1.présentation générale
- première édition en 2008, par l'INED et l'INSEE
- autorisée par la CNIL, ce qui est rare pour une enquête touchant à des données personnelle (origine, nationalité des parents)
- objectif: comparer la première et la deuxième génération d'immigrés à partir d'information sur le pays de naissance et la nationalité des parents.
2.problèmes rencontrés
- enjeux financiers important
- forte hostilité socio-politique, notamment liée au souhait d'étudier les discriminations raciales dans un contexte ou les catégories ethno-raciales sont interdite en France
- le but: étudier les discriminations raciales sans utiliser de catégories ethno-raciales (interdites en France, contrairement aux États-Unis)
- cette tension révèle le tabou français sur la question du "race" comme catégorie d'analyse.
3.solutions méthodologiques envisagées
première solution:
- poser une question sur la discrimination vécue
- ensuite, demander la perception de la cause de cette discrimination (apparence, origine, religion, etc)
- problème: impossible d'évaluer la proportion objective de personnes noires, asiatiques ou maghrébines discriminées.
deuxième solution:
- demander aux enquêtes s'ils se sentent perçus comme noirs, maghrébins, asiatiques, etc...puis s'ils pensent avoir été discriminés pour cette raison.
- rejetée à cause de l'opposition de SOS racisme, accusant l'équipe de faire un "recensement racial'
- une pétition nationale fut lancée contre cette méthodologie
4.polémiques institutionnelles
- le haut conseil de l'intégration (désormais disparu) accusa l'enquête de s'intéresser trop aux discriminations et pas assez à l'intégration
- résultat: l'enquête TEO s'est limitée à collecter les origines nationales et la nationalité des parents, sans catégorisation raciale directe.
5.TEO version 2 (2019)
- relancée avec une autorisation constitutionnelle permettant d'évoquer la "racialisation ressentie"
- cependant, plusieurs comités ont refusé certaines formulations de questions jugées sensibles.
autres solutions méthodologiques uttilisées ailleurs:
- lieu de naissance des parents/grands-parents pour approcher l'origine
- passer par des associations communautaires pour atteindre des personnes spécifiques (méthode des quotas ou échantillonnage par réseaux)
- statut de double-nationalité comme critère d'inclusion/exclusion (pas toujours efficace, car la nationalité ne recoupe pas les critères ethno-raciaux)
- catégorisation externe (par enquêteur): utilisé notamment dans l'enquête sur les contrôles policiers (Jobard, 2012), l'enquêteur décrit lui-même la perception apparente des individus rencontrés
- exemple: contrôles d'identité à Paris: description par observateurs indépendants (âge, tenue, couleur de peau, genre) --> résultats: jeunes hommes perçus cpùùe noirs/maghrébins bien plus contrôlés.
applications spécifiques et prolongements
sur la police et les discriminations raciales:
- Jobard & Nevalen: voulaient voir si les policiers déposaient davantage plainte pour "outrage, rébellion, violence contre personne dépositaire de l'autorité publique -- enquête sur la racialisation des pratiques policières