Déçu par le comportement de Napoléon Bonaparte, lequel, de libérateur des peuples s'est mué en despote en se couronnant empereur, barra la dédicace de sa troisième symphonie dédiée originellement à Bonaparte et la dédia finalement "à la mémoire d'un grand homme", syntagme imprégné d'amertume et d'ironie. En octobre 1813, Beethoven composa une oeuvre certes mineure, "la Victoire de Wellington", pour célébrer la victoire du général anglais Wellington sur les Français à la bataille de Vitoria en Espagne, le 21 juin 1813, bataille marquant quasiment la fin de la guerre d'indépendance espagnole.
Ludwig van Beethoven (compositeur allemand, 1770-1827)
Daniel-François-Esprit Auber (compositeur français, 1782-1871)
Le 25 août 1830, l'opéra révolutionnaire La muette de Portici d'Auber est joué à La Monnaie de Bruxelles, mais rien ne se passe comme prévu. Cette soirée d'opéra marque le point de départ d'une révolution et de l'indépendance de la Belgique. Guillaume Ier d'Orange-Nassau, roi des Pays-Bas et grand-duc du Luxembourg, décide de célébrer son 59e anniversaire en offrant à son peuple une représentation de La muette de Portici d'Auber. Le contexte politique est tendu dans les provinces du sud du Royaume, dont Bruxelles est l'une des grandes cités. Elles se sentent défavorisées par rapport aux provinces du nord et demandent plus de reconnaissance face à la domination néerlandaise. Ainsi, lorsque le public du Théâtre de la Monnaie de Bruxelles entend Masaniello et son ami Pietro, héros de l'opéra, engager la révolte de peuple napolitain contre le vice-roi d'Espagne et chanter « Mieux vaut mourir que rester misérable ! Amour sacré de la patrie, rend-nous l'audace et la fierté ; à mon pays je dois la vie, il me devra sa liberté ! », la situation dérape. Les spectateurs reprennent en choeur les vers, ils se lèvent au cri de « Vive la liberté ! », « Aux armes ! » et sont rejoints par une foule en colère. Pillages, incendies... Les troubles de la nuit du 25 août vont se poursuivre, s'intensifier, menant vers une solution diplomatique et l'indépendance de la Belgique, le 4 octobre 1830.
Jacques Offenbach (compositeur allemand naturalisé français, 1819-1880)
Orphée aux Enfers d'Offenbach, c'est l'histoire d'un couple qui bat de l'aile ou plutôt des deux. D'un côté, Eurydice drague le berger Aristée, pendant que son mari Orphée drague les Nymphes en jouant un délicieux concerto pour violon d'1h15 (de sa composition). Un concerto que sa femme a du mal à apprecier à sa juste valeur. Eurydice meurt. Quel bonheur ! pense le mari débarrassé. Mais l'Opinion Publique - le regard des autres - l'oblige à partir récupérer sa femme en décrétant que ça ne peut pas se passer comme ça. C'est dans les Enfers que se trouve Eurydice, enlevée par Pluton, et c'est là que Jupiter en personne va tenter de la récupérer pour sa propre consommation, métamorphosé en mouche. Jupiter trop content cela dit de quitter l'Olympe où il devait faire face à un mouvement de grogne syndical. Soulèvement des dieux contre Papa Piter ! Ras-le-bol général des dieux face au régime de nectar et d'ambroisie. À cette époque, son oeuvre est considérée aussi bien comme une moquerie de la fascination du peuple pour la mythologie grecque que comme une satire politique voilée contre Napoléon III et son régime.
La vie parisienne d'Offenbach se moque, quant à elle, de la société du Second Empire, des enrichissements et des fortunes gagnées grâce à la spéculation immobilière ou boursière, société du plaisir de la "fête impériale" come l'on disait à l'époque. "Du plaisir à en perdre haleine", voilà la satire des élites de l'argent du Second Empire, entre argent facile, bêtise et immoralisme.
Giuseppe Verdi (compositeur italien, 1813-1901)
Le choeur des esclaves dans l'opéra Nabucco de Verdi, créé en 1842, est la complainte des Hébreux prisonniers à Babylone du roi Nabucco (Nabuchodonosor). Ce fut interprété par les partisans du Risorgimento comme étant la métaphore du peuple italien oppimé par l'occupation autrichienne (dans le nord de l'Italie, c'est-à-dire en Lombardie et en Vénétie).
Richard Wagner (compositeur allemand, 1813-1883)
L'opéra Tannhaüser fut représenté à Paris en 1861, provoquant un chahut indescriptible du public, en particulier des membres du jockey-club n'acceptant pas l'absence du ballet au second acte. L'oeuvre fut finalement retirée de l'affiche, témoignant du philistinisme du bourgois secondo-impérial.
Jules Dalou (sculpteur français, 1838-1902)
Artiste ayant commencé sa carrière sous le Second Empire, ayant participé à la Commune de Paris, contraint à l'exil, il part pour Londres et, finalement, à la faveur de l'amnistie des communards en 1879, Jean Dalou rentre en France. La ville de Paris en profite pour lui commander son oeuvre la plus célèbre Le triomphe de la République, à l'esthétique révolutionnaire. L'oeuvre trône dans le jardin de Marianne, au centre de la place de la Nation, à Paris.
Claude Joseph Rouget de Lisle (officier français, 1760-1836)
Compositeur de la Marseillaise, le chant de l'armée du Rhin, composé en 1792 dans le cadre de la guerre menée contre l'Autriche depuis avril 1792. La Marseillaise est à la fois un chant de guerre révolutionnaire, une exhortation à se battre contre les ennemis de la patrie ainsi qu'un hymne à la liberté et un appel à lutter contre les tyrans. Dans ces conditions, la Marseillaise est désignée chant national le 14 juillet 1795 par un décret de la Convention thermidorienne (désignée ainsi après la chute de l'Incorruptible le 9 thermidor an II). Elle le resta jusqu'à l'instauration de l'Empire en 1804, Napoléon lui préférant le Chant du départ. La Marseillaise, interdite sous la Restauration, fut entonnée à nouveau par les révolutionnaires lors des Trois Glorieuses fin juillet 1830. À l'occasion elle fut l'objet d'une nouvelle orchestration par le compositeur Hector Berlioz, ce dernier la dédiant à Rouget de Lisle. Cependant, Louis-Philippe lui préfère un chant plus modéré, La Parisienne. La Marseillaise est à nouveau interdite sous le Second Empire. Finalement, le 14 février 1879, le régime tertio-républicain décide d'en faire une nouvelle fois l'hymne national. Enfin, le 14 juillet 1915, les cendres de Rouget de Lisle sont transférées aux Invalides à Paris.