- Baudelaire poète du XIX° qui a connu les influences romantique, parnassienne et symboliste est considéré comme un poète moderne
- 1857, publication du recueil Les Fleurs du mal : titre paradoxal à l’image de sa conception de la poésie : extraite la beauté du mal. «fleurs maladives » évoquées dans l’épigraphe de l’œuvre
- recueil qui connaît un procès pour outrage à la morale et aux bonnes mœurs : certains pièces du recueil sont alors interdites
- recueil à ne pas considérer comme uniquement autobiographique même si on y retrouve tourments et difficultés qu’a pu connaître Baudelaire
Situation et enjeux du texte
- nous sommes ici dans la section 1 « Spleen et Idéal » dont la thématique principale est la double postulation
- forme traditionnelle du sonnet (NB : sonnet rappel : poème à forme fixe régi par des règles : un seul mètre, 2 quatrains et 2 tercets, une pointe, un schéma de rimes particulier ABBA ABBA CCD EED/EDE), la gageure étant de jouer avec ces contraintes)
- Baudelaire met en œuvre le topos poétique traditionnel du temps (ici double acception : la durée c’est-à-dire le temps qui passe mais aussi l’état de l’atmosphère c’est-à-dire le temps qu’il fait)
- l’obsession du temps est inhérente au spleen baudelairien : élément récurrent dans le recueil (cf « L’horloge », « Le goût du néant »…)
- dès le titre du poème qui vient du latin in-amicus (préfixe privatif), on plonge dans une atmosphère pessimiste
Dans quelle mesure l’écriture peut-elle être un remède à l’usure du temps ?
Le sonnet est construit sur une métaphore filée : les saisons
Q1 : la jeunesse est comparée à un été bouleversé par les vicissitudes du temps
Q2 : bilan négatif de la maturité qui est comparé à l’automne
T1 : espoir d’un renouveau qui s’apparente au printemps
T2 : présence destructrice du temps s’oppose à tout développement et à toute croissance nouvelle (hiver)
Quatrain 1 : La jeunesse est comparée à un été bouleversé par les vicissitudes du temps
- premier mot du poème « ma jeunesse » terme connoté a priori positivement mais dualité très vite installée grâce à l’antithèse « ténébreux orages » et « brillants soleils » : bilan décourageant servi par la métaphore « ténébreux orages » en même temps que optimisme avec « brillants soleils » (soulignons l’utilisation du pluriel). V 1 et 2 forment une unité puis ponctuation forte
- ombre et lumière, désespoir et espoir alternent « cà et là » et semblent renvoyer en creux à la double postulation de la section « spleen et idéal »
- v3 et 4 forment une unité aussi : l’antithèse ombre-lumière, désespoir-espoir est réactivée. Alternance renforcée par les rimes croisées donc la forme même du poème est au service du sens, idem pour le jeu des sonorités
- écoulement du temps matérialisé par monosyllabes du v4 qui renforce le sentiment d’angoisse et font penser au tic-tac de l’horloge
- derniers mots du quatrain connote malgré tout force et vitalité « fruits vermeils »
Quatrain 2 : Bilan négatif de la maturité qui est comparé à l’automne
- la strophe s’ouvre sur un constat de résignation : « voilà que » qui apparaît comme la conséquence du Q1
- la phrase s’étire sur 4 vers : hypotypose de ce que provoque le temps
- ce constat est double « voilà que » v5 et « et qu’ » v6
- suite chronologique puisque « automne » v5 et l’image du « jardin » du v 4 est prolongée dans le Q2
- illustration visuelle des désastres du temps : images concrètes « pelle » (enterrement en même temps que cultiver son jardin…), « râteaux », « terres inondées » : champ lexical du travail de la terre + « eau » qui était déjà présente dans le Q1 : destructrice en même temps que purificatrice
- désastres qui préparent l’arrivée de la mort v8 « tombeaux » (enterrement, mort) : vie et inspiration annihilées par le temps
Tercet 1 : Espoir d’un renouveau qui s’apparente au printemps
- 3 vers sous forme de question rhétorique
- hypothèse comme un élan d’espoir « qui sait si » + espoir de renouveau (généralement associé au printemps) avec « les fleurs nouvelles » + utilisation du futur
- l’enchaînement des images « fleurs nouvelles », « sol lavé » dans la continuité du Q2 conduit à une interprétation sur le plan de la nature
- si les saisons représentent symboliquement les étapes de la vie, alors le printemps peut représenter le renouvellement de l’inspiration après un processus de purification : « les fleurs » seraient les poèmes du recueil (mise en abîme) = métaphore de la création poétique
- « mystique aliment » : expression à valeur religieuse qui renvoie à un rite
- comme « les fleurs nouvelles » sont nées sur « les terres inondées », le poète trouve dans sa souffrance le terreau de l’inspiration créatrice
Tercet 2 : Présence destructrice du temps s’oppose à tout développement et à toute croissance nouvelle (hiver)
- v12 mis en valeur par le tiret + double cri de désespoir dans le premier hémistiche renforcé par le rythme binaire et l’invocation suppliante + retour au présent + ponctuation expressive
- deuxième hémistiche : le temps enfin nommé, personnifié et allégorisé (cf majuscule) assimilé à un monstre, sujet du verbe.
- le je a disparu dans le dernier tercet : dépersonnalisation progressive du poète
- périphrase pour désigner le temps « l’obscur Ennemi » v13 : hostilité + le temps œuvre dans l’ombre...
- vocabulaire violent « mange », « ronge » : il agit comme un parasite qui dévaste : le poète est vampirisé par le temps (cf dans « L’Horloge », « j’ai pompé ta vie »)
- le temps aliène l’homme, tout le monde est concerné, pronom personnel « nous »
- la pointe : le mot sang est mis en valeur car première position : le temps se nourrit « croît et se fortifie » des forces vives de l’être humain et annihile toute possibilité d’inspiration
- transmutation de l’eau en sang, sang nécessaire à la création poétique
Bilan
- le poème met en scène la conscience du temps qui passe synonyme de spleen chez Baudelaire. Le temps est un mal universel qui provoque l’angoisse chez l’être humain
- ce topos traditionnel est renouvelé par le poète, ce qui lui permet de rendre compte de son esthétique singulière. C’est la métaphore des saisons qui met en œuvre la création poétique
- le temps est un « Ennemi » qui agit comme un vampire et empêche le poète de créer mais le poète survit tant qu’il peut écrire
Ouverture PAC :
- tableau surréaliste de Dali La persistance de la mémoire ou les montres molles qui montre aussi l’angoisse devant l’inexorable avancée du temps
- Goya Saturne dévorant un de ses fils
- Baudelaire poète du XIX° qui a connu les influences romantique, parnassienne et symboliste est considéré comme un poète moderne
- 1857, publication du recueil Les Fleurs du mal : titre paradoxal à l’image de sa conception de la poésie : extraite la beauté du mal. «fleurs maladives » évoquées dans l’épigraphe de l’œuvre
- recueil qui connaît un procès pour outrage à la morale et aux bonnes mœurs : certains pièces du recueil sont alors interdites
- recueil à ne pas considérer comme uniquement autobiographique même si on y retrouve tourments et difficultés qu’a pu connaître Baudelaire
Situation et enjeux du texte
- nous sommes ici dans la section 1 « Spleen et Idéal » dont la thématique principale est la double postulation
- forme traditionnelle du sonnet (NB : sonnet rappel : poème à forme fixe régi par des règles : un seul mètre, 2 quatrains et 2 tercets, une pointe, un schéma de rimes particulier ABBA ABBA CCD EED/EDE), la gageure étant de jouer avec ces contraintes)
- Baudelaire met en œuvre le topos poétique traditionnel du temps (ici double acception : la durée c’est-à-dire le temps qui passe mais aussi l’état de l’atmosphère c’est-à-dire le temps qu’il fait)
- l’obsession du temps est inhérente au spleen baudelairien : élément récurrent dans le recueil (cf « L’horloge », « Le goût du néant »…)
- dès le titre du poème qui vient du latin in-amicus (préfixe privatif), on plonge dans une atmosphère pessimiste
Dans quelle mesure l’écriture peut-elle être un remède à l’usure du temps ?
Le sonnet est construit sur une métaphore filée : les saisons
Q1 : la jeunesse est comparée à un été bouleversé par les vicissitudes du temps
Q2 : bilan négatif de la maturité qui est comparé à l’automne
T1 : espoir d’un renouveau qui s’apparente au printemps
T2 : présence destructrice du temps s’oppose à tout développement et à toute croissance nouvelle (hiver)
Quatrain 1 : La jeunesse est comparée à un été bouleversé par les vicissitudes du temps
- premier mot du poème « ma jeunesse » terme connoté a priori positivement mais dualité très vite installée grâce à l’antithèse « ténébreux orages » et « brillants soleils » : bilan décourageant servi par la métaphore « ténébreux orages » en même temps que optimisme avec « brillants soleils » (soulignons l’utilisation du pluriel). V 1 et 2 forment une unité puis ponctuation forte
- ombre et lumière, désespoir et espoir alternent « cà et là » et semblent renvoyer en creux à la double postulation de la section « spleen et idéal »
- v3 et 4 forment une unité aussi : l’antithèse ombre-lumière, désespoir-espoir est réactivée. Alternance renforcée par les rimes croisées donc la forme même du poème est au service du sens, idem pour le jeu des sonorités
- écoulement du temps matérialisé par monosyllabes du v4 qui renforce le sentiment d’angoisse et font penser au tic-tac de l’horloge
- derniers mots du quatrain connote malgré tout force et vitalité « fruits vermeils »
Quatrain 2 : Bilan négatif de la maturité qui est comparé à l’automne
- la strophe s’ouvre sur un constat de résignation : « voilà que » qui apparaît comme la conséquence du Q1
- la phrase s’étire sur 4 vers : hypotypose de ce que provoque le temps
- ce constat est double « voilà que » v5 et « et qu’ » v6
- suite chronologique puisque « automne » v5 et l’image du « jardin » du v 4 est prolongée dans le Q2
- illustration visuelle des désastres du temps : images concrètes « pelle » (enterrement en même temps que cultiver son jardin…), « râteaux », « terres inondées » : champ lexical du travail de la terre + « eau » qui était déjà présente dans le Q1 : destructrice en même temps que purificatrice
- désastres qui préparent l’arrivée de la mort v8 « tombeaux » (enterrement, mort) : vie et inspiration annihilées par le temps
Tercet 1 : Espoir d’un renouveau qui s’apparente au printemps
- 3 vers sous forme de question rhétorique
- hypothèse comme un élan d’espoir « qui sait si » + espoir de renouveau (généralement associé au printemps) avec « les fleurs nouvelles » + utilisation du futur
- l’enchaînement des images « fleurs nouvelles », « sol lavé » dans la continuité du Q2 conduit à une interprétation sur le plan de la nature
- si les saisons représentent symboliquement les étapes de la vie, alors le printemps peut représenter le renouvellement de l’inspiration après un processus de purification : « les fleurs » seraient les poèmes du recueil (mise en abîme) = métaphore de la création poétique
- « mystique aliment » : expression à valeur religieuse qui renvoie à un rite
- comme « les fleurs nouvelles » sont nées sur « les terres inondées », le poète trouve dans sa souffrance le terreau de l’inspiration créatrice
Tercet 2 : Présence destructrice du temps s’oppose à tout développement et à toute croissance nouvelle (hiver)
- v12 mis en valeur par le tiret + double cri de désespoir dans le premier hémistiche renforcé par le rythme binaire et l’invocation suppliante + retour au présent + ponctuation expressive
- deuxième hémistiche : le temps enfin nommé, personnifié et allégorisé (cf majuscule) assimilé à un monstre, sujet du verbe.
- le je a disparu dans le dernier tercet : dépersonnalisation progressive du poète
- périphrase pour désigner le temps « l’obscur Ennemi » v13 : hostilité + le temps œuvre dans l’ombre...
- vocabulaire violent « mange », « ronge » : il agit comme un parasite qui dévaste : le poète est vampirisé par le temps (cf dans « L’Horloge », « j’ai pompé ta vie »)
- le temps aliène l’homme, tout le monde est concerné, pronom personnel « nous »
- la pointe : le mot sang est mis en valeur car première position : le temps se nourrit « croît et se fortifie » des forces vives de l’être humain et annihile toute possibilité d’inspiration
- transmutation de l’eau en sang, sang nécessaire à la création poétique
Bilan
- le poème met en scène la conscience du temps qui passe synonyme de spleen chez Baudelaire. Le temps est un mal universel qui provoque l’angoisse chez l’être humain
- ce topos traditionnel est renouvelé par le poète, ce qui lui permet de rendre compte de son esthétique singulière. C’est la métaphore des saisons qui met en œuvre la création poétique
- le temps est un « Ennemi » qui agit comme un vampire et empêche le poète de créer mais le poète survit tant qu’il peut écrire
Ouverture PAC :
- tableau surréaliste de Dali La persistance de la mémoire ou les montres molles qui montre aussi l’angoisse devant l’inexorable avancée du temps
- Goya Saturne dévorant un de ses fils