Émile Durkheim est considéré comme l'un des fondateurs de la sociologie moderne. Parmi ses nombreuses contributions, son étude de la religion occupe une place centrale. Durkheim a développé une approche sociologique de la religion qui met l'accent sur les fonctions sociales de la croyance et de la pratique religieuse.
1. Les représentations collectives
Durkheim souligne l'importance des représentations collectives dans la religion. Les représentations collectives sont des idées et des croyances partagées par les membres d'une société qui jouent un rôle central dans la vie sociale. Dans la religion, les représentations collectives prennent la forme de mythes, de rituels et de symboles qui donnent un sens à la vie des individus et leur permettent de s'identifier en tant que membres d'une communauté spécifique.
2. La notion d'effervescence collective
Selon lui, lors des rituels religieux, les membres d'une communauté ressentent une 'effervescence collective', une sorte de transe collective qui renforce les liens sociaux entre les participants. Cette effervescence est générée par la sacralité des objets et des actes religieux, et elle contribue à maintenir la cohésion sociale.
3. Le sacré et le profane
Inspiration du totémisme :
La sociologie religieuse de Durkheim, se fondant sur l'étude d’un groupe d’aborigènes australiens, s’inspire d’une théorie du totémisme très à la mode au XIXe siècle. Par totémisme, on entendait le rapport privilégié qu'entrenait un groupe primitif avec un objet, une plante, un lieu déterminés, auxquels étaient attribués des pouvoirs spécifiques.
Il développe ainsi la thèse suivante : la totalité des systèmes ont en commun le fait de diviser le monde en deux domaines, le « sacré » et le « profane », deux concepts fondamentaux mais complémentaires.
- Le sacré est ce qui est considéré comme sacré, ou divin par une communauté religieuse donnée. Il peut s'agir d'objets, de lieux ou de pratiques religieuses spécifiques.
- Le profane, quant à lui, est ce qui est considéré comme ordinaire, quotidien ou non sacré par la société.
Selon Durkheim, la religion établit une frontière entre le sacré et le profane, et cette distinction contribue à renforcer la cohésion sociale en créant un sentiment de respect et de vénération envers le sacré.
4. La fonction sociale de la religion
La religion assure la cohésion sociale en unissant les individus autour de valeurs, de croyances et de pratiques religieuses communes. Elle offre un cadre moral et symbolique qui permet aux individus de se sentir connectés les uns aux autres et de partager un sentiment d'appartenance. La religion renforce également la solidarité sociale en fournissant des rituels collectifs et des moments de communion religieuse qui renforcent les liens sociaux.