La normalisation a été illustrée pour la première fois par Muzafer Sherif en 1935 à travers l'expérience de l'effet autocinétique. Cet effet est un phénomène visuel dans lequel une lumière immobile dans une pièce sombre semble bouger. Isolés, les individus établissent une norme personnelle quant à l'amplitude du mouvement perçu. Cependant, une fois placés en groupe, les individus ajustent leurs estimations pour se rapprocher d'une norme collective. Cette convergence des opinions met en lumière le processus de normalisation, où l'absence de norme établie conduit les individus à créer une norme commune.

Le conformisme a été exploré en profondeur par Solomon Asch en 1956 à travers une série d'expériences sur la perception des longueurs de lignes. Dans cette expérience, des groupes de participants devaient identifier quelle ligne, parmi un groupe, était de la même longueur qu'une ligne de référence. Tous les participants sauf un étaient des complices qui donnaient délibérément de mauvaises réponses. Les résultats ont montré que dans 32% des cas, le vrai participant se conformait à l'opinion erronée du groupe, illustrant la puissance de la pression sociale. Plusieurs facteurs influencent ce conformisme : - **Nombre de complices** : L'effet de conformisme atteint son apogée dès que le groupe compte trois personnes. - **Unanimité du groupe** : Un seul allié réduit la pression de conformité. - **Influence informationnelle** : Les individus se conforment pour obtenir une information jugée correcte. - **Influence normative** : Les individus adoptent la norme du groupe pour éviter le rejet social.

Plusieurs facteurs affectent le taux de conformisme chez les individus : - **Taille du groupe** : Le conformisme est généralement plus prononcé lorsque le groupe atteint une taille de trois à quatre personnes. Au-delà, l'impact supplémentaire est minimal. - **Unanimité** : La présence d'un dissident ou d'un allié réduit considérablement la pression au conformisme. L'unanimité du groupe exerce une forte pression pour se conformer. - **Cohésion du groupe** : Plus le groupe est cohésif, plus la pression pour se conformer est forte. - **Statut et attrait du groupe** : Les individus sont plus susceptibles de se conformer aux groupes qu'ils admirent ou jugent attrayants. - **Connaissance du sujet** : Les personnes moins informées ou moins sûres de leurs connaissances sont plus susceptibles de se conformer à la majorité.

Dans la société, les phénomènes de normalisation et de conformisme jouent un rôle crucial dans la régulation des comportements. Les normes sociales, qu'elles soient explicites ou implicites, permettent aux individus de comprendre les attentes et d'anticiper les comportements des autres, rendant les interactions sociales plus prévisibles. Dans les organisations, par exemple, la normalisation peut aider à établir des normes de travail et des attentes communes, contribuant à une meilleure cohésion et efficacité. Le conformisme, par contre, tout en facilitant l'harmonie sociale, peut également mener à des décisions erronées, notamment lorsque le désir d'appartenir au groupe surpasse la logique individuelle (effet de groupe). Les entreprises et organisations s'efforcent souvent de trouver un équilibre entre promouvoir l'innovation individuelle et maintenir des normes communes pour diriger leurs membres.