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Lycée
Terminale

Le secret derrière la porte

Cinéma

Définition

Film noir
est un genre ou un style cinématographique, faisant partie de la catégorie du film criminel.
Psychanalyse
Méthode d'investigation psychologique visant à élucider la signification inconsciente des conduites et dont le fondement se trouve dans la théorie de la vie psychique formulée par Freud.
Le secret derrière la porte
est un film américain réalisé par Fritz Lang, sorti en 1948. genre : film noir durée : 94 minutes

Secret beyond the door (Le secret derrière la porte) est le douzième film de la période américaine du cinéaste exilé en Californie entre 1935 et 1956, après un passage d'un an en France où il dirige Liliom (1934).

Cinéaste d'origine autrichienne née en 1890,Fritz Lang commence sa carrière en Allemagne, à la période du cinéma muet expressionniste, et la poursuit aux États-Unis à partir de 1934, après avoir fui le nazisme, comme beaucoup de cinéastes allemands et autrichiens de sa génération.


Adaptation très libre du conte populaire Barbe bleue ou encore de Jane Eyre de Charlotte Brontë, Secret beyond the door met en scène Celia, une jeune new-yorkaise, riche, élégante, qui, lors d'un voyage au Mexique, tombe amoureuse de Mark Lamphere, architecte, qui la demande en mariage. Lors de leur lune de miel, les premiers comportements étranges de son époux commencent à étonner la jeune femme qui découvrira par la suite que, dans les étages inférieurs de sa demeure, il a reconstitué des chambres dans lesquelles de célèbres meurtres ont été commis. Seule la chambre VII n'est pas visible et personne ne sait ce qui se cache derrière sa porte...


Traduisant l'intérêt du cinéaste pour la psychanalyse et le rôle de l'inconscient, cette œuvre plastique de Fritz Lang, à la dramaturgie parfaitement construite, s'attache à la mise en scène de la subjectivité à l'écran. Aussi n'est-il pas sans dialoguer avec deux films du grand maître anglais, Rebecca et Spellbound (La maison du Docteur Edwardes), sortis respectivement en 1940 et 1945.


Il appartient, en réalité, au genre du mélodrame dit « gothique de femme » : construit sur des thèmes et des motifs troublants que l'on retrouve de façon récurrente - l'innocence d'une épouse confrontée aux lubies étranges d'un mari visiblement déséquilibré -, et qui sont créateurs de tensions, parfois insoutenables, pour le spectateur. Fritz Lang, au fil du temps, de la première période allemande à la seconde en passant par la césure américaine, devenu maître du film criminel qui manipule le spectateur, a su en instaurer les codes, faire varier les approches et renouveler les formes narratives.


Transferts et circulations culturels :

Les formes, les références et les motifs issus de la culture européenne du cinéaste se confrontent aux codes du film de genre hollywoodien dans un jeu intertextuel virtuose : entre « naturalisation » et « hybridation », Lang s'approprie autant ce qui vient de sa culture d'origine que celle de son pays d'adoption, en créant une œuvre totalement singulière, relevant d'un « gothique » romantique et vénéneux.

De manière sous-jacente, le cinéaste allemand y joue une confrontation secrète avec l'autre grand cinéaste émigré aux États-Unis, Alfred Hitchcock : entre hommage, concurrence et dialogue meta, Secret beyond the door répond aux célèbres pièges narratifs et cinématographiques hitchcockiens sur les abymes du subconscient, voire les devance. 

Lang n'en poursuit pas moins l'exploration profonde de ses propres obsessions morales et esthétiques, en convoquant toute sa filmographie antérieure : depuis Mabuse ou M, l'enjeu des images et des formes langiennes reste l'épreuve du Regard, entre sidération, fascination libératrice ou jugement mortifère.


Un cinéaste au travail :

L'analyse de la genèse et de la production du film, appuyée notamment sur des documents spécifiques (notes de travail, extraits de scenarii, plans au sol, documentaires, interviews de Lang, dans Le Dinosaure et le bébé, notamment), permet de retracer les différentes étapes de la fabrication maniaque et géniale d'un chef-d'œuvre. Entrer dans la carrière de Lang, c'est éprouver et analyser pas à pas la valeur des différents choix opérés par l'auteur pour affirmer son point de vue et assurer la cohérence de la direction artistique. 

Se pose en particulier la question de la maîtrise d'ouvrage d'un cinéaste exilé au sein de la machine à rêve hollywoodienne : il ne suffit certes pas à dire que Lang l'exerçait de manière tyrannique pour s'en débarrasser. Comment garder le contrôle ? C'est un enjeu que toute la carrière américaine de Lang s'attache à poser, à travers ses succès, ses ratés et ses stratégies.

Le cinéaste est perfectionniste(il contrôle le moindre détail de sa mise en scène, s'appuyant sur le dessin précis des plans,décors et mouvements de caméra).


Désirs Meurtriers :

Ce qui le passionnera tout au long de son oeuvre c'est tout ce qui échappe à l'homme, les éléments de son destin qu'il ne peut maitriser. Il fait du meutre son grand sujet : il s'intéresse à tout ce qu'un crime peut révéler de la nature humaine à ses rouages, notamment médiatiques d'une société.

C'est ce que met en lumière l'un de ses films les plus connus, M le maudit (1931), mettant en scène un tueur de petites filles pourchassé par la police et la mafia de la ville. Sa période américaine, marquée par le genre du film noir, confirme cette obsession de l'auteur, ainsi que son intérêt pour les phénomènes de foule (le lynchage) et le thème de la vengeance.


Inconscient et psychanalyse :

Dans les années 1940, Hollywood commence à s'intéresser à la psychanalyse et la présente au grand public à travers certains films comme La Maison du docteur Edwardes d'Alfred Hitchcock.

La psychanalyse s'intéresse notamment au langage de l'inconscient, c'est-à-dire ce qui échappe à la conscience et se manifeste sous des formes incontrôlables, comme le rêve. Avec Le Secret derrière la porte, Lang se passe de la figure du psychanalyste pour opérer une plongée plus directe dans l'inconscient des personnages.

Ce film clôt une trilogie de Lang avec l'actrice Joan Bennett, autour du désir et du meurtre, commencée avec La Femme au portrait et La Rue rouge, deux films noirs mêlant fantasmes et cauchemars, et articulés autour d'un personnage masculin. Le Secret derrière la porte marque le passage du cinéaste à un point de vue féminin.


Conte

LSDP regorge de signes, détails, personnages qui renvoient à l'univers du conte de fées. Par exemple quand Mark rencontre Célia il la compare à une "belle au bois dormant du XXe siècle".

Célia= la belle endormi, jeune fille vierge mais active du couple.

Elle mène seule, une enquete pour percer à jour son mari et fuit l'expérience de nuits agitées et blanches.

Sa vie devient nocturne : + en + important au fil du récit.

Références :

  • La belle au bois dormant (Charles Perrault)
  • Rose d'épine (Frères Grimm)


Figure du double :

L'enquête intime menée par Celia se place sous le signe du trouble mais aussi du double. L'une de ses premières expressions passe par la voix off de l'héroïne qui commente sa propre image, comme si elle incarnait une conscience détachée d'elle-même.

D'autres formes de dédoublement apparaissent à l'image, qui mettent en lumière la part sombre des personnages, en proie à des pulsions qu'ils ne maîtrisent pas toujours. Le thème du double, emblématique de la littérature fantastique

(voir par exemple L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson), révèle aussi le jeu mis en place par Lang autour de la copie, de la reproduction, de la symétrie des espaces et des situations.


Voyages de la lumière :

La lumière est presque un personnage à part entière à l'intérieur du film. Sa présence est d'autant plus marquante qu'elle est valorisée par une image en noir et blanc très travaillée et qu'elle redessine parfois totalement l'architecture de certains décors. Ce travail sur la lumière évoque le cinéma expressionniste, né en Allemagne au début du XXe siècle. Ce courant se caractérisait entre autres par l'extériorisation de la folie des personnages à travers des décors aux lignes accidentées et des contrastes lumineux très marqués. Le film le plus emblématique de cette esthétique tourmentée est Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene (1920).


L'espace et lieux :

La manière dont les personnages apparaissent pour la première fois en dit long sur les enjeux du film.Curieusement, la mise en scène expose davantage le lieu que ceux qui l'occupent, mettant en valeur le fait que les époux Lamphere vont d'abord se définir à travers l'espace. L'homme et la femme sont filmés séparément, comme des figures lointaines et sombres.


Architecture mentale :

L'architecture est un art jumeau du cinéma : comme lui, elle organise l'espace, la lumière, le temps, et conditionne les déplacements des personnages. Ce n'est pas un hasard si Mark est architecte. La mise en scène nous invite à voir les espaces traversés comme des prolongements de l'intériorité de cet homme, mais aussi de sa femme qui, étrangement, ne prend pas la fuite malgré son comportement inquiétant.

le hors-champ caractérise ce qui est invisible aux yeux du spectateur, mais se situe dans la continuité du champ visible exposé à l'écran

Lycée
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Le secret derrière la porte

Cinéma

Définition

Film noir
est un genre ou un style cinématographique, faisant partie de la catégorie du film criminel.
Psychanalyse
Méthode d'investigation psychologique visant à élucider la signification inconsciente des conduites et dont le fondement se trouve dans la théorie de la vie psychique formulée par Freud.
Le secret derrière la porte
est un film américain réalisé par Fritz Lang, sorti en 1948. genre : film noir durée : 94 minutes

Secret beyond the door (Le secret derrière la porte) est le douzième film de la période américaine du cinéaste exilé en Californie entre 1935 et 1956, après un passage d'un an en France où il dirige Liliom (1934).

Cinéaste d'origine autrichienne née en 1890,Fritz Lang commence sa carrière en Allemagne, à la période du cinéma muet expressionniste, et la poursuit aux États-Unis à partir de 1934, après avoir fui le nazisme, comme beaucoup de cinéastes allemands et autrichiens de sa génération.


Adaptation très libre du conte populaire Barbe bleue ou encore de Jane Eyre de Charlotte Brontë, Secret beyond the door met en scène Celia, une jeune new-yorkaise, riche, élégante, qui, lors d'un voyage au Mexique, tombe amoureuse de Mark Lamphere, architecte, qui la demande en mariage. Lors de leur lune de miel, les premiers comportements étranges de son époux commencent à étonner la jeune femme qui découvrira par la suite que, dans les étages inférieurs de sa demeure, il a reconstitué des chambres dans lesquelles de célèbres meurtres ont été commis. Seule la chambre VII n'est pas visible et personne ne sait ce qui se cache derrière sa porte...


Traduisant l'intérêt du cinéaste pour la psychanalyse et le rôle de l'inconscient, cette œuvre plastique de Fritz Lang, à la dramaturgie parfaitement construite, s'attache à la mise en scène de la subjectivité à l'écran. Aussi n'est-il pas sans dialoguer avec deux films du grand maître anglais, Rebecca et Spellbound (La maison du Docteur Edwardes), sortis respectivement en 1940 et 1945.


Il appartient, en réalité, au genre du mélodrame dit « gothique de femme » : construit sur des thèmes et des motifs troublants que l'on retrouve de façon récurrente - l'innocence d'une épouse confrontée aux lubies étranges d'un mari visiblement déséquilibré -, et qui sont créateurs de tensions, parfois insoutenables, pour le spectateur. Fritz Lang, au fil du temps, de la première période allemande à la seconde en passant par la césure américaine, devenu maître du film criminel qui manipule le spectateur, a su en instaurer les codes, faire varier les approches et renouveler les formes narratives.


Transferts et circulations culturels :

Les formes, les références et les motifs issus de la culture européenne du cinéaste se confrontent aux codes du film de genre hollywoodien dans un jeu intertextuel virtuose : entre « naturalisation » et « hybridation », Lang s'approprie autant ce qui vient de sa culture d'origine que celle de son pays d'adoption, en créant une œuvre totalement singulière, relevant d'un « gothique » romantique et vénéneux.

De manière sous-jacente, le cinéaste allemand y joue une confrontation secrète avec l'autre grand cinéaste émigré aux États-Unis, Alfred Hitchcock : entre hommage, concurrence et dialogue meta, Secret beyond the door répond aux célèbres pièges narratifs et cinématographiques hitchcockiens sur les abymes du subconscient, voire les devance. 

Lang n'en poursuit pas moins l'exploration profonde de ses propres obsessions morales et esthétiques, en convoquant toute sa filmographie antérieure : depuis Mabuse ou M, l'enjeu des images et des formes langiennes reste l'épreuve du Regard, entre sidération, fascination libératrice ou jugement mortifère.


Un cinéaste au travail :

L'analyse de la genèse et de la production du film, appuyée notamment sur des documents spécifiques (notes de travail, extraits de scenarii, plans au sol, documentaires, interviews de Lang, dans Le Dinosaure et le bébé, notamment), permet de retracer les différentes étapes de la fabrication maniaque et géniale d'un chef-d'œuvre. Entrer dans la carrière de Lang, c'est éprouver et analyser pas à pas la valeur des différents choix opérés par l'auteur pour affirmer son point de vue et assurer la cohérence de la direction artistique. 

Se pose en particulier la question de la maîtrise d'ouvrage d'un cinéaste exilé au sein de la machine à rêve hollywoodienne : il ne suffit certes pas à dire que Lang l'exerçait de manière tyrannique pour s'en débarrasser. Comment garder le contrôle ? C'est un enjeu que toute la carrière américaine de Lang s'attache à poser, à travers ses succès, ses ratés et ses stratégies.

Le cinéaste est perfectionniste(il contrôle le moindre détail de sa mise en scène, s'appuyant sur le dessin précis des plans,décors et mouvements de caméra).


Désirs Meurtriers :

Ce qui le passionnera tout au long de son oeuvre c'est tout ce qui échappe à l'homme, les éléments de son destin qu'il ne peut maitriser. Il fait du meutre son grand sujet : il s'intéresse à tout ce qu'un crime peut révéler de la nature humaine à ses rouages, notamment médiatiques d'une société.

C'est ce que met en lumière l'un de ses films les plus connus, M le maudit (1931), mettant en scène un tueur de petites filles pourchassé par la police et la mafia de la ville. Sa période américaine, marquée par le genre du film noir, confirme cette obsession de l'auteur, ainsi que son intérêt pour les phénomènes de foule (le lynchage) et le thème de la vengeance.


Inconscient et psychanalyse :

Dans les années 1940, Hollywood commence à s'intéresser à la psychanalyse et la présente au grand public à travers certains films comme La Maison du docteur Edwardes d'Alfred Hitchcock.

La psychanalyse s'intéresse notamment au langage de l'inconscient, c'est-à-dire ce qui échappe à la conscience et se manifeste sous des formes incontrôlables, comme le rêve. Avec Le Secret derrière la porte, Lang se passe de la figure du psychanalyste pour opérer une plongée plus directe dans l'inconscient des personnages.

Ce film clôt une trilogie de Lang avec l'actrice Joan Bennett, autour du désir et du meurtre, commencée avec La Femme au portrait et La Rue rouge, deux films noirs mêlant fantasmes et cauchemars, et articulés autour d'un personnage masculin. Le Secret derrière la porte marque le passage du cinéaste à un point de vue féminin.


Conte

LSDP regorge de signes, détails, personnages qui renvoient à l'univers du conte de fées. Par exemple quand Mark rencontre Célia il la compare à une "belle au bois dormant du XXe siècle".

Célia= la belle endormi, jeune fille vierge mais active du couple.

Elle mène seule, une enquete pour percer à jour son mari et fuit l'expérience de nuits agitées et blanches.

Sa vie devient nocturne : + en + important au fil du récit.

Références :

  • La belle au bois dormant (Charles Perrault)
  • Rose d'épine (Frères Grimm)


Figure du double :

L'enquête intime menée par Celia se place sous le signe du trouble mais aussi du double. L'une de ses premières expressions passe par la voix off de l'héroïne qui commente sa propre image, comme si elle incarnait une conscience détachée d'elle-même.

D'autres formes de dédoublement apparaissent à l'image, qui mettent en lumière la part sombre des personnages, en proie à des pulsions qu'ils ne maîtrisent pas toujours. Le thème du double, emblématique de la littérature fantastique

(voir par exemple L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson), révèle aussi le jeu mis en place par Lang autour de la copie, de la reproduction, de la symétrie des espaces et des situations.


Voyages de la lumière :

La lumière est presque un personnage à part entière à l'intérieur du film. Sa présence est d'autant plus marquante qu'elle est valorisée par une image en noir et blanc très travaillée et qu'elle redessine parfois totalement l'architecture de certains décors. Ce travail sur la lumière évoque le cinéma expressionniste, né en Allemagne au début du XXe siècle. Ce courant se caractérisait entre autres par l'extériorisation de la folie des personnages à travers des décors aux lignes accidentées et des contrastes lumineux très marqués. Le film le plus emblématique de cette esthétique tourmentée est Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene (1920).


L'espace et lieux :

La manière dont les personnages apparaissent pour la première fois en dit long sur les enjeux du film.Curieusement, la mise en scène expose davantage le lieu que ceux qui l'occupent, mettant en valeur le fait que les époux Lamphere vont d'abord se définir à travers l'espace. L'homme et la femme sont filmés séparément, comme des figures lointaines et sombres.


Architecture mentale :

L'architecture est un art jumeau du cinéma : comme lui, elle organise l'espace, la lumière, le temps, et conditionne les déplacements des personnages. Ce n'est pas un hasard si Mark est architecte. La mise en scène nous invite à voir les espaces traversés comme des prolongements de l'intériorité de cet homme, mais aussi de sa femme qui, étrangement, ne prend pas la fuite malgré son comportement inquiétant.

le hors-champ caractérise ce qui est invisible aux yeux du spectateur, mais se situe dans la continuité du champ visible exposé à l'écran