Définition
Acte d'Union
L'Acte d'Union, adopté en 1840, a fusionné le Haut et le Bas-Canada pour former la Province du Canada. Cet acte a été initié pour affaiblir le pouvoir canadien-français en créant une seule chambre d'assemblée et en rendant l'anglais la seule langue officielle.
Gouvernement responsable
Un gouvernement responsable est un système où l'exécutif est responsable devant l'assemblée élue, plutôt que devant la Couronne. Ce principe a été établi dans la Province du Canada en 1848.
Acte d'Union et débuts de la Province du Canada (1840–1850)
L'Acte d'Union est issu d'un contexte tumultueux avec les rébellions de 1837-1838. Ces révoltes, menées par les Patriotes au Bas-Canada et les Réformistes au Haut-Canada, manifestaient un désir croissant de démocratie et d'autonomie coloniale. Le rapport Durham de 1839 a recommandé l'union des deux colonies pour assimiler les Canadiens français et établir un gouvernement responsable. Ainsi, l'Acte d'Union de 1840 a fusionné les deux colonies en une seule Province du Canada avec une assemblée unique de 42 députés pour chaque région, malgré la disparité démographique. L'anglais fut établi comme la langue officielle des débats parlementaires, dans le but d'éroder le pouvoir canadien-français.
En réaction à cette union perçue comme injuste, une alliance réformiste s'est formée. Robert Baldwin, réformiste anglophone, et Louis-Hippolyte LaFontaine, réformiste francophone, ont uni leurs forces pour revendiquer un gouvernement responsable. En 1848, cette revendication a été satisfaite lorsque le Conseil exécutif est devenu responsable devant la Chambre d'assemblée, marquant ainsi un tournant vers un régime plus démocratique.
Vers la fédération canadienne (1850–1867)
La période suivant l'Acte d'Union a été marquée par des blocages politiques perpétuels au sein de la Province du Canada, due à l'incompatibilité entre le Haut et le Bas-Canada. Le Haut-Canada, plus peuplé, demandait une représentation proportionnelle, rejetée par le Bas-Canada, ce qui engendrait une instabilité politique notable.
Le bipartisme s'est affirmé avec deux grandes coalitions : les conservateurs modérés, menés par George-Étienne Cartier et John A. Macdonald, et les réformistes radicaux d'Antoine-Aimé Dorion et George Brown. La Grande Coalition de 1864 résulte de la coopération entre Cartier, Brown, et Macdonald pour réformer le système et poser les fondations d'une fédération canadienne.
Les étapes vers la fédération ont été marquées par plusieurs conférences cruciales : Charlottetown en 1864, où les colonies ont convenu de s'unir; Québec, où ont été adoptées les 72 résolutions répartissant les pouvoirs entre le gouvernement fédéral et les provinces; et Londres en 1866, pour finaliser le texte du projet. Cela a conduit à l'Acte de l'Amérique du Nord britannique en 1867, créant le Dominion du Canada.
Première phase d'industrialisation (1850–1900)
La première phase d'industrialisation au Canada, entre 1850 et 1900, a vu une transformation économique majeure sous l'influence des avancées techniques centrées sur l'énergie à vapeur. Les moteurs à charbon ont permis un boom industriel caractérisé par des usines mécanisées concentrées dans les centres urbains comme Montréal et Trois-Rivières.
Les secteurs du textile, du cuir, du bois, du fer, des chaussures et de l'alimentation ont dominé le paysage industriel, soutenus financièrement par les banques britanniques. Les conditions de travail étaient difficiles, avec de longues journées de travail mal rémunérées et peu de sécurité pour les travailleurs, dont beaucoup étaient des femmes et des enfants. Face à cela, les premiers syndicats ouvriers sont apparus pour défendre les droits des travailleurs.
La période a également été marquée par une urbanisation rapide, alimentée par la migration rurale et l'immigration, notamment irlandaise, provoquant une surpopulation et des problèmes sanitaires dans les villes.
La colonisation des Laurentides a été encouragée par des figures comme le curé Antoine Labelle, visant à développer de nouvelles régions agricoles et à ralentir l'émigration des Canadiens français vers les États-Unis.
Transformations sociales et culturelles
Au niveau socioculturel, l'ultramontanisme, dirigé par Mgr Ignace Bourget, a renforcé l'influence de l'Église catholique dans des domaines tels que l'éducation, la santé, et les œuvres sociales, promouvant l'idée que seul le Pape est supérieur à l'État.
En opposition à cette domination cléricale, un mouvement anticlérical a émergé, incarné par l'Institut canadien de Montréal, prônant la laïcité, la science, la raison, et la modernité. Dessaulles et Buies ont été des figures clés de cette tendance.
La littérature québécoise a vu des contributions notables comme François-Xavier Garneau, qui a cherché à rétablir la fierté des Canadiens français, et Félicité Angers, connue sous le nom de Laure Conan, première romancière du Québec.
Développement de la fédération canadienne (1867–1900)
La création du Dominion du Canada a été un premier pas vers l'expansion et solidification du territoire canadien. En 1869, le premier soulèvement des Métis à la Rivière-Rouge mené par Louis Riel, a conduit à la création du Manitoba. Par la suite, les Territoires du Nord-Ouest ont été incorporés, et d'autres provinces comme la Colombie-Britannique (1871) et l'Île-du-Prince-Édouard (1873) ont rejoint la fédération.
Économiquement, le chemin de fer transcontinental complété en 1885 a été crucial pour l'unification du territoire et la colonisation de l'Ouest. La politique nationale de Macdonald en 1878 a instauré des tarifs douaniers pour protéger l'industrie canadienne, encouragé la colonisation de l'Ouest, et poussé pour une construction ferroviaire continue.
La Loi sur les Indiens de 1876 a instauré un cadre légal réduisant les Autochtones au statut de mineurs légaux, établissant des réserves et poussant pour leur assimilation, souvent via des pensionnats, tout en leur retirant le droit de vote.
Le soulèvement des Métis en Saskatchewan et la pendaison de Louis Riel en 1885 ont généré des tensions politiques, notamment pour les francophones qui percevaient cet acte comme une agression contre leur communauté.
A retenir :
Dans cette période déterminante de l’histoire canadienne, de l’Acte d’Union en 1840 à la fin du XIXe siècle, le Canada a vécue une transformation de ses structures politiques, économiques, et socioculturelles majeures. Les réformes politiques avec l'union des colonies, l'instauration d'un gouvernement responsable, et la fédération qui a suivi ont jeté les bases de la structure actuelle du pays. Les mouvements de population, l'industrialisation naissante et les tensions entre différentes idéologies ont façonné la culture et la société canadiennes. La période a également été marquée par des mesures controversées envers les peuples autochtones, laissant des impacts durables sur leur communauté.