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L'ETRANGER
1ère année

Albert Camus

Français

Definition

Ses métiers
Ecrivain, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste, nouvelliste français et journaliste militant

L’étranger ?


L’étranger, c’est Meursault, présent à chaque ligne du roman dont il prend en charge la narration mais étonnamment absent à tout ce qui l’entoure, indifférent au monde. De cette distance par rapport aux êtres et aux choses (hormis le monde naturel/Meursault sensible) naît le caractère étrange du héros, déstabilisateur pour le lecteur (voir 1ère partie, incipit, passage de la morgue, journée du dimanche, passage sur le mariage avec Marie…).


Meursault est d’abord étranger au jeu social (ne « respecte » pas les conventions par rapport au rituel de la mort par exemple – fume dans la morgue, boit un café, établit une liaison avec Marie alors que sa mère vient de mourir, va voir un film comique alors qu’il est en deuil…), à la religion. Meursault préfère en effet sa propre vérité, accepte ce qu’il est sans vouloir paraître, refuse de rentrer dans le rôle du fils aveuglé par une peine qu’il ne ressent pas, refuse de rentrer dans le rôle du criminel se repentant d’un meurtre qu’il ne regrette même pas…


Ensuite, Meursault est étranger aux autres hommes. Sans les rejeter (puisqu’il travaille, est sur le point de se marier, se fait des amis…) il n’est pas à l’origine des actes qui le sociabilisent : il les accepte parce qu’il ne voit pas de raison de les refuser. Il dit souvent que tout se vaut, que rien n’a d’importance, que tout lui est égal. Il n’agit pas et se montre la plupart du temps passif. Les véritables « options », les choix, il les prendra lorsqu’il sera en prison, sous la forme du refus. Exclu de la société, prisonnier attendant son procès, puis condamné attendant son exécution, il se pliera à la justice des hommes en refusant tout secours, humain ou divin.


Enfin et peut-être surtout, Meursault semble étranger à lui-même. Dans la première partie du roman, il n’est pas intéressé par ce qui lui arrive (il ne participe pas). Il laisse l’initiative aux autres et se borne à un rôle d’observateur (minutieux cependant). Il se montre toujours réservé, distant, étonné des événements et semble souvent ne pas comprendre (« cela ne veut rien dire »). Dans la deuxième partie, et tout particulièrement lors de son procès, il est étranger à sa propre affaire : comme s’il n’était pas l’auteur du crime qu’on lui reproche (voir explication où Meursault spectateur de son propre procès !). Il ne parvient pas à se mettre dans la peau d’un criminel, étranger au monde de la justice dont il ne comprend pas les enjeux. Pourtant, durant les onze mois d’interrogatoires, il commence à percevoir qu’il est écarté de sa propre affaire, sans jamais chercher à analyser les raisons de cette mise à l’écart, et durant les deux jours que durera le procès, ce sentiment ira s’amplifiant. C’est bel et bien au cours de cette deuxième partie que Meursault s’ouvrira à la conscience de lui-même, à la découverte de ce qui constituait les bonheurs de sa vie d’homme libre, et cette prise de conscience l’amènera à la révolte, à l’affirmation de son identité, de ses certitudes, des ses refus, de ses choix.


Attention, on pourrait aussi dire que du point de vue de Meursault, c’est la société qui lui est étrangère (dans son refus d’admettre les différences, dans sa volonté normative, ses conventions, ses codes, ses raisonnements (voir procès et ce que l’on veut dire, faire de lui… Meursault dit toujours ne pas comprendre : le monde, lui-même, la société demeurent étrangers.


Ce statut d’observateur d’une société qui semble étrangère permettra de faire émerger la critique de cette société (voir // avec Voltaire ou Montesquieu qui au XVIIIe siècle avaient compris les ressources de ce regard de l’étranger sur leur propre société : le persan à Paris (Lettres persanes) révèle les mœurs et coutumes étranges des français, Micromégas sur terre révèle la vanité et l’orgueil démesuré des hommes, leur folie, Candide découvre progressivement les horreurs du monde qui l’entoure…). L’étranger ce n’est plus l’autre mais le « nous-mêmes » dans le regard de l’autre…


Dans notre œuvre, L’Etranger malgré lui comprend l’écart qui se crée entre lui et les hommes et ce regard « décalé » qu’il nous offre révèle une société qui exclut, condamne, juge en cherchant à donner des significations aux choses qui n’en ont pas…


Le sentiment de l’absurde

La philosophie de l’absurde. Un roman est une « philosophie en images » dira un jour Camus. On pourrait dire que L’Etranger trouve ainsi son explication dans un ouvrage écrit au même moment, Le mythe de Sisyphe.


Définition de l’absurde :


« Angoisse de l’homme en face d’un monde dépourvu de sens ainsi que les conduites mensongères qu’il adopte pour échapper à la lucidité ou à la liberté. »


L’absurde naît de la confrontation entre le caractère irrationnel du monde et « le désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme ». L’absurde n’est ni dans l’homme ni dans le monde, mais dans leur présence commune. Il naît de leur antinomie.


La notion d' »absurde » parcourt le XX siècle (naît entre les deux guerres) On parle de « théâtre de l’absurde » en évoquant Beckett et Ionesco mais cette notion reste surtout liée à Camus en raison de l’essai qu’il lui a consacré Le Mythe de Sisyphe. L’auteur y définit l’absurde à la foi comme un état de fait (le caractère mécanique et insensé des actions humaines, l’absence fondamentale de toute raison de vivre) et comme la lucidité de l’homme prenant conscience de cet état. Cette prise de conscience est liée à celle de la mort et du temps. Dans cet essai moral Camus propose une vision du monde.


L’absurde dans le roman

Des situations absurdes

Les relations qu’entretiennent certains êtres paraissent d’emblée absurdes. Salamano et son vieux chien en sont une illustration. L’homme et l’animal sont dans un rapport de force perpétuel, enfermés dans un cercle vicieux. Tous trouvent cette situation pitoyable, sauf Meursault (sans doute parce qu’il a ancré en lui ce sentiment de l’absurde sans qu’il l’ait clairement identifié) qui se garde de juger.


Le fait divers relaté dans la partie 2, l’histoire de ce Tchékoslovaque qui est tué par sa mère et sa sœur, frappe par son absurdité. Meursault, mûri par la prison, analyse l’absurdité de la situation. (thème d’une pièce qu’écrira Camus, Le malentendu, publiée en 1944)


De même, les interrogatoires et le procès sont le récit d’un itinéraire absurde qui mène de la vie à la mort un homme dont on a voulu percer le mystère, expliquer l’attitude : la justice, perdue devant l’absence de justification de Meursault a voulu rationaliser, donner du sens à un geste qui n’en avait pas. L’explication « j’ai tué à cause du soleil » n’ayant aucun sens pour ces hommes de loi, pour la société, il leur a fallu trouver des réponses que se refusait à leur donner le criminel peu enclin à se disculper. On a ainsi voulu éliminer l’incompréhensible et trouver des pistes expliquant comment un homme en est arrivé à tuer. La justice a ainsi voulu mettre en forme de façon logique l’itinéraire d’un criminel qui n’a rien de « réfléchi ». Elle a introduit de la continuité là où il n’y avait que des successions d’instants, elle a voulu rapporter les événements en s’intéressant aux rapports de cause/conséquence (« Meursault n’a pas pleuré à la mort de sa mère, a fumé, a rencontré Marie… Il avait donc une âme de criminel »). On recherche des causes pour justifier les effets.


Absurdité de la mort : « cela ne veut rien dire » / absurdité de la formule (télégramme et langage codifié) / …


La conscience de l’absurde de l’existence et du monde

Dans les dernières pages, Meursault prend conscience de ce qu’il est, de ce qu’a été sa vie, de sa mort : il prend conscience de l’absurdité de sa condition, de l’absurdité fondamentale de la vie qui destine tout homme à périr, ôtant tout sérieux et toute valeur aux actes. Meursault prend conscience de ce qui, jusque là, le rendait distant, étranger, bizarre. Il avait une attitude étrange en ce qu’il était très souvent confronté au « non sens » des choses, des situations, des mots (« cela ne veut rien dire », « cela m’était égal »…). Il semblait en décalage par rapport au monde. Désormais, à la fin, Meursault dit que « rien, rien n’avait d’importance » et ajoute : « et je savais bien pourquoi ». L’issue fatale invalide tout jugement de valeur, rend vaine toute hiérarchisation (« qu’importait »). L’imminence de la mort amène Meursault à comprendre son absence de motivation, son comportement. A la fin, il est lucide, et véritablement conscient de l’absurde. Il l’assume, le crie, le revendique et refuse le jeu de la société qui consiste à fuir la réalité (rejet de l’aumônier et de ses propositions : « s’inventer un dieu » pour se rassurer et fuir cette absurdité de la vie, de la mort, se bercer d’illusion et espérer ; méfiance par rapport au langage qui amène les hommes à dire au-delà de ce qu’ils pensent et à les enfermer dans le mensonge : ex , un repentir eut été si simple, une marque de tristesse ou de peine l’eut peut-être sauvé mais comédie par rapport au monde que refuse de jouer Meursault. Attitude de révolte de Meursault car, face à l’absurde, l’attitude la plus simple serait de nier l’absurde, le non sens, l’absence de signification de notre condition… (ce que fait la société)


(cf fin du roman où Meursault se révolte en rejetant l’hypocrisie des hommes qui veulent donner du sens, ne veulent pas voir, reconnaître l’absurdité du monde : « Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine. » Meursault veut, souhaite à présent être ETRANGER, le revendique. (courage, forme de grandeur -« héroïsme » ?- du personnage qui recherche l’authenticité, refuse le mensonge)


En résumé :


Initialement, Meursault vivait la routine de la vie, la répétitivité des choses, il vivait en étant indifférent au monde et en vivant des sensations élémentaires. Il ne se faisait pas d’illusions sur les valeurs consacrées comme la mort, le mariage, l’honnêteté… Au fond, il se comportait comme si la vie n’avait pas de sens, il était en-dehors d’une morale, comme s’il n’y avait pas de références. Il n’avait pas pris conscience de l’absurde tout en vivant dedans.


Tout commence, dans la mesure où Meursault découvre l’absurdité de son rapport avec le monde lors du procès. Au fond, il découvre le lot de tout homme, c’est-à-dire qu’il est condamné à mort.


Camus face à ce non-sens du monde refuse un certain nombre de réponses comme l’hypothèse religieuse qui consiste en l’idée que l’homme voulu et guidé par Dieu et que tous les actes ont un sens pour la vie éternelle. Meursault, comme Camus, rejette cette hypothèse. Il nous dit qu’il est habité par la certitude que la mort signe le non-sens de la vie.


Révolte de Meursault qui prend conscience de l’absurdité du monde et revendique ce statut d’étranger (refus de jouer le jeu de la société).

A retenir :

7 novembre 1913 - 4 janvier 1960 = (47 ans)
« Comme les grandes œuvres, les sentiments profonds signifient toujours plus qu'ils n'ont conscience de le dire. »
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L'ETRANGER
1ère année

Albert Camus

Français

Definition

Ses métiers
Ecrivain, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste, nouvelliste français et journaliste militant

L’étranger ?


L’étranger, c’est Meursault, présent à chaque ligne du roman dont il prend en charge la narration mais étonnamment absent à tout ce qui l’entoure, indifférent au monde. De cette distance par rapport aux êtres et aux choses (hormis le monde naturel/Meursault sensible) naît le caractère étrange du héros, déstabilisateur pour le lecteur (voir 1ère partie, incipit, passage de la morgue, journée du dimanche, passage sur le mariage avec Marie…).


Meursault est d’abord étranger au jeu social (ne « respecte » pas les conventions par rapport au rituel de la mort par exemple – fume dans la morgue, boit un café, établit une liaison avec Marie alors que sa mère vient de mourir, va voir un film comique alors qu’il est en deuil…), à la religion. Meursault préfère en effet sa propre vérité, accepte ce qu’il est sans vouloir paraître, refuse de rentrer dans le rôle du fils aveuglé par une peine qu’il ne ressent pas, refuse de rentrer dans le rôle du criminel se repentant d’un meurtre qu’il ne regrette même pas…


Ensuite, Meursault est étranger aux autres hommes. Sans les rejeter (puisqu’il travaille, est sur le point de se marier, se fait des amis…) il n’est pas à l’origine des actes qui le sociabilisent : il les accepte parce qu’il ne voit pas de raison de les refuser. Il dit souvent que tout se vaut, que rien n’a d’importance, que tout lui est égal. Il n’agit pas et se montre la plupart du temps passif. Les véritables « options », les choix, il les prendra lorsqu’il sera en prison, sous la forme du refus. Exclu de la société, prisonnier attendant son procès, puis condamné attendant son exécution, il se pliera à la justice des hommes en refusant tout secours, humain ou divin.


Enfin et peut-être surtout, Meursault semble étranger à lui-même. Dans la première partie du roman, il n’est pas intéressé par ce qui lui arrive (il ne participe pas). Il laisse l’initiative aux autres et se borne à un rôle d’observateur (minutieux cependant). Il se montre toujours réservé, distant, étonné des événements et semble souvent ne pas comprendre (« cela ne veut rien dire »). Dans la deuxième partie, et tout particulièrement lors de son procès, il est étranger à sa propre affaire : comme s’il n’était pas l’auteur du crime qu’on lui reproche (voir explication où Meursault spectateur de son propre procès !). Il ne parvient pas à se mettre dans la peau d’un criminel, étranger au monde de la justice dont il ne comprend pas les enjeux. Pourtant, durant les onze mois d’interrogatoires, il commence à percevoir qu’il est écarté de sa propre affaire, sans jamais chercher à analyser les raisons de cette mise à l’écart, et durant les deux jours que durera le procès, ce sentiment ira s’amplifiant. C’est bel et bien au cours de cette deuxième partie que Meursault s’ouvrira à la conscience de lui-même, à la découverte de ce qui constituait les bonheurs de sa vie d’homme libre, et cette prise de conscience l’amènera à la révolte, à l’affirmation de son identité, de ses certitudes, des ses refus, de ses choix.


Attention, on pourrait aussi dire que du point de vue de Meursault, c’est la société qui lui est étrangère (dans son refus d’admettre les différences, dans sa volonté normative, ses conventions, ses codes, ses raisonnements (voir procès et ce que l’on veut dire, faire de lui… Meursault dit toujours ne pas comprendre : le monde, lui-même, la société demeurent étrangers.


Ce statut d’observateur d’une société qui semble étrangère permettra de faire émerger la critique de cette société (voir // avec Voltaire ou Montesquieu qui au XVIIIe siècle avaient compris les ressources de ce regard de l’étranger sur leur propre société : le persan à Paris (Lettres persanes) révèle les mœurs et coutumes étranges des français, Micromégas sur terre révèle la vanité et l’orgueil démesuré des hommes, leur folie, Candide découvre progressivement les horreurs du monde qui l’entoure…). L’étranger ce n’est plus l’autre mais le « nous-mêmes » dans le regard de l’autre…


Dans notre œuvre, L’Etranger malgré lui comprend l’écart qui se crée entre lui et les hommes et ce regard « décalé » qu’il nous offre révèle une société qui exclut, condamne, juge en cherchant à donner des significations aux choses qui n’en ont pas…


Le sentiment de l’absurde

La philosophie de l’absurde. Un roman est une « philosophie en images » dira un jour Camus. On pourrait dire que L’Etranger trouve ainsi son explication dans un ouvrage écrit au même moment, Le mythe de Sisyphe.


Définition de l’absurde :


« Angoisse de l’homme en face d’un monde dépourvu de sens ainsi que les conduites mensongères qu’il adopte pour échapper à la lucidité ou à la liberté. »


L’absurde naît de la confrontation entre le caractère irrationnel du monde et « le désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme ». L’absurde n’est ni dans l’homme ni dans le monde, mais dans leur présence commune. Il naît de leur antinomie.


La notion d' »absurde » parcourt le XX siècle (naît entre les deux guerres) On parle de « théâtre de l’absurde » en évoquant Beckett et Ionesco mais cette notion reste surtout liée à Camus en raison de l’essai qu’il lui a consacré Le Mythe de Sisyphe. L’auteur y définit l’absurde à la foi comme un état de fait (le caractère mécanique et insensé des actions humaines, l’absence fondamentale de toute raison de vivre) et comme la lucidité de l’homme prenant conscience de cet état. Cette prise de conscience est liée à celle de la mort et du temps. Dans cet essai moral Camus propose une vision du monde.


L’absurde dans le roman

Des situations absurdes

Les relations qu’entretiennent certains êtres paraissent d’emblée absurdes. Salamano et son vieux chien en sont une illustration. L’homme et l’animal sont dans un rapport de force perpétuel, enfermés dans un cercle vicieux. Tous trouvent cette situation pitoyable, sauf Meursault (sans doute parce qu’il a ancré en lui ce sentiment de l’absurde sans qu’il l’ait clairement identifié) qui se garde de juger.


Le fait divers relaté dans la partie 2, l’histoire de ce Tchékoslovaque qui est tué par sa mère et sa sœur, frappe par son absurdité. Meursault, mûri par la prison, analyse l’absurdité de la situation. (thème d’une pièce qu’écrira Camus, Le malentendu, publiée en 1944)


De même, les interrogatoires et le procès sont le récit d’un itinéraire absurde qui mène de la vie à la mort un homme dont on a voulu percer le mystère, expliquer l’attitude : la justice, perdue devant l’absence de justification de Meursault a voulu rationaliser, donner du sens à un geste qui n’en avait pas. L’explication « j’ai tué à cause du soleil » n’ayant aucun sens pour ces hommes de loi, pour la société, il leur a fallu trouver des réponses que se refusait à leur donner le criminel peu enclin à se disculper. On a ainsi voulu éliminer l’incompréhensible et trouver des pistes expliquant comment un homme en est arrivé à tuer. La justice a ainsi voulu mettre en forme de façon logique l’itinéraire d’un criminel qui n’a rien de « réfléchi ». Elle a introduit de la continuité là où il n’y avait que des successions d’instants, elle a voulu rapporter les événements en s’intéressant aux rapports de cause/conséquence (« Meursault n’a pas pleuré à la mort de sa mère, a fumé, a rencontré Marie… Il avait donc une âme de criminel »). On recherche des causes pour justifier les effets.


Absurdité de la mort : « cela ne veut rien dire » / absurdité de la formule (télégramme et langage codifié) / …


La conscience de l’absurde de l’existence et du monde

Dans les dernières pages, Meursault prend conscience de ce qu’il est, de ce qu’a été sa vie, de sa mort : il prend conscience de l’absurdité de sa condition, de l’absurdité fondamentale de la vie qui destine tout homme à périr, ôtant tout sérieux et toute valeur aux actes. Meursault prend conscience de ce qui, jusque là, le rendait distant, étranger, bizarre. Il avait une attitude étrange en ce qu’il était très souvent confronté au « non sens » des choses, des situations, des mots (« cela ne veut rien dire », « cela m’était égal »…). Il semblait en décalage par rapport au monde. Désormais, à la fin, Meursault dit que « rien, rien n’avait d’importance » et ajoute : « et je savais bien pourquoi ». L’issue fatale invalide tout jugement de valeur, rend vaine toute hiérarchisation (« qu’importait »). L’imminence de la mort amène Meursault à comprendre son absence de motivation, son comportement. A la fin, il est lucide, et véritablement conscient de l’absurde. Il l’assume, le crie, le revendique et refuse le jeu de la société qui consiste à fuir la réalité (rejet de l’aumônier et de ses propositions : « s’inventer un dieu » pour se rassurer et fuir cette absurdité de la vie, de la mort, se bercer d’illusion et espérer ; méfiance par rapport au langage qui amène les hommes à dire au-delà de ce qu’ils pensent et à les enfermer dans le mensonge : ex , un repentir eut été si simple, une marque de tristesse ou de peine l’eut peut-être sauvé mais comédie par rapport au monde que refuse de jouer Meursault. Attitude de révolte de Meursault car, face à l’absurde, l’attitude la plus simple serait de nier l’absurde, le non sens, l’absence de signification de notre condition… (ce que fait la société)


(cf fin du roman où Meursault se révolte en rejetant l’hypocrisie des hommes qui veulent donner du sens, ne veulent pas voir, reconnaître l’absurdité du monde : « Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine. » Meursault veut, souhaite à présent être ETRANGER, le revendique. (courage, forme de grandeur -« héroïsme » ?- du personnage qui recherche l’authenticité, refuse le mensonge)


En résumé :


Initialement, Meursault vivait la routine de la vie, la répétitivité des choses, il vivait en étant indifférent au monde et en vivant des sensations élémentaires. Il ne se faisait pas d’illusions sur les valeurs consacrées comme la mort, le mariage, l’honnêteté… Au fond, il se comportait comme si la vie n’avait pas de sens, il était en-dehors d’une morale, comme s’il n’y avait pas de références. Il n’avait pas pris conscience de l’absurde tout en vivant dedans.


Tout commence, dans la mesure où Meursault découvre l’absurdité de son rapport avec le monde lors du procès. Au fond, il découvre le lot de tout homme, c’est-à-dire qu’il est condamné à mort.


Camus face à ce non-sens du monde refuse un certain nombre de réponses comme l’hypothèse religieuse qui consiste en l’idée que l’homme voulu et guidé par Dieu et que tous les actes ont un sens pour la vie éternelle. Meursault, comme Camus, rejette cette hypothèse. Il nous dit qu’il est habité par la certitude que la mort signe le non-sens de la vie.


Révolte de Meursault qui prend conscience de l’absurdité du monde et revendique ce statut d’étranger (refus de jouer le jeu de la société).

A retenir :

7 novembre 1913 - 4 janvier 1960 = (47 ans)
« Comme les grandes œuvres, les sentiments profonds signifient toujours plus qu'ils n'ont conscience de le dire. »
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