Problématique : Comment la période révolutionnaire et la période impériale ont-elles contribuées à l'ermergence d'une nouvelle conception de la nation entre 1789 et 1815 ?
A. La fin de la monarchie absolue et de la société d'ordres
À la fin du XVIIIe siècle, le royaume de France est confronté à de graves difficultés. Sous le règne de Louis XVI, l'héritier de Louis XIV, une crise frumentaire éclate, exacerbée par l'augmentation des prix du blé, de la farine et du pain. Cette hausse des prix, due à de mauvaises récoltes, crée une famine partielle qui touche durement le peuple.
En plus de cette crise économique, le système des privilèges est de plus en plus contesté. La population est divisée en trois ordres : le clergé, la noblesse et le Tiers État. Le clergé et la noblesse, qui ne représentent qu'une infime partie de la population, bénéficient de nombreux privilèges et ne paient pas d'impôts. Le Tiers État, qui représente 97 à 98% de la population et regroupe aussi bien les paysans que les bourgeois, supporte seul la charge fiscale. Cela crée un profond sentiment d'injustice et une gronde populaire.
Les bourgeois du Tiers État, qui ont acquis de la richesse mais n'ont aucun pouvoir politique, sont particulièrement frustrés. Ils aspirent à des postes d'officiers dans l'armée et de ministres, réservés aux nobles, et réclament une meilleure représentation au sein de l'État.
Pour tenter de résoudre la crise financière, le roi Louis XVI se résout à convoquer les États généraux le 5 mai 1789. L'objectif est de trouver des solutions aux problèmes du royaume, notamment les impôts trop élevés, la famine et les inégalités.
1139 députés sont convoqués : 291 pour le clergé, 210 pour la noblesse et 578 pour le Tiers État. Ce dernier, malgré son écrasante majorité démographique (entre 10 et 15 millions de personnes), est clairement sous-représenté. Cela rend le rapport de force inégalitaire dès le départ.
Les discussions des États généraux sont rapidement paralysées par les divergences d'opinions. Le Tiers État réclame une réforme des impôts et la fin des privilèges, ce que le clergé et la noblesse refusent catégoriquement de concéder.
Face à ce blocage, les députés du Tiers État décident de prendre les choses en main. Le 17 juin 1789, ils se proclament Assemblée nationale, affirmant ainsi leur légitimité à représenter la nation entière. Cette décision marque un tournant majeur.
Trois jours plus tard, le 20 juin 1789, les députés se rassemblent dans la salle du jeu de paume, leur salle habituelle étant fermée par le roi. Ils y prêtent le célèbre Serment du Jeu de Paume, s'engageant à ne pas se séparer avant d'avoir donné une constitution à la France. Ils se proclament alors Assemblée nationale constituante, signifiant leur volonté de refonder les bases politiques du pays. Ce serment symbolise la naissance d'une nation souveraine et la fin de l'arbitraire royal.