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Histoire de la mixité filles-garçons à l’école – Une révolution inachevée

I. Introduction : La mixité, une conquête historique ambiguë

La mixité scolaire en France s’est imposée progressivement, mue par des logiques économiques et politiques plutôt que par une véritable volonté d’égalité. Bien qu’elle soit aujourd’hui la norme, elle reste marquée par des inégalités structurelles et des stéréotypes persistants.

Concepts clés :

Mixité : Cohabitation des filles et des garçons dans un même espace scolaire.

Co-éducation : Éducation commune, incluant instruction et socialisation (terme utilisé avant "mixité").

Genre vs. sexe :

  • Sexe : Différences biologiques (mâle/femelle).
  • Genre : Construction sociale des rôles (ex. : "féminin/masculin", "non-binaire").

Problématique :

Pourquoi la mixité, bien qu’officiellement instaurée, n’a-t-elle pas suffi à garantir l’égalité réelle entre filles et garçons à l’école ?

II. Genèse de la mixité : Du XIXe siècle aux années 1950

1. Les prémices : Co-instruction et séparation des sexes (XIXe siècle)

Avant la Révolution : Écoles séparées, contrôlées par l’Église (morale religieuse).

1793 (Révolution française) : Condorcet défend l’instruction commune, mais son projet échoue.

Citation de Condorcet :

  • "La réunion des enfants des deux sexes […] loin d’avoir du danger pour les mœurs, serait bien plutôt un préservatif contre la corruption."

1833 (Loi Guizot) :

Obligation d’ouvrir une école primaire pour garçons dans chaque commune.

Mixité de fait dans les campagnes (manque de moyens → classes uniques avec rideau séparant filles/garçons).

Exemple concret :

Dans les années 1860, 17 000 écoles mixtes existent en France, mais les filles y apprennent la couture, tandis que les garçons étudient les sciences.

2. L’enseignement secondaire : Un bastion masculin (1880-1924)

1880 (Loi Camille Sée) : Crée des lycées de jeunes filles, mais avec des programmes allégés (pas de latin, ni philosophie).

  • Justification : "Les filles doivent être instruites, mais sans nuire au bonheur familial." (Condorcet).

1924 (Décret Léon Bérard) :

  • Alignement des programmes secondaires féminins sur ceux des garçons.
  • Mais : Les lycées restent majoritairement non mixtes.

Statistiques :

  • En 1930, 58 000 filles vs. 100 000 garçons dans le secondaire public.

III. La généralisation de la mixité (1950-1975) : Une révolution silencieuse

1. Les années 1950-1960 : Mixité par nécessité économique

1959 (Décret Berthoin) :

  • Rend la mixité officielle.
  • Allonge la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans.

1960s : Les filles réussissent mieux au bac que les garçons, mais s’orientent moins vers les filières scientifiques.

Exemple concret :

Lycée de Saint-Maur (1938) : Devient mixte par nécessité (manque d’élèves garçons), puis sert de modèle.

2. 1975 (Loi Haby) : La mixité obligatoire

1975 (Loi Haby): La mixité obligatoire

Impose la mixité de la maternelle au lycée.

Mais :

  • Persistance de stéréotypes (orientation genrée).
  • Les lycées pros restent très sexués (ex. : mécanique = garçons ; secrétariat = filles).


Chiffres clés (années 2000) :

  • 0,07% des écoles primaires non mixtes.
  • 5,8% des lycées pros non mixtes.

IV. Les limites de la mixité : Une égalité inachevée

1. Inégalités dans les pratiques scolaires

Traitement différencié :

  • Les garçons monopolisent la parole en classe.
  • Les filles sont plus souvent chargées de tâches "passives" (prise de notes).

Orientation genrée :

  • Filles : Lettres, santé, social (75% des inscrites en ST2S).
  • Garçons : Sciences, ingénierie (75% en STI2D).

Exemple concret :

Un manuel scolaire des années 1950 montre une fille passant l’aspirateur, tandis qu’un garçon bricole.

2. Les résistances culturelles et religieuses

Écoles privées hors contrat : Certaines refusent la mixité pour des raisons religieuses.

Débats récurrents :

  • "La mixité distrait les élèves." (argument des opposants historiques).
  • "Les filles et garçons n’apprennent pas de la même façon." (pseudo-théories pédagogiques).

V. Perspectives : Comment achever la révolution ?

1. Actions politiques récentes

2000 (Convention interministérielle pour l’égalité) :

  • Lutte contre les stéréotypes dès la maternelle.
  • Promotion des filières scientifiques pour les filles.

2019 (Loi Blanquer) : Renforce l’éducation à l’égalité.

2. Pistes pour une mixité égalitaire

  • Former les enseignants aux biais inconscients.
  • Encourager les modèles diversifiés (femmes ingénieures, hommes infirmiers).
  • Repenser l’orientation (éviter l’autocensure des filles en sciences).

Exemple inspirant :

En Suède, des écoles expérimentent des pédagogies neutres (jouets non genrés, mélange systématique des groupes).

Conclusion : La mixité, un outil nécessaire mais insuffisant

La mixité a été une avancée majeure, mais elle n’a pas suffi à éradiquer les inégalités. Pour qu’elle soit pleinement efficace, elle doit s’accompagner :

  • D’une remise en question des stéréotypes.
  • D’une politique active d’égalité des chances.

Citation pour conclure :

"La mixité ne se décrète pas, elle se construit." (Nicole Mosconi, sociologue).


Histoire de la mixité filles-garçons à l’école – Une révolution inachevée

I. Introduction : La mixité, une conquête historique ambiguë

La mixité scolaire en France s’est imposée progressivement, mue par des logiques économiques et politiques plutôt que par une véritable volonté d’égalité. Bien qu’elle soit aujourd’hui la norme, elle reste marquée par des inégalités structurelles et des stéréotypes persistants.

Concepts clés :

Mixité : Cohabitation des filles et des garçons dans un même espace scolaire.

Co-éducation : Éducation commune, incluant instruction et socialisation (terme utilisé avant "mixité").

Genre vs. sexe :

  • Sexe : Différences biologiques (mâle/femelle).
  • Genre : Construction sociale des rôles (ex. : "féminin/masculin", "non-binaire").

Problématique :

Pourquoi la mixité, bien qu’officiellement instaurée, n’a-t-elle pas suffi à garantir l’égalité réelle entre filles et garçons à l’école ?

II. Genèse de la mixité : Du XIXe siècle aux années 1950

1. Les prémices : Co-instruction et séparation des sexes (XIXe siècle)

Avant la Révolution : Écoles séparées, contrôlées par l’Église (morale religieuse).

1793 (Révolution française) : Condorcet défend l’instruction commune, mais son projet échoue.

Citation de Condorcet :

  • "La réunion des enfants des deux sexes […] loin d’avoir du danger pour les mœurs, serait bien plutôt un préservatif contre la corruption."

1833 (Loi Guizot) :

Obligation d’ouvrir une école primaire pour garçons dans chaque commune.

Mixité de fait dans les campagnes (manque de moyens → classes uniques avec rideau séparant filles/garçons).

Exemple concret :

Dans les années 1860, 17 000 écoles mixtes existent en France, mais les filles y apprennent la couture, tandis que les garçons étudient les sciences.

2. L’enseignement secondaire : Un bastion masculin (1880-1924)

1880 (Loi Camille Sée) : Crée des lycées de jeunes filles, mais avec des programmes allégés (pas de latin, ni philosophie).

  • Justification : "Les filles doivent être instruites, mais sans nuire au bonheur familial." (Condorcet).

1924 (Décret Léon Bérard) :

  • Alignement des programmes secondaires féminins sur ceux des garçons.
  • Mais : Les lycées restent majoritairement non mixtes.

Statistiques :

  • En 1930, 58 000 filles vs. 100 000 garçons dans le secondaire public.

III. La généralisation de la mixité (1950-1975) : Une révolution silencieuse

1. Les années 1950-1960 : Mixité par nécessité économique

1959 (Décret Berthoin) :

  • Rend la mixité officielle.
  • Allonge la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans.

1960s : Les filles réussissent mieux au bac que les garçons, mais s’orientent moins vers les filières scientifiques.

Exemple concret :

Lycée de Saint-Maur (1938) : Devient mixte par nécessité (manque d’élèves garçons), puis sert de modèle.

2. 1975 (Loi Haby) : La mixité obligatoire

1975 (Loi Haby): La mixité obligatoire

Impose la mixité de la maternelle au lycée.

Mais :

  • Persistance de stéréotypes (orientation genrée).
  • Les lycées pros restent très sexués (ex. : mécanique = garçons ; secrétariat = filles).


Chiffres clés (années 2000) :

  • 0,07% des écoles primaires non mixtes.
  • 5,8% des lycées pros non mixtes.

IV. Les limites de la mixité : Une égalité inachevée

1. Inégalités dans les pratiques scolaires

Traitement différencié :

  • Les garçons monopolisent la parole en classe.
  • Les filles sont plus souvent chargées de tâches "passives" (prise de notes).

Orientation genrée :

  • Filles : Lettres, santé, social (75% des inscrites en ST2S).
  • Garçons : Sciences, ingénierie (75% en STI2D).

Exemple concret :

Un manuel scolaire des années 1950 montre une fille passant l’aspirateur, tandis qu’un garçon bricole.

2. Les résistances culturelles et religieuses

Écoles privées hors contrat : Certaines refusent la mixité pour des raisons religieuses.

Débats récurrents :

  • "La mixité distrait les élèves." (argument des opposants historiques).
  • "Les filles et garçons n’apprennent pas de la même façon." (pseudo-théories pédagogiques).

V. Perspectives : Comment achever la révolution ?

1. Actions politiques récentes

2000 (Convention interministérielle pour l’égalité) :

  • Lutte contre les stéréotypes dès la maternelle.
  • Promotion des filières scientifiques pour les filles.

2019 (Loi Blanquer) : Renforce l’éducation à l’égalité.

2. Pistes pour une mixité égalitaire

  • Former les enseignants aux biais inconscients.
  • Encourager les modèles diversifiés (femmes ingénieures, hommes infirmiers).
  • Repenser l’orientation (éviter l’autocensure des filles en sciences).

Exemple inspirant :

En Suède, des écoles expérimentent des pédagogies neutres (jouets non genrés, mélange systématique des groupes).

Conclusion : La mixité, un outil nécessaire mais insuffisant

La mixité a été une avancée majeure, mais elle n’a pas suffi à éradiquer les inégalités. Pour qu’elle soit pleinement efficace, elle doit s’accompagner :

  • D’une remise en question des stéréotypes.
  • D’une politique active d’égalité des chances.

Citation pour conclure :

"La mixité ne se décrète pas, elle se construit." (Nicole Mosconi, sociologue).

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