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Lycée
Première

text 1 Le portrait de melle de chartres

fr

 La Princesse de Clèves paraît, anonymement, en 1678. On peut, pourtant, considérer que Mme de Lafayette en est l’auteur. Si elle ne l’affirmera jamais publiquement, elle avouera, à demi-mots, l’avoir écrit dans une lettre. Lorsque le texte paraît, elle est proche du groupe de Port-Royal, haut lieu du jansénisme qui véhicule une vision pessimiste de l’être humain et souligne que personne ne peut trouver le salut sans la grâce de Dieu. L’amour est envisagé comme une force dévastatrice, signe de la défaite de la raison. Mme de Chartres, mère de la princesse de Clèves, enseigne à sa fille les dangers de la passion mais celle-ci, nourrissant estime et respect pour son mari, M de Clèves, va être déstabilisée par les sentiments que lui inspire le duc de Nemours. Le roman, qui s’est ouvert sur un tableau de la Cour d’Henri II, voit apparaître un être d’exception, Mlle de Chartres, future princesse de Clèves. Néanmoins, la place centrale de cet extrait n’est pas occupée par le portrait de l’héroïne mais par l’éducation menée par Mme de Chartres.

Ainsi, la lecture du texte nous invite à nous demander en quoi l’éducation vertueuse voulue par Mme de Chartres va déterminer la suite du roman.

Pour répondre à cette question, nous étudierons le texte selon trois mouvements : l’apparition de Mlle de Chartres de la ligne 1 à 4, l’éducation de Mme de Chartres de la ligne 4 à 17 et enfin le retour au premier plan de la future princesse de Clèves de la ligne 18 à 24.

I/ L’apparition de Mlle de Chartres (l 1 à 4)

Chose surprenante, le nom de l’héroïne ne figure pas en ouverture du portrait qui commence par une sorte d’énigme, par une formule qui rappelle celle des contes de fées : « Il parut alors une beauté à la cour » (l 1) Il y a un effet d’attente voulu par la narratrice. En effet, la périphrase : « une beauté » demeure vague et incertaine. Il n’en demeure pas moins que l’adverbe : « alors » traduit le bouleversement que constitue l’apparition de cette inconnue à la Cour. Elle se révèle être un personnage exceptionnel dans la mesure où elle suscite l’attention dans un lieu où règne la beauté comme l’indique l’hyperbole : « attira les yeux de tout le monde » (l 1) Il est vrai que le lecteur, à l’image des courtisans, est intrigué voire subjugué par celle que, Mme de Lafayette décide, une fois encore, de désigner par une périphrase : « une beauté parfaite » (l 2) Nous pouvons noter que la perfection physique du personnage est suggérée par le champ lexical de la magnificence qui rythme les premières lignes de ce portrait : « parfaite », « admiration » (l 2), « belles personnes » (l 3). Son anonymat est indirectement levé à la ligne 3 : « Elle était de la même maison que le vidame de Chartres » mais elle continue à ne pas être explicitement nommée. S’ajoute à l’incroyable beauté de Mlle de Chartres, le prestige de sa naissance comme l’indique le superlatif : « une des plus grandes héritières de France » (l 3-4) Pourtant, le lecteur ne parvient pas à imaginer concrètement l’héroïne. Elle est, de la sorte, idéalisée. Alors qu’il s’attend à ce que la narratrice lui livre plus de détails à son propos, c’est le personnage de Mme de Chartres et l’éducation que sa fille a reçue qui va occuper l’essentiel du paragraphe.

II/ L’éducation de Mme de Chartres (l 4 à 17)

Le rythme ternaire : « le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires » (l 5) ainsi que l’adjectif : « extraordinaires » peignent Mme de Chartres comme une mère exceptionnelle. Initiative extrêmement originale au XVIIème siècle, elle s’est retirée de la Cour pour éduquer sa fille. Son enseignement est présenté comme idéal car complet en témoigne les deux rythmes binaires : « elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté ; elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. » (l 7-8) La narratrice, très discrète, intervient, toutefois, au détour d’une phrase. Effectivement, l’utilisation du présent de vérité générale laisse deviner un jugement critique à propos de l’éducation traditionnelle : « La plupart des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner. » (l 8-9) Selon Mme de Chartres mais aussi Mme de Lafayette, il est primordial d’évoquer le thème de l’amour si l’on désire en montrer le danger. L’accent est mis sur la singularité de cet enseignement via le groupe nominal : « une opinion opposée » (l 10) Il est vrai que Mme de Chartres se distingue des autres mères et fait reposer son éducation sur le ressassement des conseils comme le révèle l’imparfait de répétition, temps dominant du passage : « elle faisait souvent » (l 10), « elle lui montrait », (l 11), « elle lui en apprenait » (l 11), « elle lui contait » (l 12). Pour que sa fille s’imprègne de cette vision pessimiste de l’amour, elle semble reprendre, sans cesse, la même conversation. Elle fait en sorte de présenter les plaisirs de la passion, ce que nous remarquons grâce à la proposition principale : « elle lui montrait ce qu’il a d’agréable » (l 10-11) pour rendre plus frappants les dangers qu’elle entraîne grâce à la proposition subordonnée de but : « pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui en apprenait de dangereux » (l 11-12) En outre, elle propose un portrait dévalorisant des hommes en ayant recours à une énumération : « elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité » (l 12) Elle oppose aux vices masculins la vertu féminine. Celle-ci offre la « tranquillité », le substantif est visible à la ligne 14, et se présente comme la clé du bonheur. Effectivement, le champ lexical de la noblesse : « éclat », « élévation » (l 14), « beauté », « naissance » (l 15) révèle tous les bienfaits de la vertu. Nous pouvons remarquer que Mme de Chartres est le seul personnage dont on entend les paroles dans le passage grâce à l’utilisation du discours indirect de la ligne 14 à la ligne 18 : « elle lui faisait voir quelle tranquillité … et combien … » Ces deux interrogatives indirectes traduisent l’importance de la cette mère dans la vie de sa fille. Mais si Mme de Chartres la met en contre les hommes et l’amour, elle lui dit de se méfier également d’elle-même : « par une extrême défiance de soi-même » (l 16) Un seul amour est permis : l’amour conjugal, qu’il faut bien distinguer de la passion, et qui permettra à Mlle de Chartres d’être heureuse : « aimer son mari et en être aimée » (l 17)

III/ Le retour au premier plan de la future princesse (l 18 à 24)

Après avoir vanté l’éducation de Mme de Chartres, la narratrice porte à nouveau son regard sur l’héroïne qui revient au premier plan. Le superlatif : « Cette héritière était alors un des grands partis qu’il y eût en France » (l 18) met en exergue, une fois encore, le caractère exceptionnel de la future princesse. Les motivations de sa mère sont clairement exposées : elle est à la recherche d’un parti pour sa fille expliquant son retour à la Cour. Toutefois, nous pouvons noter un paradoxe dans la mesure où le sentiment de fierté qui l’anime va quelque peu en contradiction avec l’éducation qu’elle lui a donné. En effet, l’hyperbole : « qui était extrêmement glorieuse » (l 20) montre que Mme de Chartres a une opinion très avantageuse de sa fille et d’elle-même ce qui s’oppose à la vertu. La modalité négative : « ne trouvait presque rien digne de sa fille » nous révèle qu’aucun prétendant ne semble à la hauteur de Mlle de Chartres. Enfin, l’énumération qui clôt notre extrait : « La blancheur de son teint et ses cheveux blonds lui donnaient un éclat que l’on n’a jamais vu qu’à elle ; tous ses traits étaient réguliers, et son visage et sa personne étaient pleins de grâce et de charmes » (l 22-23-24) propose quelques informations supplémentaires sur la future princesse de Clèves. La blancheur de son teint et la couleur de ses cheveux répondent à l’idéal de beauté du XVIIème siècle. Toutefois, la narratrice continue de suggérer le portrait de Mlle de Chartes plutôt que de la décrire concrètement, éveillant l’imagination du lecteur et le faisant rêver.

Le portrait de Mlle de Chartres, future princesse de Clèves, est très intéressant dans la mesure où nous comprenons l’ascendant de sa mère sur la vie qu’elle mènera jusqu’à la fin du roman. Effectivement, cet extrait nous prépare à la suite de l’œuvre autrement dit la lutte intérieure à laquelle Mme de Clèves sera confrontée pour rester fidèle à l’éducation qu’elle a reçue mais également à l’excipit (la fin d’un roman) et au renoncement à l’amour du personnage principal.

A retenir :

Moouvement literaire : Le Classisisme

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text 1 Le portrait de melle de chartres

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 La Princesse de Clèves paraît, anonymement, en 1678. On peut, pourtant, considérer que Mme de Lafayette en est l’auteur. Si elle ne l’affirmera jamais publiquement, elle avouera, à demi-mots, l’avoir écrit dans une lettre. Lorsque le texte paraît, elle est proche du groupe de Port-Royal, haut lieu du jansénisme qui véhicule une vision pessimiste de l’être humain et souligne que personne ne peut trouver le salut sans la grâce de Dieu. L’amour est envisagé comme une force dévastatrice, signe de la défaite de la raison. Mme de Chartres, mère de la princesse de Clèves, enseigne à sa fille les dangers de la passion mais celle-ci, nourrissant estime et respect pour son mari, M de Clèves, va être déstabilisée par les sentiments que lui inspire le duc de Nemours. Le roman, qui s’est ouvert sur un tableau de la Cour d’Henri II, voit apparaître un être d’exception, Mlle de Chartres, future princesse de Clèves. Néanmoins, la place centrale de cet extrait n’est pas occupée par le portrait de l’héroïne mais par l’éducation menée par Mme de Chartres.

Ainsi, la lecture du texte nous invite à nous demander en quoi l’éducation vertueuse voulue par Mme de Chartres va déterminer la suite du roman.

Pour répondre à cette question, nous étudierons le texte selon trois mouvements : l’apparition de Mlle de Chartres de la ligne 1 à 4, l’éducation de Mme de Chartres de la ligne 4 à 17 et enfin le retour au premier plan de la future princesse de Clèves de la ligne 18 à 24.

I/ L’apparition de Mlle de Chartres (l 1 à 4)

Chose surprenante, le nom de l’héroïne ne figure pas en ouverture du portrait qui commence par une sorte d’énigme, par une formule qui rappelle celle des contes de fées : « Il parut alors une beauté à la cour » (l 1) Il y a un effet d’attente voulu par la narratrice. En effet, la périphrase : « une beauté » demeure vague et incertaine. Il n’en demeure pas moins que l’adverbe : « alors » traduit le bouleversement que constitue l’apparition de cette inconnue à la Cour. Elle se révèle être un personnage exceptionnel dans la mesure où elle suscite l’attention dans un lieu où règne la beauté comme l’indique l’hyperbole : « attira les yeux de tout le monde » (l 1) Il est vrai que le lecteur, à l’image des courtisans, est intrigué voire subjugué par celle que, Mme de Lafayette décide, une fois encore, de désigner par une périphrase : « une beauté parfaite » (l 2) Nous pouvons noter que la perfection physique du personnage est suggérée par le champ lexical de la magnificence qui rythme les premières lignes de ce portrait : « parfaite », « admiration » (l 2), « belles personnes » (l 3). Son anonymat est indirectement levé à la ligne 3 : « Elle était de la même maison que le vidame de Chartres » mais elle continue à ne pas être explicitement nommée. S’ajoute à l’incroyable beauté de Mlle de Chartres, le prestige de sa naissance comme l’indique le superlatif : « une des plus grandes héritières de France » (l 3-4) Pourtant, le lecteur ne parvient pas à imaginer concrètement l’héroïne. Elle est, de la sorte, idéalisée. Alors qu’il s’attend à ce que la narratrice lui livre plus de détails à son propos, c’est le personnage de Mme de Chartres et l’éducation que sa fille a reçue qui va occuper l’essentiel du paragraphe.

II/ L’éducation de Mme de Chartres (l 4 à 17)

Le rythme ternaire : « le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires » (l 5) ainsi que l’adjectif : « extraordinaires » peignent Mme de Chartres comme une mère exceptionnelle. Initiative extrêmement originale au XVIIème siècle, elle s’est retirée de la Cour pour éduquer sa fille. Son enseignement est présenté comme idéal car complet en témoigne les deux rythmes binaires : « elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté ; elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. » (l 7-8) La narratrice, très discrète, intervient, toutefois, au détour d’une phrase. Effectivement, l’utilisation du présent de vérité générale laisse deviner un jugement critique à propos de l’éducation traditionnelle : « La plupart des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner. » (l 8-9) Selon Mme de Chartres mais aussi Mme de Lafayette, il est primordial d’évoquer le thème de l’amour si l’on désire en montrer le danger. L’accent est mis sur la singularité de cet enseignement via le groupe nominal : « une opinion opposée » (l 10) Il est vrai que Mme de Chartres se distingue des autres mères et fait reposer son éducation sur le ressassement des conseils comme le révèle l’imparfait de répétition, temps dominant du passage : « elle faisait souvent » (l 10), « elle lui montrait », (l 11), « elle lui en apprenait » (l 11), « elle lui contait » (l 12). Pour que sa fille s’imprègne de cette vision pessimiste de l’amour, elle semble reprendre, sans cesse, la même conversation. Elle fait en sorte de présenter les plaisirs de la passion, ce que nous remarquons grâce à la proposition principale : « elle lui montrait ce qu’il a d’agréable » (l 10-11) pour rendre plus frappants les dangers qu’elle entraîne grâce à la proposition subordonnée de but : « pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui en apprenait de dangereux » (l 11-12) En outre, elle propose un portrait dévalorisant des hommes en ayant recours à une énumération : « elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité » (l 12) Elle oppose aux vices masculins la vertu féminine. Celle-ci offre la « tranquillité », le substantif est visible à la ligne 14, et se présente comme la clé du bonheur. Effectivement, le champ lexical de la noblesse : « éclat », « élévation » (l 14), « beauté », « naissance » (l 15) révèle tous les bienfaits de la vertu. Nous pouvons remarquer que Mme de Chartres est le seul personnage dont on entend les paroles dans le passage grâce à l’utilisation du discours indirect de la ligne 14 à la ligne 18 : « elle lui faisait voir quelle tranquillité … et combien … » Ces deux interrogatives indirectes traduisent l’importance de la cette mère dans la vie de sa fille. Mais si Mme de Chartres la met en contre les hommes et l’amour, elle lui dit de se méfier également d’elle-même : « par une extrême défiance de soi-même » (l 16) Un seul amour est permis : l’amour conjugal, qu’il faut bien distinguer de la passion, et qui permettra à Mlle de Chartres d’être heureuse : « aimer son mari et en être aimée » (l 17)

III/ Le retour au premier plan de la future princesse (l 18 à 24)

Après avoir vanté l’éducation de Mme de Chartres, la narratrice porte à nouveau son regard sur l’héroïne qui revient au premier plan. Le superlatif : « Cette héritière était alors un des grands partis qu’il y eût en France » (l 18) met en exergue, une fois encore, le caractère exceptionnel de la future princesse. Les motivations de sa mère sont clairement exposées : elle est à la recherche d’un parti pour sa fille expliquant son retour à la Cour. Toutefois, nous pouvons noter un paradoxe dans la mesure où le sentiment de fierté qui l’anime va quelque peu en contradiction avec l’éducation qu’elle lui a donné. En effet, l’hyperbole : « qui était extrêmement glorieuse » (l 20) montre que Mme de Chartres a une opinion très avantageuse de sa fille et d’elle-même ce qui s’oppose à la vertu. La modalité négative : « ne trouvait presque rien digne de sa fille » nous révèle qu’aucun prétendant ne semble à la hauteur de Mlle de Chartres. Enfin, l’énumération qui clôt notre extrait : « La blancheur de son teint et ses cheveux blonds lui donnaient un éclat que l’on n’a jamais vu qu’à elle ; tous ses traits étaient réguliers, et son visage et sa personne étaient pleins de grâce et de charmes » (l 22-23-24) propose quelques informations supplémentaires sur la future princesse de Clèves. La blancheur de son teint et la couleur de ses cheveux répondent à l’idéal de beauté du XVIIème siècle. Toutefois, la narratrice continue de suggérer le portrait de Mlle de Chartes plutôt que de la décrire concrètement, éveillant l’imagination du lecteur et le faisant rêver.

Le portrait de Mlle de Chartres, future princesse de Clèves, est très intéressant dans la mesure où nous comprenons l’ascendant de sa mère sur la vie qu’elle mènera jusqu’à la fin du roman. Effectivement, cet extrait nous prépare à la suite de l’œuvre autrement dit la lutte intérieure à laquelle Mme de Clèves sera confrontée pour rester fidèle à l’éducation qu’elle a reçue mais également à l’excipit (la fin d’un roman) et au renoncement à l’amour du personnage principal.

A retenir :

Moouvement literaire : Le Classisisme