Antoine Caron, originaire de Beauvais, est né en 1521 et mort en 1599. C’est l’un des artistes français les plus importants de cette époque. Il a travaillé sur le chantier de Fontainebleau en intégrant les équipes bellifontaines, de Primatice, de Rosso Fiorentino. Le nom de Caron apparaît dans les années 1560, dans les comptes des bâtiments du roi. Ces documents mentionnent le chantier de Fontainebleau qui est alors sous le contrôle de Primatice puis de Nicolo dell Abate. Durant les années 1550, Antoine Caron est le peintre de Diane de Poitier, qui est en train de réaménager le château d’Anet, dans lequel Caron travaille. Après 1550, Caron s’installe à Paris. En 1569, il travaille aux décors éphémères réalisés pour l’entrée à Paris du roi Charles IX, qui n’a finalement pas eu lieu. Mentionné comme peintre et enlumineur du roi, il participe aussi à l’entrée du futur Henri IV et de Marguerite de Valois.
La vie d'Antoine Caron
Œuvres principales
1. Antoine Caron, Frontispice de "L'Histoire de notre temps", encre noire à la plume, lavis et pierre noire, entre 1560 et 1574, Paris, Musée du Louvre.
Dans la partie centrale du dessin, on voit Catherine de Médicis et Henri II. Ce sont des portraits ressemblants, avec une ressemblance indéniable concernant leurs visages. Ce ne sont pas des portraits d’après nature, mais des réemplois de dessins de Clouet, modèle par excellence. Ce dessin, conservé au département des arts graphiques du Louvre, fait partie de l'album intitulé L'Histoire Française de notre temps, un recueil de dessins réalisés par Antoine Caron et d’autres artistes. Il est question des rois de France, mais l'expression "notre temps" se réfère au règne des Valois, notamment celui de Charles IX, bien que cette entreprise se soit prolongée au-delà de son époque.
Ces deux portraits sont des réemplois, car en observant le dessin au département des arts graphiques du Louvre, on remarque que les visages ont été collés sur la feuille. On distingue un dessin sous-jacent, montrant des visages plus idéalisés, moins précis que ceux du dessin final. Caron a utilisé le célèbre portrait de Clouet de la reine Catherine, réalisé juste après la mort d'Henri II, pour établir l’image de la reine veuve. Dans le dessin de Caron, Catherine ne porte pas la même robe que dans l'original, mais plutôt l’habit traditionnel de la reine de France, une robe portée généralement lors du mariage royal. Cette robe se compose d’un surcot d’hermine et d’un manteau de velours bleu ou violet, doublé d’hermine, parsemé de fleurs de lys. C’est l’accoutrement officiel de la reine. Nous avons déjà vu cette robe dans l’émail de Léonard Limosin, qui permet de mieux apprécier les couleurs. Ce modèle de robe apparaît également sur la partie supérieure du tombeau de Catherine et Henri II, où les deux souverains sont représentés en prière. Ce tombeau suit une typologie caractéristique française.
Pour Henri II, Caron s’est inspiré d’un portrait du roi par Clouet, mais le modèle est une gravure d’Étienne Delaune (Henri II, 1559), conservée au département des arts graphiques et de la photographie de la BNF. Ce procédé consistant à utiliser des modèles, souvent des gravures, qui reprennent les originaux de Clouet, permet une diffusion plus large et plus pratique de l’image.
Dans la composition du dessin, le couple tient un flambeau d'où sort une flamme, symbole de l’amour, ainsi qu’une corne d’abondance représentant la fertilité de la reine. Après dix ans de stérilité, Catherine de Médicis donne à Henri II dix ans de descendance, assurant la continuité de la lignée royale. Son amour pour le roi garantit l’avenir de la couronne de France. Dans le dessin, on peut voir l'initiale d'Henri, le "H", couronné par une couronne impériale. Des branches de laurier traversent le "H", laurier utilisé par les Césars et associé à Apollon, plante toujours verte, symbolisant l'immortalité et le pouvoir. De l’autre côté, on reconnaît la devise de Catherine, l’arc-en-ciel, et de part et d’autre, les deux "C", surmontés de la couronne impériale. En haut, on voit le blason de France, à droite, il se fusionne avec celui des Médicis pour marquer l'appartenance de la reine à la famille Médicis. Le "H" d'Henri II apparaît fréquemment, rappelant que les emblèmes, comme l’arc-en-ciel, sont omniprésents, même dans la cour carrée, où le "H" et les branches de laurier sont également visibles.
2. Antoine Caron, La Flagellation du Christ, encre brune et lavis, vers 1550, Musée du Louvre.
Avant de rejoindre le chantier de Fontainebleau, il a travaillé dans sa ville natale, Beauvais, où il a réalisé des peintures religieuses, telles que la Flagellation du Christ. Il a aussi conçu des dessins pour des vitraux. Peu d'œuvres ou de traces de cette période subsistent, car les églises dans lesquelles Caron a travaillé ont été détruites au XVIIIe siècle. Le style de Caron et celui des artistes maniéristes bellifontains sont proches, ce qui complique l’attribution des dessins. Certains de ses dessins présentent des similarités avec ceux de Baptiste Pellerin, ce qui entraîne des problèmes d’attribution.
3. Antoine Caron, La Résurrection du Christ, huile sur bois, après 1550, Musée de l’Oise à Beauvais.