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Post-Bac

AHC : 61 - Mobilisation économique en temps de guerre 1914-1918

1. Un nouveau rôle des États


L’entrée en guerre de 1914 marque une rupture majeure dans divers domaines, notamment sur le plan économique. Cette rupture se traduit par une nouvelle conception du rôle de l’État dans la régulation de l’économie en temps de guerre. La Première Guerre mondiale, en tant que conflit industriel et industrialisé, met l’ensemble de l’industrie au service de l’effort de guerre, incluant les transports et l’industrie militaire, avec des besoins croissants en ressources comme le pétrole.

Lors de la bataille de Verdun, par exemple, 60 millions d’obus furent tirés, tandis qu’environ un milliard d’obus furent utilisés sur l’ensemble de la guerre.

Au XIXe siècle, le principe du "laissez-faire" prévalait dans les pays industrialisés. Cependant, dès l’été 1914, la mobilisation totale des sociétés pour l’effort de guerre remet en question cette doctrine. Les États mettent en place une économie de guerre, entièrement tournée vers le conflit et supervisée par l’État.

Cela se traduit par plusieurs mesures :

  • Commandes publiques massives : Les États passent des commandes aux entreprises pour alimenter l’effort de guerre.
  • Organisation du marché du travail : Une entrée massive de nouvelles catégories de travailleurs, notamment les femmes, se fait sentir. Les États organisent également une migration de travailleurs, en faisant appel à la main-d’œuvre coloniale, comme en témoignent les 140 000 Chinois travaillant en France. Cependant, ces travailleurs étaient souvent assignés à des tâches dangereuses ou ingrates, reflétant les inégalités raciales de l’époque.
  • Régulation du travail : Le temps de travail légal est allongé pour garantir le fonctionnement des usines. En France, une loi adoptée le 1er juillet 1916 impose une contribution extraordinaire sur les bénéfices réalisés depuis le 1er août 1914.
  • Intervention en Angleterre : Même l’Angleterre, réputée libérale, contrôle son économie. En 1915, deux lois sont votées concernant l’enregistrement des travailleurs et le contrôle des mouvements de main-d’œuvre.

À noter que les États mettent en place des mécanismes de propagande économique pour inciter la population à soutenir l’effort de guerre, notamment via des campagnes de souscription aux emprunts de guerre.

2. Le commerce international en berne


L’éclatement du conflit entraîne la sortie de l’étalon-or dès 1914, ce qui perturbe considérablement le commerce international. Cependant, cette sortie n’est pas uniforme. Par exemple, le Royaume-Uni conserve un lien indirect avec l’étalon-or tout au long de la guerre, garantissant une certaine stabilité de sa monnaie.

Les graphiques montrent l’évolution du commerce extérieur français (importations et exportations) de 1900 à 1938, mettant en évidence les effets de la guerre selon les relations entre les pays.

Le cas de l’Allemagne illustre ces restrictions commerciales de manière dramatique. Dès le début du conflit, le pays subit un blocus imposé par la marine britannique. Ce blocus, en plus d'affaiblir son économie, entraîne des famines, notamment pendant l'"hiver des navets" (1916-1917).

  • Montant des exportations des États-Unis vers l'Allemagne :
  • Août 1913 - septembre 1914 : 90,7 millions de dollars
  • Août 1914 - septembre 1915 : 5,8 millions de dollars

En 1918, les importations allemandes ne représentent plus que :

  • 1/5e du volume d’avant août 1914
  • 39 % du montant d’avant août 1914

Avec 10 à 20 % des denrées alimentaires importées en 1914, dont certaines provenaient des colonies françaises et britanniques ou de la Russie (céréales), des pénuries alimentaires sévères émergent, notamment en 1918.

3. Le coût de la guerre et les emprunts


La guerre engendre des coûts colossaux.

Estimation du coût total :

  • Pertes directes : 180 à 230 milliards de dollars (valeur 1915)
  • Pertes économiques : 150 milliards de dollars (valeur 1914)

Dettes publiques :

  • Pour la France : 33 milliards de francs en 1914, 154 milliards en 1918
  • Pour l’Allemagne : 5 milliards de marks en 1914, 140 milliards en 1918

Pour financer ces dépenses, les États instaurent de nouveaux impôts, notamment l’impôt sur le revenu. Ils recourent également à la planche à billets, engendrant une forte inflation. Bien que l’inflation soit initialement jugée secondaire, elle engendre des bouleversements économiques importants, notamment en Allemagne où elle contribue à l’hyperinflation des années 1920.

Les États mettent surtout en place des systèmes d’emprunts, aussi bien auprès de leur population qu’auprès des pays alliés.

Pour la Triple Entente, entre 1914 et 1918 :

  • 16 milliards de dollars empruntés, dont :
  • 7 milliards de dollars auprès des États-Unis
  • 6,7 milliards de dollars auprès de la Grande-Bretagne
  • 2,2 milliards de dollars auprès de la France

Les campagnes de souscription aux emprunts de guerre, appuyées par une propagande intense, ont permis de mobiliser largement les populations civiles.

4. Conséquences démographiques et géopolitiques


La guerre a un coût humain considérable : environ 20 millions de morts, principalement européens. Les civils, en particulier, subissent les conséquences des famines, des épidémies (notamment la grippe espagnole en 1918-1919) et des destructions liées aux combats.

En termes géopolitiques, la guerre redessine les équilibres mondiaux. À la fin de 1918, les États-Unis émergent comme première puissance économique et financière mondiale, bien que leur influence politique globale se consolide véritablement après la Seconde Guerre mondiale.

Enfin, les efforts de reconstruction après 1918, notamment en France et en Belgique, exigent des ressources importantes et s’appuient largement sur les réparations imposées à l’Allemagne par le traité de Versailles. Cela alimente des tensions internationales qui culminent dans la Seconde Guerre mondiale.



Post-Bac

AHC : 61 - Mobilisation économique en temps de guerre 1914-1918

1. Un nouveau rôle des États


L’entrée en guerre de 1914 marque une rupture majeure dans divers domaines, notamment sur le plan économique. Cette rupture se traduit par une nouvelle conception du rôle de l’État dans la régulation de l’économie en temps de guerre. La Première Guerre mondiale, en tant que conflit industriel et industrialisé, met l’ensemble de l’industrie au service de l’effort de guerre, incluant les transports et l’industrie militaire, avec des besoins croissants en ressources comme le pétrole.

Lors de la bataille de Verdun, par exemple, 60 millions d’obus furent tirés, tandis qu’environ un milliard d’obus furent utilisés sur l’ensemble de la guerre.

Au XIXe siècle, le principe du "laissez-faire" prévalait dans les pays industrialisés. Cependant, dès l’été 1914, la mobilisation totale des sociétés pour l’effort de guerre remet en question cette doctrine. Les États mettent en place une économie de guerre, entièrement tournée vers le conflit et supervisée par l’État.

Cela se traduit par plusieurs mesures :

  • Commandes publiques massives : Les États passent des commandes aux entreprises pour alimenter l’effort de guerre.
  • Organisation du marché du travail : Une entrée massive de nouvelles catégories de travailleurs, notamment les femmes, se fait sentir. Les États organisent également une migration de travailleurs, en faisant appel à la main-d’œuvre coloniale, comme en témoignent les 140 000 Chinois travaillant en France. Cependant, ces travailleurs étaient souvent assignés à des tâches dangereuses ou ingrates, reflétant les inégalités raciales de l’époque.
  • Régulation du travail : Le temps de travail légal est allongé pour garantir le fonctionnement des usines. En France, une loi adoptée le 1er juillet 1916 impose une contribution extraordinaire sur les bénéfices réalisés depuis le 1er août 1914.
  • Intervention en Angleterre : Même l’Angleterre, réputée libérale, contrôle son économie. En 1915, deux lois sont votées concernant l’enregistrement des travailleurs et le contrôle des mouvements de main-d’œuvre.

À noter que les États mettent en place des mécanismes de propagande économique pour inciter la population à soutenir l’effort de guerre, notamment via des campagnes de souscription aux emprunts de guerre.

2. Le commerce international en berne


L’éclatement du conflit entraîne la sortie de l’étalon-or dès 1914, ce qui perturbe considérablement le commerce international. Cependant, cette sortie n’est pas uniforme. Par exemple, le Royaume-Uni conserve un lien indirect avec l’étalon-or tout au long de la guerre, garantissant une certaine stabilité de sa monnaie.

Les graphiques montrent l’évolution du commerce extérieur français (importations et exportations) de 1900 à 1938, mettant en évidence les effets de la guerre selon les relations entre les pays.

Le cas de l’Allemagne illustre ces restrictions commerciales de manière dramatique. Dès le début du conflit, le pays subit un blocus imposé par la marine britannique. Ce blocus, en plus d'affaiblir son économie, entraîne des famines, notamment pendant l'"hiver des navets" (1916-1917).

  • Montant des exportations des États-Unis vers l'Allemagne :
  • Août 1913 - septembre 1914 : 90,7 millions de dollars
  • Août 1914 - septembre 1915 : 5,8 millions de dollars

En 1918, les importations allemandes ne représentent plus que :

  • 1/5e du volume d’avant août 1914
  • 39 % du montant d’avant août 1914

Avec 10 à 20 % des denrées alimentaires importées en 1914, dont certaines provenaient des colonies françaises et britanniques ou de la Russie (céréales), des pénuries alimentaires sévères émergent, notamment en 1918.

3. Le coût de la guerre et les emprunts


La guerre engendre des coûts colossaux.

Estimation du coût total :

  • Pertes directes : 180 à 230 milliards de dollars (valeur 1915)
  • Pertes économiques : 150 milliards de dollars (valeur 1914)

Dettes publiques :

  • Pour la France : 33 milliards de francs en 1914, 154 milliards en 1918
  • Pour l’Allemagne : 5 milliards de marks en 1914, 140 milliards en 1918

Pour financer ces dépenses, les États instaurent de nouveaux impôts, notamment l’impôt sur le revenu. Ils recourent également à la planche à billets, engendrant une forte inflation. Bien que l’inflation soit initialement jugée secondaire, elle engendre des bouleversements économiques importants, notamment en Allemagne où elle contribue à l’hyperinflation des années 1920.

Les États mettent surtout en place des systèmes d’emprunts, aussi bien auprès de leur population qu’auprès des pays alliés.

Pour la Triple Entente, entre 1914 et 1918 :

  • 16 milliards de dollars empruntés, dont :
  • 7 milliards de dollars auprès des États-Unis
  • 6,7 milliards de dollars auprès de la Grande-Bretagne
  • 2,2 milliards de dollars auprès de la France

Les campagnes de souscription aux emprunts de guerre, appuyées par une propagande intense, ont permis de mobiliser largement les populations civiles.

4. Conséquences démographiques et géopolitiques


La guerre a un coût humain considérable : environ 20 millions de morts, principalement européens. Les civils, en particulier, subissent les conséquences des famines, des épidémies (notamment la grippe espagnole en 1918-1919) et des destructions liées aux combats.

En termes géopolitiques, la guerre redessine les équilibres mondiaux. À la fin de 1918, les États-Unis émergent comme première puissance économique et financière mondiale, bien que leur influence politique globale se consolide véritablement après la Seconde Guerre mondiale.

Enfin, les efforts de reconstruction après 1918, notamment en France et en Belgique, exigent des ressources importantes et s’appuient largement sur les réparations imposées à l’Allemagne par le traité de Versailles. Cela alimente des tensions internationales qui culminent dans la Seconde Guerre mondiale.



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