I. Définition et enjeux
- Épistémologie (du grec epistêmê = connaissance vraie, logos = discours)
- → Étude de la construction de la géographie comme discipline scientifique.
- Question centrale : discipline unifiée ou ensemble de démarches différentes ?
- Enjeu : rôle de la dimension spatiale dans les problèmes humains (surpopulation, inégalités N/S, régionalismes, conflits).
- Rôle du géographe : produire des connaissances utiles pour expliquer et analyser les comportements humains dans l’espace.
II. Le questionnement fondamental
- Trois questions majeures :
- Qui ? (sociétés, groupes sociaux, valeurs, fonctionnement)
- Quoi ? (productions, activités, échanges, techniques)
- Où ? (localisation des phénomènes)
- Compléments : Pourquoi ? Comment ? Jusqu’où ?
- Concept clé : territoire = espace marqué par des pratiques et vécus humains.
- Territorialité = ensemble des relations permettant aux groupes de faire valoir leurs intérêts dans l’espace.
III. La géographie classique
- Exploration et description
- Approche empirique (Antiquité → XVIIIe) : explorations, cartographie, cosmographie, géométrie.
- Vidal de la Blache (1843-1918) : géographie comme science des lieux.
- Méthode inductive (observer → décrire → expliquer).
- Courants explicatifs
- Déterminisme (Karl Ritter) : le milieu naturel (sols, climat, végétation) conditionne les implantations humaines.
- Environnementalisme (F. Ratzel) : l’homme est produit du milieu.
- Possibilisme (Vidal de la Blache) : « La nature propose, l’homme dispose ». → L’homme choisit parmi des possibilités offertes par le milieu.
- Géographie régionale
- Analyse détaillée des paysages et pratiques locales (monographies régionales).
- Mais critique : trop descriptive, trop liée aux sciences naturelles.
IV. La géographie néo-positiviste
- Naissance (années 1930, USA/Allemagne) : réaction contre l’excès de description.
- Objectif : donner un caractère scientifique et théorique à la géographie.
- Méthode déductive :
- Formuler une problématique.
- Émettre des hypothèses.
- Confronter avec la réalité.
- Valider ou rejeter.
- Recherche de lois générales (nomothétique) :
- Ex. Christaller (1933) : théorie des lieux centraux (répartition spatiale des services).
- Révolution quantitative (1950) : statistiques, modélisations, mathématiques.
- Critiques : trop abstraite, simplificatrice, perte de l’identité de la géographie.
V. La géographie radicale et comportementale
- Contexte (années 1970)
- Réaction aux limites du néo-positivisme.
- Influence du marxisme et des sciences sociales.
- Géographie radicale (marxiste)
- Analyse des rapports sociaux et des conflits.
- Concepts : consommation, production, classes sociales, appropriation de l’espace.
- Yves Lacoste (1976) : « La géographie, ça sert d’abord à faire la guerre ».
- Géographie comportementale
- Analyse des représentations sociales et individuelles (influence de Durkheim, Piaget).
- Les pratiques spatiales sont liées aux perceptions et à l’imaginaire.
VI. Géographies sociales et culturelles
- Géographie sociale (Di Méo, Buléon) : étudier la dimension spatiale des rapports sociaux.
- Géographie culturelle :
- Début XXe : objets matériels (outils, animaux, plantes domestiquées).
- Tournant 1980-90 : représentations, imaginaires, symboles → analyse du « lieu » dans sa complexité.
- Notion de glocalisation (Swyngedouw, 1997) : articulation entre local et global.
VII. Conclusion
- La géographie est passée de :
- Descriptive et empirique (classique) →
- Scientifique et théorique (néo-positiviste) →
- Sociale et critique (radicale, comportementale, sociale, culturelle).
- Aujourd’hui : discipline plurielle, intégrée aux sciences sociales, attentive aux rapports de pouvoir, aux représentations et aux dynamiques locales/globales.
📚 Auteurs clés à retenir :
- Ritter & Ratzel (déterminisme, environnementalisme)
- Vidal de la Blache (possibilisme, géographie régionale)
- Christaller (théorie des lieux centraux)
- Yves Lacoste (géographie radicale)
- Guy Di Méo, Pascal Buléon (géographie sociale)
- Swyngedouw (glocalisation)