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LETTRES MODERNES
1ère année

Le complexe de Caïn chez Victor Hugo

poésie

Definition

Caïn
Caïn est un personnage du Livre de la Genèse et du Coran. Selon ces textes, Caïn, fils aîné d'Adam et Ève, tue son frère cadet Abel. Caïn est ainsi, pour le Livre saint, le premier meurtrier de l'humanité, que Dieu condamne ensuite à l'exil . Le mythe de Caïn a donné lieu à de nombreuses interprétations, théologiques, mais aussi artistiques, psychanalytiques

VH est le cadet de 3 frères, ces 3 frères ont été en rivalité.

L’aîné des frères s’appelle Abel : cette inversion des polarités du mythe (Caïn est le frère aîné d’Abel dans le récit de Genèse IV) fait qu’Hugo se sent Caïn.Le benjamin, qui s’est senti rejeté par ses aînés, inverse les rôles et les rejette à son tour. On va le voir, cette rivalité accompagne le développement du jeune VH : faire l’histoire de son adolescence, c’est écrire l’histoire de sa rivalité fraternelle. Ce « complexe de Caïn » est masqué par des projections idylliques



Le récit de de la naissance de VH dans « Ce siècle avait deux ans » permet de tracer cette rivalité


Le nouveau-né : difforme,chétif, en situation d’infériorité physique par rapport à ses frères

l’importance des figures monstrueuses dans son œuvre, par ex. Quasimodo.


Il se perçoit comme disgracieux par rapport à ses frères ; il en découle une hostilité infantile qui resurgira dans sa poésie,

« Le Petit Roi de Galice » : « Ils sont frères c’est bien. Sont-ils amis ? non certes »



Le sentiment initial d’infériorité physique par rapport aux grands frères est compensé par une sorte de complexe de supériorité intellectuelle : VH est celui qui a un front large, un grand front, signe pour lui de sa supériorité intellectuelle.

  • Ce front représente:
  • la puissance de l’esprit du poète.
  • La toute-puissance de Dieu elle-même s’exprime à travers le front : « Oh ! Si je trouvais Dieu ! Si je pouvais/Voir ce front et le voir nu » (Dieu, II, Le Hibou).

A plusieurs reprises, Dieu est désigné par la métonymie du front.


Egaler et dépasser ses frères----> c’est la manière de résoudre le complexe initial, l’hostilité refoulée

Mais, comme l’hostilité, ce désir de supériorité est marqué d’une certaine culpabilité (on a envie d’être le premier, le meilleur, le préféré des parents, en même temps on sait que ce n’est pas bien…. C’est à la fois naturel et culpabilisant…)


Victor Hugo se blesse en voulant battre ses frères à la course , il s’ouvre le front et en garde une cicatrice.


Cette blessure qui frappe le front frappe le désir de supériorité de VH.

En quelque sorte, il est puni par où il a péché. Il est abaissé pour avoir voulu s’élever. Symboliquement, « s’élever au-dessus de ses frères » signifie « écraser, supprimer ou tuer ses frères ».


  • la puissance (physique, intellectuelle) est le premier objet de la rivalité entre frères.
  • Deuxième objet de la rivalité, l’amour de la mère, ou plutôt le partage de l’amour maternel. VH mourant a besoin deux fois plus de soin, symboliquement il en recueille 2 fois plus d’amour. ».
  • Rivalité amoureuse autour d’Adèle. Eugène,sombra dans la démence lors des noces de Hugo et Adèle. Hugo évoque la jalousie, « le renard envieux qui me ronge le ventre ».


---> développe le thème de la jalousie

Hugo lui-même est très jalousé : jalousé comme il fut jaloux, il est puni par où il a péché.

Victor, fidèle à son nom (victor en latin signifie vainqueur), est fidèle sur toute la ligne ; son vœu infantile est donc réalisé(se débarrasser de ses frères comme Caïn s'est débarrassé du sien).

Ce thème de la jalousie est réactivé dans « La Conscience ». Le nom d’Abel, l’aîné, a favorisé la projection imaginaire du poète lui-même dans le personnage de Caïn.


La relation de VH à son père :

  • ses parents se sont séparés, et le jeune VH prend le parti de sa mère contre son père.
  • Sa mère est royaliste, il est royaliste. Ce n’est pas un hasard si Chateaubriand, le proscrit, est son modèle.
  • Son père est un général napoléonien, dans son esprit, d’une certaine manière, l’Empereur et la figure paternelle sont associés.
  • Avec la mort de Lahorie(amant de sa mère qui devient une figure paternelle), puis de Mme Hugo-----> Hugo revient vers son père, et de même à la figure de l’Empereur.



Symboles importants

  • L'aigle: L’Aigle d’Autriche est le père tyran, l’Aigle des montagnes est le père idéal.
  • C’est aussi l’opposition entre le soldat, payé pour faire la guerre, et le poète, homme libre,
  • Comme avec ses frères, Hugo substitue la force physique, la puissance par l’épée, à la puissance par la plume.
  • 2.L'oeil:L’œil exprime la puissance ; chez l’homme, le désir de connaître par le regard, chez
  • Dieu, la Toute-Puissance absolue.
  • motif de la fuite devant le Père : c’est ce que fait Caïn devant l’œil de sa conscience, qui symbolise également le regard du père tout-puissant.




A retenir :

La figure de Caïn domine tout le recueil, dans le sens où Caïn est l’archétype du tyran. Par ailleurs, comme Caïn, Napoléon III est l’auteur d’une faute criminelle, de ce fait, il doit, comme Caïn, être marqué au front, afin que le peuple laisse Dieu le juger. Son crime est démesuré par rapport à la justice humaine, et en attendant le jugement de Dieu, qu’il soit persécuté par le remords de son crime, comme le Caïn de « La Conscience ». Le poème de « La Conscience » devait d’abord figurer au seuil des Châtiments. Mais Caïn apparaît bien dans Les Châtiments, dans le premier poème du livre IV, « La Religion est glorifiée » Les Châtiments affirment, Napoléon III, c’est Caïn. La LS affirme : Caïn, c’est tous les tyrans, et en particulier Napoléon III. Tout pouvoir est fondé sur Caïn, humainement ; par-delà Caïn, le pouvoir humain repose sur Satan, celui que Jésus dénonçait comme « Le Prince de ce Monde ».
LETTRES MODERNES
1ère année

Le complexe de Caïn chez Victor Hugo

poésie

Definition

Caïn
Caïn est un personnage du Livre de la Genèse et du Coran. Selon ces textes, Caïn, fils aîné d'Adam et Ève, tue son frère cadet Abel. Caïn est ainsi, pour le Livre saint, le premier meurtrier de l'humanité, que Dieu condamne ensuite à l'exil . Le mythe de Caïn a donné lieu à de nombreuses interprétations, théologiques, mais aussi artistiques, psychanalytiques

VH est le cadet de 3 frères, ces 3 frères ont été en rivalité.

L’aîné des frères s’appelle Abel : cette inversion des polarités du mythe (Caïn est le frère aîné d’Abel dans le récit de Genèse IV) fait qu’Hugo se sent Caïn.Le benjamin, qui s’est senti rejeté par ses aînés, inverse les rôles et les rejette à son tour. On va le voir, cette rivalité accompagne le développement du jeune VH : faire l’histoire de son adolescence, c’est écrire l’histoire de sa rivalité fraternelle. Ce « complexe de Caïn » est masqué par des projections idylliques



Le récit de de la naissance de VH dans « Ce siècle avait deux ans » permet de tracer cette rivalité


Le nouveau-né : difforme,chétif, en situation d’infériorité physique par rapport à ses frères

l’importance des figures monstrueuses dans son œuvre, par ex. Quasimodo.


Il se perçoit comme disgracieux par rapport à ses frères ; il en découle une hostilité infantile qui resurgira dans sa poésie,

« Le Petit Roi de Galice » : « Ils sont frères c’est bien. Sont-ils amis ? non certes »



Le sentiment initial d’infériorité physique par rapport aux grands frères est compensé par une sorte de complexe de supériorité intellectuelle : VH est celui qui a un front large, un grand front, signe pour lui de sa supériorité intellectuelle.

  • Ce front représente:
  • la puissance de l’esprit du poète.
  • La toute-puissance de Dieu elle-même s’exprime à travers le front : « Oh ! Si je trouvais Dieu ! Si je pouvais/Voir ce front et le voir nu » (Dieu, II, Le Hibou).

A plusieurs reprises, Dieu est désigné par la métonymie du front.


Egaler et dépasser ses frères----> c’est la manière de résoudre le complexe initial, l’hostilité refoulée

Mais, comme l’hostilité, ce désir de supériorité est marqué d’une certaine culpabilité (on a envie d’être le premier, le meilleur, le préféré des parents, en même temps on sait que ce n’est pas bien…. C’est à la fois naturel et culpabilisant…)


Victor Hugo se blesse en voulant battre ses frères à la course , il s’ouvre le front et en garde une cicatrice.


Cette blessure qui frappe le front frappe le désir de supériorité de VH.

En quelque sorte, il est puni par où il a péché. Il est abaissé pour avoir voulu s’élever. Symboliquement, « s’élever au-dessus de ses frères » signifie « écraser, supprimer ou tuer ses frères ».


  • la puissance (physique, intellectuelle) est le premier objet de la rivalité entre frères.
  • Deuxième objet de la rivalité, l’amour de la mère, ou plutôt le partage de l’amour maternel. VH mourant a besoin deux fois plus de soin, symboliquement il en recueille 2 fois plus d’amour. ».
  • Rivalité amoureuse autour d’Adèle. Eugène,sombra dans la démence lors des noces de Hugo et Adèle. Hugo évoque la jalousie, « le renard envieux qui me ronge le ventre ».


---> développe le thème de la jalousie

Hugo lui-même est très jalousé : jalousé comme il fut jaloux, il est puni par où il a péché.

Victor, fidèle à son nom (victor en latin signifie vainqueur), est fidèle sur toute la ligne ; son vœu infantile est donc réalisé(se débarrasser de ses frères comme Caïn s'est débarrassé du sien).

Ce thème de la jalousie est réactivé dans « La Conscience ». Le nom d’Abel, l’aîné, a favorisé la projection imaginaire du poète lui-même dans le personnage de Caïn.


La relation de VH à son père :

  • ses parents se sont séparés, et le jeune VH prend le parti de sa mère contre son père.
  • Sa mère est royaliste, il est royaliste. Ce n’est pas un hasard si Chateaubriand, le proscrit, est son modèle.
  • Son père est un général napoléonien, dans son esprit, d’une certaine manière, l’Empereur et la figure paternelle sont associés.
  • Avec la mort de Lahorie(amant de sa mère qui devient une figure paternelle), puis de Mme Hugo-----> Hugo revient vers son père, et de même à la figure de l’Empereur.



Symboles importants

  • L'aigle: L’Aigle d’Autriche est le père tyran, l’Aigle des montagnes est le père idéal.
  • C’est aussi l’opposition entre le soldat, payé pour faire la guerre, et le poète, homme libre,
  • Comme avec ses frères, Hugo substitue la force physique, la puissance par l’épée, à la puissance par la plume.
  • 2.L'oeil:L’œil exprime la puissance ; chez l’homme, le désir de connaître par le regard, chez
  • Dieu, la Toute-Puissance absolue.
  • motif de la fuite devant le Père : c’est ce que fait Caïn devant l’œil de sa conscience, qui symbolise également le regard du père tout-puissant.




A retenir :

La figure de Caïn domine tout le recueil, dans le sens où Caïn est l’archétype du tyran. Par ailleurs, comme Caïn, Napoléon III est l’auteur d’une faute criminelle, de ce fait, il doit, comme Caïn, être marqué au front, afin que le peuple laisse Dieu le juger. Son crime est démesuré par rapport à la justice humaine, et en attendant le jugement de Dieu, qu’il soit persécuté par le remords de son crime, comme le Caïn de « La Conscience ». Le poème de « La Conscience » devait d’abord figurer au seuil des Châtiments. Mais Caïn apparaît bien dans Les Châtiments, dans le premier poème du livre IV, « La Religion est glorifiée » Les Châtiments affirment, Napoléon III, c’est Caïn. La LS affirme : Caïn, c’est tous les tyrans, et en particulier Napoléon III. Tout pouvoir est fondé sur Caïn, humainement ; par-delà Caïn, le pouvoir humain repose sur Satan, celui que Jésus dénonçait comme « Le Prince de ce Monde ».