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Lycée
Terminale

Cléo de 5 à 7

Cinéma

Définition

La Nouvelle Vague
est une tendance du cinéma français qui prit naissance au début des années 1960, dont les réalisateurs étaient avant tout des critiques de cinéma et souhaitaient dresser le portrait d'une génération dans leurs films.

Avec Cléo de 5 à 7, Agnès Varda fait une entrée remarquée dans le mouvement de la Nouvelle Vague (même si La Pointe courte en était déjà l’annonciateur). Situé à Paris l'action se déroule en temps réel le 21 juin 1961, Cléo de 5 à 7 raconte l'histoire d'une jeune et belle chanteuse de variétés, qui attend avec angoisse les résultats d'une analyse médicale. Cantonnée à un rôle de « poupée »futile que tout le monde gâte sans chercher à la comprendre,Cléo prend soudain conscience de la vanité de son existence. Après un choc émotionnel, elle descend dans la rue et se met à regarder le monde qui l'entoure. Un jeune soldat en permission de la guerre d'Algérie l'aidera à conjurer sa peur du cancer. Réalisé pendant l'été 1961, Cléo est le deuxième long métrage d'Agnès Varda, une ancienne photographe de 33 ans, devenue cinéaste en 1954.Le film épouse quelques-uns des principes de la Nouvelle Vague, ce courant qui va profondément renouveler la façon de faire des films en France à la fin des années 1950.


En quoi Cléo de 5 à 7 est un film fait avec ce que l'on a sous la main ?


  • une cinéaste qui écrit elle même son scénario, un tournage en décors naturels et des interprètes nouveaux.Varda va ainsi s'entourer de comédiens débutants, choisis pour leur proximité avec leur personnage : Corinne

Marchand (Cléo) était une chanteuse de music-hall, Michel Legrand (Bob) un véritable compositeur

de musique de film.

Ce qui frappe alors , c'est qu'il soit réalisé par une femme et qu'il place une autre femme au centre d'un récit qui dure le temps exact de la projection, soit 1 h 30. La presse a beaucoup commenté aussi la mise en résonancede deux préoccupations majeures de l'époque : la peur du cancer avec le personnage de Cléo et la guerre d'Algérie avec celui d'Antoine.


L'Enjeu des miroirs dans le film :

Le parcours de Cléo dans Paris est jalonné d'une série de pauses durant

lesquelles l'héroïne questionne inlassablement son image dans les reflets de différents miroirs qu'elle croise sur sa

route. Dans le hall de la cartomancienne, Cléo se rassure dans la contemplation narcissique de son image qui n'a subi aucune altération. Dans le premier café, elle voit une image coupée en deux qui matérialise le trouble de la personnalité qu'elle traverse. Dans la boutique de chapeaux, les miroirs reflètent un corps morcelé : Cléo est réduite à l'état d'objet érotique. Une fois descendue dans la rue, elle recherche son image dans un miroir brisé : cette fois, la contemplation de son reflet ne suffit plus à l'apaiser. Enfin, en sortant de la séance de projection, son amie Dorothée brise son miroir de poche. Derrière ce banal incident, Cléo voit un signe de mort qui réveille ses vieilles superstitions.


L'interprétation de la chanson « Sans toi » lui fait soudain prendre conscience qu'elle n'est qu'une image glacée, une apparence sans contenu.


Le temps :

Tout au long du film, le temps objectif représente une menace pour l'héroïne : il indique la durée qui la sépare de l'annonce de ses résultats médicaux. Ce temps objectif se matérialise de deux manières dans le film. Dans la bande-son : par une musique scandée avec plus ou moins d'intensité lorsque Cléo sort de chez elle. Dans l'image : par la profusion de pendules, horloges et compteurs.

Dans la vie de Cléo, c'est souvent le temps subjectif qui domine. Un temps qui parfois s'étire comme un élastique (le trajet en bus), parfois se contracte (premier trajet en taxi) ou, d'autres fois, s'arrête et fait du surplace (quand elle descend l'escalier de la cartomancienne). Au fur et à mesure que l'échéance du verdict approche, une certitude se fait jour : grâce à la présence apaisante d'Antoine, Cléo semble avoir apprivoisé le temps ; elle cesse d'en être le jouet et se surprend à le domestiquer. « Il me semble que je n'ai plus peur.

Il me semble que je suis heureuse » seront d'ailleurs les derniers mots qu'elle prononcera.


2 temps mis en avant dans ce film : le temps objectif (celui des horloges) et le temps subjectif (celui de la conscience).


La lumière :

Varda a fait le choix de baigner son héroïne dans une atmosphère de surexposition quasi permanente. Pour Cléo, cette lumière écrasante est déjà une dissolution dans le néant, « une mort pâle, une mort blanche, comme dans un hôpital », dira Varda. Ainsi l'atelier de Cléo, inondé par cette lumière blanche, nous paraît vide ; il y manque cette chaleur humaine dont la chanteuse aurait tant besoin. Dans la rue, la lumière est agressive : elle sculpte impitoyablement les visages et rend certains êtres monstrueux. Enfin, pour la scène au parc Montsouris, Varda avait demandé à son chef opérateur d'utiliser un filtre vert afin de rendre les pelouses « crémeuses, neigeuses, non réalistes ». Dans Cléo, la lumière est donc un élément de langage à part entière.


La maladie :


l'émergence de cette maladie(le cancer) dans la société française de l'époque:

Une toile de Hans Baldung Grien, La Jeune Fille et la Mort (1517).

Littérature inspirée par Agnès Varda :Le roman de Denis Diderot, Jacques le Fataliste et son maître, évoquait une errance dans Paris.


Un documentaire sur Paris :

Varda a fait le choix, pour un grand nombre de scènes, de respecter les vraies distances et d'installer ses caméras dans d'authentiques lieux de vie parisiens : cafés, rues, gare, jardin public, etc. Elle s'est efforcée non seulement de ne pas en modifier la nature, mais plus encore d'en restituer toute la vérité sociologique à l'écran. Le Café du Dôme est ainsi peuplé des artistes et étudiants qui le fréquentaient. Le carrefour Vavin est animé par des bonimenteurs ..

Le décor ici n'est pas neutre : il sert à ancrer le personnage dans un réel en résonance avec son intériorité ou, au contraire, fonctionne comme un élément de rupture. De même qu'À bout de souffle de Jean-Luc Godard peut être perçu comme « un documentaire sur le Paris de l'été 1959 », cette relation forte au paysage urbain fait de Cléo de 5 à 7 une sorte de documentaire sur Paris en juin et juillet 1961.


  • Périodes et courants

De par sa production, l'histoire de son tournage ancré dans un geste documentaire, ses choix esthétiques (décors naturels, essai de son synchrone, montage innovant sans règle figée, etc.), mais aussi le regard porté sur l'époque et la photographie située de son temps, Cléo de 5 à 7 s'inscrit dans les méthodes et les ambitions des auteurs de la « Nouvelle Vague » avec lesquels il dialogue très consciemment.

Œuvre manifeste très personnelle autant qu'incubatrice, elle n'en effectue pas moins la mise au point du Regard-Varda qui s'affranchira très vite de toute assignation à un genre ou un courant.

  • Réceptions et publics

Qu'il s'agisse de ses succès dans les ciné-clubs, de ses nombreuses novellisations (incluant les romans-photos), ou de ses lectures par les féministes américaines des années soixante-dix aux années 2000, Cléo de 5 à 7 a suscité de très nombreuses variations et interprétations selon les époques, les aires culturelles et les événements de la sphère publique. Pour chacune de ces reprises, la reconnaissance et la légitimation de cette œuvre sont renouvelées.

Autour de ces multiples lectures, différentes communautés d'interprétation se fédèrent qui constituent des publics changeants avec lesquels l'œuvre entre en dialogue dans un jeu de regards réciproques.

Lycée
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Cléo de 5 à 7

Cinéma

Définition

La Nouvelle Vague
est une tendance du cinéma français qui prit naissance au début des années 1960, dont les réalisateurs étaient avant tout des critiques de cinéma et souhaitaient dresser le portrait d'une génération dans leurs films.

Avec Cléo de 5 à 7, Agnès Varda fait une entrée remarquée dans le mouvement de la Nouvelle Vague (même si La Pointe courte en était déjà l’annonciateur). Situé à Paris l'action se déroule en temps réel le 21 juin 1961, Cléo de 5 à 7 raconte l'histoire d'une jeune et belle chanteuse de variétés, qui attend avec angoisse les résultats d'une analyse médicale. Cantonnée à un rôle de « poupée »futile que tout le monde gâte sans chercher à la comprendre,Cléo prend soudain conscience de la vanité de son existence. Après un choc émotionnel, elle descend dans la rue et se met à regarder le monde qui l'entoure. Un jeune soldat en permission de la guerre d'Algérie l'aidera à conjurer sa peur du cancer. Réalisé pendant l'été 1961, Cléo est le deuxième long métrage d'Agnès Varda, une ancienne photographe de 33 ans, devenue cinéaste en 1954.Le film épouse quelques-uns des principes de la Nouvelle Vague, ce courant qui va profondément renouveler la façon de faire des films en France à la fin des années 1950.


En quoi Cléo de 5 à 7 est un film fait avec ce que l'on a sous la main ?


  • une cinéaste qui écrit elle même son scénario, un tournage en décors naturels et des interprètes nouveaux.Varda va ainsi s'entourer de comédiens débutants, choisis pour leur proximité avec leur personnage : Corinne

Marchand (Cléo) était une chanteuse de music-hall, Michel Legrand (Bob) un véritable compositeur

de musique de film.

Ce qui frappe alors , c'est qu'il soit réalisé par une femme et qu'il place une autre femme au centre d'un récit qui dure le temps exact de la projection, soit 1 h 30. La presse a beaucoup commenté aussi la mise en résonancede deux préoccupations majeures de l'époque : la peur du cancer avec le personnage de Cléo et la guerre d'Algérie avec celui d'Antoine.


L'Enjeu des miroirs dans le film :

Le parcours de Cléo dans Paris est jalonné d'une série de pauses durant

lesquelles l'héroïne questionne inlassablement son image dans les reflets de différents miroirs qu'elle croise sur sa

route. Dans le hall de la cartomancienne, Cléo se rassure dans la contemplation narcissique de son image qui n'a subi aucune altération. Dans le premier café, elle voit une image coupée en deux qui matérialise le trouble de la personnalité qu'elle traverse. Dans la boutique de chapeaux, les miroirs reflètent un corps morcelé : Cléo est réduite à l'état d'objet érotique. Une fois descendue dans la rue, elle recherche son image dans un miroir brisé : cette fois, la contemplation de son reflet ne suffit plus à l'apaiser. Enfin, en sortant de la séance de projection, son amie Dorothée brise son miroir de poche. Derrière ce banal incident, Cléo voit un signe de mort qui réveille ses vieilles superstitions.


L'interprétation de la chanson « Sans toi » lui fait soudain prendre conscience qu'elle n'est qu'une image glacée, une apparence sans contenu.


Le temps :

Tout au long du film, le temps objectif représente une menace pour l'héroïne : il indique la durée qui la sépare de l'annonce de ses résultats médicaux. Ce temps objectif se matérialise de deux manières dans le film. Dans la bande-son : par une musique scandée avec plus ou moins d'intensité lorsque Cléo sort de chez elle. Dans l'image : par la profusion de pendules, horloges et compteurs.

Dans la vie de Cléo, c'est souvent le temps subjectif qui domine. Un temps qui parfois s'étire comme un élastique (le trajet en bus), parfois se contracte (premier trajet en taxi) ou, d'autres fois, s'arrête et fait du surplace (quand elle descend l'escalier de la cartomancienne). Au fur et à mesure que l'échéance du verdict approche, une certitude se fait jour : grâce à la présence apaisante d'Antoine, Cléo semble avoir apprivoisé le temps ; elle cesse d'en être le jouet et se surprend à le domestiquer. « Il me semble que je n'ai plus peur.

Il me semble que je suis heureuse » seront d'ailleurs les derniers mots qu'elle prononcera.


2 temps mis en avant dans ce film : le temps objectif (celui des horloges) et le temps subjectif (celui de la conscience).


La lumière :

Varda a fait le choix de baigner son héroïne dans une atmosphère de surexposition quasi permanente. Pour Cléo, cette lumière écrasante est déjà une dissolution dans le néant, « une mort pâle, une mort blanche, comme dans un hôpital », dira Varda. Ainsi l'atelier de Cléo, inondé par cette lumière blanche, nous paraît vide ; il y manque cette chaleur humaine dont la chanteuse aurait tant besoin. Dans la rue, la lumière est agressive : elle sculpte impitoyablement les visages et rend certains êtres monstrueux. Enfin, pour la scène au parc Montsouris, Varda avait demandé à son chef opérateur d'utiliser un filtre vert afin de rendre les pelouses « crémeuses, neigeuses, non réalistes ». Dans Cléo, la lumière est donc un élément de langage à part entière.


La maladie :


l'émergence de cette maladie(le cancer) dans la société française de l'époque:

Une toile de Hans Baldung Grien, La Jeune Fille et la Mort (1517).

Littérature inspirée par Agnès Varda :Le roman de Denis Diderot, Jacques le Fataliste et son maître, évoquait une errance dans Paris.


Un documentaire sur Paris :

Varda a fait le choix, pour un grand nombre de scènes, de respecter les vraies distances et d'installer ses caméras dans d'authentiques lieux de vie parisiens : cafés, rues, gare, jardin public, etc. Elle s'est efforcée non seulement de ne pas en modifier la nature, mais plus encore d'en restituer toute la vérité sociologique à l'écran. Le Café du Dôme est ainsi peuplé des artistes et étudiants qui le fréquentaient. Le carrefour Vavin est animé par des bonimenteurs ..

Le décor ici n'est pas neutre : il sert à ancrer le personnage dans un réel en résonance avec son intériorité ou, au contraire, fonctionne comme un élément de rupture. De même qu'À bout de souffle de Jean-Luc Godard peut être perçu comme « un documentaire sur le Paris de l'été 1959 », cette relation forte au paysage urbain fait de Cléo de 5 à 7 une sorte de documentaire sur Paris en juin et juillet 1961.


  • Périodes et courants

De par sa production, l'histoire de son tournage ancré dans un geste documentaire, ses choix esthétiques (décors naturels, essai de son synchrone, montage innovant sans règle figée, etc.), mais aussi le regard porté sur l'époque et la photographie située de son temps, Cléo de 5 à 7 s'inscrit dans les méthodes et les ambitions des auteurs de la « Nouvelle Vague » avec lesquels il dialogue très consciemment.

Œuvre manifeste très personnelle autant qu'incubatrice, elle n'en effectue pas moins la mise au point du Regard-Varda qui s'affranchira très vite de toute assignation à un genre ou un courant.

  • Réceptions et publics

Qu'il s'agisse de ses succès dans les ciné-clubs, de ses nombreuses novellisations (incluant les romans-photos), ou de ses lectures par les féministes américaines des années soixante-dix aux années 2000, Cléo de 5 à 7 a suscité de très nombreuses variations et interprétations selon les époques, les aires culturelles et les événements de la sphère publique. Pour chacune de ces reprises, la reconnaissance et la légitimation de cette œuvre sont renouvelées.

Autour de ces multiples lectures, différentes communautés d'interprétation se fédèrent qui constituent des publics changeants avec lesquels l'œuvre entre en dialogue dans un jeu de regards réciproques.