Un espace productif se définit comme un lieu aménagé et mis en valeur par l’Homme afin de produire des richesses. Il existe trois types d’espaces productifs, les espaces agricoles, les espaces liés à l’industrie et les espaces liés aux services. Ces espaces sont organisés par des acteurs qui les aménagent. Aujourd’hui les systèmes productifs sont organisés à l’échelle mondiale, ils sont à la fois complémentaires mais aussi concurrentiels. Enfin, la conception des systèmes productifs à l’échelle mondiale occasionne de nombreux flux. La problématique est la suivante : Quelles sont les caractéristiques et les dynamiques des espaces et des acteurs de la production dans le monde ?

La production des jeans est un bon exemple de la diversité croissante des espaces de production dans le monde. Le coton est cultivé dans un pays, filé dans un autre, les jeans sont confectionnés ailleurs et finalement vendus dans le monde entier. Cette répartition illustre la division internationale du travail et la division internationale des processus de production (DIPP). Cette dispersion géographique des étapes de production est guidée par la recherche de rentabilité des entreprises, qui vont chercher des coûts de main-d'œuvre moins élevés, moins de taxes, et souvent une législation moins contraignante dans certains pays. En conséquence, des entreprises de production émergent dans les pays producteurs, augmentant la concurrence et induisant de nombreux échanges, notamment par voies maritimes.

Avec la mondialisation, les espaces de production sont de plus en plus hiérarchisés. Contrairement à l'époque de la révolution industrielle, les entreprises ne s'implantent plus nécessairement à proximité d'une ressource. La recherche de compétitivité pousse les entreprises à sélectionner leurs espaces de production en fonction de divers facteurs comme le coût de la main-d'œuvre ou la législation sociale. Ce processus de spécialisation des espaces est connu sous le nom de division internationale du travail (DIT). On observe une hiérarchisation des espaces avec des fonctions de commandement, des fonctions de recherche et développement, et des fonctions de fabrication dans des pays en développement ou émergents. Ces espaces sont complémentaires, formant des systèmes productifs à l'échelle mondiale, comme pour les iPhones ou les jeans, entraînant une augmentation des échanges matériels et financiers.

Les Firmes Transnationales (FTN) jouent un rôle clé dans la hiérarchie des espaces productifs à l'échelle mondiale. Ces entreprises, ayant des implantations dans plusieurs pays, structurent le marché du travail mondial et cherchent à maximiser leur compétitivité et profit. Leurs fonctions de commandement se trouvent majoritairement dans les pays développés, où se situent également leurs sièges sociaux. Actuellement, les FTN les plus dynamiques appartiennent principalement au secteur numérique, comme les GAFAM.

Les activités économiques se regroupent de plus en plus sur des territoires spécifiquement choisis, favorisant les littoraux modernisés et les espaces urbanisés. La DIT génère des flux importants nécessitant des ports pour le transit des marchandises, ainsi que des espaces urbains dynamiques pour la conception.

La mondialisation entraîne une hiérarchisation entre des territoires plus ou moins dynamiques. Les activités de commandement et de recherche et développement se concentrent dans les métropoles, et particulièrement dans les métropoles mondiales. Ces villes abritent les sièges sociaux des grandes FTN, des universités, des laboratoires de recherche, et sont également des centres financiers. Cette centralisation est facilitée par des infrastructures de transport modernes, permettant des échanges d'argent, de marchandises et de capitaux, créant un archipel métropolitain mondial. Ces métropoles sont également en concurrence les unes avec les autres, renforçant ainsi la tendance à la métropolisation.

La littoralisation des activités n'est pas un phénomène nouveau, mais elle s'est accélérée depuis les années 1960. Avec la DIT, les usines fonctionnent avec beaucoup d'importations et d'exportations, liées à 90% des activités maritimes. Les industries s'implantent donc sur les littoraux pour minimiser le temps et le coût liés au transport des produits. Les littoraux se transforment en zones industrialo-portuaires, intégrant port, usines et services, et deviennent ainsi des interfaces connectant l'arrière-pays et le monde entier.

Les Investissements Directs Étrangers (IDE), qui désignent l'argent investi dans un pays par un autre, connaissent une forte croissance. Principaux protagonistes : l’Union Européenne, la Chine, les États-Unis, le Japon et Hong Kong. Depuis les années 1990, le volume des échanges mondiaux a été multiplié par 3,5, notamment grâce à la DIT et à la mondialisation, intégrant tous les espaces dans un réseau complexe d'échanges matériels et financiers. La mer et les conteneurs jouent un rôle crucial dans ces échanges, la région Asie concentrant à elle seule 40% des flux de conteneurs mondiaux.

Les systèmes productifs français ont évolué au fil du temps. Longtemps dominée par l'agriculture, puis par l'industrie, l'économie française est aujourd'hui largement tertiarisée. La part du secteur tertiaire dans le PIB est devenue prédominante. Depuis les années 80/90, les systèmes productifs français ont été touchés par la délocalisation, mais on observe récemment un phénomène de relocalisation, où le 'made in France' est de plus en plus privilégié.

Les espaces productifs les plus dynamiques en France se trouvent principalement dans les grandes villes comme Paris, qui a une influence notable. Les zones dynamiques sont souvent les plus accessibles, situées sur les littoraux et proches des axes routiers et des infrastructures numériques modernes. L'accessibilité permet de faciliter les déplacements des marchandises et des travailleurs, répondant ainsi aux demandes des systèmes productifs.

En France, la région parisienne concentre une grande part du dynamisme économique national avec des technopoles et un PIB notable. Tandis que certaines régions comme l'Ouest et le Sud développent nombreuses technopoles, d'autres territoires, historiquement industriels comme l'Est et le Nord, sont aujourd'hui moins productifs et tentent de se redynamiser. Les territoires agricoles continuent d'évoluer, avec une mécanisation poussée et des transformations vers une agriculture intensive et productive. Cependant, certains territoires rencontrent des difficultés à attirer des investissements et des travailleurs, ce qui freine leur développement économique.