Fiche d'Évaluation : L'Europe entre Restauration et Révolution (1814-1848)
I. Le Nouvel Ordre Européen : Le Congrès de Vienne (1814-1815)
Le Congrès de Vienne est le fondement de la période. Son but est de clore la Révolution et de construire une paix durable sur des bases monarchiques et conservatrices.
A. Acteurs et Principes Clés
Architecte : Le chancelier autrichien Metternich. La France est habilement réintégrée par Talleyrand.
Principe fondamental : La légitimité dynastique. Le pouvoir appartient aux familles royales, en opposition directe à la souveraineté nationale issue de la Révolution.
Instruments de contrôle :
La Quadruple-Alliance (R-U, Autriche, Prusse, Russie) : alliance militaire des vainqueurs.
La Sainte-Alliance (Autriche, Prusse, Russie) : pacte idéologique pour réprimer les mouvements révolutionnaires au nom du christianisme.
B. Conséquences Territoriales ("Les Marchandages")
La carte est redessinée selon l'équilibre des puissances, au mépris des nationalités :
Pologne : Partagée entre Russie, Prusse et Autriche.
Italie : Morcelée et dominée par l'Autriche (qui annexe le Royaume Lombard-Vénitien).
Allemagne : Remplacée par une Confédération germanique de 39 États, présidée par l'Autriche.
C. Un Bilan Nuancé : Paix et Diplomatie
Le "Concert européen" : C'est la grande innovation. Un système de congrès diplomatiques est mis en place pour gérer les crises et maintenir la paix entre les grandes puissances.
Avancées : Le Congrès acte des principes progressistes comme l'abolition de la traite négrière et la liberté de navigation sur les fleuves internationaux (Rhin).
II. La France : Un Compromis Instable (1814-1848)
La France sert de "laboratoire" politique, oscillant entre monarchie et révolution.
A. La Restauration (1814-1830)
La Charte de 1814 : Compromis octroyé par Louis XVIII. Elle conserve les acquis civils (Code civil, égalité) mais instaure un régime monarchique avec suffrage censitaire (seuls les plus riches votent).
La chute : La politique ultraroyaliste de son successeur, Charles X, provoque la Révolution des Trois Glorieuses (juillet 1830).
B. La Monarchie de Juillet (1830-1848)
Le "Roi-Bourgeois" : Louis-Philippe Ier devient "roi des Français" (et non de France), acceptant le drapeau tricolore. Le régime est libéral mais dominé par la bourgeoisie.
L'immobilisme fatal : Le régime refuse deux évolutions majeures :
Politique : L'élargissement du suffrage censitaire.
Sociale : Toute réponse à la "question sociale" (misère ouvrière), réprimant les révoltes (ex : Canuts de Lyon en 1831 et 1834).
Cette double impasse mène à la Révolution de 1848.
III. L'Éveil des Nations : L'Idée contre l'Ordre (1815-1848)
Le principal moteur de contestation de l'ordre de Vienne est l'affirmation des identités nationales, stimulée par le Romantisme.
A. Deux Formes d'Aspiration
Mouvements d'unification : Pour les peuples divisés (Italie avec le Risorgimento, Allemagne).
Mouvements d'indépendance : Contre les empires multinationaux (Ottoman, Russe, Autrichien). Exemples : Grecs, Polonais, Hongrois, Tchèques.
B. Premières Vagues et Nouvelles Stratégies (années 1830)
Succès notables : Indépendance de la Grèce (1830) et de la Belgique (1830).
Échecs cuisants : L'insurrection polonaise de 1831 est écrasée par la Russie. Les révoltes en Italie et Allemagne sont réprimées par l'Autriche.
Nouvelles méthodes :
Révolutionnaire : Giuseppe Mazzini crée la "Jeune Italie" puis la "Jeune Europe" pour une insurrection républicaine des peuples.
Économique : La Prusse initie le Zollverein (1834), une union douanière qui devient le moteur de l'unification allemande.
IV. 1848 : Le Printemps des Peuples, la Vague Révolutionnaire Paneuropéenne
Une crise économique déclenche en 1848 une révolution quasi-simultanée à travers l'Europe, alliant trois revendications : libérales (constitutions), nationales (autonomie) et sociales (droit au travail).
A. La Déferlante (printemps 1848)
Étincelle : La Révolution de février 1848 à Paris.
Symbole : La chute de Metternich à Vienne en mars.
Conséquences : L'Empire d'Autriche est paralysé par les révoltes (Hongrie, Prague, Milan). En Allemagne, le Parlement de Francfort se réunit pour rédiger une constitution unitaire.
B. Le Reflux et les Causes de l'Échec (1849)
Raison 1 - La répression militaire : Les armées des empires conservateurs (Autriche, aidée par la Russie) reprennent le contrôle.
Raison 2 - Les divisions des révolutionnaires :
Division idéologique : Les libéraux modérés prennent peur face aux revendications sociales des démocrates radicaux.
Division nationale (la plus importante) : Les peuples en révolte se dressent les uns contre les autres (ex: les Hongrois refusent l'autonomie aux Croates, qui soutiennent alors l'Empereur d'Autriche).
Exemple emblématique de l'échec : Le roi de Prusse refuse la couronne impériale que lui offre le Parlement de Francfort.
C. Bilan et Héritage : Un Échec Fondateur
L'ordre de 1815 est fissuré de manière irréversible.
Acquis durables : Abolition définitive des droits féodaux en Autriche.
Préparation de l'avenir : Le Royaume de Piémont-Sardaigne et la Prusse conservent leurs constitutions libérales et deviennent les États-moteurs des futures unifications italienne et allemande. La question des nationalités est désormais au cœur de la politique européenne.