La IVème République a vu le jour dans une Europe en reconstruction après les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Instaurée en 1946, elle se voulait être une réponse démocratique aux échecs passés avec une nouvelle Constitution fondée sur les droits de l'Homme et le renforcement du pouvoir législatif. Toutefois, elle s'accompagna d'une instabilité ministérielle chronique, avec 21 gouvernements se succédant en 12 ans. Cette fragilité s’explique par le système électoral proportionnel qui entrainait des coalitions souvent ingouvernables. Par ailleurs, la question coloniale, en particulier la guerre d’Algérie, devint un enjeu central, exacerbant les tensions politiques et minant les gouvernements successifs.

La guerre d’Algérie (1954-1962) fut sans doute l'un des défis les plus cruciaux pour la IVème République. Cette guerre de décolonisation transforma profondément la société française et son paysage politique. Les opérations militaires, les manifestations, les divisions au sein de la société française entre partisans de l’Algérie française et ceux prônant son indépendance furent autant de facteurs de déstabilisation. La crise atteignit son paroxysme en mai 1958 avec l’insurrection des partisans de l’Algérie française à Alger, mettant en péril le régime de la IVème République. Cet événement précipita le retour au pouvoir de Charles de Gaulle, considéré comme capable de résoudre la crise.

En 1958, face à l'impasse politique, Charles de Gaulle fut appelé pour former un nouveau gouvernement. Ayant pour mission de rédiger une nouvelle constitution, il mit en place un régime présidentiel renforcé, centrant le pouvoir exécutif autour du président. La Constitution de la Vème République fut adoptée par référendum le 28 septembre 1958, apportant une stabilité politique qui manquait cruellement à la France. De Gaulle, élu premier président de la Vème République en 1959, consolida le pouvoir exécutif et initia une série de réformes pour moderniser le pays, à la fois sur le plan domestique et international.

Parallèlement à ces bouleversements politiques, la France connait des transformations sociétales majeures durant cette période. Les Trente Glorieuses (1945-1975) furent synonymes de croissance économique rapide, d'amélioration des conditions de vie et d'urbanisation massive. La société voit l'émergence de nouvelles classes sociales et une hausse du niveau d'éducation. Les mouvements féministes prennent de l'ampleur, luttant pour l'égalité des droits, tandis que la jeunesse aspire à de nouvelles formes d'expression, annonçant les grandes révoltes de 1968. Ces mutations bouleversent les structures traditionnelles et participent à la redéfinition de l'identité nationale.

Victime des deux guerres mondiales, l'Europe s'engage dès la fin du conflit dans une dynamique de réconciliation et de coopération. La France joue un rôle majeur dans la construction européenne, dès le lancement de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) en 1951 et la signature du Traité de Rome en 1957, qui fonde la Communauté Économique Européenne (CEE). Cependant, ces projets suscitent aussi des tensions internes : certains partis politiques français et segments de la population voient d’un mauvais œil cette perte de souveraineté. Malgré ces défis, la construction européenne progresse, posant les bases d’une intégration plus poussée dans les décennies suivantes.