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GF 70-90

GF 70-90

1 — L’alimentation est un besoin essentiel de l’Homme auquel la révolution industrielle et la mondialisation a permis de répondre


  1. Le passage à une production alimentaire industrielle pour résoudre le problème de la faim


Révolution agricole et industrielle : élimination du problème du manque en grande partie


  1. Pour se nourrir et survivre, l’Homme a dû domestiquer son environnement pour créer une production alimentaire


  • Premiers genres humains (HOMO HABILIS, HOMO ERECTUS) étaient des chasseurs-cueilleurs avant naissance agriculture (nourriture : gibier, insectes, plantes).
  • Paléolithique : domestication du chien = constitution d’élevages


  • Dans la symbolique (GENESE) : Adam et Ève expulsés du Jardin d’Éden.
  • Dieu : « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »
  • Passage d’une situation d’abondance à la nécessité d’effectuer un dur labeur pour s’alimenter
  • Exode : évasion des Hébreux d’Egypte DONC reçoivent la MANNE (nourriture miraculeuse tombée du ciel) pour survivre dans le désert du Sinaï


  • Dans l’histoire : domestication de plusieurs plantes, céréales et légumineuses dès 12 000 ans avant notre ère s’accompagne d’un réchauffement climatique.
  • Jacques Cauvin (Naissance des divinités, naissance de l’agriculture, 1994) : création des divinités = révolution symbolique = naissance de l’agriculture
  • Perception du monde a changé pendant la révolution néolithique = volonté de domestiquer l’environnement est née
  • Agriculture progresse dans le sens de la technique


  • Production alimentaire = développement de jardins dans les plus grandes villes, en particulier à partir du 16ème siècle (Gilles Fumey, Histoire de l’alimentation, 2021).



  1. Les pénuries alimentaires ont longtemps été la norme


  • Marshall Sahlins (Âge de pierre, âge d’abondance, 1976) : sociétés de chasseurs-cueilleur = sociétés d’abondance alimentaire. EF très faible pression démographique sur les ressources alimentaires.


  • MAIS Thomas Malthus (Essai sur le principe de population, 1798) : incompatibilité entre la croissance économique et la croissance démographique.
  • Population croît plus rapidement (progression exponentielle) que la production agricole (progression ne se multipliant pas)


  • DONC déséquilibre = famines = réduction de la population à un niveau compatible avec les ressources alimentaires disponibles


  • SOLUTION MALTHUSIENNE : promotion d’obstacles préventifs à la croissance de la population (contrainte morale : mariage tardif et abstinence). Solution se développe surtout dans les années 1960 avec les inquiétudes sur la démographie des pays en développement (Paul Ehrlich et la fameuse « BOMBE P »)



  • DE PLUS production agricole soumise à une incertitude (aléas climatiques, épidémies comme la PESTE BOVINE au Moyen-Âge).


  • OR pénuries = tensions politiques.
  • 1789 : révolution française précédée avant tout par une période de pénurie alimentaire ET une augmentation du prix du grain
  • 2008 : crise économique = retour des EMEUTES DE LA FAIM avec l’augmentation des prix alimentaires


  • En plus de la rareté de la nourriture, se pose également le problème de sa distribution.
  • France pré-révolutionnaire : fameuse phrase « Qu’ils mangent de la brioche ! » (attribuée à tord à Marie-Antoinette) évocatrice de la déconnexion peuple/élites



  1. À partir du 19ème siècle, la révolution agricole et la révolution industrielle changent la donne alimentaire


  • Paul Mantoux (La révolution industrielle au 18ème siècle, 1906) : révolution industrielle = ensemble de bouleversements techniques, de nouvelles façons de travailler qui conduisent à de nouveaux ANTAGONISMES SOCIAUX.
  • EF esprit capitaliste = méthodes artisanales anciennes de transformation de la matière bousculées DONC gonflement des quantités produites et des innovations techniques


  • Facteur principal de la révolution industrielle : révolution agricole (abandon de l’outillage traditionnel, utilisation de plantes fourragères pour éviter l’année de jachère de l’ASSOLEMENT TRIENNAL, MOUVEMENT DES ENCLOSURES pour permettre de définir la propriété des terres).
  • DONC augmentation de la productivité agricole = auto-suffisance alimentaire = travailleurs mieux nourris (loi de Malthus dépassée)


  • RESULTAT : famines disparues dans les pays industriels (la dernière étant la GRANDE FAMINE IRLANDAISE de 1847)



  • Révolution des pays occidentaux s’effectue AUSSI (plus tardivement) dans d’autres régions du monde.
  • REVOLUTION VERTE en Inde (années 1960) : a permis d’améliorer considérablement la productivité des terres et de nourrir la population efficacement


  • BOUTIQUES ALIMENTAIRES jouent un rôle important dans l’accès à l’alimentation (en particulier en période d’urbanisation).
  • Lisbonne, 18ème siècle : 55% des commerces sont des boutiques alimentaires
  • Paris, 1856 : 1 500 crémeries, 500 pâtisseries, 2000 épiceries
  1. La révolution industrielle a conduit à une remise en cause des modèles alimentaires traditionnels


  • USA : modèle intensif (porcs, bœufs, volailles doivent supportent l’enfermement). Se diffuse après la SGM en Europe, puis se mondialise (y compris dans les pays en développement).


  • Aujourd’hui, une grande partie des productions végétales et animales sont intégrées à des SYSTEMES INDUSTRIELS PRODUCTIVISTES.
  • Usage d’intrants chimiques et de biotechnologies = accroissement des rendements pour suivre la hausse de la population mondiale


  • Création mondialisée de MEGA-FERMES :
  • Sucre devient la production végétale la plus importante (2 milliards de tonnes)
  • Elevage représente 40% de la valeur de la production agricole mondiale
  • 60 milliards d’animaux sont abattus



  • Début du 20ème siècle = début du LIBRE-SERVICE aux USA avec l’apparition des supermarchés.
  • S’exporte en Europe après la SGM
  • L’HYPERMARCHE succède ensuite aux supermarchés (localisé en périphérie, sert de relais aux industries)
  • Développement du HARD DISCOUNT (Lidl) dès 1946 en Allemagne (accès aux produits alimentaires banalisés avec des prix compétitifs)



  • Modernisation technique depuis la fin de la SGM = « FIN DES PAYSANS » (Henri Mendras, La fin des paysans, 1967).
  • Le paysan (individu appartenant à une communauté rurale dépendante de la ville pour pouvoir subsister par la vente de ses produits) laisse la place à l’AGRICULTEUR vivant dans une SOCIETE MACRO-INDUSTRIELLE (produit des biens agricoles servant à la production nationale, voire internationale)


  • Harvey Levenstein (Paradox of Plenty, 1993) : modèle agro-alimentaire d’inspiration américaine considéré comme le modèle permettant d’assurer la sécurité alimentaire et la croissance économique.




Le problème de la faim : problème géopolitique et logistique plus qu’un manque d’abondance


  1. Malgré les progrès, le problème de la faim n’a pas été complètement réglé


  • Marc Dufumier (Famine au Sud, malbouffe au Nord, 2012) : polarité de deux situations.
  • Problèmes de famines et de malnutrition toujours présents dans les pays en développement
  • Excès de consommation de produits industriels dans les pays développés


  • Fin du 20ème siècle : progrès importants faits (révolution verte en Asie, voir plus haut). Sécurité alimentaire en partie permise, famines raréfiées MAIS crise de 2008 + flambée des prix des produits primaires = fin d’une « dynamique ».


  • Echelle mondiale : 1 personne sur 8 souffre de la faim (820 000 millions de pauvres).
  • Problèmes d’accès à l’alimentation surtout dans les pays du sous-continent indien (33%), d’Afrique subsaharienne (27%) et d’Asie (23 %)


  • 34% des enfants des pays en développement n’ont pas la taille de leur âge du fait des carences alimentaires


  • 2020 : plus de 9 millions de personnes sont mortes de malnutrition (le tiers a moins de 5 ans) et 2 milliards souffrent de carences en MICRO-NUTRIMENTS (surtout en Afrique)



  • La plupart des personnes touchées par la faim appartiennent au monde rural (sécheresses, restrictions en eau, conflits liés à l’agriculture) MAIS l’urbanisation dans les pays en développement a renforcé le problème de la sous-alimentation vers les zones urbaines (rapport de la FAO en 2020).


  • DE PLUS augmentation de la population mondiale :
  • Nombre de malnutris pourrait atteindre 1,5 milliards de personnes d’ici à 2080 (GIEC)
  • Il faudrait augmenter de 40% les terres cultivables (selon le centre de Coopération internationale en Recherche Agronomique pour le Développement)



  1. La faim reste une arme politique et économique importante


  • Levier alimentaire très important pendant les guerres.
  • SIEGE D’ALESIA : capacité des armées de César à couper les approvisionnements en eau et en vivres a participé à la défaite gauloise
  • GUERRE DU KOSOVO : coupure des points d’eau a été utilisée stratégiquement


  • EF alimentation = manière de contrôler les populations.
  • 1974 : Henry Kissinger remet à Gerald Ford un rapport secret sur les moyens de désamorcer « L’ARME DEMOGRAPHIQUE » que représentent les PED et propose de jouer sur le levier alimentaire


  • Egalement utilisé par des « AFFAMEURS » (selon l’expression de Doan Bui dans Les Affameurs : voyage au cœur de la planète de la faim, 2009), des dictateurs ou des multinationales du Nord



  • D’UNE PART famines peuvent être construites par les dirigeants politiques afin d’affaiblir des minorités.
  • 2020 : une aide alimentaire censée aider 7,5 millions de personnes au Sud-Soudan est détournée par des hauts fonctionnaires + des pénuries sont organisées par le pouvoir central cherchant à affamer certains groupes ethniques (rapport de l’ONU)


  • D’AUTRE PART Vandana Shiva (Le terrorisme alimentaire : comment les multinationales affament le tiers-monde, 2001) dénonce comment des grands groupes agroalimentaires (comme MONSANTO) ont imposé une logique productiviste de l’agriculture dans certains pays en développement ET ont créé des situations de dépendance à certains produits phytosanitaires.
  • EF grands groupes alimentaires ont cherché à tout prix à maintenir la dépendance à leurs produits (DONC cette dépendance s’est doublée d’une dépendance alimentaire, conduisant à des pénuries et des famines)



  1. Le bilan des organisations internationales est contrasté


  • Depuis 1945 : ensemble d’organisations se sont constituées, gouvernementales (Organisation pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO) et BANQUE MONDIALE) et non-gouvernementales (ACTION CONTRE LA FAIM en 1979).
  • EF but : agir en faveur du développement des pays, permettre la sécurité alimentaire et lutter contre la pauvreté


  • Persistance du problème de la faim dans le monde questionne également le rôle de la FAO, de ses experts, et de l’aide au développement. Il faut reconnaître à la FAO des succès.
  • Années 2000 : politique menée par le président brésilien Lula « FAIM ZERO » a permis de sortir 24 millions de brésiliens de la pauvreté ET de réduire la sous-alimentation de 25% en s’appuyant sur les recommandations de l’organisation


  • MAIS face au défi de la sécurité alimentaire, certains choix paraissent douteux.
  • Banque Mondiale a appelé à l’agriculture intensive dans les pays du Sud pour les biens destinés aux marchés des pays développés (coton, tabac, fleurs, fruits) MAIS conséquences désastreuses sur les paysans (ruine, pollution de la terre et de l’eau)


  • Certaines ONG cherchent à maintenir des zones d’influence DONC remet en cause le bien-fondé leur action



  • DONC bilan des organisations internationales très contrasté :
  • Dambisa Moyo, économiste zambienne (Dead aid, 2009) : aides au développement (incluant les aides alimentaires) ont encouragé la corruption et ont perpétué la mauvaise gouvernance.
  • EF n’ont pas d’effets incitatifs suffisants pour modifier l’organisation des pays en développement afin de lutter efficacement contre la pauvreté, et donc la malnutrition


  • William Easterly (The tyranny of experts, 2014) : organisations internationales ne travaillent pas dans l’intérêt du développement des pays pauvres.
  • EF auraient une LOGIQUE COMPTABLE et financeraient des projets qui peuvent avoir des résultats de court terme, sans régler des problèmes structurels


  • Diane de Gramont (Development aid confronts politics, 2013) : lorsqu’un projet est financé par l’aide au développement (pour améliorer l’efficacité agricole), on ne prend pas en compte comment l’agriculteur va recevoir l’aide


  1. Régler la question de la faim est avant tout une volonté politique plus qu’un problème monétaire


  • Sylvie Brunel : « Toutes les famines pourraient être évitées. Les populations menacées présentent les mêmes mortels défauts : être politiquement minoritaires, culturellement différentes et ne pas compter dans la géopolitique régionale. ».


  • La quantité mondiale de production alimentaire est suffisante pour nourrir la population mondiale. Le problème est avant tout la distribution. 




  1. L’alimentation dans un espace mondialisé


La mondialisation redessine les modèles alimentaires


  1. La mondialisation a restructuré la production alimentaire mondiale


  • Mondialisation = apparition de firmes agroalimentaires.
  • Commerce international permet de changer les échelles de production (dès le 16ème siècle) surtout pour le commerce de sucre, épices, café que l’Europe importe massivement (COMMERCE TRIANGULAIRE)


  • 17ème siècle : l’APPERTISATION permet un changement majeur dans la production DONC les exportations de conserves (sardines par ex) augmentent fortement



  • 19ème siècle : commerce mondial des produits alimentaires croît de façon exponentielle (ouverture des frontières, réduction des droits de douane sous l’effet des traités commerciaux bilatéraux). Permet aux puissances industrielles de drainer les ressources des pays du Sud.


  • 19ème-20ème siècles = industrialisation = entreprises alimentaires apparaissent et s’internationalisent rapidement.
  • Formation de groupes qui possèdent plusieurs centaines de marques (NESTLE en 1866, COCA-COLA en 1886, PEPSICO en 1898, KELLOGG’S en 1906)


  • EF rendu possible car industries alimentaires innovent en utilisant des nouvelles technologies afin de transformer les matières premières (NANOFILTRATION DU LAIT, IONISATION)



  • MAIS commerce international ralentit à partir de la PGM PUIS reprend :
  • 1947 : signature du GATT et ses différents ROUNDS pour la diminution des droits de douane
  • 1995 : création de l’OMC + valeur du commerce agricole atteint 450 milliards de dollars
  • Années 2010 : produits agricoles atteignent 10% du commerce mondial


  • Moyens de transport = ont changé les possibilités d’approvisionnement des villes.
  • 1880 : couverture ferroviaire continentale permet de relier plus rapidement des zones de production et de consommation (surtout USA, Canada ou Russie)


  • Progrès de la conservation alimentaire : viande congelée = importations par bateau s’accroissent. Après la SGM, apparition des avions-cargos permet également des progrès dans la distribution



  1. La mondialisation a entraîné des mutations économiques et culturelles, parfois dangereuses


  • Diversité des modèles agro-alimentaires :
  • Gilles Fumey (Les radis d’Ouzbékistan : tour du monde des habitudes alimentaires, 2011) : on peut classer les pôles alimentaires par région du monde (Occidentaux, Inde, Chine, Amérique latine, Afrique subsaharienne)


  • Varient selon les modes de consommations (de très traditionnels à très industriels)


  • Sont le fruit de la contingence de l’abondance des ressources ou des pratiques sociales selon Christian Boudan (Géopolitique du goût, 2004) : lien entre richesse naturelle et richesse culinaire. Les « potentialités de la terre et du climat » sont la première source de la puissance culinaire



  • Economie mondialisée : secteur agroalimentaire très concentré avec un nombre réduit de firmes qui ont des positions dominantes. Dynamique de concentration industrielle des firmes agroalimentaires s’est renforcée parallèlement à la mondialisation. EF :
  • François Pouchelon : conséquence du commerce international (allongement de la chaîne de valeur) ET de la centralisation des forces productives, économiques et financières


  • Jean-Louis Rastoin : augmentation de la taille des firmes agroalimentaires conséquence de l’imposition de normes et de réglementation pour répondre à l’exigence de sûreté alimentaire


  • Exemples de concentration : rachat de KRAFT HEINZ par LACTALIS (2020) ou de WHOLE FOODS par AMAZON (2017)



  • DE PLUS financiarisation des firmes telles que Nestlé ou Danone (sont des valeurs boursières importantes) requiert une taille suffisante pour ces firmes.



  1. La mondialisation entraîne des mutations culturelles en matière d’alimentation


  • Alfred Crosby (Columbian Exchange Biological and Cultural Consequences, 1973) : découverte de l’Amérique à la fin du 15ème siècle = une des plus importantes permutations biologiques de l’histoire de l’humanité.
  • Explorateurs européens découvrent sur place des plantes (tomate, maïs, haricot, tabac, quinine) et des animaux (dindes, canards) ET les entreposent dans les cales de leurs caravelles EF veulent les diffuser en Europe


  • Robert Spengler (Fruit from the Sands : The Silk Road Origins of the Foods We Eat, 2019) : accroissement des mobilités humaines et des échanges agricoles dès 45 000 avant J.-C. = apparition d’une « COMPLEXE ARENE SOCIALE » au sein de laquelle ont émergé des systèmes techniques nouveaux.
  • EF diffusion de nouveaux produits = modification du fonctionnement économique, social, culturel et culinaire des sociétés en place



  • La mondialisation fait naître des craintes d’une uniformisation culturelle, et donc alimentaire, sur la base du modèle industriel américain.
  • On parle de MCDONALDISATION DU MONDE (Philippe Ariès, La McDonaldisation du monde, 1997) : chaînes alimentaires étalées sur le monde entier et une convergence des normes sanitaires. 1986 : revue britannique The Economist lance le BIG MAC INDEX pour comparer le coût de la vie dans les différents du pays du monde


  • NEANMOINS concept loin de la réalité actuelle (McDonald’s doit s’adapter aux particularités de chaque pays : McBaguette dans les McDo français/ riz au lieu de frites dans les McDo chinois)



  • Jagdish Bhagwati : « La mondialisation relève davantage d’un processus d’enrichissement culturel. ».
  • AINSI Donna Gabaccia (We Are What We Eat, 1998) : pizzas, chop suey, tacos, croissants sont des plats inspirés par des mangeurs immigrés ET qui occupent une place centrale dans la gastronomie américaine


  • DONC risque de McDonaldisation = reflet du SOFT POWER américain.
  • Eric Li : « L’hégémonie mondiale des grandes entreprises agroalimentaires américaines (Coca-Cola, PepsiCo, McDonald’s, Starbucks) est le produit du leadership américain. »


  • En pratique : modèles nationaux difficilement substituables, voire font de la résistance.
  • Afrique : consommation d’insectes commune (chenilles, scarabées) dans certaines régions
  • Diffusion massive d’insectes dans le monde peu probable EF Claude Lévi-Strauss : « Pour être bon à manger, tout aliment doit être bon à penser. »


  • DONC progression de certains produits alimentaires étrangers (vin en Chine, fast-food) ne devrait pas remettre en cause les habitudes nationales




Politiques agricoles et place des paysans


  1. Avec la libéralisation des économies, les politiques agricoles et commerciales ont une importance majeure


  • Alimentation est au cœur des tensions internationales.
  • USA imposent des sanctions économiques aux pays n’allant pas dans leur sens
  • 2003 : Washington a mis en place des taxes douanières sur les produits alimentaires français suite au refus de la France de s’engager en Irak
  • 2014, 2022 : embargos sur la Russie au moment des crises ukrainiennes


  • Jean-Yves Carfantan (La Mondialisation déloyale : pour un nouvel ordre agricole et alimentaire, 2002) : résolution des conflits entre pays développés et en développement dans le cadre de l’OMC (surtout sur les questions agricoles) est une imposture.
  • EF pays en développement n’ont pas les moyens financiers de négocier des sanctions ambitieuses auprès des pays développés qui les lèsent (et même quand elles existent, elles ne permettent pas de faire évoluer les rapports de force en faveur des pays lésés)


  • Accords du GATT et ses différents ROUNDS + création de l’OMC : la mondialisation commerciale a ouvert les économies nationales aux marchés mondiaux (en particulier les marchés agricoles).
  • MAIS expose les paysans à la concurrence internationale


  • DONC politiques agricoles mises en œuvre afin d’aider à cette transition
  • Biens agricoles protégés par les accords du GATT jusqu’en 1993
  • ACCORDS DE MARRAKECH (1994) : nouvelle norme de politique agricole avec suppression des protections de marchés intérieurs et remplacement avec aides budgétaires
  • BUT FINAL : négociations internationales sur les produits agricoles pour leur intérêt stratégique (surtout pour les pays en développement)



  • La politique la plus emblématique a lieu à l’échelle européenne.
  • 1962 : Politique Agricole Commune (PAC) : garantir des revenus satisfaisants aux agriculteurs ET des prix convenables aux consommateurs


  • DONC Communauté Européenne fixe pour chaque secteur de production des prix garantis supérieurs à la moyenne mondiale
  • ET la quantité que le producteur ne parvient pas à vendre rachetée par la Communauté à ce prix pour être ensuite stockée puis revendue plus tard sur le marché intérieur/ exportée vers les marchés tiers/ détruite
  • DE PLUS exportations de biens subventionnées par l’Union



  • Les réformes européennes :
  • REFORME MACSHARRY (1992) : compense la baisse des prix garantis avec aides directes aux agriculteurs (MAIS sont réduites à partir des années 2000)


  • 2007
  • FEAGA (Fonds Européen Agricole de Garantie) : soutient la concentration des exploitations, la réduction de la main d’œuvre, la spécialisation des systèmes agricoles et la concentration géographique des productions


  • FEADER (Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural) : finance la diversification des productions, l’installation et la création d’emploi et le maintien de l’activité dans les zones difficiles


  • REFORME DE LA PAC (2013) : favoriser les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement (MAIS renouvellement du glyphosate (herbicide cancérigène) à l’échelle européenne)



  • D’autres politiques agricoles dans le reste du monde :
  • Russie : aide les exploitants par la stabilisation des prix sur les marchés céréaliers. 2011 : le FONDS D’INTERVENTION rachète les stocks excédentaires de blé meunier et fourrager, de seigle, d’orge et de maïs quand les prix sont bas


  • Inde : les sols ont souffert de la « révolution verte » (fertilité de nombreuses régions est en baisse) DONC 2013 : chaque exploitant doit disposer d’une carte de santé de ses sols pour augmenter l’efficacité des engrais minéraux + encourage l’usage généralisé des engrais organiques


  • Chine : augmentation du niveau de vie = bcp de supermarchés. EF investisseurs étrangers ont multiplié leurs firmes après l’assouplissement de la réglementation. MAIS marchés de rue très touchés ET agriculteurs privés du débouché de la vente directe DONC 2007 : programme « RATTACHER LES FERMIERS AUX SUPERMARCHES » lancé par le ministère du commerce pour faire évoluer les pratiques des distributeurs



  1. La question de la place des paysans dans la société se pose aujourd’hui


  • Le monde agricole est en voie de disparition dans les pays développés.
  • 2021 : agriculteurs représentent environ 2,7% de la population active. Cet effacement de la société a longtemps suscité des craintes d’une disparition économique totale (Michel Debatisse, Le projet paysan, 1983)


  • Mondialisation = TRIPARTITION du monde paysan (agriculture familiale, de subsistance et de firme) MAIS domination de l’agriculture de firme renforce encore plus la disparition des agriculteurs. DE FAIT il existe aujourd’hui un malaise paysan : c’est la CSP la plus touchée par le suicide


  • S’explique par les difficultés économiques, l’isolement, les conditions de travail difficile, une défiance des consommateurs et un mépris de classe important



  • MAIS agriculteurs conservent malgré tout une force politique.
  • La Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) est le syndicat majoritaire du monde rural (crée un intérêt commun entre des professions agricoles parfois en opposition)
  • Adam Sheingate : « La FNSEA a joué un rôle dans les différents « rounds » du GATT en défendant les intérêts des agriculteurs français. »


  • Christilla Roederer : « La FNSEA doit s’adapter à 4 facteurs d’évolutions : l’affaiblissement des revendications nationales, la conditionnalité des soutiens publics européens, la globalisation des marchés agro-alimentaires, et la résurgence d’un débat public sur la place de l’agriculture dans la société. »



  1. L’alimentation nationale VS le reste du monde


  • Alimentation au cœur du sentiment national.
  • Pellegrino Artusi (La science de cuisiner et de bien manger, 1891) : la promotion d’une cuisine nationale (dans le contexte de la naissance de l’État italien) est un outil politique pour construire le sentiment d’appartenance nationale


  • DONC cuisine fait partie intégrante des patrimoines nationaux MAIS aussi le reflet de tensions géopolitiques entre nations (débat Israël-Liban sur l’origine du Houmous a cristallisé les tensions au Moyen-Orient)



  • Cuisine = outil politique dans la gestion des relations.
  • Dîners de grande importance entre ambassadeurs, militaires et politiques pendant la période napoléonienne = Talleyrand : « Le meilleur auxiliaire d’un diplomate, c’est bien son cuisinier. »
  • Élysée dispose de son propre chef cuisinier
  • DONC alimentation joue un rôle important dans l’accueil des personnalités politiques étrangères


  • Mondialisation a connu des résistances.
  • CONFERENCE DE SEATTLE (1999) devait ouvrir un nouveau cycle de négociations multilatérales de libéralisation des échanges, dit du « MILLENAIRE » = échec. EF manifestations populaires altermondialistes ET tensions protectionnistes


  • 1999 : sanction de l’OMC sur la restriction de vente du bœuf aux hormones en France = un groupe syndicaliste paysan (mené par José Bové) démonte le McDonald’s de Millau



  • DE PLUS, réaffirmation du terroir dans le contexte de mondialisation.
  • EF volonté de manger davantage local (LOCAVOR)
  • EF certains produits font des milliers de km pour arriver dans les assiettes (= pollution très importante) DONC ces dernières années (et avec les manifestations agricoles de 2024), le terroir s’est réaffirmé face à la mondialisation, avec une plus grande valorisation des produits locaux, et de la cuisine de région









2 — Aujourd’hui, ce n’est pas tant le problème de la production, mais de la consommation qui menace aujourd’hui la santé des individus et l’environnement, ce qui appelle à repenser le système alimentaire


  1. Un modèle alimentaire socialement construit aux conséquences négatives


La construction sociale du régime alimentaire industriel : « Dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es » (Jean Brillat-Savarin)


  1. La structure sociale se reflète dans la consommation alimentaire


  • Norbert Élias (La civilisation des mœurs, 1939) : il existe une « construction sociale des bonnes manières » (ne pas utiliser la main avec laquelle on se mouche pour prendre la nourriture par exemple) dès le Moyen-âge et la Renaissance.
  • 1530 : apparition du terme « civilité » dans un texte d’Érasme
  • EF civilité transforme la réalité sociale et constitue le fondement de la société de cour (monarchie absolue au 17ème siècle = aristocrates ne se distinguent pas sur la quantité de nourriture ingérée, mais par le raffinement de ce qu’ils mangent)



  • Gabriel Tarde : « Les classes sociales supérieures innovent socialement et leurs pratiques se transmettent au reste de la société, ce qui inclut le goût et les pratiques alimentaires. ».
  • DE FAIT Pierre Bourdieu (La distinction, 1972) : la différenciation des comportements sociaux selon les différents types de capitaux (social, culturel, économique) s’applique parfaitement à la consommation alimentaire (consommation dans les restaurants gastronomiques)


  • D’ailleurs, consommation luxueuse peut relever de la CONSOMMATION OSTENTATOIRE, celle de mettre en évidence son statut social par l’alimentation



  • Le goût est en partie un CONSTRUIT SOCIAL.
  • Olivier Assouly (Les nourritures de Jean-Jacques Rousseau : cuisine, goût et appétit, 2016) : le goût est une construction cognitive lié au souvenir (épisode de la madeleine dans La Recherche du temps perdu de Marcel Proust : goût d’une madeleine trempé dans du thé rappelle des souvenirs d’enfance)


  • DE PLUS préférences alimentaires sont influencées par le marketing des firmes agroalimentaires (campagnes massives de promotion du Coca-Cola, du Coca Zéro sans sucre MAIS plein d’ASPARTAME, etc)



  • Repas = norme sociale. Structure des 3 repas principaux concerne 9 français sur 10.
  • Claude Grignon : les horaires des repas sont hérités des institutions scolaires (collèges religieux) du Moyen-Âge, calqués sur les règles monastiques


  • Anne Véga : en milieu hospitalier, les repas sont une façon de médiatiser la tension entre soignants et malades. En milieu ouvrier, les repas sont une façon de briser l’ordre de la hiérarchie pour tisser des liens autres que ceux du travail



  • Tabous et interdits alimentaires s’expliquent par une rationalité cachée aux individus.
  • Marvin Harris (Good to eat : Riddels of Food and Culture, 1986) : l’interdiction du porc chez les Juifs s’explique pour des raisons sanitaires et non symboliques, même si l’interdiction est rationalisée comme tel


  • NEANMOINS sociétés contemporaines = plus grande individualisation ET les repas sont de moins en moins sanctuarisés (affaiblissement du contrôle social)
  • A L'INVERSE Claude Fischler : « Les discours sur l’alimentation se sont multipliés (discours sur quoi manger, comment manger, quand manger). »
  • On parle alors de « GASTRO-ANOMIE » : perte de repère face à un trop plein de prescriptions non-coercitives, et sans contrôle social réel devant les assiettes


  • DONC rapport à l’alimentation conditionné socialement, même s’il évolue au cours du temps.
  • 19ème siècle : avoir de l’EMBONPOINT était synonyme de richesse


  • Aujourd’hui : l’idéal de la société est construit sur la vision d’hommes et femmes minces et athlétiques


  • MAIS au delà de l’époque à laquelle on vit, l’obésité est intrinsèquement lié à la condition sociale (régimes hypercaloriques/ à base de produits industriels sont principalement consommés chez les ménages les plus pauvres)



  • ANOMIE croissante = davantage d’angoisses des individus face à la nourriture.
  • Muriel Darmon (Devenir anorexique, 2005) : les troubles alimentaires (anorexie, boulimie) concernent principalement des filles dans les catégories aisées
  • Les victimes de ces troubles deviennent des « DEVIANTS » au sens d’Howard Becker


  • Sont une conséquence face à l’anxiété mélangée à un besoin de contrôler son apparence (besoin de correspondre au poids idéal construit par la société)


  • OR le construit social sur le poids renforce la DYSMORPHIE (mauvaise perception de son corps et de son poids réel)


  • DONC c’est parce que la personne atteinte d’anorexie se croit trop grosse qu’elle s’empêche de manger



  • L’alimentation est contrainte socialement et économiquement.
  • Les français consacrent la majeure partie de leur budget au logement, la nourriture et à leur déplacement (2004 : alimentation deuxième poste de dépenses des ménages devant les transports et les télécommunications)


  • La contrainte économique s’exerce plus fortement sur les ménages les plus pauvres (ouvriers en particulier).
  • Claude Grignon : « Parler d’alimentation avec un ménage ouvrier, c’est d’abord parler budget, feuille de paye, hausse de prix, difficulté à joindre les deux bouts, bref niveau de vie plutôt que mode de vie. Les pratiques alimentaires sont le produit d’un petit nombre de contraintes économiques brutales et les goûts sont l’expression du pouvoir d’achat. »


  • DE PLUS, « L’art de boire et de manger reste sans doute un des seuls terrains sur lesquels les classes populaires s’opposent explicitement à l’art de vivre légitime. »
  • DONC les classes ont un rapport différent à l’alimentation : corpulence bcp plus valorisée dans les milieux populaires que dans les milieux favorisés où l’IDEAL MINCEUR et l’ASCETISME ARISTOCRATIQUE dominent davantage




Des conséquences négatives à prendre en compte


  1. Les modes de consommation ont conduit à une prévalence de l’obésité dans nos sociétés contemporaines, et des complications qui vont avec


  • Industrialisation = transformation de l’aliment en une marchandise + création de la notion « MANGEUR-CONSOMMATEUR » par la grande distribution (individu qui fait ses courses dans un hypermarché).
  • 1998 : 62% des individus déclarent qu’en cas d’augmentation de leur budget d’alimentation, ils souhaitent le consacrer à des sorties au restaurant ou à des réceptions. A L’INVERSE, ce serait le premier poste de dépense à être coupé en cas de diminution du revenu


  • Diffusion du modèle industriel américain (produits industriels, malbouffe, fast-food) = généralisation de l’adoption de régimes alimentaires hypercaloriques.
  • OR nombreux risques, dont l’obésité. Rapport de l’OMS (2024) : 1 milliard de personnes sont en situation d’obésité ET la prévalence du diabète a doublé en trente ans


  • Obésité plus prégnante dans les pays développés, n’est plus qu’un problème de pays pauvres.
  • Rapport de l’OCDE (2019) : entre 1996 et 2016, la prévalence de l’obésité chez l’adulte est passée de 24% à 37% aux États-Unis, de 24% à 36% en Arabie saoudite (PVD), de 3% à 7% en Indonésie (NPIA, « DRAGON ASIATIQUE »)


  • Consommation importante et régulière de produits à faible valeur nutritionnelle RESULTAT d’une méconnaissance/ une indifférence des recommandations en matière de nutrition MAIS EGALEMENT d’une incapacité financière à se procurer des produits sains et « équilibrés ».
  • Jeffrey Sobal : « L’obésité est construite socialement dans la mesure où c’est parmi les catégories les plus populaires où les régimes hypercaloriques et à base de produits industriels sont les plus présents, et en conséquence où il y a plus d’obèses »


  • L’obésité coûte cher.
  • Georges Vigarello : dépense sanitaire x2 pour une personne obèse par rapport à une personne normale (2 500 euros contre 1 263 euros) représentant 7% des coûts globaux de santé aux États-Unis et 3,5% en Europe
  1. Le modèle agroalimentaire industriel présente des limites sanitaires et écologiques


  • Mondialisation commerciale (transport alimentaire) = cause d’une pollution importante. Part des émissions liées au commerce international provenant du transport = 33%. DE PLUS OCDE (2015) : émissions dues au transport augmenteront de 240% d’ici à 2050
  • EF excès globalisation des circuits de distribution = « KILOMETRES ALIMENTAIRES » : produits banals parcourent en moyenne 8 000 km avant d’arriver dans nos assiettes


  • Bruno Parmentier : « L’homme doit maintenant apprendre à produire à la fois plus et mieux, mais avec moins : moins d’eau, moins de sol, moins d’énergie. »



  • Crises alimentaires se sont multipliées depuis années 1980. POUR CAUSE : production alimentaire industrielle (élevage en batterie, torture animale, produits de mauvaise qualité pour réduire les coûts). Exemples :
  • 1981 : huile frelatée
  • 1986 : encéphalopathie spongiforme bovine (ESB)
  • 1999 : poulet à la dioxine
  • 2003 : grippe aviaire
  • 2009 : pandémie de grippe A (H1N1)
  • 2011 : épidémie de la bactérie E.coli
  • 2013 : scandale Spanghero sur la viande de cheval
  • 2022 : salmonelle dans les Kinder


  • Risque des plantes aux prises (parasites, maladies) : crises touchant les végétaux (ex des graines germées mortelles en Allemagne ou des algues mortelles en Bretagne).
  • 2003 : congrès international ONE HEALTH pour la santé humaine et animale. EF travaux scientifiques ont montré l’importance des déterminants environnementaux sur les pathologies chroniques (cancer, diabète, maladies cardiovasculaires)


  • ENFIN crises alimentaires = peurs réelles.
  • EF manque de traçabilité, peur des OGM + des conséquences des fast food/ produits industriels sur la santé




  1. Changer de modèle : une tâche difficile


Des pistes pour changer les pratiques alimentaires et construire un modèle plus sain


  • Prévenir plutôt que guérir.
  • 2002 : ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE recommande de limiter l’apport énergétique en graisses saturées et en acides gras, de consommer davantage de fruits et légumes et de veiller à consommer du sel iodé
  • Hippocrate : « Des aliments tu feras ta médecine. »
  • Michelle Obama : « Let’s move ! »
  • D’autres discours : « 5 fruits et légumes par jour », « Manger, bouger », « esprit sain dans un corps sain » (EF prévention de l’obésité passe aussi par une activité physique régulière qui permet de compenser les apports caloriques)



  • NEANMOINS certains sports (de combat) = athlètes s’entraînant énormément se permettent de manger des fast-food la plupart du temps sans altérer leurs performances ou même leurs poids (affecte toutefois la longévité et les risques de maladies).


  • Le changement des pratiques alimentaires.
  • Donner un mauvais vin à œnologue = insupportable (DONC goût est construit et le palais s’éduque à mesure de l’expérience)
  • Raffinement du palais = amélioration de la qualité des repas servis en cantine scolaire. Faire des repas de qualité une nouvelle norme peut avoir du sens


  • Pratiques alimentaires évoluent également :
  • Végétariens (dénoncent l’élevage industriel et la torture animale), végans, localisme, bio (offre croissante de magasins comme NATURALIA, BIO-COOP)


  • DE PLUS promotion de nouveaux régimes alimentaires : régime PALEO (manger uniquement de la viande), CRUDIVORES (ne manger que du cru), régime KETP (manger uniquement des lipides comme le poisson, le fromage, les oeufs, etc)



  • Encadrer les pratiques des firmes agro-alimentaires.
  • CODEX ALIMENTARIUS : normes à appliquer par les industriels des aliments pour nourrissons (encore fragiles : scandale Nestlé en 2024 sur le lait pour nourrissons dans les PVD)


  • Fiscalité (disposée par les États) : taxes sur les aliments et boissons à teneur élevées en graisses, sucres et sel au Danemark, en Finlande, en France et en Hongrie (taxe de 10% sur les sodas = réduction de 10% de la consommation)


  • Union européenne : arsenal de règles pour éviter la promotion d’aliments dommageables pour la santé
  • Exemple des procès gagnés contre le géant industriel MONSANTO



  • Les firmes engagent une transition vers un modèle plus vert.
  • WUNDERMAN THOMSON (agence de marketing américaine) dans un rapport au The New Sustainability (2018) : appelle ses clients à valoriser davantage une transition vers un modèle plus vert


  • 2014 : INTERMARCHÉ lance une campagne de communication sur « les fruits et légumes moches »


  • MAIS difficile de distinguer changement réel de pratique et simple GREENWASHING de la communication (exemple de Coca qui fait passer ses produits prétendument sans sucre comme diététiques)


  • Information et labels en + des campagnes de promotion.
  • Sigles pour signaler la qualité des produits, leur origine ou encore la valeur diététique (NUTRISCORES, AOP, LABEL ROUGE)
  • 2020 : UE compte plus de 3 700 produits alimentaires dotés d’un des trois sigles qualitatifs


  • CEPENDANT il faut se méfier du raffinement à l’extrême de l’alimentation.
  • Réseaux sociaux transforment le rapport aux repas (on veut prendre en photo ce que l’on mange pour le publier)
  • EF volonté des restaurants de créer des repas « ESTHÉTISÉS » pour gagner en popularité
  • Nassim Taleb (Skin in the game, 2018) : art culinaire a tendance à dévier sur de la cuisine pour impressionner plus que pour innover en matière de goûts pour nourrir


  • DE PLUS Olivier de Schutter rappelle le prix exorbitant payé par le monde des « graves dysfonctionnements des systèmes alimentaires ».
  • Populations des pays riches « paient 3x plus pour un système qui les rend en mauvaise santé » (dénonce subventions agricoles faibles et commercialisation de produits douteux)


  • Le secteur privé « ne doit pas imposer des interventions nutritionnelles quand les systèmes locaux offrent des régimes alimentaires durables »




Une industrie puissante et difficile à transformer


  • Profits faits par les firmes dans le modèle alimentaire actuel le rend très difficile à changer.
  • France, 2013 : création de la TAXE SODA pour lutter contre la consommation de boissons sucrées MAIS résultat : décision des fabricants de commercialiser au même prix des bouteilles plus petites


  • Nutriscore objet d’une forte opposition des fabricants industriels.
  • Italie : AUTORITE DE LA CONCURRENCE a interdit l’utilisation du nutriscore ET oblige les grands détaillants à retirer cet étiquetage des produits qu’ils vendent
  • EF considère que la classification est arbitraire et biaise le choix des consommateurs (car ne tient pas compte du profil nutritionnel du consommateur). « Sans législation européenne, aucun mode d’étiquetage ne peut être préféré à un autre. »


  • MAIS reflète le primat des décisions économiques sur les décisions de santé publique (concurrence utilisée comme un argument sur l’enjeu de santé publique)


  • DONC opposition au nutriscore s’explique car le marché de l’obésité se porte très bien et représente des milliards d’euros de profit (EF industrie pharmaceutique bénéficie fortement de l’obésité avec les PILULES MINCEUR et cures)



GF 70-90

GF 70-90

1 — L’alimentation est un besoin essentiel de l’Homme auquel la révolution industrielle et la mondialisation a permis de répondre


  1. Le passage à une production alimentaire industrielle pour résoudre le problème de la faim


Révolution agricole et industrielle : élimination du problème du manque en grande partie


  1. Pour se nourrir et survivre, l’Homme a dû domestiquer son environnement pour créer une production alimentaire


  • Premiers genres humains (HOMO HABILIS, HOMO ERECTUS) étaient des chasseurs-cueilleurs avant naissance agriculture (nourriture : gibier, insectes, plantes).
  • Paléolithique : domestication du chien = constitution d’élevages


  • Dans la symbolique (GENESE) : Adam et Ève expulsés du Jardin d’Éden.
  • Dieu : « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »
  • Passage d’une situation d’abondance à la nécessité d’effectuer un dur labeur pour s’alimenter
  • Exode : évasion des Hébreux d’Egypte DONC reçoivent la MANNE (nourriture miraculeuse tombée du ciel) pour survivre dans le désert du Sinaï


  • Dans l’histoire : domestication de plusieurs plantes, céréales et légumineuses dès 12 000 ans avant notre ère s’accompagne d’un réchauffement climatique.
  • Jacques Cauvin (Naissance des divinités, naissance de l’agriculture, 1994) : création des divinités = révolution symbolique = naissance de l’agriculture
  • Perception du monde a changé pendant la révolution néolithique = volonté de domestiquer l’environnement est née
  • Agriculture progresse dans le sens de la technique


  • Production alimentaire = développement de jardins dans les plus grandes villes, en particulier à partir du 16ème siècle (Gilles Fumey, Histoire de l’alimentation, 2021).



  1. Les pénuries alimentaires ont longtemps été la norme


  • Marshall Sahlins (Âge de pierre, âge d’abondance, 1976) : sociétés de chasseurs-cueilleur = sociétés d’abondance alimentaire. EF très faible pression démographique sur les ressources alimentaires.


  • MAIS Thomas Malthus (Essai sur le principe de population, 1798) : incompatibilité entre la croissance économique et la croissance démographique.
  • Population croît plus rapidement (progression exponentielle) que la production agricole (progression ne se multipliant pas)


  • DONC déséquilibre = famines = réduction de la population à un niveau compatible avec les ressources alimentaires disponibles


  • SOLUTION MALTHUSIENNE : promotion d’obstacles préventifs à la croissance de la population (contrainte morale : mariage tardif et abstinence). Solution se développe surtout dans les années 1960 avec les inquiétudes sur la démographie des pays en développement (Paul Ehrlich et la fameuse « BOMBE P »)



  • DE PLUS production agricole soumise à une incertitude (aléas climatiques, épidémies comme la PESTE BOVINE au Moyen-Âge).


  • OR pénuries = tensions politiques.
  • 1789 : révolution française précédée avant tout par une période de pénurie alimentaire ET une augmentation du prix du grain
  • 2008 : crise économique = retour des EMEUTES DE LA FAIM avec l’augmentation des prix alimentaires


  • En plus de la rareté de la nourriture, se pose également le problème de sa distribution.
  • France pré-révolutionnaire : fameuse phrase « Qu’ils mangent de la brioche ! » (attribuée à tord à Marie-Antoinette) évocatrice de la déconnexion peuple/élites



  1. À partir du 19ème siècle, la révolution agricole et la révolution industrielle changent la donne alimentaire


  • Paul Mantoux (La révolution industrielle au 18ème siècle, 1906) : révolution industrielle = ensemble de bouleversements techniques, de nouvelles façons de travailler qui conduisent à de nouveaux ANTAGONISMES SOCIAUX.
  • EF esprit capitaliste = méthodes artisanales anciennes de transformation de la matière bousculées DONC gonflement des quantités produites et des innovations techniques


  • Facteur principal de la révolution industrielle : révolution agricole (abandon de l’outillage traditionnel, utilisation de plantes fourragères pour éviter l’année de jachère de l’ASSOLEMENT TRIENNAL, MOUVEMENT DES ENCLOSURES pour permettre de définir la propriété des terres).
  • DONC augmentation de la productivité agricole = auto-suffisance alimentaire = travailleurs mieux nourris (loi de Malthus dépassée)


  • RESULTAT : famines disparues dans les pays industriels (la dernière étant la GRANDE FAMINE IRLANDAISE de 1847)



  • Révolution des pays occidentaux s’effectue AUSSI (plus tardivement) dans d’autres régions du monde.
  • REVOLUTION VERTE en Inde (années 1960) : a permis d’améliorer considérablement la productivité des terres et de nourrir la population efficacement


  • BOUTIQUES ALIMENTAIRES jouent un rôle important dans l’accès à l’alimentation (en particulier en période d’urbanisation).
  • Lisbonne, 18ème siècle : 55% des commerces sont des boutiques alimentaires
  • Paris, 1856 : 1 500 crémeries, 500 pâtisseries, 2000 épiceries
  1. La révolution industrielle a conduit à une remise en cause des modèles alimentaires traditionnels


  • USA : modèle intensif (porcs, bœufs, volailles doivent supportent l’enfermement). Se diffuse après la SGM en Europe, puis se mondialise (y compris dans les pays en développement).


  • Aujourd’hui, une grande partie des productions végétales et animales sont intégrées à des SYSTEMES INDUSTRIELS PRODUCTIVISTES.
  • Usage d’intrants chimiques et de biotechnologies = accroissement des rendements pour suivre la hausse de la population mondiale


  • Création mondialisée de MEGA-FERMES :
  • Sucre devient la production végétale la plus importante (2 milliards de tonnes)
  • Elevage représente 40% de la valeur de la production agricole mondiale
  • 60 milliards d’animaux sont abattus



  • Début du 20ème siècle = début du LIBRE-SERVICE aux USA avec l’apparition des supermarchés.
  • S’exporte en Europe après la SGM
  • L’HYPERMARCHE succède ensuite aux supermarchés (localisé en périphérie, sert de relais aux industries)
  • Développement du HARD DISCOUNT (Lidl) dès 1946 en Allemagne (accès aux produits alimentaires banalisés avec des prix compétitifs)



  • Modernisation technique depuis la fin de la SGM = « FIN DES PAYSANS » (Henri Mendras, La fin des paysans, 1967).
  • Le paysan (individu appartenant à une communauté rurale dépendante de la ville pour pouvoir subsister par la vente de ses produits) laisse la place à l’AGRICULTEUR vivant dans une SOCIETE MACRO-INDUSTRIELLE (produit des biens agricoles servant à la production nationale, voire internationale)


  • Harvey Levenstein (Paradox of Plenty, 1993) : modèle agro-alimentaire d’inspiration américaine considéré comme le modèle permettant d’assurer la sécurité alimentaire et la croissance économique.




Le problème de la faim : problème géopolitique et logistique plus qu’un manque d’abondance


  1. Malgré les progrès, le problème de la faim n’a pas été complètement réglé


  • Marc Dufumier (Famine au Sud, malbouffe au Nord, 2012) : polarité de deux situations.
  • Problèmes de famines et de malnutrition toujours présents dans les pays en développement
  • Excès de consommation de produits industriels dans les pays développés


  • Fin du 20ème siècle : progrès importants faits (révolution verte en Asie, voir plus haut). Sécurité alimentaire en partie permise, famines raréfiées MAIS crise de 2008 + flambée des prix des produits primaires = fin d’une « dynamique ».


  • Echelle mondiale : 1 personne sur 8 souffre de la faim (820 000 millions de pauvres).
  • Problèmes d’accès à l’alimentation surtout dans les pays du sous-continent indien (33%), d’Afrique subsaharienne (27%) et d’Asie (23 %)


  • 34% des enfants des pays en développement n’ont pas la taille de leur âge du fait des carences alimentaires


  • 2020 : plus de 9 millions de personnes sont mortes de malnutrition (le tiers a moins de 5 ans) et 2 milliards souffrent de carences en MICRO-NUTRIMENTS (surtout en Afrique)



  • La plupart des personnes touchées par la faim appartiennent au monde rural (sécheresses, restrictions en eau, conflits liés à l’agriculture) MAIS l’urbanisation dans les pays en développement a renforcé le problème de la sous-alimentation vers les zones urbaines (rapport de la FAO en 2020).


  • DE PLUS augmentation de la population mondiale :
  • Nombre de malnutris pourrait atteindre 1,5 milliards de personnes d’ici à 2080 (GIEC)
  • Il faudrait augmenter de 40% les terres cultivables (selon le centre de Coopération internationale en Recherche Agronomique pour le Développement)



  1. La faim reste une arme politique et économique importante


  • Levier alimentaire très important pendant les guerres.
  • SIEGE D’ALESIA : capacité des armées de César à couper les approvisionnements en eau et en vivres a participé à la défaite gauloise
  • GUERRE DU KOSOVO : coupure des points d’eau a été utilisée stratégiquement


  • EF alimentation = manière de contrôler les populations.
  • 1974 : Henry Kissinger remet à Gerald Ford un rapport secret sur les moyens de désamorcer « L’ARME DEMOGRAPHIQUE » que représentent les PED et propose de jouer sur le levier alimentaire


  • Egalement utilisé par des « AFFAMEURS » (selon l’expression de Doan Bui dans Les Affameurs : voyage au cœur de la planète de la faim, 2009), des dictateurs ou des multinationales du Nord



  • D’UNE PART famines peuvent être construites par les dirigeants politiques afin d’affaiblir des minorités.
  • 2020 : une aide alimentaire censée aider 7,5 millions de personnes au Sud-Soudan est détournée par des hauts fonctionnaires + des pénuries sont organisées par le pouvoir central cherchant à affamer certains groupes ethniques (rapport de l’ONU)


  • D’AUTRE PART Vandana Shiva (Le terrorisme alimentaire : comment les multinationales affament le tiers-monde, 2001) dénonce comment des grands groupes agroalimentaires (comme MONSANTO) ont imposé une logique productiviste de l’agriculture dans certains pays en développement ET ont créé des situations de dépendance à certains produits phytosanitaires.
  • EF grands groupes alimentaires ont cherché à tout prix à maintenir la dépendance à leurs produits (DONC cette dépendance s’est doublée d’une dépendance alimentaire, conduisant à des pénuries et des famines)



  1. Le bilan des organisations internationales est contrasté


  • Depuis 1945 : ensemble d’organisations se sont constituées, gouvernementales (Organisation pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO) et BANQUE MONDIALE) et non-gouvernementales (ACTION CONTRE LA FAIM en 1979).
  • EF but : agir en faveur du développement des pays, permettre la sécurité alimentaire et lutter contre la pauvreté


  • Persistance du problème de la faim dans le monde questionne également le rôle de la FAO, de ses experts, et de l’aide au développement. Il faut reconnaître à la FAO des succès.
  • Années 2000 : politique menée par le président brésilien Lula « FAIM ZERO » a permis de sortir 24 millions de brésiliens de la pauvreté ET de réduire la sous-alimentation de 25% en s’appuyant sur les recommandations de l’organisation


  • MAIS face au défi de la sécurité alimentaire, certains choix paraissent douteux.
  • Banque Mondiale a appelé à l’agriculture intensive dans les pays du Sud pour les biens destinés aux marchés des pays développés (coton, tabac, fleurs, fruits) MAIS conséquences désastreuses sur les paysans (ruine, pollution de la terre et de l’eau)


  • Certaines ONG cherchent à maintenir des zones d’influence DONC remet en cause le bien-fondé leur action



  • DONC bilan des organisations internationales très contrasté :
  • Dambisa Moyo, économiste zambienne (Dead aid, 2009) : aides au développement (incluant les aides alimentaires) ont encouragé la corruption et ont perpétué la mauvaise gouvernance.
  • EF n’ont pas d’effets incitatifs suffisants pour modifier l’organisation des pays en développement afin de lutter efficacement contre la pauvreté, et donc la malnutrition


  • William Easterly (The tyranny of experts, 2014) : organisations internationales ne travaillent pas dans l’intérêt du développement des pays pauvres.
  • EF auraient une LOGIQUE COMPTABLE et financeraient des projets qui peuvent avoir des résultats de court terme, sans régler des problèmes structurels


  • Diane de Gramont (Development aid confronts politics, 2013) : lorsqu’un projet est financé par l’aide au développement (pour améliorer l’efficacité agricole), on ne prend pas en compte comment l’agriculteur va recevoir l’aide


  1. Régler la question de la faim est avant tout une volonté politique plus qu’un problème monétaire


  • Sylvie Brunel : « Toutes les famines pourraient être évitées. Les populations menacées présentent les mêmes mortels défauts : être politiquement minoritaires, culturellement différentes et ne pas compter dans la géopolitique régionale. ».


  • La quantité mondiale de production alimentaire est suffisante pour nourrir la population mondiale. Le problème est avant tout la distribution. 




  1. L’alimentation dans un espace mondialisé


La mondialisation redessine les modèles alimentaires


  1. La mondialisation a restructuré la production alimentaire mondiale


  • Mondialisation = apparition de firmes agroalimentaires.
  • Commerce international permet de changer les échelles de production (dès le 16ème siècle) surtout pour le commerce de sucre, épices, café que l’Europe importe massivement (COMMERCE TRIANGULAIRE)


  • 17ème siècle : l’APPERTISATION permet un changement majeur dans la production DONC les exportations de conserves (sardines par ex) augmentent fortement



  • 19ème siècle : commerce mondial des produits alimentaires croît de façon exponentielle (ouverture des frontières, réduction des droits de douane sous l’effet des traités commerciaux bilatéraux). Permet aux puissances industrielles de drainer les ressources des pays du Sud.


  • 19ème-20ème siècles = industrialisation = entreprises alimentaires apparaissent et s’internationalisent rapidement.
  • Formation de groupes qui possèdent plusieurs centaines de marques (NESTLE en 1866, COCA-COLA en 1886, PEPSICO en 1898, KELLOGG’S en 1906)


  • EF rendu possible car industries alimentaires innovent en utilisant des nouvelles technologies afin de transformer les matières premières (NANOFILTRATION DU LAIT, IONISATION)



  • MAIS commerce international ralentit à partir de la PGM PUIS reprend :
  • 1947 : signature du GATT et ses différents ROUNDS pour la diminution des droits de douane
  • 1995 : création de l’OMC + valeur du commerce agricole atteint 450 milliards de dollars
  • Années 2010 : produits agricoles atteignent 10% du commerce mondial


  • Moyens de transport = ont changé les possibilités d’approvisionnement des villes.
  • 1880 : couverture ferroviaire continentale permet de relier plus rapidement des zones de production et de consommation (surtout USA, Canada ou Russie)


  • Progrès de la conservation alimentaire : viande congelée = importations par bateau s’accroissent. Après la SGM, apparition des avions-cargos permet également des progrès dans la distribution



  1. La mondialisation a entraîné des mutations économiques et culturelles, parfois dangereuses


  • Diversité des modèles agro-alimentaires :
  • Gilles Fumey (Les radis d’Ouzbékistan : tour du monde des habitudes alimentaires, 2011) : on peut classer les pôles alimentaires par région du monde (Occidentaux, Inde, Chine, Amérique latine, Afrique subsaharienne)


  • Varient selon les modes de consommations (de très traditionnels à très industriels)


  • Sont le fruit de la contingence de l’abondance des ressources ou des pratiques sociales selon Christian Boudan (Géopolitique du goût, 2004) : lien entre richesse naturelle et richesse culinaire. Les « potentialités de la terre et du climat » sont la première source de la puissance culinaire



  • Economie mondialisée : secteur agroalimentaire très concentré avec un nombre réduit de firmes qui ont des positions dominantes. Dynamique de concentration industrielle des firmes agroalimentaires s’est renforcée parallèlement à la mondialisation. EF :
  • François Pouchelon : conséquence du commerce international (allongement de la chaîne de valeur) ET de la centralisation des forces productives, économiques et financières


  • Jean-Louis Rastoin : augmentation de la taille des firmes agroalimentaires conséquence de l’imposition de normes et de réglementation pour répondre à l’exigence de sûreté alimentaire


  • Exemples de concentration : rachat de KRAFT HEINZ par LACTALIS (2020) ou de WHOLE FOODS par AMAZON (2017)



  • DE PLUS financiarisation des firmes telles que Nestlé ou Danone (sont des valeurs boursières importantes) requiert une taille suffisante pour ces firmes.



  1. La mondialisation entraîne des mutations culturelles en matière d’alimentation


  • Alfred Crosby (Columbian Exchange Biological and Cultural Consequences, 1973) : découverte de l’Amérique à la fin du 15ème siècle = une des plus importantes permutations biologiques de l’histoire de l’humanité.
  • Explorateurs européens découvrent sur place des plantes (tomate, maïs, haricot, tabac, quinine) et des animaux (dindes, canards) ET les entreposent dans les cales de leurs caravelles EF veulent les diffuser en Europe


  • Robert Spengler (Fruit from the Sands : The Silk Road Origins of the Foods We Eat, 2019) : accroissement des mobilités humaines et des échanges agricoles dès 45 000 avant J.-C. = apparition d’une « COMPLEXE ARENE SOCIALE » au sein de laquelle ont émergé des systèmes techniques nouveaux.
  • EF diffusion de nouveaux produits = modification du fonctionnement économique, social, culturel et culinaire des sociétés en place



  • La mondialisation fait naître des craintes d’une uniformisation culturelle, et donc alimentaire, sur la base du modèle industriel américain.
  • On parle de MCDONALDISATION DU MONDE (Philippe Ariès, La McDonaldisation du monde, 1997) : chaînes alimentaires étalées sur le monde entier et une convergence des normes sanitaires. 1986 : revue britannique The Economist lance le BIG MAC INDEX pour comparer le coût de la vie dans les différents du pays du monde


  • NEANMOINS concept loin de la réalité actuelle (McDonald’s doit s’adapter aux particularités de chaque pays : McBaguette dans les McDo français/ riz au lieu de frites dans les McDo chinois)



  • Jagdish Bhagwati : « La mondialisation relève davantage d’un processus d’enrichissement culturel. ».
  • AINSI Donna Gabaccia (We Are What We Eat, 1998) : pizzas, chop suey, tacos, croissants sont des plats inspirés par des mangeurs immigrés ET qui occupent une place centrale dans la gastronomie américaine


  • DONC risque de McDonaldisation = reflet du SOFT POWER américain.
  • Eric Li : « L’hégémonie mondiale des grandes entreprises agroalimentaires américaines (Coca-Cola, PepsiCo, McDonald’s, Starbucks) est le produit du leadership américain. »


  • En pratique : modèles nationaux difficilement substituables, voire font de la résistance.
  • Afrique : consommation d’insectes commune (chenilles, scarabées) dans certaines régions
  • Diffusion massive d’insectes dans le monde peu probable EF Claude Lévi-Strauss : « Pour être bon à manger, tout aliment doit être bon à penser. »


  • DONC progression de certains produits alimentaires étrangers (vin en Chine, fast-food) ne devrait pas remettre en cause les habitudes nationales




Politiques agricoles et place des paysans


  1. Avec la libéralisation des économies, les politiques agricoles et commerciales ont une importance majeure


  • Alimentation est au cœur des tensions internationales.
  • USA imposent des sanctions économiques aux pays n’allant pas dans leur sens
  • 2003 : Washington a mis en place des taxes douanières sur les produits alimentaires français suite au refus de la France de s’engager en Irak
  • 2014, 2022 : embargos sur la Russie au moment des crises ukrainiennes


  • Jean-Yves Carfantan (La Mondialisation déloyale : pour un nouvel ordre agricole et alimentaire, 2002) : résolution des conflits entre pays développés et en développement dans le cadre de l’OMC (surtout sur les questions agricoles) est une imposture.
  • EF pays en développement n’ont pas les moyens financiers de négocier des sanctions ambitieuses auprès des pays développés qui les lèsent (et même quand elles existent, elles ne permettent pas de faire évoluer les rapports de force en faveur des pays lésés)


  • Accords du GATT et ses différents ROUNDS + création de l’OMC : la mondialisation commerciale a ouvert les économies nationales aux marchés mondiaux (en particulier les marchés agricoles).
  • MAIS expose les paysans à la concurrence internationale


  • DONC politiques agricoles mises en œuvre afin d’aider à cette transition
  • Biens agricoles protégés par les accords du GATT jusqu’en 1993
  • ACCORDS DE MARRAKECH (1994) : nouvelle norme de politique agricole avec suppression des protections de marchés intérieurs et remplacement avec aides budgétaires
  • BUT FINAL : négociations internationales sur les produits agricoles pour leur intérêt stratégique (surtout pour les pays en développement)



  • La politique la plus emblématique a lieu à l’échelle européenne.
  • 1962 : Politique Agricole Commune (PAC) : garantir des revenus satisfaisants aux agriculteurs ET des prix convenables aux consommateurs


  • DONC Communauté Européenne fixe pour chaque secteur de production des prix garantis supérieurs à la moyenne mondiale
  • ET la quantité que le producteur ne parvient pas à vendre rachetée par la Communauté à ce prix pour être ensuite stockée puis revendue plus tard sur le marché intérieur/ exportée vers les marchés tiers/ détruite
  • DE PLUS exportations de biens subventionnées par l’Union



  • Les réformes européennes :
  • REFORME MACSHARRY (1992) : compense la baisse des prix garantis avec aides directes aux agriculteurs (MAIS sont réduites à partir des années 2000)


  • 2007
  • FEAGA (Fonds Européen Agricole de Garantie) : soutient la concentration des exploitations, la réduction de la main d’œuvre, la spécialisation des systèmes agricoles et la concentration géographique des productions


  • FEADER (Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural) : finance la diversification des productions, l’installation et la création d’emploi et le maintien de l’activité dans les zones difficiles


  • REFORME DE LA PAC (2013) : favoriser les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement (MAIS renouvellement du glyphosate (herbicide cancérigène) à l’échelle européenne)



  • D’autres politiques agricoles dans le reste du monde :
  • Russie : aide les exploitants par la stabilisation des prix sur les marchés céréaliers. 2011 : le FONDS D’INTERVENTION rachète les stocks excédentaires de blé meunier et fourrager, de seigle, d’orge et de maïs quand les prix sont bas


  • Inde : les sols ont souffert de la « révolution verte » (fertilité de nombreuses régions est en baisse) DONC 2013 : chaque exploitant doit disposer d’une carte de santé de ses sols pour augmenter l’efficacité des engrais minéraux + encourage l’usage généralisé des engrais organiques


  • Chine : augmentation du niveau de vie = bcp de supermarchés. EF investisseurs étrangers ont multiplié leurs firmes après l’assouplissement de la réglementation. MAIS marchés de rue très touchés ET agriculteurs privés du débouché de la vente directe DONC 2007 : programme « RATTACHER LES FERMIERS AUX SUPERMARCHES » lancé par le ministère du commerce pour faire évoluer les pratiques des distributeurs



  1. La question de la place des paysans dans la société se pose aujourd’hui


  • Le monde agricole est en voie de disparition dans les pays développés.
  • 2021 : agriculteurs représentent environ 2,7% de la population active. Cet effacement de la société a longtemps suscité des craintes d’une disparition économique totale (Michel Debatisse, Le projet paysan, 1983)


  • Mondialisation = TRIPARTITION du monde paysan (agriculture familiale, de subsistance et de firme) MAIS domination de l’agriculture de firme renforce encore plus la disparition des agriculteurs. DE FAIT il existe aujourd’hui un malaise paysan : c’est la CSP la plus touchée par le suicide


  • S’explique par les difficultés économiques, l’isolement, les conditions de travail difficile, une défiance des consommateurs et un mépris de classe important



  • MAIS agriculteurs conservent malgré tout une force politique.
  • La Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) est le syndicat majoritaire du monde rural (crée un intérêt commun entre des professions agricoles parfois en opposition)
  • Adam Sheingate : « La FNSEA a joué un rôle dans les différents « rounds » du GATT en défendant les intérêts des agriculteurs français. »


  • Christilla Roederer : « La FNSEA doit s’adapter à 4 facteurs d’évolutions : l’affaiblissement des revendications nationales, la conditionnalité des soutiens publics européens, la globalisation des marchés agro-alimentaires, et la résurgence d’un débat public sur la place de l’agriculture dans la société. »



  1. L’alimentation nationale VS le reste du monde


  • Alimentation au cœur du sentiment national.
  • Pellegrino Artusi (La science de cuisiner et de bien manger, 1891) : la promotion d’une cuisine nationale (dans le contexte de la naissance de l’État italien) est un outil politique pour construire le sentiment d’appartenance nationale


  • DONC cuisine fait partie intégrante des patrimoines nationaux MAIS aussi le reflet de tensions géopolitiques entre nations (débat Israël-Liban sur l’origine du Houmous a cristallisé les tensions au Moyen-Orient)



  • Cuisine = outil politique dans la gestion des relations.
  • Dîners de grande importance entre ambassadeurs, militaires et politiques pendant la période napoléonienne = Talleyrand : « Le meilleur auxiliaire d’un diplomate, c’est bien son cuisinier. »
  • Élysée dispose de son propre chef cuisinier
  • DONC alimentation joue un rôle important dans l’accueil des personnalités politiques étrangères


  • Mondialisation a connu des résistances.
  • CONFERENCE DE SEATTLE (1999) devait ouvrir un nouveau cycle de négociations multilatérales de libéralisation des échanges, dit du « MILLENAIRE » = échec. EF manifestations populaires altermondialistes ET tensions protectionnistes


  • 1999 : sanction de l’OMC sur la restriction de vente du bœuf aux hormones en France = un groupe syndicaliste paysan (mené par José Bové) démonte le McDonald’s de Millau



  • DE PLUS, réaffirmation du terroir dans le contexte de mondialisation.
  • EF volonté de manger davantage local (LOCAVOR)
  • EF certains produits font des milliers de km pour arriver dans les assiettes (= pollution très importante) DONC ces dernières années (et avec les manifestations agricoles de 2024), le terroir s’est réaffirmé face à la mondialisation, avec une plus grande valorisation des produits locaux, et de la cuisine de région









2 — Aujourd’hui, ce n’est pas tant le problème de la production, mais de la consommation qui menace aujourd’hui la santé des individus et l’environnement, ce qui appelle à repenser le système alimentaire


  1. Un modèle alimentaire socialement construit aux conséquences négatives


La construction sociale du régime alimentaire industriel : « Dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es » (Jean Brillat-Savarin)


  1. La structure sociale se reflète dans la consommation alimentaire


  • Norbert Élias (La civilisation des mœurs, 1939) : il existe une « construction sociale des bonnes manières » (ne pas utiliser la main avec laquelle on se mouche pour prendre la nourriture par exemple) dès le Moyen-âge et la Renaissance.
  • 1530 : apparition du terme « civilité » dans un texte d’Érasme
  • EF civilité transforme la réalité sociale et constitue le fondement de la société de cour (monarchie absolue au 17ème siècle = aristocrates ne se distinguent pas sur la quantité de nourriture ingérée, mais par le raffinement de ce qu’ils mangent)



  • Gabriel Tarde : « Les classes sociales supérieures innovent socialement et leurs pratiques se transmettent au reste de la société, ce qui inclut le goût et les pratiques alimentaires. ».
  • DE FAIT Pierre Bourdieu (La distinction, 1972) : la différenciation des comportements sociaux selon les différents types de capitaux (social, culturel, économique) s’applique parfaitement à la consommation alimentaire (consommation dans les restaurants gastronomiques)


  • D’ailleurs, consommation luxueuse peut relever de la CONSOMMATION OSTENTATOIRE, celle de mettre en évidence son statut social par l’alimentation



  • Le goût est en partie un CONSTRUIT SOCIAL.
  • Olivier Assouly (Les nourritures de Jean-Jacques Rousseau : cuisine, goût et appétit, 2016) : le goût est une construction cognitive lié au souvenir (épisode de la madeleine dans La Recherche du temps perdu de Marcel Proust : goût d’une madeleine trempé dans du thé rappelle des souvenirs d’enfance)


  • DE PLUS préférences alimentaires sont influencées par le marketing des firmes agroalimentaires (campagnes massives de promotion du Coca-Cola, du Coca Zéro sans sucre MAIS plein d’ASPARTAME, etc)



  • Repas = norme sociale. Structure des 3 repas principaux concerne 9 français sur 10.
  • Claude Grignon : les horaires des repas sont hérités des institutions scolaires (collèges religieux) du Moyen-Âge, calqués sur les règles monastiques


  • Anne Véga : en milieu hospitalier, les repas sont une façon de médiatiser la tension entre soignants et malades. En milieu ouvrier, les repas sont une façon de briser l’ordre de la hiérarchie pour tisser des liens autres que ceux du travail



  • Tabous et interdits alimentaires s’expliquent par une rationalité cachée aux individus.
  • Marvin Harris (Good to eat : Riddels of Food and Culture, 1986) : l’interdiction du porc chez les Juifs s’explique pour des raisons sanitaires et non symboliques, même si l’interdiction est rationalisée comme tel


  • NEANMOINS sociétés contemporaines = plus grande individualisation ET les repas sont de moins en moins sanctuarisés (affaiblissement du contrôle social)
  • A L'INVERSE Claude Fischler : « Les discours sur l’alimentation se sont multipliés (discours sur quoi manger, comment manger, quand manger). »
  • On parle alors de « GASTRO-ANOMIE » : perte de repère face à un trop plein de prescriptions non-coercitives, et sans contrôle social réel devant les assiettes


  • DONC rapport à l’alimentation conditionné socialement, même s’il évolue au cours du temps.
  • 19ème siècle : avoir de l’EMBONPOINT était synonyme de richesse


  • Aujourd’hui : l’idéal de la société est construit sur la vision d’hommes et femmes minces et athlétiques


  • MAIS au delà de l’époque à laquelle on vit, l’obésité est intrinsèquement lié à la condition sociale (régimes hypercaloriques/ à base de produits industriels sont principalement consommés chez les ménages les plus pauvres)



  • ANOMIE croissante = davantage d’angoisses des individus face à la nourriture.
  • Muriel Darmon (Devenir anorexique, 2005) : les troubles alimentaires (anorexie, boulimie) concernent principalement des filles dans les catégories aisées
  • Les victimes de ces troubles deviennent des « DEVIANTS » au sens d’Howard Becker


  • Sont une conséquence face à l’anxiété mélangée à un besoin de contrôler son apparence (besoin de correspondre au poids idéal construit par la société)


  • OR le construit social sur le poids renforce la DYSMORPHIE (mauvaise perception de son corps et de son poids réel)


  • DONC c’est parce que la personne atteinte d’anorexie se croit trop grosse qu’elle s’empêche de manger



  • L’alimentation est contrainte socialement et économiquement.
  • Les français consacrent la majeure partie de leur budget au logement, la nourriture et à leur déplacement (2004 : alimentation deuxième poste de dépenses des ménages devant les transports et les télécommunications)


  • La contrainte économique s’exerce plus fortement sur les ménages les plus pauvres (ouvriers en particulier).
  • Claude Grignon : « Parler d’alimentation avec un ménage ouvrier, c’est d’abord parler budget, feuille de paye, hausse de prix, difficulté à joindre les deux bouts, bref niveau de vie plutôt que mode de vie. Les pratiques alimentaires sont le produit d’un petit nombre de contraintes économiques brutales et les goûts sont l’expression du pouvoir d’achat. »


  • DE PLUS, « L’art de boire et de manger reste sans doute un des seuls terrains sur lesquels les classes populaires s’opposent explicitement à l’art de vivre légitime. »
  • DONC les classes ont un rapport différent à l’alimentation : corpulence bcp plus valorisée dans les milieux populaires que dans les milieux favorisés où l’IDEAL MINCEUR et l’ASCETISME ARISTOCRATIQUE dominent davantage




Des conséquences négatives à prendre en compte


  1. Les modes de consommation ont conduit à une prévalence de l’obésité dans nos sociétés contemporaines, et des complications qui vont avec


  • Industrialisation = transformation de l’aliment en une marchandise + création de la notion « MANGEUR-CONSOMMATEUR » par la grande distribution (individu qui fait ses courses dans un hypermarché).
  • 1998 : 62% des individus déclarent qu’en cas d’augmentation de leur budget d’alimentation, ils souhaitent le consacrer à des sorties au restaurant ou à des réceptions. A L’INVERSE, ce serait le premier poste de dépense à être coupé en cas de diminution du revenu


  • Diffusion du modèle industriel américain (produits industriels, malbouffe, fast-food) = généralisation de l’adoption de régimes alimentaires hypercaloriques.
  • OR nombreux risques, dont l’obésité. Rapport de l’OMS (2024) : 1 milliard de personnes sont en situation d’obésité ET la prévalence du diabète a doublé en trente ans


  • Obésité plus prégnante dans les pays développés, n’est plus qu’un problème de pays pauvres.
  • Rapport de l’OCDE (2019) : entre 1996 et 2016, la prévalence de l’obésité chez l’adulte est passée de 24% à 37% aux États-Unis, de 24% à 36% en Arabie saoudite (PVD), de 3% à 7% en Indonésie (NPIA, « DRAGON ASIATIQUE »)


  • Consommation importante et régulière de produits à faible valeur nutritionnelle RESULTAT d’une méconnaissance/ une indifférence des recommandations en matière de nutrition MAIS EGALEMENT d’une incapacité financière à se procurer des produits sains et « équilibrés ».
  • Jeffrey Sobal : « L’obésité est construite socialement dans la mesure où c’est parmi les catégories les plus populaires où les régimes hypercaloriques et à base de produits industriels sont les plus présents, et en conséquence où il y a plus d’obèses »


  • L’obésité coûte cher.
  • Georges Vigarello : dépense sanitaire x2 pour une personne obèse par rapport à une personne normale (2 500 euros contre 1 263 euros) représentant 7% des coûts globaux de santé aux États-Unis et 3,5% en Europe
  1. Le modèle agroalimentaire industriel présente des limites sanitaires et écologiques


  • Mondialisation commerciale (transport alimentaire) = cause d’une pollution importante. Part des émissions liées au commerce international provenant du transport = 33%. DE PLUS OCDE (2015) : émissions dues au transport augmenteront de 240% d’ici à 2050
  • EF excès globalisation des circuits de distribution = « KILOMETRES ALIMENTAIRES » : produits banals parcourent en moyenne 8 000 km avant d’arriver dans nos assiettes


  • Bruno Parmentier : « L’homme doit maintenant apprendre à produire à la fois plus et mieux, mais avec moins : moins d’eau, moins de sol, moins d’énergie. »



  • Crises alimentaires se sont multipliées depuis années 1980. POUR CAUSE : production alimentaire industrielle (élevage en batterie, torture animale, produits de mauvaise qualité pour réduire les coûts). Exemples :
  • 1981 : huile frelatée
  • 1986 : encéphalopathie spongiforme bovine (ESB)
  • 1999 : poulet à la dioxine
  • 2003 : grippe aviaire
  • 2009 : pandémie de grippe A (H1N1)
  • 2011 : épidémie de la bactérie E.coli
  • 2013 : scandale Spanghero sur la viande de cheval
  • 2022 : salmonelle dans les Kinder


  • Risque des plantes aux prises (parasites, maladies) : crises touchant les végétaux (ex des graines germées mortelles en Allemagne ou des algues mortelles en Bretagne).
  • 2003 : congrès international ONE HEALTH pour la santé humaine et animale. EF travaux scientifiques ont montré l’importance des déterminants environnementaux sur les pathologies chroniques (cancer, diabète, maladies cardiovasculaires)


  • ENFIN crises alimentaires = peurs réelles.
  • EF manque de traçabilité, peur des OGM + des conséquences des fast food/ produits industriels sur la santé




  1. Changer de modèle : une tâche difficile


Des pistes pour changer les pratiques alimentaires et construire un modèle plus sain


  • Prévenir plutôt que guérir.
  • 2002 : ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE recommande de limiter l’apport énergétique en graisses saturées et en acides gras, de consommer davantage de fruits et légumes et de veiller à consommer du sel iodé
  • Hippocrate : « Des aliments tu feras ta médecine. »
  • Michelle Obama : « Let’s move ! »
  • D’autres discours : « 5 fruits et légumes par jour », « Manger, bouger », « esprit sain dans un corps sain » (EF prévention de l’obésité passe aussi par une activité physique régulière qui permet de compenser les apports caloriques)



  • NEANMOINS certains sports (de combat) = athlètes s’entraînant énormément se permettent de manger des fast-food la plupart du temps sans altérer leurs performances ou même leurs poids (affecte toutefois la longévité et les risques de maladies).


  • Le changement des pratiques alimentaires.
  • Donner un mauvais vin à œnologue = insupportable (DONC goût est construit et le palais s’éduque à mesure de l’expérience)
  • Raffinement du palais = amélioration de la qualité des repas servis en cantine scolaire. Faire des repas de qualité une nouvelle norme peut avoir du sens


  • Pratiques alimentaires évoluent également :
  • Végétariens (dénoncent l’élevage industriel et la torture animale), végans, localisme, bio (offre croissante de magasins comme NATURALIA, BIO-COOP)


  • DE PLUS promotion de nouveaux régimes alimentaires : régime PALEO (manger uniquement de la viande), CRUDIVORES (ne manger que du cru), régime KETP (manger uniquement des lipides comme le poisson, le fromage, les oeufs, etc)



  • Encadrer les pratiques des firmes agro-alimentaires.
  • CODEX ALIMENTARIUS : normes à appliquer par les industriels des aliments pour nourrissons (encore fragiles : scandale Nestlé en 2024 sur le lait pour nourrissons dans les PVD)


  • Fiscalité (disposée par les États) : taxes sur les aliments et boissons à teneur élevées en graisses, sucres et sel au Danemark, en Finlande, en France et en Hongrie (taxe de 10% sur les sodas = réduction de 10% de la consommation)


  • Union européenne : arsenal de règles pour éviter la promotion d’aliments dommageables pour la santé
  • Exemple des procès gagnés contre le géant industriel MONSANTO



  • Les firmes engagent une transition vers un modèle plus vert.
  • WUNDERMAN THOMSON (agence de marketing américaine) dans un rapport au The New Sustainability (2018) : appelle ses clients à valoriser davantage une transition vers un modèle plus vert


  • 2014 : INTERMARCHÉ lance une campagne de communication sur « les fruits et légumes moches »


  • MAIS difficile de distinguer changement réel de pratique et simple GREENWASHING de la communication (exemple de Coca qui fait passer ses produits prétendument sans sucre comme diététiques)


  • Information et labels en + des campagnes de promotion.
  • Sigles pour signaler la qualité des produits, leur origine ou encore la valeur diététique (NUTRISCORES, AOP, LABEL ROUGE)
  • 2020 : UE compte plus de 3 700 produits alimentaires dotés d’un des trois sigles qualitatifs


  • CEPENDANT il faut se méfier du raffinement à l’extrême de l’alimentation.
  • Réseaux sociaux transforment le rapport aux repas (on veut prendre en photo ce que l’on mange pour le publier)
  • EF volonté des restaurants de créer des repas « ESTHÉTISÉS » pour gagner en popularité
  • Nassim Taleb (Skin in the game, 2018) : art culinaire a tendance à dévier sur de la cuisine pour impressionner plus que pour innover en matière de goûts pour nourrir


  • DE PLUS Olivier de Schutter rappelle le prix exorbitant payé par le monde des « graves dysfonctionnements des systèmes alimentaires ».
  • Populations des pays riches « paient 3x plus pour un système qui les rend en mauvaise santé » (dénonce subventions agricoles faibles et commercialisation de produits douteux)


  • Le secteur privé « ne doit pas imposer des interventions nutritionnelles quand les systèmes locaux offrent des régimes alimentaires durables »




Une industrie puissante et difficile à transformer


  • Profits faits par les firmes dans le modèle alimentaire actuel le rend très difficile à changer.
  • France, 2013 : création de la TAXE SODA pour lutter contre la consommation de boissons sucrées MAIS résultat : décision des fabricants de commercialiser au même prix des bouteilles plus petites


  • Nutriscore objet d’une forte opposition des fabricants industriels.
  • Italie : AUTORITE DE LA CONCURRENCE a interdit l’utilisation du nutriscore ET oblige les grands détaillants à retirer cet étiquetage des produits qu’ils vendent
  • EF considère que la classification est arbitraire et biaise le choix des consommateurs (car ne tient pas compte du profil nutritionnel du consommateur). « Sans législation européenne, aucun mode d’étiquetage ne peut être préféré à un autre. »


  • MAIS reflète le primat des décisions économiques sur les décisions de santé publique (concurrence utilisée comme un argument sur l’enjeu de santé publique)


  • DONC opposition au nutriscore s’explique car le marché de l’obésité se porte très bien et représente des milliards d’euros de profit (EF industrie pharmaceutique bénéficie fortement de l’obésité avec les PILULES MINCEUR et cures)