✦ Les Ères traditionnelles du Japon depuis l'ère Edo
➜ L'Ère Edo de 1603 à 1868 est marquée par le Sakoku (isolation volontaire)
➜ De 1868 à 1912, s'étend l'Ère Meiji où le Japon marque sa politique de réouverture
➜ Entre 1912 et 1926, c'est l'Ère Taisho
➜ Succédant à la précédente, l'Ère Showa est largement impactée jusqu'en 1989 et cela en partie par le règne de l'empereur Hirohito (1901-1989)
➜ L'Ère Heisei s'étendant de 1989 à 2019 fera face au développement de la bulle asiatique
➜ Depuis 2019, le Japon est entré dans l'Ère Reiwa
Ⅰ. De Kyoto à Tokyo, le transfert de la capitale
✦ Kyoto, la capitale impériale
➜ Une cité fondée en 794
➜ Basée sur le modèle chinois d'un damier structuré autour d’un axe principal entre le nord et le sud (modèle idéal de l’urbanisme impérial)
➜ Cette configuration est une représentation terrestre de l’harmonie céleste
➜ La ville est marquée par une logique politique et symbolique, une rationalisation pratique ainsi qu'une dimension cosmologique (feng shui)
✦ Au ⅪⅡe siècle, il existe une séparation du pouvoir spirituel et temporel
➜ Le pouvoir spirituel est détenu par l'empereur tandis que le pouvoir temporel est exercé par l'intermédiaire des shoguns
➜ Une organisation où les daimyos deviennent les seigneurs de guerre. Edo deviendra la place forte du clan des Tokugawa et leur place forte. En 1624, on expulse tous les étrangers (sauf les néerlandais et portugais résidant dans des quartiers spécifiques comme celui de Nagasaki) : les japonais sont marquée par l'interdiction de quitter le territoire le Japon décide de se fermer au reste du monde
⇾ Le Japon est organisée en clan et repose sur une hiérarchie précise : le samurai devient le guerrier au service d'un maître, le bushō représente le commandant ou général, samouraï de haut rang qui à pour but de diriger d’autres guerriers. Quant au
daimyō, il est le seigneur féodal, le propriétaire de vastes domaines et prend la tête d'armées entières de samouraïs. Pour résumer, le samurai sert, le bushō commande, le daimyō possède et gouverne
✦ De Kyoto à Tokyo, une capitale politique choisie
➜ Finalement la fonction d'empereur et celle dans le cadre du shogunat est marquée par l'influence du clan Tokugawa
➜ Cette transformation marque aussi la fin du Sakoku de l’époque Edo
➜ La restauration Meiji est le point de départ d'une rupture politique et spatiale
⇾ Edo devient Tokyo : un nouveau centre urbain, bureaucratique et militaire où se développe une forme de centralisation et une modernisation rapide. Des conditions favorables à l'augmentation de la population japonaise passant de 30 millions à près de 125 millions d'âmes aujourd'hui
Ⅱ. Tokyo, de l'Ère Meiji à l'Ère Showa
✦ Tokyo comme centre de l'État moderne : ce changement s’inscrit dans un mouvement de centralisation amenant à
➜ La création d’institutions étatiques modernes (ministères, armée, police…)
➜ Au développement des infrastructures (routes, chemins de fer…) partant de Tokyo
➜ L'édification d’une capitale impériale calquée sur les modèles occidentaux, notamment Berlin, Londres et Paris (une stratégie appliquée en vue des observations réalisées par la mission Iwakura)
➜ La capitale incarne à la fois le pouvoir décisionnel, un symbole de cohésion nationale et l'ère de la modernité et du progrès notamment avec le développement du transport et de l'urbanisme
⇾ Tokyo doit incarner une image de puissance, un lieu de soft power. C'est par l'art, la culture et l'urbanisme qu'elle va renforcée la renommée du pays : l'exemple des estampes, ensemble de travaux qui peuvent avoir un but pédagogique, amenant donc à l'ouverture et à la popularisation de l'éducation et à conserver une forme de tradition et de nostalgie (forme de rupture avec l'illustration de la modernité). Cet art populaire deviendra par la suite, un outil puissant de communication
⇾ Cependant, Tokyo ne connaîtra pas un développement linéaire puisqu'en 1923 à lieu le séisme de Kanto, évènement qui causera la mort de 140 000 personnes et la destruction totale de multiples quartiers, un traumatisme national qui rappelle en quelque sorte la vulnérabilité du pays
✤ La transformation de Tokyo sous l'ère Showa
✦ L'ère Showa est marquée par le règne d'Hirohito
➜ Elle succède déjà à l'Ère Taisho, une époque de « grande justice »
➜ Progressivement, Tokyo deviendra le centre névralgique de la militarisation japonaise
✦ En 1920, on assiste à la fois à la destruction et à la renaissance de la capitale
➜ Hirohito joue déjà un rôle important en raison de la maladie de son père
➜ Il met en place un vaste plan d'aménagement : entre nouveaux réseaux routiers (1932) et le développement du métro basé sur le modèle new-yorkais
⇾ Ces apports permettent la croissance de la population et favorise un « japon urbain » imprimé par un vaste changement culturel
✦ Entre 1932 et 1945, Tokyo fait face à l'expansion du militarisme
➜ La modernisation de cette dernière favorise l'économie de guerre et cela, dès 1936
➜ La région est largement impactée par les multiples coups d'État organisés par les officiers, la faction ultra-nationaliste…
➜ S'accompagne avec cela, la dispense d'une éducation militaire aux tokyoïtes et la construction d'infrastructures militaire
➜ En 1943, la ville et la métropole fusionne
✦ En 1944, Tokyo est massivement bombardé par les États-Unis
➜ Cela entraîne la destruction de la moitié de la superficie de la ville en raison de bâtiments principalement construit en bois
✦ Au lendemain d'une guerre d'anéantissement, le Japon et les États-Unis mettent en place la plan Dodge afin de reconstruire le pays, un accord reposant sur
➜ Une politique interventionniste afin d'aider les 11 millions d'habitants vivant à Tokyo en 1969. Ces mesures aboutissent au développement de disciplines tels que le baseball ou le jazz, mais aussi la croissance économique qui est de 10% chaque année et enfin, permettent d'accueillir les Olympiades de 1964
⇾ Ce plan contribue à la mise en circulation du premier Shinkansen (train à grande vitesse japonais) en 1964, mais aussi à la loi de l'aménagement de ville en 1968. Face à une ville qui compte près de 40 millions d'habitants et qui s'étend sur près de 7 835 km² aujourd'hui, Tokyo est vectrice de nouveaux enjeux au fil des décennies
✦ En l'espace de 20 ans, la ville est quasiment détruite : on la reconstruit sur un modèle hétérogène (moderne et traditionnel). Finalement, Tokyo est une métropole qui intègre le désordre plutôt que de l'éliminer
✦ Une planification urbaine singulière
➜ Une reconstruction et un développement urbain extrêmement rapide reposant sur une logique d’adaptation continue
➜ Le développement s’est fait dans l’urgence, souvent sans plan directeur rigide, mais avec une logique d’adaptation continue
➜ Tokyo est un « tissu urbain » hétérogène
⇾ Une métropole qui fait face à des enjeux contemporains multiples notamment avec une densité extrême dans certains quartiers (plus de 10 000 habitants au km²), une difficulté d’accès au logement, notamment pour les jeunes et les précaires, ainsi que des espaces de vie restreints, mais d'une grande « efficacité fonctionnelle »
(transport, sécurité, services…)
✦ Une métropole marquée par une organisation spatiale complexe
➜ Tokyo est une ville multi-centrique et structurée en quartiers spécialisés
➜ Une capitale politique et un centre économique mondiale : la métropole est un tissu urbain unique « irrigué » par les transports ferroviaires (trains, métros…)
➜ Elle est marquée par un phénomène de verticalisation dans le sens où Tokyo est une ville qui se développe en hauteur
ⅠⅡ. Vivre dans le grand Tokyo
✤ Le logement à Tokyo : densité, micro-appartements et défis contemporains
✦ Forte d'une densité exceptionnelle et d'une organisation innovante, la métropole nippone fait face à de nombreux enjeux
➜ Avec une pression géographique et spatiale : près de 38 millions d'habitants accompagnée d'une densité dépassant souvent les 30 000 habitants par km², Tokyo reste une ville avec un espace limité
➜ Dans une des régions où l'activité sismique est la plus importante (près d'un tremblement de terre par jour dans les zones les plus touchées ), elle a dû modifier ses infrastructures (bâtiments anti-sismiques)
➜ Récemment et comme d'autres grandes métropoles mondiales, Tokyo a favorisée une urbanisation verticale et individuelle
✦ Toutes ces « variables » ont permis de développer une nouvelle forme de logement notamment face à un prix moyen qui est de 628 000 euros dans la métropole : les micro-logements
➜ L'une des raisons à la massification de ce type d'habitation porte en elle une dimension étonnante puisqu'il s'agit de la hausse du taux de célibat : un célibat qui augmente entraînant une taux de mariage moins élevée et un nombre de personnes seules en constante croissance
➜ Le micro-appartement est un type d'habitation assez ancien puisqu'il émerge déjà après la Seconde Guerre Mondiale. Face à un besoin urgent de logement, il permet d'optimiser l'espace disponible : sa popularité a largement été marquée récemment notamment par le biais des réseaux sociaux qui aboutisse à une tension entre leurs perceptions et la réalité
➜ Un phénomène d'autant plus amplifiée puisque l'on dénombre près d'1,4 millions personnes « insociable » dû au renfermement, dans un pays vieillissant
➜ Additionné à cela, une fracture entre le centre et la périphérie en raison d'une différence importante de coût de vie
⇾ Pourtant, malgré toutes ces problématiques, la ville de Tokyo permet le développement de projets de rénovation urbaine avec l'exemple d'éco-quartiers ou celui des logements sociaux et devient un véritable laboratoire d'expérimentation afin de résoudre ces problèmes qui ont une dimension « globale »
✦ Finalement, Tokyo connaît un paradoxe entre densité et innovation mais aussi entre efficacité et logement
➜ L'action politique est un levier essentiel à la résolution de ces problèmes
➜ Certes, ces problématiques aboutissent au développement de concepts tels que la « share-house » mais elles ont aussi des effets sociaux, en particulier l'isolement et l'augmentation du stress urbain
✦ Origine et sens du mot “banlieue”
➜ Au Japon, la banlieue (kōgai) désigne d’abord un espace résidentiel périphérique
souvent perçu positivement (accès à un logement moderne, à la verdure, cadre de vie familial…), finalement, elle est un lieu d’aspiration pour la classe moyenne et cela dès les années 1960
➜ En France, la banlieue a une connotation plus ambivalente puisqu'elle semble désigner la périphérie fonctionnelle des grandes villes mais aussi des lieux de
relégation sociale (stigmatisation), avec l'amplification des représentations médiatiques à ce sujet en les qualifiant de « cités » ou de « quartiers sensibles »
✦ Les acteurs de la fabrique urbaine
➜ Au Japon, ce sont tant les acteurs publics (État, agences para-publiques...), que les acteurs privés (compagnies ferroviaires, promoteurs…) ainsi que les habitants qui sont impliqués dans la vie locale, qui agissent en matière d'urbanisme et de logement
➜ En France, les acteurs publics (État, bailleurs sociaux, municipalités, ANRU aujourd’hui) dominent dans ce champ d'action puisque le privé intervient surtout via la promotion immobilière individuelle ou les lotissements pavillonnaires
⇾ Finalement, la banlieue japonaise est liée aux infrastructures privées (train, habitat…) tandis qu’en France, ces mêmes domaines sont administrés surtout à l'issue de politiques publiques centralisées (HLM, grands ensembles)
✦ Les formes urbaines
➜ Le Japon est marqué par une forte densité, un habitat collectif mais aussi des pavillons de banlieue (lotissements privés…), des quartiers conçus autour des gares, avec mixité fonctionnelle (logement, commerce, loisirs…)
➜ En France, on constate une forme de dualité entre les pavillonnaires diffus (petite et grande couronne) et les grands ensembles HLM (petite/moyenne couronne). La séparation plus marquée des fonctions puisque les zones résidentielles sont d’un côté, et les zones commerciales ou industrielles de l’autre
⇾ Au Japon, l’intégration de l'urbanisme et du transport favorise la continuité urbaine alors qu'en France, les banlieues sont plus fragmentées spatialement et peuvent connaître des difficultés de transport
✦ Une dimension sociale
➜ Par le passé, le Japon a symbolisé l’ascension sociale (famille nucléaire, maison en périphérie…). Aujourd'hui, c'est un pays marqué par le vieillissement, la vacance des logements et les problèmes de cohésion (surtout dans les cités publiques) mais la stigmatisation sociale y est beaucoup moins forte qu’en France
➜ La France quant à elle, est marquée par la concentration des populations (immigrées, ouvrières, précarisées…) avec une forte visibilité médiatique des tensions sociales dans les banlieues (HLM…). Les quartiers résidentiels de type lotissements et maisons pavillonnaires sont occupés par la classe moyenne, voire la classe moyenne aisée. Par ailleurs, on perçoit une image plutôt péjorative et durable qui colle à l'expression de « banlieue » malgré la diversité des situations (toutes les banlieues ne sont pas “difficiles”, certaines communes de banlieue étant même particulièrement aisées et possédant une image très positive)
⇾ La banlieue japonaise a été conçue comme un espace d’aspiration collective alors que la banlieue française a été pensée comme une solution fonctionnelle à la crise du logement, une vision qui explique en partie la différence de perception sociale
✤ Les pavillons résidentiels à Tokyo
✦ Une construction rapide à utilisant des méthodes et matériaux spécifique à partir d'une structure légère et industrialisée (ossature en bois, rarement en béton). Une ossature qui est déjà préfabriqué ou semi-préfabriqué (produit en usine, puis assemblé sur place) permettant une construction en 2 à 3 mois seulement
➜ C'est par l'intermédiaire d'entreprises spécialisées, de modèles standardisés adaptables à la taille du terrain et de « maisons catalogues » que le chantier s'organise en « chaîne industrielle »
➜ Ce type de chantier est aussi marqué par de nombreuses contraintes puisqu'il prend place sur des terrains petits et irréguliers (parcelles de 50 à 100m²), doit respecter les normes antisismiques strictes et favorise une mitoyenneté fréquente puisque les maisons sont collées ou espacées d’un mètre seulement