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Introduction à la pathologie : Les lombalgies

Rappels anatomiques


1. Charnière thoraco-lombaire (T12–L1)

  • Zone de transition entre le rachis thoracique (rigide) et lombaire (mobile).
  • Soumise à des contraintes mécaniques importantes.


2. Rachis lombaire

  • Composé de 5 vertèbres volumineuses.
  • Présente deux parties principales :

➤ Partie antérieure

  • Rôle : support du corps vertébral et du disque intervertébral.
  • Point faible : partie antérieure du corps vertébral (travées osseuses moins denses).
  • Fractures typiques :
  • 600 kg → rupture de la partie antérieure (cunéiforme).
  • 800 kg → rupture du mur postérieur.
  • Travées osseuses = lignes de force de résistance.

➤ Partie postérieure

  • Rôle : dynamique et de stabilisation (arc neural/vertébral).
  • Composée de :
  • 2 pédicules
  • 2 lames
  • 7 processus (4 articulaires, 2 transverses, 1 épineux)
  • Protège la moelle épinière et forme le foramen vertébral.

📚 Réf. : Dufour et al., 2017 ; Kapandji, 2017


3. Disque intervertébral (DIV)

Structure :

  • 3 parties :
  1. Nucleus pulposus
  • Centre gélatineux (30–50 % du volume).
  • 70–90 % d’eau.
  • En tension permanente.
  1. Annulus fibrosus
  • Anneaux fibreux autour du nucleus.
  • 60–85 % d’eau.
  • Collagène (65–70 % masse sèche) + protéoglycanes + quelques cellules.
  1. Plateaux vertébraux
  • Plaques cartilagineuses reliant le disque aux corps vertébraux.

Rôles :

  • Relie les vertèbres entre elles.
  • Absorbe et répartit les chocs.
  • Permet stabilité et mobilité.
  • Tissu avasculaire (nourri par diffusion).

📚 Réf. : Liu et al., 2023 ; Isa et al., 2023


4. Courbure lombaire et ontogenèse

  • Lordose lombaire moyenne : 64° (Evelinger et al., 2019).
  • Influencée par l’incidence pelvienne et la pente sacrée.
  • Absente à la naissance → apparaît avec la station assise et la bipédie.
  • Loi d’Euler : plus il y a de courbures, plus la résistance à la compression est élevée.
  • Les 3 courbures mobiles permettent de supporter jusqu’à 10× plus de charge que si la colonne était droite.

📚 Réf. : Bonnel et al., 2011 ; Dufour et Kapandji, 2017


5. Charnière lombo-sacrée (L5–S1)

  • Dernière jonction entre la partie mobile du rachis (L5) et le bloc pelvien (sacrum).
  • Zone à risque : plateau supérieur de S1 incliné vers l’avant.
  • Spondylolisthésis :
  • Glissement de L5 sur S1.
  • Favorisé par une pente sacrée importante.
  • Souvent dû à une lyse isthmique (fracture de fatigue).
  • Variantes :
  • Sacralisation (L5 soudée au sacrum → 4 vertèbres lombaires).
  • Lombalisation (S1 détachée du sacrum → 6 vertèbres lombaires).

📚 Réf. : Dufour et al., 2017 ; Kapandji, 2017


6. Articulations et ligaments

➤ Articulations :

  • 2 sacro-iliaques + symphyse pubienne.
  • Articulation sacro-iliaque :
  • Surface en L inversé.
  • Mobilité faible (1–4° / 1–3 mm).
  • Amortit et répartit les contraintes.

📚 Réf. : Lavignolle et al., 1983 ; Sturesson et al., 2000 ; Dufour, 2017

➤ Ligaments principaux :

  • Ligament vertébral commun antérieur (LVCA).
  • Ligament vertébral commun postérieur (LVCP).
  • Ligament jaune.
  • Ligaments inter-épineux, supra-épineux, inter-transversaires.
  • Ligaments ilio-lombairessacro-tubéralsacro-épineux → stabilisation lombo-sacrée.

📚 Réf. : Dufour et al., 2007 ; McGill et al., 2021


7. Système musculaire

➤ Muscles postérieurs

  • Érecteurs du rachis (ilio-costal, longissimus, épineux).
  • Multifides → stabilisateurs segmentaires (1–2 étages).
  • Rotateurs courts → rôle proprioceptif.
  • Contiennent beaucoup de fibres lentes (type I) → maintien postural.

📚 Réf. : Ward et al., 2009 ; Demoulin et al., 2007

➤ Muscles antérieurs

  • Transverse, obliques int./ext., grand droit.
  • Co-contraction avec les érecteurs → rigidité lombaire.
  • Participent à la flexion, la rotation, la stabilisation et la respiration.
  • Transverse :
  • Véritable corset naturel.
  • Activation réflexe lors des mouvements.
  • Retard d’activation chez certains lombalgiques chroniques.

📚 Réf. : Richardson et al., 1999 ; Hodges & Danneels, 2019 ; Dufour et al., 2017

➤ Muscles profonds

  • Carré des lombes : stabilise les vertèbres adjacentes.
  • Ilio-psoas : stabilisateur lors de la flexion de hanche.

📚 Réf. : Bonnel et al., 2011


8. Stabilité selon Panjabi (1992, 2010)

Trois sous-systèmes interdépendants :

  1. Colonne vertébrale → structure passive.
  2. Muscles → stabilité active.
  3. Système nerveux central → contrôle neuromusculaire (feedback proprioceptif).

📚 Réf. : Dufour & Netter, 2010 ; Russo et al., 2018


9. Innervation du rachis lombaire

  • 31 paires de nerfs rachidiens mixtes (racines motrices + sensitives).
  • Nerf sinu-vertébral (de Luschka, 1850) :
  • Innerve LVCA, LVCP, annulus fibrosus post.
  • Douleur : diffuse, type viscéral.
  • Branche dorsale du nerf spinal :
  • Innerve facettes, muscles, ligaments, peau.
  • Douleur : localisée, aiguë.

10. Biomécanique discale

  • Le nucleus pulposus agit comme une rotule.
  • En flexion → glissement antérieur du plateau supérieur.
  • En inclinaison → le nucleus roule vers le côté de l’inclinaison.
  • Répartition des charges :
  • 75 % sur le nucleus.
  • 25 % sur l’annulus.
  • Adaptations :
  • Compression → aplatissement + diffusion liquidienne.
  • En décubitus → réhydratation (gain de taille le matin).
  • Vieillissement → déshydratation → perte de souplesse et hauteur discale.

📚 Réf. : Kapandji, 2007 ; Liu et al., 2023


11. Anatomie vasculaire

  • Tous les tissus rachidiens sont vascularisés sauf le disque intervertébral.
  • Les veines vertébrales n’ont pas de valvules → drainage hydraulique sous pression.
  • Fonction d’amortissement des chocs mécaniques.


12. Classification des lombalgies

➤ Selon la HAS (2019)

  • Aiguë : < 6 semaines.
  • Subaiguë : 6–12 semaines.
  • Chronique : > 12 semaines.
  • Récidivante : réapparition dans les 12 mois.

📚 Réf. : HAS, 2019 ; Urits et al., 2019

➤ Autres classifications :

  • O’Sullivan (2005) :
  • Perturbation du contrôle moteur.
  • Hypomobilité / douleur mécanique.
  • Hypersensibilisation centrale / facteurs psychosociaux.
  • Maigne (2011) :
  • Lombalgies rachidiennes (organiques).
  • Lombalgies centrales (hypersensibilisation).
  • Lombalgies sociales (facteurs psychosociaux).
  • McKenzie (1990) :
  • Syndrome de dérangement → amélioration avec mouvement préférentiel.
  • Syndrome de dysfonction → douleur en fin d’amplitude.
  • Syndrome postural → douleur liée à la posture.

📚 Réf. : Plantin, 2016 ; Deneuville, 2018 ; Sagi, 2011



Diagnostic et bilan

Principes généraux du diagnostic


Lorsqu’un patient présente plusieurs dysfonctionnements, il est parfois difficile de déterminer celui réellement responsable du mal de dos.


👉 Le rôle du thérapeute est d’abord de réduire la douleur, en se concentrant sur les dysfonctionnements majeurs douloureux.

Les autres dysfonctions non douloureuses pourront être traitées plus tard.


Démarche diagnostique


1. Formulation d’hypothèse

  • La lombalgie est un symptôme, non un diagnostic.
  • L’hypothèse clinique guide le traitement et le pronostic.
  • Elle est testée et affinée tout au long de la rééducation.
  • La première impression se fait dès la salle d’attente, puis se précise avec :
  • L’anamnèse : historique, mécanismes douloureux, facteurs aggravants/soulageants.
  • L’observation des mouvements de base.
  • Les tests de provocation, qui renforcent ou réduisent la probabilité de l’hypothèse.
  • L’identification des schémas moteurs tolérés, utiles pour ajuster le plan d’exercices.

📚 McGill, 2021


ANAMNÈSE


2. Type de douleur selon Freynhagen

Objectif : suspecter une douleur nociceptiveneuropathique ou nociplastique.

Questions à poser :

  • Où, depuis quand et à quelle intensité ressentez-vous la douleur ?
  • Est-elle constante ? Au repos ? En mouvement ?
  • Quels mots utilisez-vous pour la décrire ?
  • Une cause identifiable ?
  • Douleur source de détresse psychologique ?
  • Autres symptômes ou changements associés ?

📚 Nijs et al., 2015 ; Freynhagen et al., 2020


3. Instabilités selon Cook

Recherche de sensations caractéristiques :

  • Sensation de dos qui “cède”.
  • Besoin de se faire “craquer” le dos.
  • Épisodes de symptômes fréquents.
  • Tremblements, faiblesse musculaire, mauvaise coordination.
  • Mouvements aberrants avec shift latéral.

📚 Cook et al., 2006


4. Mouvements aberrants (Delitto et al., 2012)

  • Douleur lors du retour de flexion lombaire.
  • Déviation du plan sagittal en flexion/extension.
  • Signe de Gower : besoin des mains pour se relever.
  • Inversion du rythme lombopelvien.


REDS FLAGS : pathologies graves à exclure


Depuis 2019, les kinés peuvent recevoir les lombalgiques en première intention → obligation d’évaluer les Red et Orange Flags.

Les Red Flags = caractéristiques ou antécédents associés à un risque de pathologie grave.

📚 Ministère de la Santé, 2020 ; Goodman & Snyder, 2013 ; Bardin et al., 2017 ; Finucane et al., 2020 ; Urits et al., 2019.


Pathologies graves (≈1% des lombalgies)

  • Cancer
  • Syndrome de la queue de cheval
  • Spondylarthrite ankylosante
  • Infection
  • Fracture vertébrale


Niveau de suspicion et conduite à tenir (Finucane, 2020)

Niveau de suspicionDémarcheTrès faible (0–25%)Débuter thérapie (suivi clinique)Faible (25–50%)Thérapie avec attente vigilanteFort (50–75%)Réorientation médicale urgenteTrès fort (75–100%)Envoi immédiat aux urgences

🧠 Description des principaux Red Flags


1️⃣ Syndrome de la queue de cheval (0,04%)


Signes majeurs :

  • Douleur radiculaire uni/bilatérale.
  • Perte sensitive ou motrice selon dermatome/myotome.
  • Autres signes :
  • Troubles urinaires, sexuels, digestifs.
  • Progression d’un déficit neurologique.
  • Antécédents : hernie discale, canal étroit, chirurgie lombaire.

📚 Long et al., 2020 ; Finucane et al., 2020


2️⃣ Spondylarthrite ankylosante (0,1–1%)


Douleur inflammatoire :

  • Début < 40 ans, insidieux.
  • Non soulagée au repos mais améliorée par mouvement ou AINS.
  • Autres :
  • Arthrite, enthésite, uvéite.
  • HLA-B27, antécédents familiaux.

📚 NICE, 2017 ; Rusman et al., 2020 ; Finucane et al., 2020.


3️⃣ Fracture vertébrale (0,7–4,5%)


  • Douleur soudaine après faible traumatisme ou effort.
  • Douleur localisée, cyphose accrue, mouvements limités.
  • Facteurs favorisants : ostéoporose, corticoïdes, tabac, diabète.

📚 Finucane et al., 2020.


4️⃣ Métastases rachidiennes (0,7%)


  • Perte de poids > 5–10% en 3–6 mois.
  • Douleur nocturne, hypercalcémie, troubles neurologiques.
  • Antécédent de cancer (sein, rein, poumon, prostate, thyroïde).

📚 Finucane et al., 2020.


5️⃣ Infections rachidiennes (0,2–0,4 / 100 000)


  • Fièvre (absente dans 50%), douleur + troubles neuro.
  • Antécédents : usage IV, immunodépression, chirurgie rachidienne, conditions sociales précaires.

📚 Finucane et al., 2020.



Tests cliniques et Classifciations : Quelles utilités ?


  • Dans 85–90 % des lombalgies, aucune structure précise ne peut être incriminée.
  • Sources nociceptives possibles :
  • Articulations zygapophysaires
  • Disques intervertébraux
  • Articulations sacro-iliaques
  • Hypothèses principales :
  • Aiguë → cause articulaire
  • Chronique/sportif → cause myofasciale ou musculaire
  • Autres facteurs possibles : Modic 1, pincement discal, extrusion, spondylose.

📚 Hartvigsen et al., 2018 ; Aure et al., 2003 ; Laslett et al., 2005.


Tests et Échelles


Facteurs biologiques / biomécaniques

  • Syndrome myofascial douloureux : preuves insuffisantes (Travell & Simons).
  • Instabilité fonctionnelle : clusters de tests fiables.
  • ⚠️ Biering-Sorensen déconseillé.
  • ✅ Batterie de Luomajoki recommandée :
  • Waiter’s Bow
  • Équilibre unipodal
  • Transfert quadrupédie
  • Antéversion/Rétroversion
  • Flexion/Extension genou

📚 Maas, Petersen, Saueressig, Areeudomwong, Huysamen.


Diagnostic différentiel

  • Fracture → association de Red Flags (Henschke).
  • Compression nerveuse → SLR, SLUMP, Bowstring, Léri (sens. 50%, spéc. 100%).
  • Syndrome piriforme → FAIR ou HCLK.
  • Atteinte radiculaire → SLR + règle d’Hancock.
  • Sténose lombaire → règle de Cook (4/5 tests positifs).
  • Spondylolisthésis → glissement + test d’extension passive.

📚 Scaia et al., 2012 ; Hancock, 2011 ; Berthelot, 2021 ; Petersen, 2017.


Facteurs psychologiques et sociaux

Typologie :

  • Yellow Flags → Barrières psycho-sociales à la rééducation.
  • Orange Flags → Troubles psychiatriques sévères.
  • Blue Flags → Facteurs professionnels négatifs contrôlables.
  • Black Flags → Facteurs professionnels négatifs non contrôlables.

Outils de mesure :

  • Start-Back Tool ou Örebro → évaluation globale du risque.
  • Tampa Scale of Kinesiophobia (TSK-11) → kinésiophobie.
  • Coping Strategies Questionnaire → stratégies d’adaptation.
  • Pain Catastrophizing Scale (PCS) → catastrophisme.
  • Pain Self-Efficacy Questionnaire (PSEQ) → autonomie malgré douleur.

📚 Monticone, Nicholas, French, Stevans, Medeiros, George.


Évaluation de la sensibilité à la douleur

Intérêts et limites de l’imagerie


  • L’imagerie excessive augmente le risque de chronicisation et la peur du patient.
  • Pas de corrélation directe entre imagerie et douleur.
  • Les anomalies dégénératives sont fréquentes chez les sujets asymptomatiques :
  • 80% des 50 ans présentent une dégénérescence discale à l’IRM sans douleur.
  • Aucune corrélation entre évolution IRM et évolution clinique (Tonosu, 2017).

📚 Brinjikji et al., 2015 ; Tonosu et al., 2017.



Synthèse

To remember :


Le diagnostic en lombalgie s’appuie sur :

  1. Anamnèse approfondie (type de douleur, Red Flags, facteurs psychosociaux).
  2. Tests cliniques ciblés (selon hypothèse, stabilité, douleur, contrôle moteur).
  3. Utilisation raisonnée des imageries.
  4. Approche bio-psycho-sociale intégrée.

Objectif : identifier les drapeaux rouges, classifier le type de douleur, et orienter la prise en charge tout en réduisant la douleur dès le début.


Évolution et pronostic en général


  • Évolution souvent favorable en quelques semaines.
  • Indépendante de l’âge des patients.
  • 60 à 80 % des patients présenteraient encore des symptômes après 12 mois de prise en charge.
  • Risque de récidive dans les 12 mois suivant un épisode lombalgique.
  • Meilleur pronostic chez les patients motivés à reprendre le travail.
  • Moins bon pronostic en présence de facteurs psychosociaux ou environnementaux.


📚 Hayden et al., 2010 ; Menezes Costa et al., 2012 ; Pengel, 2003 ; Manogharan et al., 2017 ; Hayden et al., 2019 ; Chiu et al., 2015 ; Wang et al., 2020 ; Zhong et al., 2017 ; Gugliotta et al., 2016.


To remember :


Cas des hernies discales


  • 63 à 66 % des hernies se résorbent naturellement.
  • Le taux de résorption est proportionnel à la taille de la hernie.
  • La chirurgie n’est pas plus bénéfique qu’un traitement conservateur.

📚 Hayden et al., 2010 ; Menezes Costa et al., 2012 ; Pengel, 2003 ; Manogharan et al., 2017 ; Hayden et al., 2019 ; Chiu et al., 2015 ; Wang et al., 2020 ; Zhong et al., 2017 ; Gugliotta et al., 2016.

Évolution clinique selon le type de lombalgie


“The clinical course of acute, subacute and persistent low back pain: a systematic review and meta-analysis. »


  • Un nouvel épisode de lombalgie aiguë se résorbe souvent en ~5 jours chez les patients récemment remis.
  • 📚 Sarah B. Mahwork, Peloty A. Braithwaite, Mary Oxeede, Mervyn Z. Travel, 2024
  • Amélioration marquée durant les 6 premières semaines, puis moins prononcée à long terme (1 an).
  • Réduction initiale de la douleur, mais symptômes parfois stables jusqu’à 6 mois.
  • 65 % des patients en soins primaires signalent encore des douleurs à 1 an.
  • → Importance d’un suivi intensif pour les non-rétablis au bout de 3 mois.
  • La majorité des lombalgies aiguës et subaiguës s’améliorent rapidement, mais les symptômes persistants sont fréquents.
  • → Les attentes réalistes et la reconnaissance que la persistance des douleurs ne signifie pas gravité sont bénéfiques.


Réévaluation dans les 12 premières semaines : identifier et intensifier les soins pour les patients à guérison lente.

Les douleurs persistantes ≥ 12 semaines entraînent souvent une douleur et invalidité élevées, d’où la nécessité de meilleurs traitements ciblés.


Durée de la rééducation et facteurs de chronicité


  • Certains chercheurs ont suggéré que les lésions tissulaires guérissent en 6 à 12 semaines.
  • Une incapacité de travail au-delà de cette période serait d’origine psychosociale plutôt qu’anatomopathologique.
  • ⚠️ Ces conclusions proviennent d’études animales, non transposables à l’humain.
  • Chez l’humain, la guérison spontanée n’est pas garantie :
  • 📚 Itz et al., 2012 → 65 % des personnes présentent encore des douleurs rachidiennes un an après.
  • Dire qu’un problème de dos n’est plus mécanique après quelques mois est erroné.
  • On peut rassurer le patient :
« Votre problème n’est pas définitif, et vous n’aurez pas ces douleurs toute votre vie. »


📚 Hayden et al., 2010 ; Menezes Costa et al., 2012 ; Pengel, 2003 ; Manogharan et al., 2017 ; Hayden et al., 2019 ; Chiu et al., 2015 ; Wang et al., 2020 ; Zhong et al., 2017 ; Gugliotta et al., 2016.


Traitements conservateurs VS chirurgical


⚕️ Traitement de première ligne


  • Conseils et encouragements au retour au travail ou à l’activité physique.
  • Réorientation vers un kinésithérapeute.
  • Traitement pharmacologique seulement si échec du traitement non médicamenteux.
  • Arrêt de travail le plus court possible.


⚕️ Médication (à envisager avec prudence)


  • Pas en première intention.
  • Médicaments possibles :
  • Paracétamol
  • Anti-inflammatoires topiques
  • Myorelaxants
  • Corticostéroïdes → sans effet démontré.
  • Les anti-inflammatoires peuvent réduire la douleur à court terme, sans différence marquée entre molécules.
  • Les opioïdes peuvent être efficaces à court terme, mais leurs effets secondaires limitent leur intérêt.


📚 Almeida et al., 2018 ; Corp et al., 2021 ; Jonckheer et al., 2017 ; Scott & Miller, 2018 ; de Campos, 2017 ; Peck et al., 2021 ; Ferraro et al., 2021 ; Gianola et al., 2021.


⚕️ Revue systématique (Wewege et al., 2023)


Comparative effectiveness and safety of analgesic medicines for adults with acute non-specific low back pain

  • Les analgésiques sont un traitement courant pour les lombalgies non spécifiques aiguës (NSLBP).
  • Preuves faibles ou très faibles que certains analgésiques réduisent la douleur.
  • Efficacité comparative limitée.
  • Preuves modérées à très faibles d’un risque accru d’effets indésirables.
  • ➡️ Approche prudente recommandée tant que les essais de meilleure qualité manquent.


⚕️ Prise en charge invasive


  • Injections d’analgésiques (corticostéroïdes, etc.) → uniquement dans les sciatiques aiguës et sévères.
  • Inefficaces dans les lombalgies aiguës ou chroniques.
  • Les procédures de dénervation par radiofréquence (sacro-iliaque, disques) sont non efficaces.
  • La chirurgie n’est pas recommandée, sauf :
  • Sciatique invalidante,
  • Échec du traitement conservateur,
  • Anomalies majeures à l’imagerie.


📚 Almeida et al., 2018 ; Corp et al., 2021 ; Jonckheer et al., 2017 ; Scott & Miller, 2018 ; de Campos, 2017 ; Peck et al., 2021 ; Ferraro et al., 2021 ; Gianola et al., 2021.



Guidelines actuelles


Recommandations principales (HAS 2019)


Les traitements les plus validés à ce jour

Les traitements de secondes intentions

To remember :


📚 Foster et al., 2018 ; Oliveira et al., 2018 ; HAS, 2019 ; Urits et al., 2019 ; Corp et al., 2021 ; Meroni et al., 2021 ; George et al., 2021.


Traitements non indiqués



  • Taping (2 guidelines le déconseillent)
  • Diathermie (4 déconseillent)
  • Ultrasons (5 déconseillent)
  • Tractions lombaires (5 déconseillent)
  • Électrothérapie antalgique (4 déconseillent)


📚 Foster et al., 2018 ; Oliveira et al., 2018 ; HAS, 2019 ; Urits et al., 2019 ; Corp et al., 2021 ; Meroni et al., 2021 ; George et al., 2021.


Vers un traitement personnalisé


Pour une approche individualisée, il est nécessaire :

  • D’évaluer globalement le patient (biologique, psychologique, social, fonctionnel).
  • D’adapter le traitement aux attentes et au profil du patient.
  • De s’appuyer sur un outil d’évaluation complet, présenté en fin de la partie “Diagnostic”.


Les traitements proposés ci-après seront :

  • Sélectionnés selon la meilleure évidence scientifique actuelle.
  • Non exhaustifs : certains validés dans d’autres contextes, mais applicables ici (et précisé au cas par cas).


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Introduction à la pathologie : Les lombalgies

Rappels anatomiques


1. Charnière thoraco-lombaire (T12–L1)

  • Zone de transition entre le rachis thoracique (rigide) et lombaire (mobile).
  • Soumise à des contraintes mécaniques importantes.


2. Rachis lombaire

  • Composé de 5 vertèbres volumineuses.
  • Présente deux parties principales :

➤ Partie antérieure

  • Rôle : support du corps vertébral et du disque intervertébral.
  • Point faible : partie antérieure du corps vertébral (travées osseuses moins denses).
  • Fractures typiques :
  • 600 kg → rupture de la partie antérieure (cunéiforme).
  • 800 kg → rupture du mur postérieur.
  • Travées osseuses = lignes de force de résistance.

➤ Partie postérieure

  • Rôle : dynamique et de stabilisation (arc neural/vertébral).
  • Composée de :
  • 2 pédicules
  • 2 lames
  • 7 processus (4 articulaires, 2 transverses, 1 épineux)
  • Protège la moelle épinière et forme le foramen vertébral.

📚 Réf. : Dufour et al., 2017 ; Kapandji, 2017


3. Disque intervertébral (DIV)

Structure :

  • 3 parties :
  1. Nucleus pulposus
  • Centre gélatineux (30–50 % du volume).
  • 70–90 % d’eau.
  • En tension permanente.
  1. Annulus fibrosus
  • Anneaux fibreux autour du nucleus.
  • 60–85 % d’eau.
  • Collagène (65–70 % masse sèche) + protéoglycanes + quelques cellules.
  1. Plateaux vertébraux
  • Plaques cartilagineuses reliant le disque aux corps vertébraux.

Rôles :

  • Relie les vertèbres entre elles.
  • Absorbe et répartit les chocs.
  • Permet stabilité et mobilité.
  • Tissu avasculaire (nourri par diffusion).

📚 Réf. : Liu et al., 2023 ; Isa et al., 2023


4. Courbure lombaire et ontogenèse

  • Lordose lombaire moyenne : 64° (Evelinger et al., 2019).
  • Influencée par l’incidence pelvienne et la pente sacrée.
  • Absente à la naissance → apparaît avec la station assise et la bipédie.
  • Loi d’Euler : plus il y a de courbures, plus la résistance à la compression est élevée.
  • Les 3 courbures mobiles permettent de supporter jusqu’à 10× plus de charge que si la colonne était droite.

📚 Réf. : Bonnel et al., 2011 ; Dufour et Kapandji, 2017


5. Charnière lombo-sacrée (L5–S1)

  • Dernière jonction entre la partie mobile du rachis (L5) et le bloc pelvien (sacrum).
  • Zone à risque : plateau supérieur de S1 incliné vers l’avant.
  • Spondylolisthésis :
  • Glissement de L5 sur S1.
  • Favorisé par une pente sacrée importante.
  • Souvent dû à une lyse isthmique (fracture de fatigue).
  • Variantes :
  • Sacralisation (L5 soudée au sacrum → 4 vertèbres lombaires).
  • Lombalisation (S1 détachée du sacrum → 6 vertèbres lombaires).

📚 Réf. : Dufour et al., 2017 ; Kapandji, 2017


6. Articulations et ligaments

➤ Articulations :

  • 2 sacro-iliaques + symphyse pubienne.
  • Articulation sacro-iliaque :
  • Surface en L inversé.
  • Mobilité faible (1–4° / 1–3 mm).
  • Amortit et répartit les contraintes.

📚 Réf. : Lavignolle et al., 1983 ; Sturesson et al., 2000 ; Dufour, 2017

➤ Ligaments principaux :

  • Ligament vertébral commun antérieur (LVCA).
  • Ligament vertébral commun postérieur (LVCP).
  • Ligament jaune.
  • Ligaments inter-épineux, supra-épineux, inter-transversaires.
  • Ligaments ilio-lombairessacro-tubéralsacro-épineux → stabilisation lombo-sacrée.

📚 Réf. : Dufour et al., 2007 ; McGill et al., 2021


7. Système musculaire

➤ Muscles postérieurs

  • Érecteurs du rachis (ilio-costal, longissimus, épineux).
  • Multifides → stabilisateurs segmentaires (1–2 étages).
  • Rotateurs courts → rôle proprioceptif.
  • Contiennent beaucoup de fibres lentes (type I) → maintien postural.

📚 Réf. : Ward et al., 2009 ; Demoulin et al., 2007

➤ Muscles antérieurs

  • Transverse, obliques int./ext., grand droit.
  • Co-contraction avec les érecteurs → rigidité lombaire.
  • Participent à la flexion, la rotation, la stabilisation et la respiration.
  • Transverse :
  • Véritable corset naturel.
  • Activation réflexe lors des mouvements.
  • Retard d’activation chez certains lombalgiques chroniques.

📚 Réf. : Richardson et al., 1999 ; Hodges & Danneels, 2019 ; Dufour et al., 2017

➤ Muscles profonds

  • Carré des lombes : stabilise les vertèbres adjacentes.
  • Ilio-psoas : stabilisateur lors de la flexion de hanche.

📚 Réf. : Bonnel et al., 2011


8. Stabilité selon Panjabi (1992, 2010)

Trois sous-systèmes interdépendants :

  1. Colonne vertébrale → structure passive.
  2. Muscles → stabilité active.
  3. Système nerveux central → contrôle neuromusculaire (feedback proprioceptif).

📚 Réf. : Dufour & Netter, 2010 ; Russo et al., 2018


9. Innervation du rachis lombaire

  • 31 paires de nerfs rachidiens mixtes (racines motrices + sensitives).
  • Nerf sinu-vertébral (de Luschka, 1850) :
  • Innerve LVCA, LVCP, annulus fibrosus post.
  • Douleur : diffuse, type viscéral.
  • Branche dorsale du nerf spinal :
  • Innerve facettes, muscles, ligaments, peau.
  • Douleur : localisée, aiguë.

10. Biomécanique discale

  • Le nucleus pulposus agit comme une rotule.
  • En flexion → glissement antérieur du plateau supérieur.
  • En inclinaison → le nucleus roule vers le côté de l’inclinaison.
  • Répartition des charges :
  • 75 % sur le nucleus.
  • 25 % sur l’annulus.
  • Adaptations :
  • Compression → aplatissement + diffusion liquidienne.
  • En décubitus → réhydratation (gain de taille le matin).
  • Vieillissement → déshydratation → perte de souplesse et hauteur discale.

📚 Réf. : Kapandji, 2007 ; Liu et al., 2023


11. Anatomie vasculaire

  • Tous les tissus rachidiens sont vascularisés sauf le disque intervertébral.
  • Les veines vertébrales n’ont pas de valvules → drainage hydraulique sous pression.
  • Fonction d’amortissement des chocs mécaniques.


12. Classification des lombalgies

➤ Selon la HAS (2019)

  • Aiguë : < 6 semaines.
  • Subaiguë : 6–12 semaines.
  • Chronique : > 12 semaines.
  • Récidivante : réapparition dans les 12 mois.

📚 Réf. : HAS, 2019 ; Urits et al., 2019

➤ Autres classifications :

  • O’Sullivan (2005) :
  • Perturbation du contrôle moteur.
  • Hypomobilité / douleur mécanique.
  • Hypersensibilisation centrale / facteurs psychosociaux.
  • Maigne (2011) :
  • Lombalgies rachidiennes (organiques).
  • Lombalgies centrales (hypersensibilisation).
  • Lombalgies sociales (facteurs psychosociaux).
  • McKenzie (1990) :
  • Syndrome de dérangement → amélioration avec mouvement préférentiel.
  • Syndrome de dysfonction → douleur en fin d’amplitude.
  • Syndrome postural → douleur liée à la posture.

📚 Réf. : Plantin, 2016 ; Deneuville, 2018 ; Sagi, 2011



Diagnostic et bilan

Principes généraux du diagnostic


Lorsqu’un patient présente plusieurs dysfonctionnements, il est parfois difficile de déterminer celui réellement responsable du mal de dos.


👉 Le rôle du thérapeute est d’abord de réduire la douleur, en se concentrant sur les dysfonctionnements majeurs douloureux.

Les autres dysfonctions non douloureuses pourront être traitées plus tard.


Démarche diagnostique


1. Formulation d’hypothèse

  • La lombalgie est un symptôme, non un diagnostic.
  • L’hypothèse clinique guide le traitement et le pronostic.
  • Elle est testée et affinée tout au long de la rééducation.
  • La première impression se fait dès la salle d’attente, puis se précise avec :
  • L’anamnèse : historique, mécanismes douloureux, facteurs aggravants/soulageants.
  • L’observation des mouvements de base.
  • Les tests de provocation, qui renforcent ou réduisent la probabilité de l’hypothèse.
  • L’identification des schémas moteurs tolérés, utiles pour ajuster le plan d’exercices.

📚 McGill, 2021


ANAMNÈSE


2. Type de douleur selon Freynhagen

Objectif : suspecter une douleur nociceptiveneuropathique ou nociplastique.

Questions à poser :

  • Où, depuis quand et à quelle intensité ressentez-vous la douleur ?
  • Est-elle constante ? Au repos ? En mouvement ?
  • Quels mots utilisez-vous pour la décrire ?
  • Une cause identifiable ?
  • Douleur source de détresse psychologique ?
  • Autres symptômes ou changements associés ?

📚 Nijs et al., 2015 ; Freynhagen et al., 2020


3. Instabilités selon Cook

Recherche de sensations caractéristiques :

  • Sensation de dos qui “cède”.
  • Besoin de se faire “craquer” le dos.
  • Épisodes de symptômes fréquents.
  • Tremblements, faiblesse musculaire, mauvaise coordination.
  • Mouvements aberrants avec shift latéral.

📚 Cook et al., 2006


4. Mouvements aberrants (Delitto et al., 2012)

  • Douleur lors du retour de flexion lombaire.
  • Déviation du plan sagittal en flexion/extension.
  • Signe de Gower : besoin des mains pour se relever.
  • Inversion du rythme lombopelvien.


REDS FLAGS : pathologies graves à exclure


Depuis 2019, les kinés peuvent recevoir les lombalgiques en première intention → obligation d’évaluer les Red et Orange Flags.

Les Red Flags = caractéristiques ou antécédents associés à un risque de pathologie grave.

📚 Ministère de la Santé, 2020 ; Goodman & Snyder, 2013 ; Bardin et al., 2017 ; Finucane et al., 2020 ; Urits et al., 2019.


Pathologies graves (≈1% des lombalgies)

  • Cancer
  • Syndrome de la queue de cheval
  • Spondylarthrite ankylosante
  • Infection
  • Fracture vertébrale


Niveau de suspicion et conduite à tenir (Finucane, 2020)

Niveau de suspicionDémarcheTrès faible (0–25%)Débuter thérapie (suivi clinique)Faible (25–50%)Thérapie avec attente vigilanteFort (50–75%)Réorientation médicale urgenteTrès fort (75–100%)Envoi immédiat aux urgences

🧠 Description des principaux Red Flags


1️⃣ Syndrome de la queue de cheval (0,04%)


Signes majeurs :

  • Douleur radiculaire uni/bilatérale.
  • Perte sensitive ou motrice selon dermatome/myotome.
  • Autres signes :
  • Troubles urinaires, sexuels, digestifs.
  • Progression d’un déficit neurologique.
  • Antécédents : hernie discale, canal étroit, chirurgie lombaire.

📚 Long et al., 2020 ; Finucane et al., 2020


2️⃣ Spondylarthrite ankylosante (0,1–1%)


Douleur inflammatoire :

  • Début < 40 ans, insidieux.
  • Non soulagée au repos mais améliorée par mouvement ou AINS.
  • Autres :
  • Arthrite, enthésite, uvéite.
  • HLA-B27, antécédents familiaux.

📚 NICE, 2017 ; Rusman et al., 2020 ; Finucane et al., 2020.


3️⃣ Fracture vertébrale (0,7–4,5%)


  • Douleur soudaine après faible traumatisme ou effort.
  • Douleur localisée, cyphose accrue, mouvements limités.
  • Facteurs favorisants : ostéoporose, corticoïdes, tabac, diabète.

📚 Finucane et al., 2020.


4️⃣ Métastases rachidiennes (0,7%)


  • Perte de poids > 5–10% en 3–6 mois.
  • Douleur nocturne, hypercalcémie, troubles neurologiques.
  • Antécédent de cancer (sein, rein, poumon, prostate, thyroïde).

📚 Finucane et al., 2020.


5️⃣ Infections rachidiennes (0,2–0,4 / 100 000)


  • Fièvre (absente dans 50%), douleur + troubles neuro.
  • Antécédents : usage IV, immunodépression, chirurgie rachidienne, conditions sociales précaires.

📚 Finucane et al., 2020.



Tests cliniques et Classifciations : Quelles utilités ?


  • Dans 85–90 % des lombalgies, aucune structure précise ne peut être incriminée.
  • Sources nociceptives possibles :
  • Articulations zygapophysaires
  • Disques intervertébraux
  • Articulations sacro-iliaques
  • Hypothèses principales :
  • Aiguë → cause articulaire
  • Chronique/sportif → cause myofasciale ou musculaire
  • Autres facteurs possibles : Modic 1, pincement discal, extrusion, spondylose.

📚 Hartvigsen et al., 2018 ; Aure et al., 2003 ; Laslett et al., 2005.


Tests et Échelles


Facteurs biologiques / biomécaniques

  • Syndrome myofascial douloureux : preuves insuffisantes (Travell & Simons).
  • Instabilité fonctionnelle : clusters de tests fiables.
  • ⚠️ Biering-Sorensen déconseillé.
  • ✅ Batterie de Luomajoki recommandée :
  • Waiter’s Bow
  • Équilibre unipodal
  • Transfert quadrupédie
  • Antéversion/Rétroversion
  • Flexion/Extension genou

📚 Maas, Petersen, Saueressig, Areeudomwong, Huysamen.


Diagnostic différentiel

  • Fracture → association de Red Flags (Henschke).
  • Compression nerveuse → SLR, SLUMP, Bowstring, Léri (sens. 50%, spéc. 100%).
  • Syndrome piriforme → FAIR ou HCLK.
  • Atteinte radiculaire → SLR + règle d’Hancock.
  • Sténose lombaire → règle de Cook (4/5 tests positifs).
  • Spondylolisthésis → glissement + test d’extension passive.

📚 Scaia et al., 2012 ; Hancock, 2011 ; Berthelot, 2021 ; Petersen, 2017.


Facteurs psychologiques et sociaux

Typologie :

  • Yellow Flags → Barrières psycho-sociales à la rééducation.
  • Orange Flags → Troubles psychiatriques sévères.
  • Blue Flags → Facteurs professionnels négatifs contrôlables.
  • Black Flags → Facteurs professionnels négatifs non contrôlables.

Outils de mesure :

  • Start-Back Tool ou Örebro → évaluation globale du risque.
  • Tampa Scale of Kinesiophobia (TSK-11) → kinésiophobie.
  • Coping Strategies Questionnaire → stratégies d’adaptation.
  • Pain Catastrophizing Scale (PCS) → catastrophisme.
  • Pain Self-Efficacy Questionnaire (PSEQ) → autonomie malgré douleur.

📚 Monticone, Nicholas, French, Stevans, Medeiros, George.


Évaluation de la sensibilité à la douleur

Intérêts et limites de l’imagerie


  • L’imagerie excessive augmente le risque de chronicisation et la peur du patient.
  • Pas de corrélation directe entre imagerie et douleur.
  • Les anomalies dégénératives sont fréquentes chez les sujets asymptomatiques :
  • 80% des 50 ans présentent une dégénérescence discale à l’IRM sans douleur.
  • Aucune corrélation entre évolution IRM et évolution clinique (Tonosu, 2017).

📚 Brinjikji et al., 2015 ; Tonosu et al., 2017.



Synthèse

To remember :


Le diagnostic en lombalgie s’appuie sur :

  1. Anamnèse approfondie (type de douleur, Red Flags, facteurs psychosociaux).
  2. Tests cliniques ciblés (selon hypothèse, stabilité, douleur, contrôle moteur).
  3. Utilisation raisonnée des imageries.
  4. Approche bio-psycho-sociale intégrée.

Objectif : identifier les drapeaux rouges, classifier le type de douleur, et orienter la prise en charge tout en réduisant la douleur dès le début.


Évolution et pronostic en général


  • Évolution souvent favorable en quelques semaines.
  • Indépendante de l’âge des patients.
  • 60 à 80 % des patients présenteraient encore des symptômes après 12 mois de prise en charge.
  • Risque de récidive dans les 12 mois suivant un épisode lombalgique.
  • Meilleur pronostic chez les patients motivés à reprendre le travail.
  • Moins bon pronostic en présence de facteurs psychosociaux ou environnementaux.


📚 Hayden et al., 2010 ; Menezes Costa et al., 2012 ; Pengel, 2003 ; Manogharan et al., 2017 ; Hayden et al., 2019 ; Chiu et al., 2015 ; Wang et al., 2020 ; Zhong et al., 2017 ; Gugliotta et al., 2016.


To remember :


Cas des hernies discales


  • 63 à 66 % des hernies se résorbent naturellement.
  • Le taux de résorption est proportionnel à la taille de la hernie.
  • La chirurgie n’est pas plus bénéfique qu’un traitement conservateur.

📚 Hayden et al., 2010 ; Menezes Costa et al., 2012 ; Pengel, 2003 ; Manogharan et al., 2017 ; Hayden et al., 2019 ; Chiu et al., 2015 ; Wang et al., 2020 ; Zhong et al., 2017 ; Gugliotta et al., 2016.

Évolution clinique selon le type de lombalgie


“The clinical course of acute, subacute and persistent low back pain: a systematic review and meta-analysis. »


  • Un nouvel épisode de lombalgie aiguë se résorbe souvent en ~5 jours chez les patients récemment remis.
  • 📚 Sarah B. Mahwork, Peloty A. Braithwaite, Mary Oxeede, Mervyn Z. Travel, 2024
  • Amélioration marquée durant les 6 premières semaines, puis moins prononcée à long terme (1 an).
  • Réduction initiale de la douleur, mais symptômes parfois stables jusqu’à 6 mois.
  • 65 % des patients en soins primaires signalent encore des douleurs à 1 an.
  • → Importance d’un suivi intensif pour les non-rétablis au bout de 3 mois.
  • La majorité des lombalgies aiguës et subaiguës s’améliorent rapidement, mais les symptômes persistants sont fréquents.
  • → Les attentes réalistes et la reconnaissance que la persistance des douleurs ne signifie pas gravité sont bénéfiques.


Réévaluation dans les 12 premières semaines : identifier et intensifier les soins pour les patients à guérison lente.

Les douleurs persistantes ≥ 12 semaines entraînent souvent une douleur et invalidité élevées, d’où la nécessité de meilleurs traitements ciblés.


Durée de la rééducation et facteurs de chronicité


  • Certains chercheurs ont suggéré que les lésions tissulaires guérissent en 6 à 12 semaines.
  • Une incapacité de travail au-delà de cette période serait d’origine psychosociale plutôt qu’anatomopathologique.
  • ⚠️ Ces conclusions proviennent d’études animales, non transposables à l’humain.
  • Chez l’humain, la guérison spontanée n’est pas garantie :
  • 📚 Itz et al., 2012 → 65 % des personnes présentent encore des douleurs rachidiennes un an après.
  • Dire qu’un problème de dos n’est plus mécanique après quelques mois est erroné.
  • On peut rassurer le patient :
« Votre problème n’est pas définitif, et vous n’aurez pas ces douleurs toute votre vie. »


📚 Hayden et al., 2010 ; Menezes Costa et al., 2012 ; Pengel, 2003 ; Manogharan et al., 2017 ; Hayden et al., 2019 ; Chiu et al., 2015 ; Wang et al., 2020 ; Zhong et al., 2017 ; Gugliotta et al., 2016.


Traitements conservateurs VS chirurgical


⚕️ Traitement de première ligne


  • Conseils et encouragements au retour au travail ou à l’activité physique.
  • Réorientation vers un kinésithérapeute.
  • Traitement pharmacologique seulement si échec du traitement non médicamenteux.
  • Arrêt de travail le plus court possible.


⚕️ Médication (à envisager avec prudence)


  • Pas en première intention.
  • Médicaments possibles :
  • Paracétamol
  • Anti-inflammatoires topiques
  • Myorelaxants
  • Corticostéroïdes → sans effet démontré.
  • Les anti-inflammatoires peuvent réduire la douleur à court terme, sans différence marquée entre molécules.
  • Les opioïdes peuvent être efficaces à court terme, mais leurs effets secondaires limitent leur intérêt.


📚 Almeida et al., 2018 ; Corp et al., 2021 ; Jonckheer et al., 2017 ; Scott & Miller, 2018 ; de Campos, 2017 ; Peck et al., 2021 ; Ferraro et al., 2021 ; Gianola et al., 2021.


⚕️ Revue systématique (Wewege et al., 2023)


Comparative effectiveness and safety of analgesic medicines for adults with acute non-specific low back pain

  • Les analgésiques sont un traitement courant pour les lombalgies non spécifiques aiguës (NSLBP).
  • Preuves faibles ou très faibles que certains analgésiques réduisent la douleur.
  • Efficacité comparative limitée.
  • Preuves modérées à très faibles d’un risque accru d’effets indésirables.
  • ➡️ Approche prudente recommandée tant que les essais de meilleure qualité manquent.


⚕️ Prise en charge invasive


  • Injections d’analgésiques (corticostéroïdes, etc.) → uniquement dans les sciatiques aiguës et sévères.
  • Inefficaces dans les lombalgies aiguës ou chroniques.
  • Les procédures de dénervation par radiofréquence (sacro-iliaque, disques) sont non efficaces.
  • La chirurgie n’est pas recommandée, sauf :
  • Sciatique invalidante,
  • Échec du traitement conservateur,
  • Anomalies majeures à l’imagerie.


📚 Almeida et al., 2018 ; Corp et al., 2021 ; Jonckheer et al., 2017 ; Scott & Miller, 2018 ; de Campos, 2017 ; Peck et al., 2021 ; Ferraro et al., 2021 ; Gianola et al., 2021.



Guidelines actuelles


Recommandations principales (HAS 2019)


Les traitements les plus validés à ce jour

Les traitements de secondes intentions

To remember :


📚 Foster et al., 2018 ; Oliveira et al., 2018 ; HAS, 2019 ; Urits et al., 2019 ; Corp et al., 2021 ; Meroni et al., 2021 ; George et al., 2021.


Traitements non indiqués



  • Taping (2 guidelines le déconseillent)
  • Diathermie (4 déconseillent)
  • Ultrasons (5 déconseillent)
  • Tractions lombaires (5 déconseillent)
  • Électrothérapie antalgique (4 déconseillent)


📚 Foster et al., 2018 ; Oliveira et al., 2018 ; HAS, 2019 ; Urits et al., 2019 ; Corp et al., 2021 ; Meroni et al., 2021 ; George et al., 2021.


Vers un traitement personnalisé


Pour une approche individualisée, il est nécessaire :

  • D’évaluer globalement le patient (biologique, psychologique, social, fonctionnel).
  • D’adapter le traitement aux attentes et au profil du patient.
  • De s’appuyer sur un outil d’évaluation complet, présenté en fin de la partie “Diagnostic”.


Les traitements proposés ci-après seront :

  • Sélectionnés selon la meilleure évidence scientifique actuelle.
  • Non exhaustifs : certains validés dans d’autres contextes, mais applicables ici (et précisé au cas par cas).


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