Au XVIIIe siècle, la bourgeoisie marchande connaît une période de prospérité grâce à l'expansion du commerce international. Cette classe, composée de riches négociants, joue un rôle crucial dans l'économie des grandes métropoles européennes comme Londres, Amsterdam ou Bordeaux. Leurs richesses proviennent principalement du commerce d'importation et d'exportation de denrées telles que le sucre, le coton, le café ou encore le tabac, souvent issus des colonies. Cette accumulation de capitaux permet à la bourgeoisie de financer de nouvelles entreprises et d'accroître leurs échanges, renforçant ainsi leur influence économique et politique.

La vie de la bourgeoisie marchande est également marquée par une culture urbaine raffinée, qui inclut la consommation de produits de luxe, la fréquentation de salons littéraires et scientifiques, et le mécénat artistique. Leur statut social leur permet souvent d'accéder aux cercles du pouvoir, influençant les politiques commerciales et coloniales de leurs nations respectives.

Les négoces internationaux prennent de l'ampleur au XVIIIe siècle grâce à plusieurs facteurs convergents. L'amélioration des techniques maritimes, comme la construction navale et la navigation, permet des voyages plus sûrs et plus rapides. Ces progrès facilitent le commerce entre l'Europe, l'Asie, l'Afrique et les Amériques, constituant les prémices d'une économie globalisée. Les Compagnies des Indes Orientales, établies par diverses nations européennes, jouent un rôle central dans ces échanges, permettant le transport de produits exotiques vers l'Europe tout en exportant des produits manufacturés européens dans le monde entier.

Par ailleurs, les infrastructures portuaires se développent, augmentant les capacités de stockage et de manutention des marchandises. Les réseaux bancaires et financiers s'étendent également, fournissant les crédits nécessaires pour soutenir ces activités commerciales à grande échelle. Ces éléments combinés permettent aux négociants de diversifier leurs activités et d'explorer de nouveaux marchés, multipliant les opportunités de profit.

La traite négrière représente l'un des aspects les plus sombres du commerce international au XVIIIe siècle. Elle constitue un élément central du système économique dit du "commerce triangulaire", impliquant l'Europe, l'Afrique et les Amériques. Des marchandises européennes telles que des textiles, des armes et de l'alcool sont échangées contre des esclaves en Afrique. Ces derniers sont ensuite transportés à travers l'Atlantique dans des conditions inhumaines pour être vendus principalement aux Amériques, où ils servent de main-d'œuvre forcée dans les plantations. Les produits coloniaux comme le sucre, le coton et le tabac, cultivés grâce à ce travail, sont ensuite expédiés vers l'Europe où ils génèrent de vastes profits.

Ce commerce d'êtres humains a non seulement des conséquences humanitaires et sociales catastrophiques mais aussi un impact économique majeur. La traite permet à la bourgeoisie marchande d'accumuler des richesses considérables, qui sont ensuite investies dans diverses industries européennes. Paradoxalement, ce système économique contribue à la prospérité de plusieurs nations tout en engendrant d'immenses souffrances et des injustices profondes.