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Post-Bac
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Relations et interactions dans la normalité, la pathologie et la délinquance selon l’approche psycho-dynamique clinique

Psychologie

Définition

PSYCHOPATHOLOGIE
= Associé à tord à la psychologie clinique. Pas une discipline normative, c'est ce qui la différencie de la psychiatrie, On négocie avec le patient = travail sur mesure. Elle a pour objet le repérage, la classification (taxinomie) et l'explication des modifications du vécu, du comportement et de la personnalité qui sortent de la norme et/ou occasionnent de la souffrance. On s'intéresse à la souffrance et au ressenti . Étymologiquement : étude des souffrances de l'âme (du grec : psukhê, âme et pathos, maladie) ,étude des conduites et des personnalités pathologiques, des troubles mentaux, mais pas que… Histoire Terme apparu en Allemagne fin 18e (1783) : disparaît et émerge à nouveau fin 19e (toujours en Allemagne). Psychologie pathologique fondée par Th. Ribot : méthode qui veut qu’on étudie les phénomènes normaux à partir des phénomènes pathologiques. Liée à l’émergence de l’aliénisme (fin 18e) avec une progressive médicalisation des troubles mentaux. Les troubles mentaux sortent du champ de la morale & de la religion d’une part et de la philosophie d’autre part pour entrer dans le champ de la médecine. La psychopathologie serait une science fondamentale : science des troubles mentaux dont la psychiatrie (médecine mentale) serait la science appliquée. La psychopathologie traditionnellement liée à la psychiatrie est aussi revendiquée comme branche de la psychologie.
Approche psychodynamique
• Psychologique : explication d’ordre psychique des troubles et des conduites • Dynamique : la psyché est un champ de force source de conflictualité = Origine du conflit : intrapsychique et/ou intersubjectif.
Psychologie clinique et pathologique
Base universitaire d’une approche psycho-dynamique issue en grande partie de la psychanalyse.
Moi-peau
« Figuration dont le moi de l’enfant se sert au cours des phases précoces de son développement pour se représenter lui-même comme moi contenant les contenus psychiques, à partir de son expérience de la surface du corps. Cela correspond au moment où le moi psychique se différencie du moi corporel sur le plan opératif et reste confondu avec lui sur le plan figuratif ».
PSYCHANALYSE
Le fondateur Sigmund Freud construit progressivement la théorie et la pratique psychanalytique. Les contributions fondamentales de la psychanalyse à la compréhension des interactions sociales Fin du 19è, Freud place le conflit au centre des processus d'individualisation et de socialisation. Le crime est perçu comme un symptôme. Lacan: la psychanalyse irréalise le crime ? la psychologie n'est pas une discipline normative, mais sur mesure, compréhensive. Il n'est pas question de « faire rentrer la personne dans le droit chemin ». = L'objectif est que la personne retrouve son équilibre. La psychopathologie repose sur une approche humaniste et compréhensive qui s'intéresse à la subjectivité, l'unicité et l'historicité de la personne.

La psychologie requise ne peut être qu'une connaissance incluant étroitement le psychologue dans le champ d'observation, donc une connaissance intersubjective : co-construction de la personne, avec une psychologie en 2è personne (tu/vous).

Ce n'est pas ce que la personne fait qui est intéressant en criminologie, c'est ce qu'elle vit intérieurement, sa souffrance.


Fantasmes, mythes et inconscient collectifs : apport de la psychanalyse à la compréhension du psychisme et des comportements

Fantasmes vont déterminer les normes auxquelles nous devons nous conformer. Les formes qu’empruntent ces fantasmes originaires valent pour notre culture et notre époque .

On retrouve un petit nombre de fantasmes prototypiques :

1. fantasme de scène primitive: conception, procréation

2. fantasme œdipien (identification, respect de la loi, accès à la symbolisation)

3. fantasme de castration (séparation, différenciation, relativisation de son pouvoir)

4. fantasme de retour au ventre maternel

 

L’enfant doit s’y conformer pour devenir un adulte, qui transmettra à son tour ces fantasmes à sa descendance et leur valeur structurante. Les fantasmes originaires sont une donnée collective inconsciente que les générations se transmettent de l’une à l’autre.

En psychanalyse, on appelle fantasme originaire (Urphantasien en allemand) des scénarios imaginaires, d'ordre inconscient, communs à tous les humains. Les mythes, comme certains rêves, mettent en scène ces images archaïques, essentielles en tant qu’organisatrices de la vie fantasmatique et comme indifférentes aux expériences personnelles de chacun.


L'origine des fantasmes originaires a fait l’objet d’un large débat .


Jung émit l’idée que les fantasmes originaires relevaient d’une tendance phylogénique : Archétypes, d’images composant l’inconscient collectif.

Freud contestait la pertinence de cette notion : si les mythes, les rêves, peuvent exprimer symboliquement des fantasmes universels, les images elles-mêmes ne peuvent constituer un patrimoine héréditaire. Il faisait plutôt découler ces scènes imaginaires de l'expérience de scènes réelles survenues dans la prime enfance, et leur universalite? du fait que ces scènes sont, selon lui, tôt ou tard pareillement vécues par tout un chacun.


 

On a besoin d'affection pour se tourner vers la vie : ex des bébés qui se laissent mourir (de faim) lorsqu'ils n'ont pas d'affection.

 

Bergeret sur la base des écrits de Freud a découvert que la maladie comme la violence s'inscrivent depuis toujours dans la vie (et les sociétés). Ça fait partie de l'humanité et ça n'a pas à être étranger, même si c'est effrayant.

Selon lui, l'être humain se construit dans la violence = quête de survie.

 

Les stades de l'enfance, l'individualisation et la socialisation

 

Un stade se caractérise par la mise en correspondance d'une source pulsionnelle particulière (zone érogène), d'un objet particulier et d'un certain type de conflit. À chaque phase, l'enfant est censé réaliser un équilibre temporaire. Il existe donc 3 stades prégénitaux : oral, anal, phallique ou urétral (0 à 4 ans), puis le complexe d’œdipe (4-7 ans), suivi de la période de latence (7-12 ans) et de la puberté.

 

Le stade oral (0-12 mois)

Source de la pulsion : bouche, zone orale

Objet de la pulsion : sein maternel


Karl Abraham différencie 2 sous-stades (oral primitif jusqu'à 6 mois et sadique oral après). Lorsque l'enfant tête le sein, il l'incorpore (introjection) tout comme il incorpore les fragments du monde extérieur pour en faire du soi.

L'enfant va petit à petit concevoir la notion d'objet extérieur à lui, car au départ, lui et le sein ne font qu'un... l'enfant dans sa toute-puissance illusoire de maîtrise de l'autre, convoquant le sein par son cri, dispose de l'objet pour sa satisfaction.

= Illusion que la rencontre de deux corps peut constituer un seul appareil psychique --> l'inscrit dans la pulsion de vie.


Le stade anal (2-3 ans)

Ce stade commence avec le début du contrôle sphinctérien, mais le plaisir anal existait déjà avant, c'est juste qu'il devient là dominant. Source pulsion : muqueuse ano-rectale, objet pulsion : boudin fécal.

C'est une phase d'extrême ambivalence où l'enfant est sans cesse entre la conservation, la rétention et l'expulsion, le dedans et le dehors, l'activité et la passivité (le sadisme et le masochisme).

Les fèces sont une monnaie d'échange entre lui et ses parents et il peut décider de les garder ou de les donner comme cadeau ou une punition…

K. Abraham distingue 2 sous stades : sadique anal (plaisir pris à l'expulsion avec le sadisme lié à la destruction) et rétentionnel (plaisir recherché dans la rétention avec l'opposition au désir des parents).



Le stade phallique (3-4 ans)

Source pulsion : organes génitaux (gland, clitoris), objet pulsion : le pénis pour les deux sexes.

La satisfaction provient de l'érotisme urétral (fonction urinaire, laisser couler) et de la masturbation (frottement, pression).

À partir de là commencent la curiosité sexuelle et les « théories sexuelles infantiles » (1908) autour des questions essentielles que se posent les enfants : la différence des sexes, l'origine des enfants.

 

Le complexe d’œdipe (4-7 ans)

Objet de la pulsion : partenaire privilégié du couple parental (avec alternance même entre mère et père | Oedipe inversé).

Source pulsion : excitation recherchée dans la possession de ce partenaire.


L'angoisse de castration inaugure l'entrée dans l'Oedipe marquée pour le garçon par la peur de perdre son pénis et pour la tille par l'envie d'en posséder un.

Il s'agit là de la question d'être homme ou femme et de s'inscire dans le lien à l'autre avec constitution du surmoi, de l'idéal du moi... Il s'agit donc de résoudre la crise œdipienne.

L'enfant se distancie à cet âge de la mère, ce qui ouvre des perspectives au petit.

 

Période de latence (7-12 ans) a tendance à être plus courte

 

Il s'agit d'une phase de transition entre la résolution du confit œdipien et la puberté. L'enfant accuse le coup (après (Œdipe) et il y a un temps d'arrêt dans le développement de la sexualité humaine. L'enfant devient pudique, plus sociable…

Il refoule tout cela plus ou moins bien, voire sublime ou pas.


Puberté


Pas d’individualisation sans socialisation : la relation à l’autre au cœur de la construction du psychisme (du normal ou du pathologique)

L’analyse du mode de relation à l’autre est centrale dans la psychanalyse et se décline à travers les processus d’individualisation et de socialisation qui peuvent être analysés à travers :

 

LA SOCIALISATION

La socialisation se définit le plus souvent comme l'apprentissage d'une conduite sociale, du « vivre-ensemble ». Elle désigne le processus par lequel un individu s'approprie et intériorise les normes, valeurs et rôles qui régissent le fonctionnement de la vie en société à laquelle il appartient, à travers les interactions qu'il noue avec ses proches.

La socialisation est un processus interactif qui intervient tout au long de la vie de l'individu et qui met en jeu de nombreuses instances. Celles-ci sont le plus souvent distinguées selon la période de socialisation dans laquelle elles interviennent. Les sociologues distinguent classiquement deux étapes dans le processus de socialisation : la socialisation primaire et la socialisation secondaire.

La socialisation primaire se déroule pendant l'enfance : elle est la période durant laquelle les apprentissages sociaux fondamentaux vont se faire (respect, politesse, etc.). L'enfant apprend l'existence de différents rôles, intègre les attitudes et les principes généraux auxquels il doit se conformer.

La socialisation secondaire a cours tout au long de l'âge adulte : l'individu intériorise de nouvelles valeurs, de nouveaux rôles qui peuvent plus ou moins transformer son identité (couple, amis, milieu professionnel, associations sportives, culturelles, cultuelles, etc.).


Cette seconde étape dans le processus de socialisation consiste donc davantage en un complément d'apprentissage d'un sujet déjà socialisé : elle est moins globalisante que la socialisation primaire et davantage choisie par l'individu. Ainsi, qu'il s'agisse du milieu géographique, ethnique ou social, leur influence s'inscrit dans l'action des agents primaires ou secondaires. Par exemple, l'éducation donnée par chaque famille reflète en partie les valeurs du groupe social d'origine.

Au-delà de ces deux étapes, la socialisation est un processus différencié au regard de variables que sont essentiellement le milieu social, l'âge ou le genre :

•   Les différentes catégories sociales ne valorisent pas les mêmes normes et valeurs auprès de leurs enfants. Ils acquièrent et intériorisent des normes et valeurs propres à leur groupe social, ce qui débouche alors sur des comportements différents.

•   La manière de parler, les attitudes et jeux proposés à l'enfant, les attentes scolaires et orientations professionnelles sont des faits sexués : on ne se comporte pas de la même façon selon que l'on s'adresse à une fille ou un garçon. Par exemple, les jouets sont dès la naissance un vecteur de stéréotypes des rôles sociaux (les filles joueront à la poupée pendant que les garçons préféreront les petites voitures).

Les premiers moments de socialisation de l'enfant naissent dans un cadre de grande dépendance socio-affective à l'égard des adultes.

La socialisation est une affaire d'interactions, « divers mécanismes y contribuent : les identifications, les affiliations, le partage, la coopération ».

C'est aussi une question d'implication, car l'individu ne fait pas que se conformer : il participe et prend une part active à ce processus.


La socialisation est au carrefour de la sociologie et de la psychologie. Cette notion peut être appréhendée comme l'adaptation de l'individu à son environnement par des processus participant aussi bien de l'apprentissage de l'interaction relationnelle que de l'intériorisation des normes collectives et des codes sociaux, et la construction psychique de la personne.

Les concepts de base de toute interaction sociale sont les rôles (conçus comme les modalités concrètes d'exercice d'une fonction), les valeurs (définies comme principes de justification) et les normes (envisagées comme les façons acceptées de se conduire).

Leur acquisition permettra à l'individu d'être pleinement intégré aux différents mondes sociaux qui l'entourent.


Les instances socialisatrices

 

Famille

Premières expériences sociales, apprentissage et acquisition du langage, des principaux codes et règles, etc.

École

Intégration de certaines règles, apprentissage de la vie en groupe, maîtrise du langage et du comportement

Médias

Groupes de pairs

Associations

Églises, crèches, clubs de sport, syndicats, partis politiques, activités culturelles.

Relations de travail

 

L'identité sociale est évolutive et voit se succéder des phases de transition et des processus de restructuration. La socialisation n'est pas un processus homogène et linéaire, mais est fonction des différents réseaux de socialisation qui s'entrecroisent, chacun étant porteur de normes et de valeurs propres pouvant être différentes, voire contradictoires. L'identité des individus ne se construit pas seulement à partir des rôles intériorisés pendant l'enfance.

Au-delà de tout déterminisme social, les individus construisent leur identité propre tout au long de leur vie. Au fur et à mesure des rencontres, les individus peuvent être confrontés à des groupes sociaux différents, où les normes, les valeurs et les comportements diffèrent. Ils peuvent ainsi, en tout ou partie, se détacher des normes et valeurs intégrées dans l'enfance.

Néanmoins, la socialisation primaire influence durablement le rôle social de l'adulte en ce que les normes et les valeurs sociales intériorisées pendant l'enfance constituent une part importante de l'identité adulte. Elle laisse ainsi une forte empreinte sur les socialisations intervenant ultérieurement, celles-ci ayant toutes pour caractéristique principale d'intervenir « après», dans un «second temps ».

Les expériences vécues dans la vie adulte seront pour beaucoup interprétées et vécues à travers le prisme, conscient ou non, de la socialisation primaire.

En effet, si la socialisation primaire a pour effet de construire l'individu, la situation de départ est différente s'agissant de la socialisation secondaire. «Elle ne "crée" ni ne "produit'' ex nihilo un individu social mais doit faire avec, d'une manière ou d'une autre, les produits antérieurement incorporés au cours de la socialisation primaire qui ont fait que l'individu est ce qu'il est devenu.

Une socialisation secondaire est donc nécessairement une reconstruction, et l'un des enjeux de son analyse est de comprendre ses rapports avec la socialisation primaire ». La socialisation secondaire est donc en partie déterminée par la socialisation primaire : il y a continuité entre ces différents processus.

Face à cette diversité, l'individu peut vouloir être défini par rapport au groupe social auquel il souhaite appartenir (groupe de référence, ou groupe choisi) et non plus en fonction de son groupe originel (groupe d'appartenance, ou groupe subi).

Cette dynamique est appelée socialisation anticipatrice, L'individu, en s'appropriant par avance les normes et les valeurs du groupe de référence, cherche à y faciliter son intégration.


Une rupture biographique désigne un changement important dans la trajectoire de vie d'un individu. Cette rupture peut être volontaire (conversion religieuse, changement radical de profession, etc.) ou involontaire (maladie chronique, ascension sociale fulgurante, etc.)

La notion d'habitus désigne un ensemble de dispositions durables (valeurs, croyances, représentations, etc.) plus ou moins inconscientes, acquises au sein du milieu social d'origine et qui guident les perceptions, les opinions et les actions des individus.

 

Le diagramme de sociabilité

Le diagramme de sociabilité est un outil permettant de visualiser schématiquement les rapports de sociabilité qui composent la vie du jeune. Il est composé de 6 pôles : la famille, la sociabilité ouverte, l'environnement, la sociabilité à distance, la sociabilité instituée et la sociabilité cachée. 

Phénomène d'anomie = ...

Quand un groupe va mal, ça aura des conséquences sur l'individu (explosion / implosion), il peut développer des pathologies ou adopter un comportement déviant (passage à l'acte / dépression).

Sur le plan individuel, Retrait social souvent volontaire mais parfois non volontaire.

=> création d'un conflit qui peut inscrire l'individu dans la marginalité ou la déviance.

 

Le conflit est le signe que quelque chose évolue, il est donc créateur et positif sauf s'il ne parvient jamais à se résoudre. Dans ce cas, il aboutit à une rupture de la communication qui peut avoir des conséquences sur les plans personnel, groupal, sociétal. Cette situation sociétale de chaos = anomie.

 

Théories de l'attachement

En 1935, Lorenz (1903-1989) entreprend une recherche sur les liens précoces pouvant exister chez les animaux, il élabore ainsi la théorie de l’empreinte (canetons qui suivent le premier objet auquel ils sont confrontés). Les relations précoces marquent l'individu dans son développement, les premiers liens ne se basent pas sur la simple satisfaction physiologique. Le contact doit d'abord être porté par un investissement affectif sinon le bébé peut se laisser mourir.

Vingt trois ans après cette première découverte, un éthologiste du nom de Harlow démontre, grâce à une expérience sur les singes, que le besoin de contact est essentiel pour le développement et qu’il est indépendant des besoins primaires.

John Bowlby : Sur la base de ces premiers travaux et en s’appuyant plus particulièrement sur les découvertes de Lorenz, John Bowlby va développer la « théorie de l’attachement ». Cette théorie est complémentaire à celle de Freud qui stipulait que le recours à la mère s’expliquait par le besoin de nourriture et que la libido avait un rôle tout à fait essentiel pour la satisfaction des besoins vitaux.

Pour Bowlby, l’attachement se situe au même niveau que les besoins physiologiques, il est essentiel au bon développement de l’enfant et lui permet d’établir des relations sociales. Il insiste sur la continuité et la qualité du lien, il n'est pas nécessaire qu'une mère soit toujours parfaite mais l'attachement est le plus important.


Marie Ainsworth succède à John Bowlby dont elle partage l’idée selon laquelle l’attachement est un besoin primaire. Elle va observer pendant un an des couples mères-bébés au cours des repas et ce pendant les trois premiers mois de la vie du nourrisson. La sensibilité de la mère à son enfant et sa capacité à appréhender ses besoins vont être le centre d’intérêt de la chercheuse.

Un an après ces premières observations, elle revoit les mêmes dyades afin d’évaluer l’attachement des enfants à leur mère. Elle expose ainsi les enfants à huit situations différentes, impliquant des séparations puis des retrouvailles avec leur mère, après avoir été avec un inconnu.


•   Sécure : le bébé manifeste par des signes qu’il ressent le départ de son parent au moment de la séparation et l’accueille chaleureusement quand il le retrouve (mais ne focalise pas son attention sur lui et retourne jouer).

•   Insécure-évitant : Le bébé ne montre pas de signe de ressenti par rapport au départ de son parent et quand le parent revient, l’enfant l’évite. Il focalise son attention sur l’environnement et ce de manière persistante.

•   Insécure-résistant : L’enfant est préoccupé par le parent pendant la « Strange situation », il n’arrive pas à se calmer quand le parent revient, son attention est portée sur celui-ci, il reste agrippé à son parent et la séparation le désespère.

Le bébé a besoin de ressentir que son environnement est sécurisant.


En 1986, Marie Main et J. Solomon vont ajouter un quatrième type d’attachement : L’attachement « Désorganisé-désorienté » qui se retrouve quand les parents sont effrayés ou quand ils ont des comportements effrayants avec leur enfant. L’enfant se retrouve alors dans une situation paradoxale, puisque ce qui doit être sécurisant va causer la crainte. Une angoisse est une peur sans objet, la situation de vulnérabilité est une attente que quelque chose de grave arrive (en faisant tout pour que ça arrive).

Marie Main va élaborer avec Carol George et Nancy Kaplan un questionnaire, le AAI, qui regroupe quinze items concernant l’attachement du parent à ses propres parents quand il était enfant. Ce questionnaire met en évidence une corrélation entre la catégorie à laquelle appartient le parent et le type d’attachement du bébé.

 

Le moi-peau (Didier Anzieu, 1974)

Le Moi-peau est un concept psychanalytique ,Le Moi-peau, publié en 1985. La notion de moi peau a pour but d’expliquer comment se construit le sentiment d’existence, d’identité du bébé. Ce concept renvoie entre autre à la notion de Self (le Moi) au sens que lui donne par exemple Winnicott. Il s’agit de comprendre comment se constitue le Moi au sens de « moi différent des autres » et non la notion freudienne de Moi (qui elle est à comprendre en la distinguant du Ça et du Surmoi).

Pour Didier Anzieu, ce sentiment d’être une personne unifiée, distincte du reste des phénomènes s’appuie sur la peau. Sa théorie permet d’offrir une plus grande place au corps qui était jusque là le « parent pauvre » de la psychanalyse.

Moi-peau : « Figuration dont le moi de l’enfant se sert au cours des phases précoces de son développement pour se représenter lui-même comme moi contenant les contenus psychiques, à partir de son expérience de la surface du corps. Cela correspond au moment où le moi psychique se différencie du moi corporel sur le plan opératif et reste confondu avec lui sur le plan figuratif ».


Les maladies psychosomatiques (poussées d'acné du au stress, troubles alimentaires, etc), les adolescents qui se scarifient,… peuvent permettre au psychique de se protéger, par le biais du corps. Le corps est une interface entre le monde psychique et le monde externe.


Le Moi-Peau désigne une figuration dont le moi de l’enfant se sert au cours des phases précoces de son développement pour se représenter lui-même comme moi à partir de son expérience de la surface du corps. L’instauration du moi-peau répond à un besoin d’une enveloppe narcissique et assure à l’appareil psychique la certitude et la constance d’un bien être de base.

Le moi-peau trouve son étayage sur trois fonctions de la peau : c’est le sac qui retient à l’intérieur le bon et le plein de l’allaitement : la peau contient les bonnes expériences à l'intérieur ne laissant rien sortir du corps. C'est la surface qui marque la limite avec le dehors et contient celui-ci à l’extérieur = membrane de protection. C’est un lieu et un moyen d’échange primaire avec autrui (tatouages).


Le moi hérite de cette origine épidermique et proprioceptive la double possibilité d’établir des barrières et de filtrer les échanges. Ce concept de Moi-Peau sera accueilli avec enthousiasme à cette époque, et il s’est avéré comme une des notions les plus fertiles en psychanalyse pendant plusieurs années après sa création.

Le tout petit reçoit les gestes maternels tout d’abord comme excitation puis comme communication (“le massage devient un message”). C’est à travers les soins corporels et les communications pré-verbales précoces que l’enfant va commencer à différencier une surface comportant une face interne et une face externe, permettant la distinction entre le dedans et le dehors et un volume ambiant dans lequel il se sent baigné, surface et volume qui lui apportent l’expérience d’un contenant. La peau =« contenance » théorisée par Bion.

 

 

3. Pathologies du lien social et maladies mentales


Il y a toujours une part héréditaire (capital génétique) qu'on ne maîtrise pas + un tempérament personnel (vulnérabilités et résilience). Chacun a sa structure (+/- préservée), le cristal (psychose / névrose) qui se forme tôt dans la vie. Quand la personne n'arrive plus à faire face aux difficultés de sa vie, la façade du cristal / structure se fissure, selon les ondes de fragilités pré-existantes. Certaines maladies ne se décompensent jamais, mais quand ça casse, des épisodes délirants peuvent apparaître.


Dans les cas d’équilibre de la personnalite?

(normalite?), les symptômes sont efficaces, le sujet vit avec sans trop de difficultés et de souffrance. Dans les cas de rupture de l’équilibre (pathologie) les symptômes deviennent peu à peu invalidants, ils envahissent la vie du sujet. Ce ne sont pas les symptômes qui fondent la pathologie, mais leur intensite? ,quantité , aspects invalidants ou le fait qu’ils font souffrir le sujet qui ne parvient pas à s’en débarrasser !


Une autre définition de la normalite? : lorsque la souffrance devient très importante, qu’une limitation de l’autonomie psychique et de la sécurite? interne au quotidien empêche de mener une vie où il est possible d’aimer, de rencontrer, de travailler, ou que les actes posés par le patient ne cessent de lui nuire ou de nuire à autrui, alors le mode de fonctionnement ne peut plus être qualifié de normal.



Au fur et à mesure du temps, le tableau clinique évolue. Les deux structures de base sont la névrose et la psychose, plus tard sont apparus les états-limites. Dans chaque structure pathologique, on retrouve un socle commun : conflit commun et type d'angoisse commune.

L'état limite présente des traits névrotiques, elle est très polymorphe mais ne se confondra jamais avec les deux autres structures, elle n'est pas un compromis mais bel et bien distincte. La psychose a toujours existé mais n'a jamais changé, elle est la plus archaïque.


États-limites : (stade phallique)

Le surmoi n'est pas intériorisé, l'état-limite est rêveur, idéaliste. L'état-limite trouve la stabilité dans l'instabilité (change de centres d'intérêts, de travail, etc) et est très entraînant, hyper-actif. Quand tout s'effondre, c'est le changement radical. Se caractérise par des passages à l'acte constants (drogues, alcool, etc) mais aussi suicidaires. L'angoisse / conflit qui l'anime est anaclitique (=  ravive des angoisses d'abandon, de vide existentiel), un conflit d'étayage, l'état limite cherche toujours à s'appuyer sur quelque chose, création d'un pseudo-monde idéal. Le psychopathe est un bon représentant de l'état-limite.


Dépression : enfoncement, chute

Lassitude et abattement, ennui et dégoût, découragement et pessimisme, anxiété et tristesse. On trouve aussi des troubles du sommeil & de l’appétit, des troubles somatiques (palpitations, vertiges, douleurs, fatigue). Un ralentissement du comportement et des fonctions cognitives, une baisse de l’estime de soi, désintérêt pour soi et les autres, baisse libido, anhédonie, apathie. Un émoussement émotionnel et affectif, sidération, torpeur, hébétude, mélancolie.

? Psychothérapie, médicaments psychotropes, hospitalisation, chimiothérapie, sismothérapie.

 

Le névrosé est le plus proche de la normalité, la névrose se cristallise tardivement au niveau du développement psychique (probablement au moment du complexe d’œdipe).

Névroses :

•   névrose phobique

•   névrose obsessionnelle

•   névrose hystérique

 

La psychose se cristallise tôt, il y a un problème de différenciation qui s'installe que l'individu ne dépassera jamais (limite entre le monde interne et externe sera toujours très flou). Cela crée des difficultés à interpréter ce que l'autre pense, et fait (geste, regard), une difficulté à distinguer ce qui lui est propre et au monde qui l'entoure ? rapport entre moi et réalité. Elle se caractérise par l'angoisse de morcellement donne l'impression de mourir et de ne plus pouvoir exister, qui est donc une angoisse de mort. Le passage à l'acte s'explique souvent par une perception de l'autre comme un terme persécutif, « si je veux exister je dois supprimer l'autre ». les psychotiques sont donc des solitaires, le contact est fragile, la personne se renferme sur elle même dès que l'angoisse apparaît.

Primitive puisque cristallise tôt mais se manifeste tard, on diagnostique tard puisque les choses peuvent évoluer, l'adolescent est instable. La psychose est chronique, une fois qu'elle est installée, il est difficile d'en sortir.

Psychoses :

•   psychose schizophrénique

•   paranoïa

•   hébéphrénie

•   héboïdophrénie

•   psychose maniaco-dépressive (parmi les troubles de l'humeur)

 

Angoisse de castration : angoisse coupable,


Analyse des traits de personnalité :

•   Influence de la structure

•   Postulat d’une différenciation entre les personnalités pathologiques entraînant une distinction des sujets « normaux » et des sujets délinquants. L’absence ou la présence de traits de personnalité ne suffit pas à spécifier le crime.

 

4. Crime et criminalité : conflictualités individuelles et groupales, l'exemple du terrorisme

 

Psychose :

•   Caractère prégénital

•   affects mélancoliques avec remise en question de son existence, altérations de l'affectivité, sentiment de persécution

•   un temps particulier : le passage entrée est particulièrement marqué par l'entrée dans la psychose, la décompensation

•   corrélation entre passage à l'acte et intensité symptomatologique

 

Rôle de la relation d’objet : « ni objet externe véritable ni objet interne, ni être réel, ni imago, ni dedans, ni dehors, mais « collant » aux portes d’un moi aux limites indécises » (Zagury, Millaud, 1999).

 

Névrose :

•   Le névrosé = maître de ses pulsions, sentiment de culpabilité parce que culpabilisé beaucoup trop tôt, culpabilité anticipatrice qui fait que le névrotique passe rarement à l'acte, excepté sur lui-même (lors d'échecs). Il est paradoxal d'évoquer un comportement antisocial chez le névrosé.

•   Pourtant Freud parle déjà de l’Agresseur par sentiment de culpabilité, la culpabilité n’empêche pas de commettre un acte délinquantiel, au contraire, il peut être un facteur facilitant.

 

Le psychopathe est perçu d'abord à travers ses passages à l'acte.

Psychopathie : selon Kernberg (1979) = Faiblesse du moi et manque de contrôle pulsionnel, projection sur l’objet des images de soi mauvaises, tentative d’éloignement de l’objet externe par la violence.

Selon le DSM-5 : « Ensemble de comportements répétés liés à un mépris et une violation des droits d’autrui chez un individu majeur, les troubles ayant débuté à l’adolescence. En dehors des conséquences d’une autre maladie mentale.


–   Incapacité à se conformer aux règles sociales et comportements licites, (entrainant des conséquences policières et judiciaires)

–   Tromperie et mensonge répétés,

–   Impulsivité et imprévisibilité,

–   Irritabilité et agressivité (se traduisant par des violences physiques),

–   Mépris pour sa sécurité ou celle d’autrui, Incapacité d’assumer ses obligations professionnelles ou financières, Absence de remords, indifférence et rationalisation des conséquences de ses comportements. »


Troubles de la personnalité psychopathique à environ 1 à 3 % de la population, avec une forte prédominance masculine.


Perversion(s)

•   Angoisses prégénitales

•   Père-version (Lacan, 1957-58)

?        Transgression : « il n’est pas de moyen plus opportun de s ’assurer de l’existence de la Loi qu'en s ’efforçant de transgresser les interdits »

?        Défi

L'agression sexuelle n'est pas sexuelle en tous points puisqu'elle peut passer par l'acte sexuel sans être à visée de plaisir sexuelle.

La perversion se caractérise par la manipulation exercée sur l'autre, on peut accuser l'autre de ce qu'on fait nous mêmes. C'est ainsi que peuvent s'installer des relations sadomasochistes.


Le sentiment de culpabilité peut avoir un coté préventif, notre conscience morale entre souvent en adéquation avec la norme sociale. Sans règles et lois, on vivrait dans un état d'anarchie, anomie, confusion.

Le passage à l'acte violent, comme tout comportement est un processus essentiellement fonction de l'interaction entre personnalité et environnement.

 

Modèle de la criminogenèse

L'interaction entre personnalité et événements sociaux va créer un conflit / malaise, ce qui va être source de régulations du conflit / malaise qui vont tenter de le dépasser. Si ça échoue, des projet – actes – choix sont suscités qui amènent à des situations à risque (infractions).


Penser l'événement désorganisateur

•   la mentalisation : capacité à tolérer l'angoisse intrapsychique et les conflits interpersonnels ou intra-psychiques

 

Du crime individuel au crime collectif ou faisant plusieurs victimes

 

Exemple de la radicalisation

Il se caractérise par un dévouement inconditionnel et extrémiste au groupe ou à la cause, associé à une action violente. Passe par un rapport inconditionnel à un corpus de croyances extrêmes et un engagement en son nom. Il y a un effacement de la dimension individuelle.

Ce ne sont pas des psychopathes (bons délinquants) mais des gens clairement organisés, issus de milieux sociaux favorables, c'est à dire l'envers de la délinquance habituelle.

 

Il faut distinguer : idéologie extrémiste (système de pensée poussée à l’extrême) et radicalisation extrémiste-djihadiste (Radicalisation à son apogée : extrémisme, dévouement inconditionnel au groupe et à la cause, effacement de la dimension individuelle).

 

Degrés de radicalisation :

•   Radicalisation communautariste

•   Radicalisation identitaire

•   Radicalisation culturelle

•   Radicalisation intégriste-politique

•   Engagement violent-terririsme djihadiste

 

Signes du processus de radicalisation, remis en question aujourd'hui

•   rupture avec la famille, les anciens amis, les proches

•   rupture avec l'école, déscolarisation soudaine

•   nouveaux comportements alimentaires, vestimentaires, linguistiques, financiers

•   nouveaux comportements identitaires, propos asociaux, rejets de l'autorité et de la vie en collectivité

•   repli sur soi

•   fréquentation de sites internet / réseaux sociaux à caractère radical ou extrémiste.


Les parcours menant à la radicalisation violente sont en général plus discrets.

 

Le rapport Carrié & Bonelli (28 mars 2018) : La radicalité est avant tout relationnelle, il n'y a pas de relation purement individuelle puisque l'interaction et le lien social sont présents. Condition d'engagement = communauté émotionnelle (renforcement massif d'émotions : loyauté, amitié).

Régulation faible

Régulation forte

Intégration faible

Radicalité apaisante

Radicalité rebelle

Intégration forte

Radicalité agoniste

Radicalité utopique


A retenir :

1. radicalité apaisante

2. radicalité agoniste : population de rue, bandes de jeunes, jeunes utilisant le registre djihadiste pour provoquer les institutions, propos et comportements inquiétants. Très représentés.

? révoltés : les jeunes les plus proches de la délinquance sont les plus éloignés des passages à l'acte les plus sérieux.

3. radicalité rebelle : jeunes par ailleurs insérés avec des familles contraignantes, rébellion contre la famille, c'est là qu'il y a le plus de conversion

4. radicalité utopique : groupe idéologique, projet politique de réorganisation de la société, profil d'attentat en réseau, (tentative de) départ en Syrie. Très représentés.

? engagés : les actes les plus sérieux sont le plus souvent perpétrés par des jeunes issus de familles stables, aux parcours scolaires prometteurs.

 

Il n’existe pas de personnalité « type » chez les terroristes relevant d’un dysfonctionnement mental ou pathologique. La question du contexte + vulnérabilités individuelles critiques associées à une position communautaire de susceptibilité et d’humiliation sont à prendre en compte. L'individu (15%) est le produit de l’interaction de son groupe d’appartenance (35%) et du contexte social (50%).

 

Aller-retour entre les croyances et les valeurs pour la construction d’un engagement violent 


? Résonance émotionnelle avec le cadre doctrinal : Les émotions ont un rôle fort lorsqu’elle rentrent en résonance avec les idées d’un individu Sentiment de renaître à soi même, la nouvelle vie comme une seconde chance, surinvestissement de la nouvelle identité radicale.

 

? Résonance axiologique avec le cadre doctrinal : Mobilisation de l’individu au nom des valeurs morales. L’individu qui croit servir une cause juste accepte de s’engager dans l’engagement violent. Forte dispositions affectives à l’indignation et à la compassion Itinéraire : Expérience personnelle traumatisante du point vue des valeurs Pour sortir de la radicalisation, il faut emprunter les mêmes voies qui ont permis d’y entrer !


Post-Bac
2

Relations et interactions dans la normalité, la pathologie et la délinquance selon l’approche psycho-dynamique clinique

Psychologie

Définition

PSYCHOPATHOLOGIE
= Associé à tord à la psychologie clinique. Pas une discipline normative, c'est ce qui la différencie de la psychiatrie, On négocie avec le patient = travail sur mesure. Elle a pour objet le repérage, la classification (taxinomie) et l'explication des modifications du vécu, du comportement et de la personnalité qui sortent de la norme et/ou occasionnent de la souffrance. On s'intéresse à la souffrance et au ressenti . Étymologiquement : étude des souffrances de l'âme (du grec : psukhê, âme et pathos, maladie) ,étude des conduites et des personnalités pathologiques, des troubles mentaux, mais pas que… Histoire Terme apparu en Allemagne fin 18e (1783) : disparaît et émerge à nouveau fin 19e (toujours en Allemagne). Psychologie pathologique fondée par Th. Ribot : méthode qui veut qu’on étudie les phénomènes normaux à partir des phénomènes pathologiques. Liée à l’émergence de l’aliénisme (fin 18e) avec une progressive médicalisation des troubles mentaux. Les troubles mentaux sortent du champ de la morale & de la religion d’une part et de la philosophie d’autre part pour entrer dans le champ de la médecine. La psychopathologie serait une science fondamentale : science des troubles mentaux dont la psychiatrie (médecine mentale) serait la science appliquée. La psychopathologie traditionnellement liée à la psychiatrie est aussi revendiquée comme branche de la psychologie.
Approche psychodynamique
• Psychologique : explication d’ordre psychique des troubles et des conduites • Dynamique : la psyché est un champ de force source de conflictualité = Origine du conflit : intrapsychique et/ou intersubjectif.
Psychologie clinique et pathologique
Base universitaire d’une approche psycho-dynamique issue en grande partie de la psychanalyse.
Moi-peau
« Figuration dont le moi de l’enfant se sert au cours des phases précoces de son développement pour se représenter lui-même comme moi contenant les contenus psychiques, à partir de son expérience de la surface du corps. Cela correspond au moment où le moi psychique se différencie du moi corporel sur le plan opératif et reste confondu avec lui sur le plan figuratif ».
PSYCHANALYSE
Le fondateur Sigmund Freud construit progressivement la théorie et la pratique psychanalytique. Les contributions fondamentales de la psychanalyse à la compréhension des interactions sociales Fin du 19è, Freud place le conflit au centre des processus d'individualisation et de socialisation. Le crime est perçu comme un symptôme. Lacan: la psychanalyse irréalise le crime ? la psychologie n'est pas une discipline normative, mais sur mesure, compréhensive. Il n'est pas question de « faire rentrer la personne dans le droit chemin ». = L'objectif est que la personne retrouve son équilibre. La psychopathologie repose sur une approche humaniste et compréhensive qui s'intéresse à la subjectivité, l'unicité et l'historicité de la personne.

La psychologie requise ne peut être qu'une connaissance incluant étroitement le psychologue dans le champ d'observation, donc une connaissance intersubjective : co-construction de la personne, avec une psychologie en 2è personne (tu/vous).

Ce n'est pas ce que la personne fait qui est intéressant en criminologie, c'est ce qu'elle vit intérieurement, sa souffrance.


Fantasmes, mythes et inconscient collectifs : apport de la psychanalyse à la compréhension du psychisme et des comportements

Fantasmes vont déterminer les normes auxquelles nous devons nous conformer. Les formes qu’empruntent ces fantasmes originaires valent pour notre culture et notre époque .

On retrouve un petit nombre de fantasmes prototypiques :

1. fantasme de scène primitive: conception, procréation

2. fantasme œdipien (identification, respect de la loi, accès à la symbolisation)

3. fantasme de castration (séparation, différenciation, relativisation de son pouvoir)

4. fantasme de retour au ventre maternel

 

L’enfant doit s’y conformer pour devenir un adulte, qui transmettra à son tour ces fantasmes à sa descendance et leur valeur structurante. Les fantasmes originaires sont une donnée collective inconsciente que les générations se transmettent de l’une à l’autre.

En psychanalyse, on appelle fantasme originaire (Urphantasien en allemand) des scénarios imaginaires, d'ordre inconscient, communs à tous les humains. Les mythes, comme certains rêves, mettent en scène ces images archaïques, essentielles en tant qu’organisatrices de la vie fantasmatique et comme indifférentes aux expériences personnelles de chacun.


L'origine des fantasmes originaires a fait l’objet d’un large débat .


Jung émit l’idée que les fantasmes originaires relevaient d’une tendance phylogénique : Archétypes, d’images composant l’inconscient collectif.

Freud contestait la pertinence de cette notion : si les mythes, les rêves, peuvent exprimer symboliquement des fantasmes universels, les images elles-mêmes ne peuvent constituer un patrimoine héréditaire. Il faisait plutôt découler ces scènes imaginaires de l'expérience de scènes réelles survenues dans la prime enfance, et leur universalite? du fait que ces scènes sont, selon lui, tôt ou tard pareillement vécues par tout un chacun.


 

On a besoin d'affection pour se tourner vers la vie : ex des bébés qui se laissent mourir (de faim) lorsqu'ils n'ont pas d'affection.

 

Bergeret sur la base des écrits de Freud a découvert que la maladie comme la violence s'inscrivent depuis toujours dans la vie (et les sociétés). Ça fait partie de l'humanité et ça n'a pas à être étranger, même si c'est effrayant.

Selon lui, l'être humain se construit dans la violence = quête de survie.

 

Les stades de l'enfance, l'individualisation et la socialisation

 

Un stade se caractérise par la mise en correspondance d'une source pulsionnelle particulière (zone érogène), d'un objet particulier et d'un certain type de conflit. À chaque phase, l'enfant est censé réaliser un équilibre temporaire. Il existe donc 3 stades prégénitaux : oral, anal, phallique ou urétral (0 à 4 ans), puis le complexe d’œdipe (4-7 ans), suivi de la période de latence (7-12 ans) et de la puberté.

 

Le stade oral (0-12 mois)

Source de la pulsion : bouche, zone orale

Objet de la pulsion : sein maternel


Karl Abraham différencie 2 sous-stades (oral primitif jusqu'à 6 mois et sadique oral après). Lorsque l'enfant tête le sein, il l'incorpore (introjection) tout comme il incorpore les fragments du monde extérieur pour en faire du soi.

L'enfant va petit à petit concevoir la notion d'objet extérieur à lui, car au départ, lui et le sein ne font qu'un... l'enfant dans sa toute-puissance illusoire de maîtrise de l'autre, convoquant le sein par son cri, dispose de l'objet pour sa satisfaction.

= Illusion que la rencontre de deux corps peut constituer un seul appareil psychique --> l'inscrit dans la pulsion de vie.


Le stade anal (2-3 ans)

Ce stade commence avec le début du contrôle sphinctérien, mais le plaisir anal existait déjà avant, c'est juste qu'il devient là dominant. Source pulsion : muqueuse ano-rectale, objet pulsion : boudin fécal.

C'est une phase d'extrême ambivalence où l'enfant est sans cesse entre la conservation, la rétention et l'expulsion, le dedans et le dehors, l'activité et la passivité (le sadisme et le masochisme).

Les fèces sont une monnaie d'échange entre lui et ses parents et il peut décider de les garder ou de les donner comme cadeau ou une punition…

K. Abraham distingue 2 sous stades : sadique anal (plaisir pris à l'expulsion avec le sadisme lié à la destruction) et rétentionnel (plaisir recherché dans la rétention avec l'opposition au désir des parents).



Le stade phallique (3-4 ans)

Source pulsion : organes génitaux (gland, clitoris), objet pulsion : le pénis pour les deux sexes.

La satisfaction provient de l'érotisme urétral (fonction urinaire, laisser couler) et de la masturbation (frottement, pression).

À partir de là commencent la curiosité sexuelle et les « théories sexuelles infantiles » (1908) autour des questions essentielles que se posent les enfants : la différence des sexes, l'origine des enfants.

 

Le complexe d’œdipe (4-7 ans)

Objet de la pulsion : partenaire privilégié du couple parental (avec alternance même entre mère et père | Oedipe inversé).

Source pulsion : excitation recherchée dans la possession de ce partenaire.


L'angoisse de castration inaugure l'entrée dans l'Oedipe marquée pour le garçon par la peur de perdre son pénis et pour la tille par l'envie d'en posséder un.

Il s'agit là de la question d'être homme ou femme et de s'inscire dans le lien à l'autre avec constitution du surmoi, de l'idéal du moi... Il s'agit donc de résoudre la crise œdipienne.

L'enfant se distancie à cet âge de la mère, ce qui ouvre des perspectives au petit.

 

Période de latence (7-12 ans) a tendance à être plus courte

 

Il s'agit d'une phase de transition entre la résolution du confit œdipien et la puberté. L'enfant accuse le coup (après (Œdipe) et il y a un temps d'arrêt dans le développement de la sexualité humaine. L'enfant devient pudique, plus sociable…

Il refoule tout cela plus ou moins bien, voire sublime ou pas.


Puberté


Pas d’individualisation sans socialisation : la relation à l’autre au cœur de la construction du psychisme (du normal ou du pathologique)

L’analyse du mode de relation à l’autre est centrale dans la psychanalyse et se décline à travers les processus d’individualisation et de socialisation qui peuvent être analysés à travers :

 

LA SOCIALISATION

La socialisation se définit le plus souvent comme l'apprentissage d'une conduite sociale, du « vivre-ensemble ». Elle désigne le processus par lequel un individu s'approprie et intériorise les normes, valeurs et rôles qui régissent le fonctionnement de la vie en société à laquelle il appartient, à travers les interactions qu'il noue avec ses proches.

La socialisation est un processus interactif qui intervient tout au long de la vie de l'individu et qui met en jeu de nombreuses instances. Celles-ci sont le plus souvent distinguées selon la période de socialisation dans laquelle elles interviennent. Les sociologues distinguent classiquement deux étapes dans le processus de socialisation : la socialisation primaire et la socialisation secondaire.

La socialisation primaire se déroule pendant l'enfance : elle est la période durant laquelle les apprentissages sociaux fondamentaux vont se faire (respect, politesse, etc.). L'enfant apprend l'existence de différents rôles, intègre les attitudes et les principes généraux auxquels il doit se conformer.

La socialisation secondaire a cours tout au long de l'âge adulte : l'individu intériorise de nouvelles valeurs, de nouveaux rôles qui peuvent plus ou moins transformer son identité (couple, amis, milieu professionnel, associations sportives, culturelles, cultuelles, etc.).


Cette seconde étape dans le processus de socialisation consiste donc davantage en un complément d'apprentissage d'un sujet déjà socialisé : elle est moins globalisante que la socialisation primaire et davantage choisie par l'individu. Ainsi, qu'il s'agisse du milieu géographique, ethnique ou social, leur influence s'inscrit dans l'action des agents primaires ou secondaires. Par exemple, l'éducation donnée par chaque famille reflète en partie les valeurs du groupe social d'origine.

Au-delà de ces deux étapes, la socialisation est un processus différencié au regard de variables que sont essentiellement le milieu social, l'âge ou le genre :

•   Les différentes catégories sociales ne valorisent pas les mêmes normes et valeurs auprès de leurs enfants. Ils acquièrent et intériorisent des normes et valeurs propres à leur groupe social, ce qui débouche alors sur des comportements différents.

•   La manière de parler, les attitudes et jeux proposés à l'enfant, les attentes scolaires et orientations professionnelles sont des faits sexués : on ne se comporte pas de la même façon selon que l'on s'adresse à une fille ou un garçon. Par exemple, les jouets sont dès la naissance un vecteur de stéréotypes des rôles sociaux (les filles joueront à la poupée pendant que les garçons préféreront les petites voitures).

Les premiers moments de socialisation de l'enfant naissent dans un cadre de grande dépendance socio-affective à l'égard des adultes.

La socialisation est une affaire d'interactions, « divers mécanismes y contribuent : les identifications, les affiliations, le partage, la coopération ».

C'est aussi une question d'implication, car l'individu ne fait pas que se conformer : il participe et prend une part active à ce processus.


La socialisation est au carrefour de la sociologie et de la psychologie. Cette notion peut être appréhendée comme l'adaptation de l'individu à son environnement par des processus participant aussi bien de l'apprentissage de l'interaction relationnelle que de l'intériorisation des normes collectives et des codes sociaux, et la construction psychique de la personne.

Les concepts de base de toute interaction sociale sont les rôles (conçus comme les modalités concrètes d'exercice d'une fonction), les valeurs (définies comme principes de justification) et les normes (envisagées comme les façons acceptées de se conduire).

Leur acquisition permettra à l'individu d'être pleinement intégré aux différents mondes sociaux qui l'entourent.


Les instances socialisatrices

 

Famille

Premières expériences sociales, apprentissage et acquisition du langage, des principaux codes et règles, etc.

École

Intégration de certaines règles, apprentissage de la vie en groupe, maîtrise du langage et du comportement

Médias

Groupes de pairs

Associations

Églises, crèches, clubs de sport, syndicats, partis politiques, activités culturelles.

Relations de travail

 

L'identité sociale est évolutive et voit se succéder des phases de transition et des processus de restructuration. La socialisation n'est pas un processus homogène et linéaire, mais est fonction des différents réseaux de socialisation qui s'entrecroisent, chacun étant porteur de normes et de valeurs propres pouvant être différentes, voire contradictoires. L'identité des individus ne se construit pas seulement à partir des rôles intériorisés pendant l'enfance.

Au-delà de tout déterminisme social, les individus construisent leur identité propre tout au long de leur vie. Au fur et à mesure des rencontres, les individus peuvent être confrontés à des groupes sociaux différents, où les normes, les valeurs et les comportements diffèrent. Ils peuvent ainsi, en tout ou partie, se détacher des normes et valeurs intégrées dans l'enfance.

Néanmoins, la socialisation primaire influence durablement le rôle social de l'adulte en ce que les normes et les valeurs sociales intériorisées pendant l'enfance constituent une part importante de l'identité adulte. Elle laisse ainsi une forte empreinte sur les socialisations intervenant ultérieurement, celles-ci ayant toutes pour caractéristique principale d'intervenir « après», dans un «second temps ».

Les expériences vécues dans la vie adulte seront pour beaucoup interprétées et vécues à travers le prisme, conscient ou non, de la socialisation primaire.

En effet, si la socialisation primaire a pour effet de construire l'individu, la situation de départ est différente s'agissant de la socialisation secondaire. «Elle ne "crée" ni ne "produit'' ex nihilo un individu social mais doit faire avec, d'une manière ou d'une autre, les produits antérieurement incorporés au cours de la socialisation primaire qui ont fait que l'individu est ce qu'il est devenu.

Une socialisation secondaire est donc nécessairement une reconstruction, et l'un des enjeux de son analyse est de comprendre ses rapports avec la socialisation primaire ». La socialisation secondaire est donc en partie déterminée par la socialisation primaire : il y a continuité entre ces différents processus.

Face à cette diversité, l'individu peut vouloir être défini par rapport au groupe social auquel il souhaite appartenir (groupe de référence, ou groupe choisi) et non plus en fonction de son groupe originel (groupe d'appartenance, ou groupe subi).

Cette dynamique est appelée socialisation anticipatrice, L'individu, en s'appropriant par avance les normes et les valeurs du groupe de référence, cherche à y faciliter son intégration.


Une rupture biographique désigne un changement important dans la trajectoire de vie d'un individu. Cette rupture peut être volontaire (conversion religieuse, changement radical de profession, etc.) ou involontaire (maladie chronique, ascension sociale fulgurante, etc.)

La notion d'habitus désigne un ensemble de dispositions durables (valeurs, croyances, représentations, etc.) plus ou moins inconscientes, acquises au sein du milieu social d'origine et qui guident les perceptions, les opinions et les actions des individus.

 

Le diagramme de sociabilité

Le diagramme de sociabilité est un outil permettant de visualiser schématiquement les rapports de sociabilité qui composent la vie du jeune. Il est composé de 6 pôles : la famille, la sociabilité ouverte, l'environnement, la sociabilité à distance, la sociabilité instituée et la sociabilité cachée. 

Phénomène d'anomie = ...

Quand un groupe va mal, ça aura des conséquences sur l'individu (explosion / implosion), il peut développer des pathologies ou adopter un comportement déviant (passage à l'acte / dépression).

Sur le plan individuel, Retrait social souvent volontaire mais parfois non volontaire.

=> création d'un conflit qui peut inscrire l'individu dans la marginalité ou la déviance.

 

Le conflit est le signe que quelque chose évolue, il est donc créateur et positif sauf s'il ne parvient jamais à se résoudre. Dans ce cas, il aboutit à une rupture de la communication qui peut avoir des conséquences sur les plans personnel, groupal, sociétal. Cette situation sociétale de chaos = anomie.

 

Théories de l'attachement

En 1935, Lorenz (1903-1989) entreprend une recherche sur les liens précoces pouvant exister chez les animaux, il élabore ainsi la théorie de l’empreinte (canetons qui suivent le premier objet auquel ils sont confrontés). Les relations précoces marquent l'individu dans son développement, les premiers liens ne se basent pas sur la simple satisfaction physiologique. Le contact doit d'abord être porté par un investissement affectif sinon le bébé peut se laisser mourir.

Vingt trois ans après cette première découverte, un éthologiste du nom de Harlow démontre, grâce à une expérience sur les singes, que le besoin de contact est essentiel pour le développement et qu’il est indépendant des besoins primaires.

John Bowlby : Sur la base de ces premiers travaux et en s’appuyant plus particulièrement sur les découvertes de Lorenz, John Bowlby va développer la « théorie de l’attachement ». Cette théorie est complémentaire à celle de Freud qui stipulait que le recours à la mère s’expliquait par le besoin de nourriture et que la libido avait un rôle tout à fait essentiel pour la satisfaction des besoins vitaux.

Pour Bowlby, l’attachement se situe au même niveau que les besoins physiologiques, il est essentiel au bon développement de l’enfant et lui permet d’établir des relations sociales. Il insiste sur la continuité et la qualité du lien, il n'est pas nécessaire qu'une mère soit toujours parfaite mais l'attachement est le plus important.


Marie Ainsworth succède à John Bowlby dont elle partage l’idée selon laquelle l’attachement est un besoin primaire. Elle va observer pendant un an des couples mères-bébés au cours des repas et ce pendant les trois premiers mois de la vie du nourrisson. La sensibilité de la mère à son enfant et sa capacité à appréhender ses besoins vont être le centre d’intérêt de la chercheuse.

Un an après ces premières observations, elle revoit les mêmes dyades afin d’évaluer l’attachement des enfants à leur mère. Elle expose ainsi les enfants à huit situations différentes, impliquant des séparations puis des retrouvailles avec leur mère, après avoir été avec un inconnu.


•   Sécure : le bébé manifeste par des signes qu’il ressent le départ de son parent au moment de la séparation et l’accueille chaleureusement quand il le retrouve (mais ne focalise pas son attention sur lui et retourne jouer).

•   Insécure-évitant : Le bébé ne montre pas de signe de ressenti par rapport au départ de son parent et quand le parent revient, l’enfant l’évite. Il focalise son attention sur l’environnement et ce de manière persistante.

•   Insécure-résistant : L’enfant est préoccupé par le parent pendant la « Strange situation », il n’arrive pas à se calmer quand le parent revient, son attention est portée sur celui-ci, il reste agrippé à son parent et la séparation le désespère.

Le bébé a besoin de ressentir que son environnement est sécurisant.


En 1986, Marie Main et J. Solomon vont ajouter un quatrième type d’attachement : L’attachement « Désorganisé-désorienté » qui se retrouve quand les parents sont effrayés ou quand ils ont des comportements effrayants avec leur enfant. L’enfant se retrouve alors dans une situation paradoxale, puisque ce qui doit être sécurisant va causer la crainte. Une angoisse est une peur sans objet, la situation de vulnérabilité est une attente que quelque chose de grave arrive (en faisant tout pour que ça arrive).

Marie Main va élaborer avec Carol George et Nancy Kaplan un questionnaire, le AAI, qui regroupe quinze items concernant l’attachement du parent à ses propres parents quand il était enfant. Ce questionnaire met en évidence une corrélation entre la catégorie à laquelle appartient le parent et le type d’attachement du bébé.

 

Le moi-peau (Didier Anzieu, 1974)

Le Moi-peau est un concept psychanalytique ,Le Moi-peau, publié en 1985. La notion de moi peau a pour but d’expliquer comment se construit le sentiment d’existence, d’identité du bébé. Ce concept renvoie entre autre à la notion de Self (le Moi) au sens que lui donne par exemple Winnicott. Il s’agit de comprendre comment se constitue le Moi au sens de « moi différent des autres » et non la notion freudienne de Moi (qui elle est à comprendre en la distinguant du Ça et du Surmoi).

Pour Didier Anzieu, ce sentiment d’être une personne unifiée, distincte du reste des phénomènes s’appuie sur la peau. Sa théorie permet d’offrir une plus grande place au corps qui était jusque là le « parent pauvre » de la psychanalyse.

Moi-peau : « Figuration dont le moi de l’enfant se sert au cours des phases précoces de son développement pour se représenter lui-même comme moi contenant les contenus psychiques, à partir de son expérience de la surface du corps. Cela correspond au moment où le moi psychique se différencie du moi corporel sur le plan opératif et reste confondu avec lui sur le plan figuratif ».


Les maladies psychosomatiques (poussées d'acné du au stress, troubles alimentaires, etc), les adolescents qui se scarifient,… peuvent permettre au psychique de se protéger, par le biais du corps. Le corps est une interface entre le monde psychique et le monde externe.


Le Moi-Peau désigne une figuration dont le moi de l’enfant se sert au cours des phases précoces de son développement pour se représenter lui-même comme moi à partir de son expérience de la surface du corps. L’instauration du moi-peau répond à un besoin d’une enveloppe narcissique et assure à l’appareil psychique la certitude et la constance d’un bien être de base.

Le moi-peau trouve son étayage sur trois fonctions de la peau : c’est le sac qui retient à l’intérieur le bon et le plein de l’allaitement : la peau contient les bonnes expériences à l'intérieur ne laissant rien sortir du corps. C'est la surface qui marque la limite avec le dehors et contient celui-ci à l’extérieur = membrane de protection. C’est un lieu et un moyen d’échange primaire avec autrui (tatouages).


Le moi hérite de cette origine épidermique et proprioceptive la double possibilité d’établir des barrières et de filtrer les échanges. Ce concept de Moi-Peau sera accueilli avec enthousiasme à cette époque, et il s’est avéré comme une des notions les plus fertiles en psychanalyse pendant plusieurs années après sa création.

Le tout petit reçoit les gestes maternels tout d’abord comme excitation puis comme communication (“le massage devient un message”). C’est à travers les soins corporels et les communications pré-verbales précoces que l’enfant va commencer à différencier une surface comportant une face interne et une face externe, permettant la distinction entre le dedans et le dehors et un volume ambiant dans lequel il se sent baigné, surface et volume qui lui apportent l’expérience d’un contenant. La peau =« contenance » théorisée par Bion.

 

 

3. Pathologies du lien social et maladies mentales


Il y a toujours une part héréditaire (capital génétique) qu'on ne maîtrise pas + un tempérament personnel (vulnérabilités et résilience). Chacun a sa structure (+/- préservée), le cristal (psychose / névrose) qui se forme tôt dans la vie. Quand la personne n'arrive plus à faire face aux difficultés de sa vie, la façade du cristal / structure se fissure, selon les ondes de fragilités pré-existantes. Certaines maladies ne se décompensent jamais, mais quand ça casse, des épisodes délirants peuvent apparaître.


Dans les cas d’équilibre de la personnalite?

(normalite?), les symptômes sont efficaces, le sujet vit avec sans trop de difficultés et de souffrance. Dans les cas de rupture de l’équilibre (pathologie) les symptômes deviennent peu à peu invalidants, ils envahissent la vie du sujet. Ce ne sont pas les symptômes qui fondent la pathologie, mais leur intensite? ,quantité , aspects invalidants ou le fait qu’ils font souffrir le sujet qui ne parvient pas à s’en débarrasser !


Une autre définition de la normalite? : lorsque la souffrance devient très importante, qu’une limitation de l’autonomie psychique et de la sécurite? interne au quotidien empêche de mener une vie où il est possible d’aimer, de rencontrer, de travailler, ou que les actes posés par le patient ne cessent de lui nuire ou de nuire à autrui, alors le mode de fonctionnement ne peut plus être qualifié de normal.



Au fur et à mesure du temps, le tableau clinique évolue. Les deux structures de base sont la névrose et la psychose, plus tard sont apparus les états-limites. Dans chaque structure pathologique, on retrouve un socle commun : conflit commun et type d'angoisse commune.

L'état limite présente des traits névrotiques, elle est très polymorphe mais ne se confondra jamais avec les deux autres structures, elle n'est pas un compromis mais bel et bien distincte. La psychose a toujours existé mais n'a jamais changé, elle est la plus archaïque.


États-limites : (stade phallique)

Le surmoi n'est pas intériorisé, l'état-limite est rêveur, idéaliste. L'état-limite trouve la stabilité dans l'instabilité (change de centres d'intérêts, de travail, etc) et est très entraînant, hyper-actif. Quand tout s'effondre, c'est le changement radical. Se caractérise par des passages à l'acte constants (drogues, alcool, etc) mais aussi suicidaires. L'angoisse / conflit qui l'anime est anaclitique (=  ravive des angoisses d'abandon, de vide existentiel), un conflit d'étayage, l'état limite cherche toujours à s'appuyer sur quelque chose, création d'un pseudo-monde idéal. Le psychopathe est un bon représentant de l'état-limite.


Dépression : enfoncement, chute

Lassitude et abattement, ennui et dégoût, découragement et pessimisme, anxiété et tristesse. On trouve aussi des troubles du sommeil & de l’appétit, des troubles somatiques (palpitations, vertiges, douleurs, fatigue). Un ralentissement du comportement et des fonctions cognitives, une baisse de l’estime de soi, désintérêt pour soi et les autres, baisse libido, anhédonie, apathie. Un émoussement émotionnel et affectif, sidération, torpeur, hébétude, mélancolie.

? Psychothérapie, médicaments psychotropes, hospitalisation, chimiothérapie, sismothérapie.

 

Le névrosé est le plus proche de la normalité, la névrose se cristallise tardivement au niveau du développement psychique (probablement au moment du complexe d’œdipe).

Névroses :

•   névrose phobique

•   névrose obsessionnelle

•   névrose hystérique

 

La psychose se cristallise tôt, il y a un problème de différenciation qui s'installe que l'individu ne dépassera jamais (limite entre le monde interne et externe sera toujours très flou). Cela crée des difficultés à interpréter ce que l'autre pense, et fait (geste, regard), une difficulté à distinguer ce qui lui est propre et au monde qui l'entoure ? rapport entre moi et réalité. Elle se caractérise par l'angoisse de morcellement donne l'impression de mourir et de ne plus pouvoir exister, qui est donc une angoisse de mort. Le passage à l'acte s'explique souvent par une perception de l'autre comme un terme persécutif, « si je veux exister je dois supprimer l'autre ». les psychotiques sont donc des solitaires, le contact est fragile, la personne se renferme sur elle même dès que l'angoisse apparaît.

Primitive puisque cristallise tôt mais se manifeste tard, on diagnostique tard puisque les choses peuvent évoluer, l'adolescent est instable. La psychose est chronique, une fois qu'elle est installée, il est difficile d'en sortir.

Psychoses :

•   psychose schizophrénique

•   paranoïa

•   hébéphrénie

•   héboïdophrénie

•   psychose maniaco-dépressive (parmi les troubles de l'humeur)

 

Angoisse de castration : angoisse coupable,


Analyse des traits de personnalité :

•   Influence de la structure

•   Postulat d’une différenciation entre les personnalités pathologiques entraînant une distinction des sujets « normaux » et des sujets délinquants. L’absence ou la présence de traits de personnalité ne suffit pas à spécifier le crime.

 

4. Crime et criminalité : conflictualités individuelles et groupales, l'exemple du terrorisme

 

Psychose :

•   Caractère prégénital

•   affects mélancoliques avec remise en question de son existence, altérations de l'affectivité, sentiment de persécution

•   un temps particulier : le passage entrée est particulièrement marqué par l'entrée dans la psychose, la décompensation

•   corrélation entre passage à l'acte et intensité symptomatologique

 

Rôle de la relation d’objet : « ni objet externe véritable ni objet interne, ni être réel, ni imago, ni dedans, ni dehors, mais « collant » aux portes d’un moi aux limites indécises » (Zagury, Millaud, 1999).

 

Névrose :

•   Le névrosé = maître de ses pulsions, sentiment de culpabilité parce que culpabilisé beaucoup trop tôt, culpabilité anticipatrice qui fait que le névrotique passe rarement à l'acte, excepté sur lui-même (lors d'échecs). Il est paradoxal d'évoquer un comportement antisocial chez le névrosé.

•   Pourtant Freud parle déjà de l’Agresseur par sentiment de culpabilité, la culpabilité n’empêche pas de commettre un acte délinquantiel, au contraire, il peut être un facteur facilitant.

 

Le psychopathe est perçu d'abord à travers ses passages à l'acte.

Psychopathie : selon Kernberg (1979) = Faiblesse du moi et manque de contrôle pulsionnel, projection sur l’objet des images de soi mauvaises, tentative d’éloignement de l’objet externe par la violence.

Selon le DSM-5 : « Ensemble de comportements répétés liés à un mépris et une violation des droits d’autrui chez un individu majeur, les troubles ayant débuté à l’adolescence. En dehors des conséquences d’une autre maladie mentale.


–   Incapacité à se conformer aux règles sociales et comportements licites, (entrainant des conséquences policières et judiciaires)

–   Tromperie et mensonge répétés,

–   Impulsivité et imprévisibilité,

–   Irritabilité et agressivité (se traduisant par des violences physiques),

–   Mépris pour sa sécurité ou celle d’autrui, Incapacité d’assumer ses obligations professionnelles ou financières, Absence de remords, indifférence et rationalisation des conséquences de ses comportements. »


Troubles de la personnalité psychopathique à environ 1 à 3 % de la population, avec une forte prédominance masculine.


Perversion(s)

•   Angoisses prégénitales

•   Père-version (Lacan, 1957-58)

?        Transgression : « il n’est pas de moyen plus opportun de s ’assurer de l’existence de la Loi qu'en s ’efforçant de transgresser les interdits »

?        Défi

L'agression sexuelle n'est pas sexuelle en tous points puisqu'elle peut passer par l'acte sexuel sans être à visée de plaisir sexuelle.

La perversion se caractérise par la manipulation exercée sur l'autre, on peut accuser l'autre de ce qu'on fait nous mêmes. C'est ainsi que peuvent s'installer des relations sadomasochistes.


Le sentiment de culpabilité peut avoir un coté préventif, notre conscience morale entre souvent en adéquation avec la norme sociale. Sans règles et lois, on vivrait dans un état d'anarchie, anomie, confusion.

Le passage à l'acte violent, comme tout comportement est un processus essentiellement fonction de l'interaction entre personnalité et environnement.

 

Modèle de la criminogenèse

L'interaction entre personnalité et événements sociaux va créer un conflit / malaise, ce qui va être source de régulations du conflit / malaise qui vont tenter de le dépasser. Si ça échoue, des projet – actes – choix sont suscités qui amènent à des situations à risque (infractions).


Penser l'événement désorganisateur

•   la mentalisation : capacité à tolérer l'angoisse intrapsychique et les conflits interpersonnels ou intra-psychiques

 

Du crime individuel au crime collectif ou faisant plusieurs victimes

 

Exemple de la radicalisation

Il se caractérise par un dévouement inconditionnel et extrémiste au groupe ou à la cause, associé à une action violente. Passe par un rapport inconditionnel à un corpus de croyances extrêmes et un engagement en son nom. Il y a un effacement de la dimension individuelle.

Ce ne sont pas des psychopathes (bons délinquants) mais des gens clairement organisés, issus de milieux sociaux favorables, c'est à dire l'envers de la délinquance habituelle.

 

Il faut distinguer : idéologie extrémiste (système de pensée poussée à l’extrême) et radicalisation extrémiste-djihadiste (Radicalisation à son apogée : extrémisme, dévouement inconditionnel au groupe et à la cause, effacement de la dimension individuelle).

 

Degrés de radicalisation :

•   Radicalisation communautariste

•   Radicalisation identitaire

•   Radicalisation culturelle

•   Radicalisation intégriste-politique

•   Engagement violent-terririsme djihadiste

 

Signes du processus de radicalisation, remis en question aujourd'hui

•   rupture avec la famille, les anciens amis, les proches

•   rupture avec l'école, déscolarisation soudaine

•   nouveaux comportements alimentaires, vestimentaires, linguistiques, financiers

•   nouveaux comportements identitaires, propos asociaux, rejets de l'autorité et de la vie en collectivité

•   repli sur soi

•   fréquentation de sites internet / réseaux sociaux à caractère radical ou extrémiste.


Les parcours menant à la radicalisation violente sont en général plus discrets.

 

Le rapport Carrié & Bonelli (28 mars 2018) : La radicalité est avant tout relationnelle, il n'y a pas de relation purement individuelle puisque l'interaction et le lien social sont présents. Condition d'engagement = communauté émotionnelle (renforcement massif d'émotions : loyauté, amitié).

Régulation faible

Régulation forte

Intégration faible

Radicalité apaisante

Radicalité rebelle

Intégration forte

Radicalité agoniste

Radicalité utopique


A retenir :

1. radicalité apaisante

2. radicalité agoniste : population de rue, bandes de jeunes, jeunes utilisant le registre djihadiste pour provoquer les institutions, propos et comportements inquiétants. Très représentés.

? révoltés : les jeunes les plus proches de la délinquance sont les plus éloignés des passages à l'acte les plus sérieux.

3. radicalité rebelle : jeunes par ailleurs insérés avec des familles contraignantes, rébellion contre la famille, c'est là qu'il y a le plus de conversion

4. radicalité utopique : groupe idéologique, projet politique de réorganisation de la société, profil d'attentat en réseau, (tentative de) départ en Syrie. Très représentés.

? engagés : les actes les plus sérieux sont le plus souvent perpétrés par des jeunes issus de familles stables, aux parcours scolaires prometteurs.

 

Il n’existe pas de personnalité « type » chez les terroristes relevant d’un dysfonctionnement mental ou pathologique. La question du contexte + vulnérabilités individuelles critiques associées à une position communautaire de susceptibilité et d’humiliation sont à prendre en compte. L'individu (15%) est le produit de l’interaction de son groupe d’appartenance (35%) et du contexte social (50%).

 

Aller-retour entre les croyances et les valeurs pour la construction d’un engagement violent 


? Résonance émotionnelle avec le cadre doctrinal : Les émotions ont un rôle fort lorsqu’elle rentrent en résonance avec les idées d’un individu Sentiment de renaître à soi même, la nouvelle vie comme une seconde chance, surinvestissement de la nouvelle identité radicale.

 

? Résonance axiologique avec le cadre doctrinal : Mobilisation de l’individu au nom des valeurs morales. L’individu qui croit servir une cause juste accepte de s’engager dans l’engagement violent. Forte dispositions affectives à l’indignation et à la compassion Itinéraire : Expérience personnelle traumatisante du point vue des valeurs Pour sortir de la radicalisation, il faut emprunter les mêmes voies qui ont permis d’y entrer !