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Post-Bac
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seance 11 pour la plus belle

Histoire

Hommes, femmes et familles : histoire du genre

1. Histoire du genre

-l’histoire des femmes était abordée sous le registre de l’histoire des mœurs et de la vie quotidienne ou, pire encore, à travers l’histoire des reines ou des amours des rois et des grands hommes.? Un livre majeur joue un rôle pionnier, Le deuxième sexe (1949) de Simone de Beauvoir (1908-1986). Il énonce une thèse majeure, apparemment paradoxale, devenue célèbre : « On ne naît pas femme, on le devient ».

-de la préhistoire du féminisme (le mot ne s’impose que dans les années 1880). Une synthèse de cette première saison de l’histoire des femmes est offerte dans les cinq volumes de L’Histoire des femmes (1991-1992)

-« Gender: A Useful Category of Historical Analysis ».

2. Le genre dans la modernité politique

-le long XIXe siècle, est présente cette double caractéristique d’avoir fondée l’exclusion politique des femmes d’une part et d’avoir progressivement fait place aux femmes dans la sphère politique. Une des caractéristiques majeures de la période qui s’ouvre avec les théories des droits naturels, la philosophie des Lumières et les révolutions politiques de la fin du XVIIIe siècle, c’est l’exclusion politique des femmes. À l’heure où s’invente la citoyenneté, les femmes en sont privées : il convient d’en comprendre les raisons

-Cela ne veut évidemment pas dire que les périodes antérieures ignoraient la division sexuelle, mais que celle-ci n’avait pas le même sens. Par exemple, l’affirmation selon laquelle un paysan et un roi partagent, une condition commune, celle de masculinité (ou inversement qu’une paysanne et une reine partagent la condition de féminité) ? Par exemple, des études récentes ont montré très clairement que des femmes pouvaient occuper des positions sociales plus importantes que leurs maris. Cela change dans les années autour de 1800.? Dit autrement, dans une « société d’ordres » c’est précisément l’appartenance à ces ordres qui définit d’abord la position sociale; avec la disparition de la société d’ordres, d’autres catégories apparaissent: la « classe », évidemment, le « genre », mais également la « race » et la « civilisation ».? d’« intersectionalité »). Par exemple, on considère que le sort infligé aux femmes et le critère par excellence pour mesurer le degré de civilisation d’une société. Il y a une très longue tradition à cela. Aristote, par exemple, explique au début de sa Politique que l’homme grec libre commande aux femmes, aux enfants et aux esclaves, mais non sans ajouter que ces trois catégories de personnes sont très différentes. Le enfants (c’est-à-dire les garçons) sont des futurs hommes libres et en tant que tels doivent être éduqués pour être capables de commander à leur tour. Quant aux femmes et aux esclaves, il explique que seul les barbares traitent leurs femmes comme des esclaves.

-Cela est un argument qui revient dans la seconde moitié du XVIIIe siècle dans un contexte qui est marqué par le colonialisme.? Voltaire ? En bref, on considère qu’il y a des différences de civilisation et que c’est le devoir des plus civilisés de civiliser les autres. Cela implique notamment de protéger des femmes de couleur de la violence que les hommes de couleur leur infligent. C’est de cette manière qu’on voit dès le XIXe siècle des campagnes contre le voile, notamment en Egypte, ainsi que contre les pieds bandés des filles chinoises.

-En revanche, notre notion moderne de masculinité est bien plus ambiguë et si la masculinité est assimilée à la force (et donc à quelque chose de positif), elle est également associée à la violence (et donc à quelque chose de négatif); si masculinité signifie intelligence, elle équivaut également à un manque de sentiments et de sensibilité, etc.

-les hommes cultivent les vertus de la courtoisie et de la politesse envers le « sexe faible ». Il est remarquable que certains non-européens voient les choses exactement de la même manière. Un voyageur japonais du XIXe siècle remarquait ainsi avec stupéfaction que les femmes européennes recevait la même attention que les anciens recevaient au Japon.? aux femmes était le fait que la société bourgeoise les avait « libérées » du travail salarial.? le mouvement féministe ultérieur a précisément revendiqué le droit des femmes de gagner leur propre vie.

-Ainsi, l’homme gagne l’argent à l’extérieur de la maison, tandis que les femmes restent confinées dans la sphère domestique. À la position socialement dominante de l’homme, correspond un pouvoir féminin à l’intérieur de la maison. Plus précisément, la présence prédominante de la femme au sein de la famille permet de civiliser la masculinité,? la nature de la femme apparaît comme essentiellement altruiste, bienveillante et passive, tandis que la masculinité est non seulement synonyme d’activité, mais aussi de brutalité et de violence.? Enfin, un discours de la supériorité morale des femmes parcourt l’ensemble du siècle? On le trouve, par exemple, dans les romans de George Sand, dans lesquels les filles ou les femmes « élèvent » les garçons ou les hommes à leur niveau de moralité.

-il devient bien plus compréhensible pourquoi le premier mouvement féministe a pu susciter de tels tollés : précisément parce qu’il menaçait tout un ordre social. Un ordres social fondé sur la dualité entre hommes et femmes ou le « genre »

3. Exclusion politique et infériorité civique des femmes

-L’exclusion politique des femmes est inscrite dans les fondements du libéralisme. La capacité politique n’est attribuée par les premiers théoriciens du libéralisme politique qu’à un individu libre, doté de l’autonomie de la volonté : c’est-à-dire à un homme, adulte, doté de raison ? les mineurs sont considérés comme dépendants de leurs parents et insuffisamment dotés de raison; les femmes, considérées comme dépendantes de leurs pères et de leurs maris et faibles par nature sont assimilées aux mineurs ; les insensés sont considérés comme « incapables » ; les domestiques, comme asservis à la volonté de leurs maîtres? Pour les libéraux, la femme n’a pas sa place dans la sphère publique ; son rôle se situe dans la sphère privée, à l’intérieur de la famille. Dès 1790, la Révolution française met en place une distinction entre les « citoyens passifs » (dont font partie les femmes et les pauvres), dotés de droits mais reconnus incapables de les exprimer, et les « citoyens actifs », payant une certaine somme d’impôt et accédant seuls à la pleine citoyenneté.? C’est pourquoi la revendication politique des femmes, notamment dans le premier XIXe ? elle relève, en un certain sens, de l’utopie sociale.

-De l’assimilation de la femme au mineur et de son exclusion des droits civils et civiques découle une situation générale de dépendance juridique des femmes. Dans le Code

Napoléon, toujours en vigueur en France, mais profondément transformé durant le second XXe siècle, la femme est, sur le plan du droit, une mineure juridique. ? n’est pas une « esclave » : il existe des femmes esclaves dans les colonies françaises jusqu’en 1848, dont le statut juridique est régi par le Code noir de 1685, qui peuvent être achetées ou vendues et qui sont dépourvues des droits les plus élémentaires de la personne humaine. Mais la femme est en France au XIXe siècle,? elle possède le droit de propriété, mais la gestion de ses biens appartient à son mari ou à un conseil de famille en cas de veuvage ; elle possède le droit d’hériter des biens de son père? son père peut augmenter ou diminuer sa quote-part ; elle peut recevoir de son père une dot en argent ou en biens? elle peut librement rédiger un testament pour ce qui concerne ses biens propres. Mais la femme reste assimilée au mineur et placée successivement sous l’autorité de son père, puis de son mari,

4. La présence des femmes dans la sphère publique

-De même, les conditions de travail et d’existence des femmes diffèrent très fortement selon qu’elles appartiennent au monde paysan, aux classes ouvrières, à la domesticité, à l’artisanat et au commerce, au monde des employés, à la bourgeoisie ou à l’aristocratie. En ville, les métiers féminins sont rares et sous-rémunérés avant la seconde industrialisation. ? le dernier tiers du XIXe siècle pour que l’Europe industrialisée connaisse une ouverture progressive à la professionnalisation des femmes comme ouvrières, mais aussi vendeuses, employées, institutrices, infirmières, demoiselles du téléphone;? L’accès à l’éducation et à la culture marque enfin un troisième niveau de différenciation parmi les femmes.

-la sphère familiale et la sphère privée : c’est là que la femme peut penser, parler, agir, lire ou écrire, et imposer ses critères, ses valeurs et son autorité de mère et d’épouse.? Le modèle français du salon aristocratique ou bourgeois du XVIIIe siècle, organisé autour d’une maîtresse de maison, réunissant hommes et femmes et valorisant la conversation et la galanterie,

4.1 La religion.

-Dans tous les cas de figure, dans toutes les confessions, à tous les âges, le taux de pratique des femmes est supérieur à celui des hommes.? la morale sexuelle et la sociablité féminine. La morale sexuelle traditionnelle, fondée sur la virginité des filles au mariage et sur le mariage tardif, est lentement remise en cause par la hausse de l’illégitimité? par la diffusion croissante de pratiques anticonceptionnelles. Or la morale religieuse apparaît essentiellement favorable aux valeurs familiales, notamment maternelles : elle réprouve les excès masculins (le bal, le cabaret, l’alcoolisme et la débauche) et exalte la « femme forte »:

-La sociabilité féminine trouve dans les lieux de culte des espaces privilégiés. La religion structure la société féminine sur de nombreux plans, sociaux, culturels ou éducatifs; elle restitue aux femmes une « capacité sociale » ? En France, on compte 7500 « filles séculières » en 1789 (sur 55.000 religieuses), mais 13.000 sœurs « congréganistes » et 130.000 en 1880 ; 400 congrégations nouvelles ont été fondées dans le cours du siècle. Les religieuses nouent une relation de type nouveau entre femmes, catholicisme et société à travers une meilleure insertion dans la société et une forte institutionnalisation.? une demande d’éducation et une demande d’assistance.

4.2 Femmes, éducation et morale.

-En France, en 1866 encore, si les deux tiers des hommes savent signer leur acte de mariage, la moitié des filles seulement est dans ce cas. Les républicains engagent une véritable bataille pour l’enseignement primaire public des filles? Le rattrapage de l’enseignement public par rapport à l’enseignement confessionnel sera un effet des lois Ferry (loi du 16 juin 1881 sur la gratuité scolaire), dans le cadre d’une concurrence extrêmement vive entre enseignement laïc d’Etat et enseignement confessionnel

5. Les féminismes

5.1 Femmes et révolutions.

-Rares sont au tournant des XVIIIe et XIXe siècle les discours qui remettent en cause l’exclusion politique des femmes.? La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (septembre 1791) d’Olympe de Gouges (1748-1793) est calquée sur la déclaration des droits de l’homme : « La Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits » (art. 1); son auteur avait écrit : « la femme a le droit de monter sur l’échafaud; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune » (art. 10); elle sera guillotinée comme girondine le 3 novembre 1793.

-La Révolution française est caractérisée par une importante participation féminine. Par exemple ce sont les femmes (et des hommes déguisés en femmes) qui contraignent la famille

royale à quitter le palais de Versailles et la Cour pour Paris dans les journées des 5 et 6 octobre 1789. Les femmes sont également présentes,? dans les Sociétés des amis de la Constitution; on les retrouve aussi dans les assemblées des sections parisiennes ou les clubs de femmes. La Société des citoyennes républicaines révolutionnaires de Paris, animée par Claire Lacombe,? la Convention nationale interdit les clubs de femmes le 9 brumaire an II (30 octobre 1793) sur un rapport du conventionnel André Amar

-Du côté contre-révolutionnaire, le rôle des femmes n’est par ailleurs pas moindre. C’est une femme, Charlotte Corday, petite-nièce de Corneille, qui poignarde le rédacteur de L’Ami du Peuple, Jean-Paul Marat, dans sa baignoire (13 juillet 1793); elle est guillotinée. Aussi faut-il citer le procès de la reine Marie-Antoinette, guillotinée le 16 octobre 1793? Les femmes sont nombreuses parmi les victimes des guerres civiles (Vendée) et de la Terreur légale.

-Le lien entre le premier socialisme et la revendication des droits des femmes apparaît dès les lendemains de la révolution de 1830 en France. La cause de l’émancipation du prolétariat et la cause de l’émancipation des femmes participent du même mouvement? Saint Simon (1760-1825) accordent une attention particulière à la « Question femme » dans les années 1830. Certaines femmes rejoignent leurs rangs et réclament leur émancipation;? Fourier dénonce la situation faite aux femmes dans la civilisation actuelle : « l’oppression du sexe faible détruit la justice dans sa base ». Il critique l’institution du mariage et réhabilite les droits de l’amour, de la passion et des affinités naturelles; il réclame l’émancipation des femmes.

-Les révolutionnaires socialistes du derniers tiers du XIXe siècle comptent de nombreuses femmes dans leurs rangs, que ce soit au sein de la Première Internationale (1864- 1872) de Marx et Bakounine, ou durant la Commune de Paris (mars-mai 1871). Ce sont pour l’essentiel des femmes de lettres ou des journalistes issues de la bourgeoisie. Mais la figure féminine la plus célèbre de la Commune est sans nul doute Louise Michel (1830-1905). Militante révolutionnaire de tendance blanquiste, elle prend une part active à la Commune et à ses combats; emprisonnée, elle est condamnée à la déportation en Nouvelle Calédonie de 1873 à 1880 où elle adhère aux idées anarchistes

5.2 Les débuts du féminisme.

-Le mot féministe apparaît pour la première fois dans la langue française, dans un sens péjoratif, sous la plume du dramaturge Alexandre Dumas fils en 1872 dans L’Homme-Femme pour qualifier les partisans (masculins) des droits des femmes. Il faut en fait attendre les années 1880 et 1890 pour que les mots féministe et féminisme soient repris, dans un sens positif, par les militantes des droits des femmes : en 1891 est fondée la « Fédération française des sociétés féministes

-le philosophe utilitariste et économiste libéral John Stuart Mill (1806-1873), disciple de Jeremy Bentham, critique l’institution du mariage comme une forme d’oppression, réclame l’émancipation des femmes et leur accession à l’égalité des droits civils et civiques.? une première pétition pour le droit de vote des femmes est déposée au Parlement britannique en 1866. Un « Comité pour le droit de vote des femmes »? Le mouvement féministe se radicalise au tournant des XIXe et XXe siècles, avec la fondation de la National Union of Women’s Suffrage Society (1897). Les militantes féministes anglaises ou suffragettes, qui ont réuni 250.000 signataires en 1894

-En France, en revanche, le mouvement féministe pour le droit de suffrage est beaucoup plus limité. Une Ligue française pour le droit des femmes (1882) est fondée par Léon Richer sous le patronage de Victor Hugo.? Une manifestation pour le droit de vote des femmes est organisée à Paris le 3 mai 1908 puis, à nouveau, le 5 juillet 1914 (6000 manifestants seulement)? Fédération française des sociétés féministes voit le jour en novembre 1891.

-Les partis politiques, à l’exception de certains socialistes (Aristide Briand, René Viviani, Léon Blum), restent hostiles au suffrage des femmes;? Les syndicats ouvriers sont majoritairement hostiles au travail des femmes dans les emplois industriels et les accusent de faire baisser les salaires.? sur le plan juridique, les femmes obtiennent en 1897 le droit de témoigner dans les actes notariés puis en 1905, le droit d’ester en justice; les femmes sont électrices et éligibles aux conseils de prud’hommes depuis la loi du 27 mai 1907; sur le plan social, une loi de 1892 interdit le travail de nuit des femmes dans les usines; sur le plan financier, la loi du 13 juillet 1907 autorise les femmes à disposer librement de leurs salaires.

-Les principaux mouvements féministes intéressent alors, outre la Grande-Bretagne? Certaines femmes refusent le droit de vote : en Angleterre, Mary Humphry Ward fonde une Anti-Suffrage League (1908) afin de défendre le statut traditionnel de la femme? ainsi, en France, de la Ligue des femmes françaises, fondée à Lyon en 1901, d’inspiration catholique intransigeante, ou de la Ligue patriotique des Françaises, fondée à Paris en 1902.? Aussi les courants du « maternalisme » exaltent-ils la dignité de la mère et réclament avant tout pour elle des droits sociaux, l’indépendance financière et salariale et le partage des responsabilités au sein de la famille; au sein de ce discours, la revendication des droits politiques reste secondaire, même si elle progresse.

Post-Bac
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seance 11 pour la plus belle

Histoire

Hommes, femmes et familles : histoire du genre

1. Histoire du genre

-l’histoire des femmes était abordée sous le registre de l’histoire des mœurs et de la vie quotidienne ou, pire encore, à travers l’histoire des reines ou des amours des rois et des grands hommes.? Un livre majeur joue un rôle pionnier, Le deuxième sexe (1949) de Simone de Beauvoir (1908-1986). Il énonce une thèse majeure, apparemment paradoxale, devenue célèbre : « On ne naît pas femme, on le devient ».

-de la préhistoire du féminisme (le mot ne s’impose que dans les années 1880). Une synthèse de cette première saison de l’histoire des femmes est offerte dans les cinq volumes de L’Histoire des femmes (1991-1992)

-« Gender: A Useful Category of Historical Analysis ».

2. Le genre dans la modernité politique

-le long XIXe siècle, est présente cette double caractéristique d’avoir fondée l’exclusion politique des femmes d’une part et d’avoir progressivement fait place aux femmes dans la sphère politique. Une des caractéristiques majeures de la période qui s’ouvre avec les théories des droits naturels, la philosophie des Lumières et les révolutions politiques de la fin du XVIIIe siècle, c’est l’exclusion politique des femmes. À l’heure où s’invente la citoyenneté, les femmes en sont privées : il convient d’en comprendre les raisons

-Cela ne veut évidemment pas dire que les périodes antérieures ignoraient la division sexuelle, mais que celle-ci n’avait pas le même sens. Par exemple, l’affirmation selon laquelle un paysan et un roi partagent, une condition commune, celle de masculinité (ou inversement qu’une paysanne et une reine partagent la condition de féminité) ? Par exemple, des études récentes ont montré très clairement que des femmes pouvaient occuper des positions sociales plus importantes que leurs maris. Cela change dans les années autour de 1800.? Dit autrement, dans une « société d’ordres » c’est précisément l’appartenance à ces ordres qui définit d’abord la position sociale; avec la disparition de la société d’ordres, d’autres catégories apparaissent: la « classe », évidemment, le « genre », mais également la « race » et la « civilisation ».? d’« intersectionalité »). Par exemple, on considère que le sort infligé aux femmes et le critère par excellence pour mesurer le degré de civilisation d’une société. Il y a une très longue tradition à cela. Aristote, par exemple, explique au début de sa Politique que l’homme grec libre commande aux femmes, aux enfants et aux esclaves, mais non sans ajouter que ces trois catégories de personnes sont très différentes. Le enfants (c’est-à-dire les garçons) sont des futurs hommes libres et en tant que tels doivent être éduqués pour être capables de commander à leur tour. Quant aux femmes et aux esclaves, il explique que seul les barbares traitent leurs femmes comme des esclaves.

-Cela est un argument qui revient dans la seconde moitié du XVIIIe siècle dans un contexte qui est marqué par le colonialisme.? Voltaire ? En bref, on considère qu’il y a des différences de civilisation et que c’est le devoir des plus civilisés de civiliser les autres. Cela implique notamment de protéger des femmes de couleur de la violence que les hommes de couleur leur infligent. C’est de cette manière qu’on voit dès le XIXe siècle des campagnes contre le voile, notamment en Egypte, ainsi que contre les pieds bandés des filles chinoises.

-En revanche, notre notion moderne de masculinité est bien plus ambiguë et si la masculinité est assimilée à la force (et donc à quelque chose de positif), elle est également associée à la violence (et donc à quelque chose de négatif); si masculinité signifie intelligence, elle équivaut également à un manque de sentiments et de sensibilité, etc.

-les hommes cultivent les vertus de la courtoisie et de la politesse envers le « sexe faible ». Il est remarquable que certains non-européens voient les choses exactement de la même manière. Un voyageur japonais du XIXe siècle remarquait ainsi avec stupéfaction que les femmes européennes recevait la même attention que les anciens recevaient au Japon.? aux femmes était le fait que la société bourgeoise les avait « libérées » du travail salarial.? le mouvement féministe ultérieur a précisément revendiqué le droit des femmes de gagner leur propre vie.

-Ainsi, l’homme gagne l’argent à l’extérieur de la maison, tandis que les femmes restent confinées dans la sphère domestique. À la position socialement dominante de l’homme, correspond un pouvoir féminin à l’intérieur de la maison. Plus précisément, la présence prédominante de la femme au sein de la famille permet de civiliser la masculinité,? la nature de la femme apparaît comme essentiellement altruiste, bienveillante et passive, tandis que la masculinité est non seulement synonyme d’activité, mais aussi de brutalité et de violence.? Enfin, un discours de la supériorité morale des femmes parcourt l’ensemble du siècle? On le trouve, par exemple, dans les romans de George Sand, dans lesquels les filles ou les femmes « élèvent » les garçons ou les hommes à leur niveau de moralité.

-il devient bien plus compréhensible pourquoi le premier mouvement féministe a pu susciter de tels tollés : précisément parce qu’il menaçait tout un ordre social. Un ordres social fondé sur la dualité entre hommes et femmes ou le « genre »

3. Exclusion politique et infériorité civique des femmes

-L’exclusion politique des femmes est inscrite dans les fondements du libéralisme. La capacité politique n’est attribuée par les premiers théoriciens du libéralisme politique qu’à un individu libre, doté de l’autonomie de la volonté : c’est-à-dire à un homme, adulte, doté de raison ? les mineurs sont considérés comme dépendants de leurs parents et insuffisamment dotés de raison; les femmes, considérées comme dépendantes de leurs pères et de leurs maris et faibles par nature sont assimilées aux mineurs ; les insensés sont considérés comme « incapables » ; les domestiques, comme asservis à la volonté de leurs maîtres? Pour les libéraux, la femme n’a pas sa place dans la sphère publique ; son rôle se situe dans la sphère privée, à l’intérieur de la famille. Dès 1790, la Révolution française met en place une distinction entre les « citoyens passifs » (dont font partie les femmes et les pauvres), dotés de droits mais reconnus incapables de les exprimer, et les « citoyens actifs », payant une certaine somme d’impôt et accédant seuls à la pleine citoyenneté.? C’est pourquoi la revendication politique des femmes, notamment dans le premier XIXe ? elle relève, en un certain sens, de l’utopie sociale.

-De l’assimilation de la femme au mineur et de son exclusion des droits civils et civiques découle une situation générale de dépendance juridique des femmes. Dans le Code

Napoléon, toujours en vigueur en France, mais profondément transformé durant le second XXe siècle, la femme est, sur le plan du droit, une mineure juridique. ? n’est pas une « esclave » : il existe des femmes esclaves dans les colonies françaises jusqu’en 1848, dont le statut juridique est régi par le Code noir de 1685, qui peuvent être achetées ou vendues et qui sont dépourvues des droits les plus élémentaires de la personne humaine. Mais la femme est en France au XIXe siècle,? elle possède le droit de propriété, mais la gestion de ses biens appartient à son mari ou à un conseil de famille en cas de veuvage ; elle possède le droit d’hériter des biens de son père? son père peut augmenter ou diminuer sa quote-part ; elle peut recevoir de son père une dot en argent ou en biens? elle peut librement rédiger un testament pour ce qui concerne ses biens propres. Mais la femme reste assimilée au mineur et placée successivement sous l’autorité de son père, puis de son mari,

4. La présence des femmes dans la sphère publique

-De même, les conditions de travail et d’existence des femmes diffèrent très fortement selon qu’elles appartiennent au monde paysan, aux classes ouvrières, à la domesticité, à l’artisanat et au commerce, au monde des employés, à la bourgeoisie ou à l’aristocratie. En ville, les métiers féminins sont rares et sous-rémunérés avant la seconde industrialisation. ? le dernier tiers du XIXe siècle pour que l’Europe industrialisée connaisse une ouverture progressive à la professionnalisation des femmes comme ouvrières, mais aussi vendeuses, employées, institutrices, infirmières, demoiselles du téléphone;? L’accès à l’éducation et à la culture marque enfin un troisième niveau de différenciation parmi les femmes.

-la sphère familiale et la sphère privée : c’est là que la femme peut penser, parler, agir, lire ou écrire, et imposer ses critères, ses valeurs et son autorité de mère et d’épouse.? Le modèle français du salon aristocratique ou bourgeois du XVIIIe siècle, organisé autour d’une maîtresse de maison, réunissant hommes et femmes et valorisant la conversation et la galanterie,

4.1 La religion.

-Dans tous les cas de figure, dans toutes les confessions, à tous les âges, le taux de pratique des femmes est supérieur à celui des hommes.? la morale sexuelle et la sociablité féminine. La morale sexuelle traditionnelle, fondée sur la virginité des filles au mariage et sur le mariage tardif, est lentement remise en cause par la hausse de l’illégitimité? par la diffusion croissante de pratiques anticonceptionnelles. Or la morale religieuse apparaît essentiellement favorable aux valeurs familiales, notamment maternelles : elle réprouve les excès masculins (le bal, le cabaret, l’alcoolisme et la débauche) et exalte la « femme forte »:

-La sociabilité féminine trouve dans les lieux de culte des espaces privilégiés. La religion structure la société féminine sur de nombreux plans, sociaux, culturels ou éducatifs; elle restitue aux femmes une « capacité sociale » ? En France, on compte 7500 « filles séculières » en 1789 (sur 55.000 religieuses), mais 13.000 sœurs « congréganistes » et 130.000 en 1880 ; 400 congrégations nouvelles ont été fondées dans le cours du siècle. Les religieuses nouent une relation de type nouveau entre femmes, catholicisme et société à travers une meilleure insertion dans la société et une forte institutionnalisation.? une demande d’éducation et une demande d’assistance.

4.2 Femmes, éducation et morale.

-En France, en 1866 encore, si les deux tiers des hommes savent signer leur acte de mariage, la moitié des filles seulement est dans ce cas. Les républicains engagent une véritable bataille pour l’enseignement primaire public des filles? Le rattrapage de l’enseignement public par rapport à l’enseignement confessionnel sera un effet des lois Ferry (loi du 16 juin 1881 sur la gratuité scolaire), dans le cadre d’une concurrence extrêmement vive entre enseignement laïc d’Etat et enseignement confessionnel

5. Les féminismes

5.1 Femmes et révolutions.

-Rares sont au tournant des XVIIIe et XIXe siècle les discours qui remettent en cause l’exclusion politique des femmes.? La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (septembre 1791) d’Olympe de Gouges (1748-1793) est calquée sur la déclaration des droits de l’homme : « La Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits » (art. 1); son auteur avait écrit : « la femme a le droit de monter sur l’échafaud; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune » (art. 10); elle sera guillotinée comme girondine le 3 novembre 1793.

-La Révolution française est caractérisée par une importante participation féminine. Par exemple ce sont les femmes (et des hommes déguisés en femmes) qui contraignent la famille

royale à quitter le palais de Versailles et la Cour pour Paris dans les journées des 5 et 6 octobre 1789. Les femmes sont également présentes,? dans les Sociétés des amis de la Constitution; on les retrouve aussi dans les assemblées des sections parisiennes ou les clubs de femmes. La Société des citoyennes républicaines révolutionnaires de Paris, animée par Claire Lacombe,? la Convention nationale interdit les clubs de femmes le 9 brumaire an II (30 octobre 1793) sur un rapport du conventionnel André Amar

-Du côté contre-révolutionnaire, le rôle des femmes n’est par ailleurs pas moindre. C’est une femme, Charlotte Corday, petite-nièce de Corneille, qui poignarde le rédacteur de L’Ami du Peuple, Jean-Paul Marat, dans sa baignoire (13 juillet 1793); elle est guillotinée. Aussi faut-il citer le procès de la reine Marie-Antoinette, guillotinée le 16 octobre 1793? Les femmes sont nombreuses parmi les victimes des guerres civiles (Vendée) et de la Terreur légale.

-Le lien entre le premier socialisme et la revendication des droits des femmes apparaît dès les lendemains de la révolution de 1830 en France. La cause de l’émancipation du prolétariat et la cause de l’émancipation des femmes participent du même mouvement? Saint Simon (1760-1825) accordent une attention particulière à la « Question femme » dans les années 1830. Certaines femmes rejoignent leurs rangs et réclament leur émancipation;? Fourier dénonce la situation faite aux femmes dans la civilisation actuelle : « l’oppression du sexe faible détruit la justice dans sa base ». Il critique l’institution du mariage et réhabilite les droits de l’amour, de la passion et des affinités naturelles; il réclame l’émancipation des femmes.

-Les révolutionnaires socialistes du derniers tiers du XIXe siècle comptent de nombreuses femmes dans leurs rangs, que ce soit au sein de la Première Internationale (1864- 1872) de Marx et Bakounine, ou durant la Commune de Paris (mars-mai 1871). Ce sont pour l’essentiel des femmes de lettres ou des journalistes issues de la bourgeoisie. Mais la figure féminine la plus célèbre de la Commune est sans nul doute Louise Michel (1830-1905). Militante révolutionnaire de tendance blanquiste, elle prend une part active à la Commune et à ses combats; emprisonnée, elle est condamnée à la déportation en Nouvelle Calédonie de 1873 à 1880 où elle adhère aux idées anarchistes

5.2 Les débuts du féminisme.

-Le mot féministe apparaît pour la première fois dans la langue française, dans un sens péjoratif, sous la plume du dramaturge Alexandre Dumas fils en 1872 dans L’Homme-Femme pour qualifier les partisans (masculins) des droits des femmes. Il faut en fait attendre les années 1880 et 1890 pour que les mots féministe et féminisme soient repris, dans un sens positif, par les militantes des droits des femmes : en 1891 est fondée la « Fédération française des sociétés féministes

-le philosophe utilitariste et économiste libéral John Stuart Mill (1806-1873), disciple de Jeremy Bentham, critique l’institution du mariage comme une forme d’oppression, réclame l’émancipation des femmes et leur accession à l’égalité des droits civils et civiques.? une première pétition pour le droit de vote des femmes est déposée au Parlement britannique en 1866. Un « Comité pour le droit de vote des femmes »? Le mouvement féministe se radicalise au tournant des XIXe et XXe siècles, avec la fondation de la National Union of Women’s Suffrage Society (1897). Les militantes féministes anglaises ou suffragettes, qui ont réuni 250.000 signataires en 1894

-En France, en revanche, le mouvement féministe pour le droit de suffrage est beaucoup plus limité. Une Ligue française pour le droit des femmes (1882) est fondée par Léon Richer sous le patronage de Victor Hugo.? Une manifestation pour le droit de vote des femmes est organisée à Paris le 3 mai 1908 puis, à nouveau, le 5 juillet 1914 (6000 manifestants seulement)? Fédération française des sociétés féministes voit le jour en novembre 1891.

-Les partis politiques, à l’exception de certains socialistes (Aristide Briand, René Viviani, Léon Blum), restent hostiles au suffrage des femmes;? Les syndicats ouvriers sont majoritairement hostiles au travail des femmes dans les emplois industriels et les accusent de faire baisser les salaires.? sur le plan juridique, les femmes obtiennent en 1897 le droit de témoigner dans les actes notariés puis en 1905, le droit d’ester en justice; les femmes sont électrices et éligibles aux conseils de prud’hommes depuis la loi du 27 mai 1907; sur le plan social, une loi de 1892 interdit le travail de nuit des femmes dans les usines; sur le plan financier, la loi du 13 juillet 1907 autorise les femmes à disposer librement de leurs salaires.

-Les principaux mouvements féministes intéressent alors, outre la Grande-Bretagne? Certaines femmes refusent le droit de vote : en Angleterre, Mary Humphry Ward fonde une Anti-Suffrage League (1908) afin de défendre le statut traditionnel de la femme? ainsi, en France, de la Ligue des femmes françaises, fondée à Lyon en 1901, d’inspiration catholique intransigeante, ou de la Ligue patriotique des Françaises, fondée à Paris en 1902.? Aussi les courants du « maternalisme » exaltent-ils la dignité de la mère et réclament avant tout pour elle des droits sociaux, l’indépendance financière et salariale et le partage des responsabilités au sein de la famille; au sein de ce discours, la revendication des droits politiques reste secondaire, même si elle progresse.