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Post-Bac
2

Histoire Contemporaine S1

Histoire culturelle

CHAPITRE 5 : L’EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE AU DÉBUT DU XXÈME SIÈCLE : POPULATIONS ET SOCIÉTÉS


POPULATIONS ET SOCIÉTÉS

Empire allemand

L’Empire allemand s’impose comme une vaste puissance d’Europe centrale et orientale avant la Première Guerre mondiale. Sa structure fédérale regroupe vingt-cinq États souverains, dont des royaumes majeurs comme la Prusse, la Bavière, le Saxe, et des principautés plus petites. En son sein, des minorités existent : les danois au Nord, les Alsaciens-Lorrains, juridiquement rattachés à l’empire mais dont le territoire garde une situation à part. L’Alsace revendique son autonomie, certains habitants choisissant de s’installer en France. Ce contexte alimente une vie parlementaire spécifique et suscite des déplacements de population et des débats sur la souveraineté régionale.

🌍​ I. L’Empire austro-hongrois : Cisleithanie et Transleithanie 🌍​

Après le « compromis » austro-hongrois de 1867, la Cisleithanie regroupe la Galicie, le sud de la Pologne, la Bohême, la Moravie, des territoires alpins, la Croatie et la Bosnie-Herzégovine (cette dernière administrée par Vienne dès 1878 puis progressivement intégrée). La Transleithanie correspond principalement à la Hongrie, avec des minorités roumaines et croates.

L’empire s’appuie sur la légitimité dynastique des Habsbourg, souverains depuis 1526, rois de Bohême, conquérants de la Galicie, rois de Hongrie (François Joseph couronné à Budapest). L’armée joue un rôle central d’unification sociale et nationale : tout citoyen peut devenir soldat, les officiers sont le plus souvent germanophones, et l’administration (notamment en Autriche) est au service du souverain.

Le pouvoir impérial demeure limité par la place croissante des nationalités : l’Empire privilégie le droit collectif (régimes autoritaires), reconnaissant le droit à la langue et l’égalité théorique des nationalités dans la loi autrichienne. Pourtant, la faiblesse institutionnelle réside dans les revendications d’autonomie distinctes et d’indépendance des sujets. La notion de « nationalité » s’affirme dans les processus de recensement et la répartition régionale ; ainsi, les Allemands représentent un tiers en Cisleithanie, 10 % en Transleithanie, un quart au total, tandis que les Hongrois forment la moitié de la Transleithanie, mais restent minoritaires dans l’ensemble de l’Empire.

La constitution de 1867 accorde des droits collectifs fondés sur la langue : groupe ethnique et groupe linguistique s’entremêlent, mais la confusion règne entre ces situations. Dans certaines régions, le choix de la langue détermine l’appartenance, tandis qu’en Hongrie le recensement s’intéresse à la langue maternelle. L’histoire officielle célèbre la construction de l’Empire et les bienfaits du souverain, mais face à la montée des mouvements nationaux et de la propagande, les peuples se dotent de figures historiques emblématiques : Hus chez les Tchèques, Matejko pour les Polonais, Kossuth chez les Hongrois.

Le respect de l’empereur est partagé, mais jamais érigé en culte : l’efficacité du régime repose sur les compromis et une égalité de traitement, malgré la diversité des revendications nationales (Allemands, Italiens, Polonais, Ruthènes). Des institutions communes existent, telles que les diètes parlementaires, mais la logique politique est souvent détournée par le suffrage censitaire, favorisant la domination autrichienne (ex : en Moravie, majorité tchèque mais contrôle allemand). Un compromis de 1905 instaure des listes électorales séparées selon les nationalités.

Cisleithanie

Les Allemands dominent la Cisleithanie avec 51 millions d’habitants en 1910, contrôlant l’administration, l’armée et l’université. Vienne accueille une population cosmopolite : 2 millions d’habitants dont 200 000 Tchèques, 100 000 Polonais et 200 000 juifs exilés de Russie ou de Roumanie. Les Tchèques, forts d’un héritage historique, dirigent la municipalité de Prague, et s’opposent aux Allemands sur le champ politique : vieux Tchèques modérés et jeunes Tchèques anticléricaux, libéraux, partisans du suffrage universel. Ils organisent des caisses d’épargne, sociétés patriotiques et mutualistes, associations de gymnastique (lieux politiques). Le monde politique tchèque s’ouvre à la France et à la Russie, via Kramar, Benech, Masaryk. Le néo-slavisme valorise la langue slave : les jeunes Tchèques défendent en justice l’authenticité de documents historiques polémiques (1909).

Les Polonais vivent surtout en Galicie et en Ukraine occidentale : avec les Ruthènes, paysans ukrainiens travaillant pour les seigneurs polonais, ils forment un groupe royaliste malgré les autonomies octroyées par la diète polonaise. L’université enseigne en polonais, les Ruthènes ne peuvent développer leur langue ukrainienne, d’où un antagonisme entre Polonais et Ukrainiens. Valeurs de loyauté : ministres polonais dans l’Empire, satisfaction des Polonais autrichiens comparée aux situations russe ou allemande. Noblesse alliée à l’aristocratie austro-hongroise domine. Les juifs polonais s’intègrent plus volontiers au pôle polonais que germanique, les Ukrainiens eux sont progressivement polonisés. Slovènes et Italiens cohabitent en Istrie et sur la côte.

En Cisleithanie, les problèmes de nationalités restent limités.

Transleithanie

La Hongrie prend un statut autonome à partir du compromis dualiste de 1867. La noblesse magyare se perçoit seule détentrice de la nationalité, conservant le suffrage censitaire et excluant la plupart des paysans hongrois et allogènes. La politique éducative limite la diffusion du hongrois, et l’alphabétisation demeure inférieure à la Cisleithanie. La magyarisation s’observe nettement : à Budapest, 90 % de la population hongroise, 23 % de juifs considérés comme hongrois. Seuls les régiments de réserve sont totalement hongrois.

La Hongrie se libère symboliquement de l’influence russe mais résiste à l’émancipation intérieure ; le compromis croate hongrois de 1868 n’empêche pas la magyarisation forcée des Croates, Roumains et Slovaques, avec cependant une certaine ouverture nationale. Les Croates – catholiques avec minorité serbe – servent l’armée jusqu’en 1880. L’unification linguistique serbo-croate émerge dans cette période.

🫅🏻​ II. Le régime tsariste et les populations russes et allogènes 🫅🏻​

L’Empire russe occidental distingue « grands Russes » autour de Moscou, « Russes blancs » au sud, et « petits Russes » (Ukrainiens). Les allogènes (Latons, Finnois, Lituaniens) forment une mosaïque ethnique. L’Empire (75 millions d’habitants) est dominé par les Slaves, mais la population non-slave croît fortement avec la conquête de l’Europe centrale après 1880.

Le tsar gouverne seul, appliquant un pouvoir autocratique classique ; la politique, depuis Alexandre II et Alexandre III, se durcit, uniformise la société et manifeste une intolérance envers tout ce qui n’est pas russe. La défense de l’orthodoxie religieuse est essentielle, le « bon sujet russe » étant chrétien orthodoxe. Les droits collectifs sont officiellement reconnus mais peu appliqués ; la russification est intense, la censure permanente.

Les Juifs russes sont particulièrement persécutés : interdits de résidence rurale et de nombreuses professions, relégués dans des faubourgs, ouvriers dans le contexte industriel. Les pogroms se multiplient dans les années 1880 (organisation des « cents noirs », paramilitaire d’extrême droite, avec soutien officiel). L’exil est massif : 900 000 Juifs fuient vers les États-Unis, passant souvent par la Pologne du Sud ou s’arrêtant à Auschwitz. Ceux qui restent subissent la prolétarisation, vecteur d’idées révolutionnaires.

La russification se poursuit, analogue à la politique de magyarisation de Transleithanie, notamment chez les Baltes et dans le cadre du panslavisme (idéologie nationaliste et religieuse), sans tarir les insurrections ni les revendications nationales : soulèvements en Pologne (1861), affirmation ukrainienne autour de la langue nationale, essor de sociétés secrètes telles Hromada. L’essor du sionisme est net, via le mouvement Bund, très présent chez la jeunesse juive russe. L’affaiblissement de la Russie, notamment lors de la guerre russo-japonaise, favorise la solidarité entre nationalités allogènes et ouvriers : la révolution de 1905 amplifie ces mouvements, bien que réprimée.

🧮​ III. L’évolution interne des Balkans 🧮​

Les Balkans sont devenus un foyer de tensions et de conflits internationaux, avec des rivalités croissantes entre Autrichiens et Russes dès 1870, malgré la triple alliance de 1815 et la médiation de Bismarck.

Trois États principaux structurent la région :

A. La Serbie

Deux grandes familles, Obrenovic et Karageorgevic, issues de dynasties royales médiévales et grands propriétaires fonciers se disputent le pouvoir. Vers 1880, la dynastie Obrenovic domine, sous la dépendance financière et politique de l’Autriche. L’acceptation de ce protectorat inquiète la Russie.

La Serbie évolue sous constitution autoritaire en 1869, devient plus libérale en 1888 puis retourne à l’autoritarisme en 1894 : le pouvoir, dictatorial, dépend du bon vouloir autrichien.

En 1903, un coup d’État sanglant installe Pierre Karageorgevic : francophile, allié de la Russie, la Serbie passe dans le camp franco-russe, bouleversant ses relations jusqu’en 1914.

B. La Roumanie

Le roi de Roumanie, Hohenzollern cousin du roi de Prusse, accède au trône en 1856, instaurant une monarchie constitutionnelle dominée par les boyards et grands propriétaires. La réunification des provinces s’opère en 1860, le roi Carol monte sur le trône en 1866 ; l’indépendance totale survient en 1877. En 1881, Carol devient officiellement roi.

Bismarck encourage un accord avec Vienne en 1883 contre la Russie (traité secret connu des Russes). Roumanie reste peu développée, de nombreux paysans pauvres, et les révoltes sont durement réprimées. On observe un irrédentisme important, notamment autour de la Transylvanie hongroise, réclamé par les Roumains comme territoire national.

C. La Bulgarie

Suite au traité de Saint-Stéphano (1878), la Bulgarie espère devenir un grand État, mais le congrès de Berlin annule cette perspective et divise les provinces. Alexandre de Battenberg (1881), neveu du tsar russe, dirige avec un gouvernement dominé par des ministres russes.

Sous pression patriotique, Battenberg renvoie les ministres russes en 1883, favorable à une Bulgarie indépendante. La réunion de la province sud à la Bulgarie en 1885 consacre cette volonté d’autonomie et d’émancipation de la Russie. Battenberg est contraint d'abdiquer suite à un complot appuyé par la Russie, et le parlement bulgare choisit Ferdinand de Saxe-Cobourg, soutenu par Vienne.

La Russie perd alors son influence sur la Bulgarie et la Roumanie. Le refus du tsar de renouveler l’entente des trois empereurs en 1887 manifeste la crise diplomatique dans la région.

Post-Bac
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Histoire Contemporaine S1

Histoire culturelle

CHAPITRE 5 : L’EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE AU DÉBUT DU XXÈME SIÈCLE : POPULATIONS ET SOCIÉTÉS


POPULATIONS ET SOCIÉTÉS

Empire allemand

L’Empire allemand s’impose comme une vaste puissance d’Europe centrale et orientale avant la Première Guerre mondiale. Sa structure fédérale regroupe vingt-cinq États souverains, dont des royaumes majeurs comme la Prusse, la Bavière, le Saxe, et des principautés plus petites. En son sein, des minorités existent : les danois au Nord, les Alsaciens-Lorrains, juridiquement rattachés à l’empire mais dont le territoire garde une situation à part. L’Alsace revendique son autonomie, certains habitants choisissant de s’installer en France. Ce contexte alimente une vie parlementaire spécifique et suscite des déplacements de population et des débats sur la souveraineté régionale.

🌍​ I. L’Empire austro-hongrois : Cisleithanie et Transleithanie 🌍​

Après le « compromis » austro-hongrois de 1867, la Cisleithanie regroupe la Galicie, le sud de la Pologne, la Bohême, la Moravie, des territoires alpins, la Croatie et la Bosnie-Herzégovine (cette dernière administrée par Vienne dès 1878 puis progressivement intégrée). La Transleithanie correspond principalement à la Hongrie, avec des minorités roumaines et croates.

L’empire s’appuie sur la légitimité dynastique des Habsbourg, souverains depuis 1526, rois de Bohême, conquérants de la Galicie, rois de Hongrie (François Joseph couronné à Budapest). L’armée joue un rôle central d’unification sociale et nationale : tout citoyen peut devenir soldat, les officiers sont le plus souvent germanophones, et l’administration (notamment en Autriche) est au service du souverain.

Le pouvoir impérial demeure limité par la place croissante des nationalités : l’Empire privilégie le droit collectif (régimes autoritaires), reconnaissant le droit à la langue et l’égalité théorique des nationalités dans la loi autrichienne. Pourtant, la faiblesse institutionnelle réside dans les revendications d’autonomie distinctes et d’indépendance des sujets. La notion de « nationalité » s’affirme dans les processus de recensement et la répartition régionale ; ainsi, les Allemands représentent un tiers en Cisleithanie, 10 % en Transleithanie, un quart au total, tandis que les Hongrois forment la moitié de la Transleithanie, mais restent minoritaires dans l’ensemble de l’Empire.

La constitution de 1867 accorde des droits collectifs fondés sur la langue : groupe ethnique et groupe linguistique s’entremêlent, mais la confusion règne entre ces situations. Dans certaines régions, le choix de la langue détermine l’appartenance, tandis qu’en Hongrie le recensement s’intéresse à la langue maternelle. L’histoire officielle célèbre la construction de l’Empire et les bienfaits du souverain, mais face à la montée des mouvements nationaux et de la propagande, les peuples se dotent de figures historiques emblématiques : Hus chez les Tchèques, Matejko pour les Polonais, Kossuth chez les Hongrois.

Le respect de l’empereur est partagé, mais jamais érigé en culte : l’efficacité du régime repose sur les compromis et une égalité de traitement, malgré la diversité des revendications nationales (Allemands, Italiens, Polonais, Ruthènes). Des institutions communes existent, telles que les diètes parlementaires, mais la logique politique est souvent détournée par le suffrage censitaire, favorisant la domination autrichienne (ex : en Moravie, majorité tchèque mais contrôle allemand). Un compromis de 1905 instaure des listes électorales séparées selon les nationalités.

Cisleithanie

Les Allemands dominent la Cisleithanie avec 51 millions d’habitants en 1910, contrôlant l’administration, l’armée et l’université. Vienne accueille une population cosmopolite : 2 millions d’habitants dont 200 000 Tchèques, 100 000 Polonais et 200 000 juifs exilés de Russie ou de Roumanie. Les Tchèques, forts d’un héritage historique, dirigent la municipalité de Prague, et s’opposent aux Allemands sur le champ politique : vieux Tchèques modérés et jeunes Tchèques anticléricaux, libéraux, partisans du suffrage universel. Ils organisent des caisses d’épargne, sociétés patriotiques et mutualistes, associations de gymnastique (lieux politiques). Le monde politique tchèque s’ouvre à la France et à la Russie, via Kramar, Benech, Masaryk. Le néo-slavisme valorise la langue slave : les jeunes Tchèques défendent en justice l’authenticité de documents historiques polémiques (1909).

Les Polonais vivent surtout en Galicie et en Ukraine occidentale : avec les Ruthènes, paysans ukrainiens travaillant pour les seigneurs polonais, ils forment un groupe royaliste malgré les autonomies octroyées par la diète polonaise. L’université enseigne en polonais, les Ruthènes ne peuvent développer leur langue ukrainienne, d’où un antagonisme entre Polonais et Ukrainiens. Valeurs de loyauté : ministres polonais dans l’Empire, satisfaction des Polonais autrichiens comparée aux situations russe ou allemande. Noblesse alliée à l’aristocratie austro-hongroise domine. Les juifs polonais s’intègrent plus volontiers au pôle polonais que germanique, les Ukrainiens eux sont progressivement polonisés. Slovènes et Italiens cohabitent en Istrie et sur la côte.

En Cisleithanie, les problèmes de nationalités restent limités.

Transleithanie

La Hongrie prend un statut autonome à partir du compromis dualiste de 1867. La noblesse magyare se perçoit seule détentrice de la nationalité, conservant le suffrage censitaire et excluant la plupart des paysans hongrois et allogènes. La politique éducative limite la diffusion du hongrois, et l’alphabétisation demeure inférieure à la Cisleithanie. La magyarisation s’observe nettement : à Budapest, 90 % de la population hongroise, 23 % de juifs considérés comme hongrois. Seuls les régiments de réserve sont totalement hongrois.

La Hongrie se libère symboliquement de l’influence russe mais résiste à l’émancipation intérieure ; le compromis croate hongrois de 1868 n’empêche pas la magyarisation forcée des Croates, Roumains et Slovaques, avec cependant une certaine ouverture nationale. Les Croates – catholiques avec minorité serbe – servent l’armée jusqu’en 1880. L’unification linguistique serbo-croate émerge dans cette période.

🫅🏻​ II. Le régime tsariste et les populations russes et allogènes 🫅🏻​

L’Empire russe occidental distingue « grands Russes » autour de Moscou, « Russes blancs » au sud, et « petits Russes » (Ukrainiens). Les allogènes (Latons, Finnois, Lituaniens) forment une mosaïque ethnique. L’Empire (75 millions d’habitants) est dominé par les Slaves, mais la population non-slave croît fortement avec la conquête de l’Europe centrale après 1880.

Le tsar gouverne seul, appliquant un pouvoir autocratique classique ; la politique, depuis Alexandre II et Alexandre III, se durcit, uniformise la société et manifeste une intolérance envers tout ce qui n’est pas russe. La défense de l’orthodoxie religieuse est essentielle, le « bon sujet russe » étant chrétien orthodoxe. Les droits collectifs sont officiellement reconnus mais peu appliqués ; la russification est intense, la censure permanente.

Les Juifs russes sont particulièrement persécutés : interdits de résidence rurale et de nombreuses professions, relégués dans des faubourgs, ouvriers dans le contexte industriel. Les pogroms se multiplient dans les années 1880 (organisation des « cents noirs », paramilitaire d’extrême droite, avec soutien officiel). L’exil est massif : 900 000 Juifs fuient vers les États-Unis, passant souvent par la Pologne du Sud ou s’arrêtant à Auschwitz. Ceux qui restent subissent la prolétarisation, vecteur d’idées révolutionnaires.

La russification se poursuit, analogue à la politique de magyarisation de Transleithanie, notamment chez les Baltes et dans le cadre du panslavisme (idéologie nationaliste et religieuse), sans tarir les insurrections ni les revendications nationales : soulèvements en Pologne (1861), affirmation ukrainienne autour de la langue nationale, essor de sociétés secrètes telles Hromada. L’essor du sionisme est net, via le mouvement Bund, très présent chez la jeunesse juive russe. L’affaiblissement de la Russie, notamment lors de la guerre russo-japonaise, favorise la solidarité entre nationalités allogènes et ouvriers : la révolution de 1905 amplifie ces mouvements, bien que réprimée.

🧮​ III. L’évolution interne des Balkans 🧮​

Les Balkans sont devenus un foyer de tensions et de conflits internationaux, avec des rivalités croissantes entre Autrichiens et Russes dès 1870, malgré la triple alliance de 1815 et la médiation de Bismarck.

Trois États principaux structurent la région :

A. La Serbie

Deux grandes familles, Obrenovic et Karageorgevic, issues de dynasties royales médiévales et grands propriétaires fonciers se disputent le pouvoir. Vers 1880, la dynastie Obrenovic domine, sous la dépendance financière et politique de l’Autriche. L’acceptation de ce protectorat inquiète la Russie.

La Serbie évolue sous constitution autoritaire en 1869, devient plus libérale en 1888 puis retourne à l’autoritarisme en 1894 : le pouvoir, dictatorial, dépend du bon vouloir autrichien.

En 1903, un coup d’État sanglant installe Pierre Karageorgevic : francophile, allié de la Russie, la Serbie passe dans le camp franco-russe, bouleversant ses relations jusqu’en 1914.

B. La Roumanie

Le roi de Roumanie, Hohenzollern cousin du roi de Prusse, accède au trône en 1856, instaurant une monarchie constitutionnelle dominée par les boyards et grands propriétaires. La réunification des provinces s’opère en 1860, le roi Carol monte sur le trône en 1866 ; l’indépendance totale survient en 1877. En 1881, Carol devient officiellement roi.

Bismarck encourage un accord avec Vienne en 1883 contre la Russie (traité secret connu des Russes). Roumanie reste peu développée, de nombreux paysans pauvres, et les révoltes sont durement réprimées. On observe un irrédentisme important, notamment autour de la Transylvanie hongroise, réclamé par les Roumains comme territoire national.

C. La Bulgarie

Suite au traité de Saint-Stéphano (1878), la Bulgarie espère devenir un grand État, mais le congrès de Berlin annule cette perspective et divise les provinces. Alexandre de Battenberg (1881), neveu du tsar russe, dirige avec un gouvernement dominé par des ministres russes.

Sous pression patriotique, Battenberg renvoie les ministres russes en 1883, favorable à une Bulgarie indépendante. La réunion de la province sud à la Bulgarie en 1885 consacre cette volonté d’autonomie et d’émancipation de la Russie. Battenberg est contraint d'abdiquer suite à un complot appuyé par la Russie, et le parlement bulgare choisit Ferdinand de Saxe-Cobourg, soutenu par Vienne.

La Russie perd alors son influence sur la Bulgarie et la Roumanie. Le refus du tsar de renouveler l’entente des trois empereurs en 1887 manifeste la crise diplomatique dans la région.

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