Si certaines écoles ont vu dans le désir l’expression d’un manque infini qu’il faudrait soit annihiler (bouddhisme) soit orienter vers un objet extramondain, Dieu (Pascal) ou la contemplation des Idées pures (Platon), cette vision est difficilement tenable : c’est le désir que nous avons des choses qui nous donne leur valeur (Spinoza), et, partant, toute la joie que nous pouvons ressentir en ce monde. Il existe bien sûr des désirs nocifs qu’il convient raisonnablement d’écarter (Epicure, stoïcisme), mais même certains désirs fous, utopistes et inatteignables nous permettent des rencontres imprévues qui seront sources d’une joie insoupçonnée auparavant, à condition que nous sachions les saisir. Cependant, du fait même de cet aspect aléatoire de nombre d’événements qui marquent une vie humaine, la raison échouera toujours à nous offrir une recette miracle qui nous permettrait d’atteindre le bonheur de manière certaine. Par contre, elle nous permettra d’évaluer chaque situation pour en déceler les risques et les opportunités, et surtout nous donnera des principes moraux de valeur universelle dont le respect, malgré les accidents dont nous pourront toujours être victime, nous garantira une estime de nous-même à l’épreuve des vicissitudes du destin.