I. Réquisitoire contre la civilisation européenne : une impasse morale
Dans un premier temps, Aimé Césaire établit un diagnostic sévère de la civilisation européenne en utilisant un ton didactique pour dénoncer son hypocrisie et son incapacité à assumer les conséquences de la colonisation.
Un début didactique pour convaincre :
Triple parallélisme : "Une civilisation qui..." → Structure répétitive qui insiste sur trois défauts majeurs : l’incapacité, l’aveuglement, et la malhonnêteté morale.
Vocabulaire dépréciatif : "décadente", "atteinte", "moribonde" → Insistance sur l’idée d’un déclin irréversible.
PB1: impuissance de la civilisation à guérir les maux qu’elle a produits.
PB2: hypocrisie, lâcheté morale de cette civilisation à travers l’expression “fermer les yeux" -> faire face au pb.
PB3: ordre moral. Le terme “ruse” met en lumière la malhonnêteté -> eu suit pas principes.
Une critique de l’hypocrisie coloniale :
Antithèse : "Résoudre" / "problèmes" → incapacité de l’Eu à réparer les injustices qu’elle a créées.
Métaphore du procès : "Déférée à la barre" → Fait imaginer l’Eu comme un accusé devant répondre de ses crimes.
Fin = condamnation en bonne et due forme d’une Eu fautive : “impuissante à se justifier” prouve sa culpabilité. Il n’y a désormais plus d’échappatoire possible, l’Eu doit se confronter au mal qu’elle a commis.
Personnification Eu : “a donné naissance” -> 2 montres qu’elle est désormais incapable de contrôler, d’éduquer. Le procédé dévoile l’engagement de Césaire qui en tant que fervent militant décolonial, figure de proue de la “négritude” s’est élevé contre les mensonges de la colonisation, mais qui a aussi défendu les classes laborieuses, d’où les deux problèmes identifiés.
énonciation : “la civilisation EU est [...] incapable de résoudre les deux problèmes majeurs auxquels sont existence a donné naissance” = phrase complexe -> idée princ. proposition subordonnée corrélative à valeur consécutive “d’autant… qu’elle a…” = réflexion de qualité.
II. La réfutation colonisation = civilisation
Dans cette deuxième partie, Césaire démonte l’argument central des défenseurs de la colonisation, selon lequel elle aurait apporté la civilisation aux peuples colonisés.
Une remise en cause radicale :
Question rhétorique lapidaire : « Colonisation et civilisation ? » → Remet immédiatement en cause cette équivalence.
réf : discours de Jules Ferry, Chambre des députés le 6 juin 1889 = "ont le devoir de civiliser les races inférieures"
Avertissement au lecteur : « Être la dupe de bonne foi » → Mise en garde contre les manipulations idéologiques.
"malédiction" = latin “maledictio” (=”mal dire qqch”, “dire du mal de qqn ou qqch”). Dire colonisation = civilisation -> ne pas maîtriser le sens des mots et à confondre deux processus qui n’ont rien en partage.
Définition négative de la colonisation :
Enumération négative : « Ni évangélisation, ni entreprise philanthropique… » → Rejette catégoriquement les justifications humanistes de la colonisation.
Guide moral = Césair, un conseiller qui nous souffle quelques recommandations. énumération + parallélisme "voir clair, penser clair [...] répondre clair"
Champs lexical du profit : « Aventurier », « pirate », « épicier », « marchand » → Montre les véritables motivations économiques et égoïstes des colonisateurs.
Déf négative :
-énumération avec conj de coor - : “ni…” réfutation. intérêt religieux, entreprise humaniste X ; l'inverse O.
-les acteurs de la colonisation: “marchand” “épicier”, “armateur”, tous tirant profit de la négoce des biens volé sur les terres colonisées.
-choix termes, le polyptote “maléfique” // “malédiction”. colonisation = processus corrompu = sacrifices horrifiques, fin tragique.
-Les derniers mots de l’auteur condamnent en forme de coup de semonce la mondialisation, processus dérivé de la colonisation et dénonçant l’empire européen ayant par là-même décivilisé le monde.
Ouverture :
Ce discours reste d’actualité en interrogeant les héritages contemporains du colonialisme, comme les inégalités économiques et culturelles persistantes.