Avec la mondialisation, la question de l'immigration se pose à l'échelle mondiale.
1. Des flux d'une nouvelle ampleur
Définition
Selon cette définition, il y a 281 millions de migrants dans le monde, représentant environ 3,6% de la population mondiale (ou plus d'1 habitant sur 30), contre 75 millions en 1965. Une partie des migrations est clandestine et ne peut qu'être estimée. Il faudrait ajouter quelque 81 millions de réfugiés et de déplacés internes.
Les raisons qui poussent à migrer se rangent dans 2 grands ensembles :
- la peur et l'insécurité physique à cause de la guerre, de la persécution, de massacres ou de la répression;
- l'insécurité économique et sociale due à la pauvreté ou à la précarité. Par ailleurs, la télévision satellitaire ou Internet répandent le mythe d'un eldorado occidental;
- la Banque mondiale estime que 143 millions de personnes migreraient pour des raisons climatiques d'ici à 2050.
La plupart des mouvements migratoires se dirigent vers les pays voisins.
Par exemple 15,4 millions d'Africains ont migré vers un autre pays du continent contre 13 millions vers les autres continents, dont 7,8 millions vers l'Europe. Les migrants de pays du Sud se répartissent à parts égales entre Sud et Nord, tandis que les migrants issus des pays de l'OCDE à 83% .
Les principaux pays d'émigrations sont :
- l'Inde avec 17 millions d'émigrés,
- le Mexique entre 11 et 12 millions,
- la Russie,
- la Chine,
- l'Ukraine,
- le Bangladesh,
- le Pakistan,
- le Royaume-Uni,
- les Philippines,
- la Turquie,
- la Syrie avec 5 millions qui ont générés de 4 à 6 millions de migrants.
Les principaux pays d'accueil sont :
- les Etats-Unis avec 50 millions,
- le Canada,
- le Royaume-Uni,
- la France avec 6,7 millions. Pour la France, la principale provenance a été longtemps l'Albanie mais est aujourd'hui l'Afghanistan.
A retenir :
Ne pas confondre l'émigré = le migrant qui quitte son pays avec l'immigré = le migrant arrivant dans son pays d'accueil.
2.Immigration et pays d'accueil
Pour les pays d'accueil, les migrants sont d'abord la réponse à un besoin en main d'oeuvre. Au Proche-Orient, la faiblesse démographique a rendu nécessaire l'appel à l'immigration massive, en général par le biais de garantie ou kafil, qui fournissent permis de séjour et travail contre argent. En Europe, certains, comme la Commissaire européenne aux affaires intérieures, Cecilia Malmström, présentent l'immigration comme l'une des solutions pour relever le taux actifs/inactifs, stratégique pour le financement des retraites. De telles préconisations se heurtent à d'autres réalités : la question par exemple de "choisir" l'immigration, car seulement 5% des entrées en France provenant des pays tiers (hors EEE) sont des actifs.
Aux Etats-Unis, la part de la population latino-américaine (première minorité avec 15% de la population) s'accroît (30% de la population en 2050 avec triplement de l'effectif) et représente un défi à l'identité américaine, forgée sur le modèle anglo-saxon. En Europe, l'immigration d'origine maghrébine ou turque pose la question de la place de l'islam dans la société. Largement sécularisée, les Européens oscillent entre acceptation et révolte, parfois violente.
Définition
3.Flux migratoires et pays de départ
Pour les pays de départ, l'émigration représente un apport de richesse par les fonds rapatriés par les migrants, appelés "remises". Leur montant a plus que quadruplé depuis 2000, atteignant un record en 2022 avec 650 milliards de dollars selon l'ONU. Ces sommes sont supérieures à l'Aide publique au développement mondiale (environ 120 milliards de dollars venant des pays OCDE). les remises représentent 35% du PIB du Tadjikistan ou 22% pour le Liban.
Pour autant, ces départs pénalisent aussi les économies d'origine. En effet, le coût du trajet fait que ce sont les plus jeunes qui partent, souvent les plus diplômés, alimentant un véritable brain drain à travers le monde.
La pression des pays d'accueil sur les pays de départ ou de transit se fait plus forte, surtout de la part de l'Union européenne, qui apparait comme une forteresse fermée.
En 2005, l'UE a mis en place l'agence Frontex, chargée de mutualiser des moyens de surveillance des frontières en cas de vagues migratoires, remplacée en 2016 par l'Agence européenne de grades frontières. Depuis 2004, l'UE externalise une partie des contrôles, en les transférant aux pays de départ ou de transit, créant ainsi le délit "d'émigration clandestine". Cette mission est présentée comme une contrepartie à l'aide du développement, dans une stratégie présentée comme celle du "co-développement".
A retenir :
Un migrant "dubliné" est un migrant qui a été enregistré à son arrivée en Europe dans un autre pays avant d'arriver en France.
Selon le "règlement de Dublin", il doit déposer une demande d'asile dans ce pays.
Depuis février 2018, une loi française prévoit de les enfermer dans un centre de rétention dans l'attente d'une reconduite.
Il s'agirait d'un moyen pour diminuer le nombre de demandeurs d'asile (environ 30 000 "dublinés" sur 137 000 demandes d'asile en 2017 selon la Cimade).
En décembre 2023, un accord a été trouvé par les gouvernements de l'UE pour réformer une partie des règles, en particulier la solidarité requise entre pays membres face aux flux migratoires.