1. Définition
Le budget vert, ou « budgétisation environnementale », est une démarche d’analyse budgétaire qui consiste à évaluer l’impact des dépenses et recettes publiques sur l’environnement, en particulier sur les objectifs de transition écologique. Il s’agit d’un outil d’aide à la décision qui vise à aligner l’action publique avec les engagements climatiques, en rendant visible la contribution des politiques budgétaires aux enjeux environnementaux.
2. Origine et cadre de référence
- Inspiré de pratiques internationales (OCDE, ONU, France Stratégie…).
- Introduit en France par la loi de finances pour 2021 pour l’État (premier « rapport sur l’impact environnemental du budget de l’État »).
- Recommandé pour les collectivités territoriales par la Circulaire du 27 mars 2023 (Ministère de la Transition écologique et Bercy).
- S’inscrit dans les objectifs de développement durable (ODD), l’Accord de Paris et les exigences européennes de reporting durable (CSRD).
3. Objectifs
- Mesurer l’impact environnemental du budget.
- Orienter les choix budgétaires vers des politiques favorables à la transition écologique.
- Évaluer la cohérence des politiques publiques avec les engagements climatiques.
- Renforcer la transparence, la responsabilité et l’acceptabilité des dépenses publiques.
- Sensibiliser les décideurs et les citoyens aux enjeux environnementaux des choix budgétaires.
4. Méthodologie
La méthode du budget vert repose sur une classification environnementale des dépenses selon leur impact :
- Favorable : contribue positivement à un ou plusieurs objectifs environnementaux.
- Neutre : pas d’impact significatif.
- Défavorable : impact négatif sur l’environnement.
Elle s’appuie souvent sur 6 objectifs environnementaux :
- Lutte contre le changement climatique
- Adaptation au changement climatique
- Gestion durable de l’eau
- Économie circulaire, déchets
- Prévention des pollutions
- Biodiversité et milieux naturels
Certaines démarches vont plus loin avec une notation graduée (positif fort, positif modéré, neutre, négatif modéré, négatif fort).
5. Mise en œuvre dans les collectivités
- Volontaire mais fortement encouragée pour les collectivités engagées dans la transition écologique.
- Peut s’appuyer sur des outils comme le référentiel CEREMA, les guides de l’ADEME ou de l’OFGL.
- Requiert un travail transversal entre services financiers, techniques, développement durable.
- Nécessite un portage politique et administratif fort pour sa réussite.
6. Intérêts et apports
- Pilotage stratégique de la transition écologique locale.
- Amélioration du dialogue budgétaire et de la cohérence des politiques.
- Renforcement de la redevabilité démocratique.
- Mobilisation des financements européens ou nationaux (ex : CRTE, fonds verts).
7. Limites et défis
- Méthodologie encore perfectible (choix des critères, subjectivité).
- Charge de travail importante, notamment en première mise en œuvre.
- Risque d’effet vitrine sans véritable transformation des choix budgétaires.
- Manque d’indicateurs consolidés pour l’évaluation de l’impact réel.
8. Exemples concrets
- État français : budget vert depuis 2021, actualisé chaque année avec une cartographie de plus de 600 programmes.
- Ville de Paris : budget écologique dès 2020, communication pédagogique au conseil municipal.
- Métropole de Lyon : méthode inspirée du Green Budgeting OCDE, intégrée dans les décisions de subvention.
9. Perspectives
- Généralisation progressive à toutes les collectivités (exigences européennes à venir).
- Intégration possible dans la notation extra-financière des territoires.
- Articulation avec les autres outils de transition : budgets sensibles au genre, budgets participatifs verts, planification écologique territoriale.