oppose à cette idée conservatrice : Pour lui, la démocratie véritable à l’inverse est un régime dans lequel personne ne dispose d’un titre à gouverner, fût-il fondé sur la richesse ou le savoir, et dans lequel n’importe qui peut prendre la parole, et dans lequel chacun possède un titre égal à s’occuper des affaires communes.
Le peuple comme objet de surveillance, de contrôle et d'éducation
Dès le XVIIIe, surveillance de l'opinion, préoccupation du gouvernement d'anticiper les humeurs du peuple (sondages).
D. Reynié - Le triomphe de l'opinion - Il montre une différence entre la liberté de l’imprimé, de la presse, de l’écrit, largement reconnue parce qu’elle est le fait d’une élite et qu’elle ne provoque pas de risques réels de désordres, et la liberté de manifestation, de réunion, beaucoup plus sévèrement contrôlée.
Un budget important est concentré sur la problématique de "l'ordre démocratique".
Les principes constitutifs du gouvernement représentatif selon Bernard Manin
Manin insiste sur le caractère mixte du gouvernement représentatif = Traits aristocratiques et démocratiques.
4 principes fondamentaux qui régissent les relations gouvernants/gouvernés.
Autonomie relative des gouvernants
Représentant comme mandataire de confiance, libre de choix et de décision au cours de son mandat (Edmund Burke). Pour visualiser cette indépendance, on peut noter 2 mécanismes qui ont été écartés car trop menaçants pour l'indépendance du gouvernant.
La réitération de l'élection
Cette réélection matérialise le principal élément démocratique. C’est le dispositif qui permet aux électeurs d’influencer de manière indirecte le contenu des décisions.
La liberté de l'opinion publique
Pour B.Manin c'est la contrepartie de l'absence de révocation. Comporte une dimension négative (critiquer le gouvernement) et une dimension positive (informer le gouvernement de la volonté du peuple). Rappel du peuple-réel au peuple légal. Marcel Gauchet montre que cette liberté interdit la captation absolue du droit de parler par les représentants.
L'épreuve de la discussion
4e principe plutôt aristocratique. L'assemblée représente mais elle est aussi délibérante. Cette fiction est celle de la possibilité de produire au sein du parlement, à l’issue de la discussion parlementaire, un intérêt général supérieur susceptible d’être traduit en loi. Sieyès - Une délibération qui produit de la rationalité, du consentement, purge des passions. J-P Heurtin dans L’espace public parlementaire parle d’architecture morale à propos des choix faits à l’époque pour adopter notamment l’hémicycle perçu comme la solution optimale pour que chaque orateur puisse être vu de chacun. Cette délibération demande plusieurs caractéristiques - Elle doit être publique et engager des participants qui doivent pouvoir changer d'avis, et donc ne pas faire partie de groupes trop structurés.
La division du travail politique au principe du gouvernement représentatif
La professionnalisation de l'activité politique
Max Weber - Apparition d'individu qui vivent de et pour la politique. Transition d'une élite de notables amateurs à des professionnels et techniciens de la politique.
Certain flottement autour de la nature de cette activité et les compétences requises. On voit des compétences d'économie, d'éloquence, de communication mais le métier reste flou surtout qu'à toutes échelles, les professionnels peuvent s'appuyer sur des experts.
Christian Le Bart - Définit le métier politique comme un bricolage. 4 types d'activités principalement discursives :
La preuve de cette professionnalisation c'est les difficultés que les outsiders rencontrent à s'imposer dans la sphère politique quand ils viennent de la société civile.
Cette professionnalisation a 2 conséquences majeures sur les représentés pour D.Gaxie :
Le déni et le refoulement de la participation populaire
Le peuple comme énigme
Pierre Rosenvallon Le peuple introuvable. Peuple comme solution (souveraineté populaire devient la réponse à la question de la légitimité dans un monde sécularisé, sans dieu) et problème (réponse opaque, qu'est ce que le peuple ?).
Claude Lefort, L'invention démocratique. Moment historique de passage d’une représentation d’un pouvoir incarné par la figure monarchique à une représentation d’un pouvoir indéterminé. Cependant cette théorie de la représentation politique d'incarnation ne résolve pas tout, car cette figuration revendiquée par l'assemblée est aussi contestée par d'autres figurations du peuple. Opposition peuple des urnes ? Peuple de la rue. D'autres constructions politiques s'opposent comme mouvements ouvriers, syndicats, assos etc.
Le peuple comme objet de méfiance et de mépris
Pensée des élites : Irrationalité et incompétence du peuple. Au XXe s on observe une raréfaction de ce mépris. Joseph Schumpeter - Capitalisme, socialisme et démocratie (1942). De ce fait pour lui, la démocratie ne peut être que le régime au travers duquel des acteurs politiques se font élire par des citoyens incapables.
Lipset : Les catégories pop seraient moins raisonnables et soumis à la tentation de l'autoritarisme. Ainsi l'apathie des pops seraient une des conditions de l'ordre démocratique (car vu l'idée floue que les pops ont de la démocratie, si elle s'y intéressaient ce serait un carnage).
Crozier et Huntington : Ils disent que ce qui menace la stabilité et la gouvernabilité des démocraties, c’est l’excès des demandes exprimées par les citoyens. Dans cette conception systémique, une forte participation du peuple est dangereuse pour les élites. Cette réflexion renforce la vision d’une apathie fonctionnelle.
Pour Marcel Gaucher : le principe démocratique d’égalité amènerait les citoyens aujourd’hui à faire valoir leurs droits individuels ici et maintenant par tous les moyens, sans condition, au détriment de l’intérêt général. L’un des risques aujourd’hui serait l’impossibilité de construire l’intérêt général, dans ce contexte de fragmentation des intérêts particuliers ou de groupe : les individus auraient perdu le sens de l’unité et la responsabilité qui va avec.
Rancière s'oppose à cette idée conservatrice : Pour lui, la démocratie véritable à l’inverse est un régime dans lequel personne ne dispose d’un titre à gouverner, fût-il fondé sur la richesse ou le savoir, et dans lequel n’importe qui peut prendre la parole, et dans lequel chacun possède un titre égal à s’occuper des affaires communes.
Le peuple comme objet de surveillance, de contrôle et d'éducation
Dès le XVIIIe, surveillance de l'opinion, préoccupation du gouvernement d'anticiper les humeurs du peuple (sondages).
D. Reynié - Le triomphe de l'opinion - Il montre une différence entre la liberté de l’imprimé, de la presse, de l’écrit, largement reconnue parce qu’elle est le fait d’une élite et qu’elle ne provoque pas de risques réels de désordres, et la liberté de manifestation, de réunion, beaucoup plus sévèrement contrôlée.
Un budget important est concentré sur la problématique de "l'ordre démocratique".