Le modèle de Solow : intérêts et limites
Accroche : Le ralentissement récent de la croissance chinoise dénote sa trop grande dépendance vis-à-vis de l’investissement et du crédit. L’économie chinoise souffre des rendements décroissants. Autrement dit, le ralentissement de la croissance chinoise pourrait facilement s’expliquer à travers un modèle à la Solow.
Modèle de Solow : Ce modèle a été élaboré entre 1950 et 1960. R. Solow s’est vu décerner le prix de la Banque de Suède en 1987 pour ses travaux sur la croissance économique. Son intérêt est de comprendre l’évolution du revenu dans le temps et les différences de revenus entre pays. Il faut repartir des facteurs de production qui ont été identifiés (le travail et le capital) et du progrès technique que Solow considère comme une donnée exogène.
I. Les apports du modèle de Solow pour expliquer la dynamique de la croissance économique
A. Le modèle de Solow permet d’expliquer la croissance économique
Robert Solow (PN 1986) propose un modèle d’inspiration néoclassique pour rendre compte de la croissance économique. Il formalise ce modèle sous la forme Y = A.F(K ;L) avec A un résidu, K le stock de capital et L la quantité de travail.
La hausse de la quantité de travail dépend des variations de la démographie et des comportements d’activité des individus. Le progrès technique (PT) est exogène au modèle.
La hausse de la quantité de capital est d’origine économique et endogène au modèle. La production génère des revenus qui permettent d’épargner, l’épargne finance l’investissement, qui fait augmenter le stock de capital.
Le modèle de Solow a une portée explicative : il permet de distinguer les contributions à la croissance d’une variation de la quantité de travail utilisée, d’une variation de la quantité de capital utilisée, et du résidu (PGF).
B. Le modèle de Solow a également une portée prédictive
Le modèle de Solow a une portée prédictive : il permet d’expliquer pourquoi des pays avec un stock de capital par actif plus élevé vont peu à peu se faire rattraper par des pays « en retard ».
Exemples de convergence absolue : Allemagne et Japon après la deuxième guerre mondiale, Corée du Sud dans les années 1970/1980, Chine dans les années 1990/2000.
II. Les limites du modèle de Solow pour expliquer la dynamique de la croissance économique
A. Le modèle de Solow ne permet pas d’expliquer l’origine du progrès technique
Le modèle de Solow pose un problème théorique : d’où vient le résidu ? Le progrès technique est exogène et ne relève pas de la sphère économique.
À partir des années 1980, les théories de la croissance endogène vont s’attaquer à cette question, faire du résidu l’expression de la productivité globale des facteurs (PGF).
B. Solow ne permet pas également de rendre compte pourquoi certaines économies divergent
Le modèle de Solow ne permet pas d’expliquer les phases de divergence entre économies nationales. Il est utile pour rendre compte de la convergence des économies, pas de leur divergence.
Philippe Aghion (2016) : Le modèle de croissance néoclassique ne permet pas d’expliquer la croissance de long terme ni pourquoi certains pays croissent plus vite que d’autres.
Chang – Kicking away the ladder : Les pays les plus riches cherchent à empêcher le développement des pays moins développés.
C. La convergence serait soumise à de multiples conditions
Convergence conditionnelle : Chaque économie converge vers son propre sentier d’équilibre. Conditions : fort taux d’investissement, forte scolarisation, taux d’ouverture commerciale élevé.
Clubs de convergence : Phénomènes de rattrapage limités à certains groupes de pays avec caractéristiques structurelles similaires.
Institutions : Les règles formelles et informelles influencent les décisions des agents. D.Acemoglu distingue des institutions extractives et des institutions inclusives.
P.Aghion : Les institutions performantes varient selon la position d’une économie par rapport à la frontière technologique.
Conclusion
Les économies ne peuvent augmenter indéfiniment l’investissement. Conscientes des limites de leur modèle de croissance, les autorités chinoises cherchent à réorienter l’emploi et la production vers les services, à accroître la part de la consommation dans le PIB et à stimuler la productivité globale des facteurs (PGF).
Le modèle de Solow a permis de rendre intelligible le processus de croissance et d’expliquer le rattrapage de pays avec un faible stock de capital initial. Aujourd’hui, les pays les plus proches de la frontière technologique doivent innover pour susciter une croissance auto entretenue