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Droit civil des biens

📚 Introduction

Qu’est-ce que le droit des biens ?

Le droit des biens appartient au droit civil, branche du droit privé.

Il concerne :

  • la détermination des biens,
  • leur classification,
  • leur régime juridique.


SECTION 1 : L’importance du droit des biens

Le droit des biens occupe une place essentielle en droit privé.

  • Il constitue l’un des « murs porteurs » du droit.
  • Le Code civil en témoigne en consacrant au droit des biens deux livres :
  • le Livre II,
  • le Livre III.

Pourquoi le droit des biens est-il important ?

  • Parce que toute personne a besoin de biens pour satisfaire ses besoins fondamentaux : se nourrir, se loger, se vêtir.
  • Les biens sont au cœur de nombreuses opérations juridiques : vente, location, prêt, etc.
  • Le droit reflète cette réalité : il part des besoins concrets et y apporte une réponse juridique.


Section 2 : La notion de bien

I. Sens du terme « bien »

Sens moral : le contraire du mal → sans intérêt pour le juriste.

Sens juridique :

  • Les choses appropriées par l’homme :
  • Une chose devient un bien par l’appropriation (ex. : l’air n’est pas un bien car il n’appartient à personne).
  • Le propriétaire peut aussi transformer un bien en simple chose en abandonnant son droit de propriété (ex. : mitoyenneté).
  • Les droits ayant une valeur économique :
  • Droits réels : portent sur une chose.
  • Droits personnels (ou droits de créance) : portent sur une créance entre deux personnes.


II. Les catégories de biens

  • Biens corporels (ou matériels) : perceptibles par les sens (ex. : sol, terrain, constructions, meubles, véhicules).
  • Biens incorporels (ou immatériels) : relèvent d’activités intellectuelles, souvent de grande valeur économique (ex. : valeurs mobilières).

👉 Aujourd’hui, il n’existe pas un droit unique des biens mais des droits des biens.

Cependant, on étudie surtout le droit commun des biens.

Définition

Biens corporels
un bien corporel est un bien qui a une réalité physique et tangible.
Biens incorporels
un bien incorporel est un droit ou un élément immatériel qui peut faire partie du patrimoine.

III. Distinction entre droit réel et droit personnel

Définition

Droit personnel
c’est le droit qu’a une personne, appelée créancier, d’exiger d’une autre personne, appelée débiteur, l’exécution d’une obligation (de donner, de faire ou de ne pas faire).
Droit réel
c’est le droit qu’a une personne d’exercer directement une maîtrise sur une chose.

1. Le droit personnel (droit de créance)

  • Instaure un lien entre deux personnes : créancier / débiteur.
  • Obligations possibles : donner, faire ou ne pas faire.
  • Caractéristiques :
  • Relatif : ne produit d’effet qu’entre les parties.
  • Renonciation impossible sans l’accord du débiteur.
  • En cas de concours entre créanciers → égalité entre eux.


2. Le droit réel

  • Instaure un lien entre une personne et une chose.
  • Caractéristiques :
  • Absolu : opposable à tous.
  • Peut être abandonné unilatéralement.
  • Confère :
  • un droit de suite : récupérer la chose, même entre les mains d’un tiers,
  • un droit de préférence : priorité sur les autres créanciers lors d’une saisie.


IV. Remises en cause et réforme

XIXe – XXe siècles : doctrines de Planiol et Ginossar, qui nuancent la distinction entre droit réel et droit personnel.

Avant-projet de réforme du droit des biens (2008) :

  • Propose une définition moderne de la chose :
« Les choses corporelles ou incorporelles faisant l’objet d’une appropriation, ainsi que les droits réels et personnels. »


SECTION 3 : La délimitation du droit des biens

I. Champ d’application du droit des biens

  • En théorie, le droit des biens pourrait être assimilé au droit du patrimoine.
  • En pratique, son domaine est plus limité :
  • Les droits personnels sont étudiés dans le droit des obligations.
  • Les droits réels accessoires relèvent du droit des sûretés.
  • Les droits de propriété intellectuelle sont exclus (programme spécifique).


II. Les droits de propriété intellectuelle (exclus du cours)

  • Ils portent sur des créations de l’esprit :
  • Propriété littéraire et artistique → droit d’auteur.
  • Propriété industrielle → dessins, modèles, brevets.


III. Les catégories de droits réels

  • Droits réels principaux :
  • Droit de propriété.
  • Démembrements du droit de propriété.
  • → dits « principaux » car ils ont une existence autonome.
  • Droits réels accessoires :
  • Sûretés réelles (ex. hypothèque, gage).
  • → n’ont pas d’existence autonome : liés à une créance principale.


IV. Limites de l’étude

  • Le droit des biens se limite aux droits réels principaux.
  • Nous nous concentrons sur le droit civil des biens, mais :
  • La frontière avec le droit administratif est perméable.
  • Le droit public des biens a des incidences sur le droit civil.


SECTION 4 : Les biens et le patrimoine

I. La notion de patrimoine


1. Conception classique (Aubry et Rau)

  • Le patrimoine est une universalité juridique composée de :
  • Actif : biens présents et futurs.
  • Passif : dettes.
  • Principe : l’actif répond du passif (article 2284 C. civ.).
  • Caractéristiques :
  • Le patrimoine est une entité abstraite indépendante des biens qui le composent.
  • Il est indivisible et unique.


2. Universalité de droit vs universalité de fait

  • Universalité de droit (patrimoine) : ensemble comprenant biens + créances + dettes.
  • Universalité de fait : ensemble constitué uniquement de biens corporels (ex. : fonds de commerce).


3. Conséquences de la théorie classique

  • Tout individu a un patrimoine, même s’il est vide ou négatif (nouveau-né, personne endettée).
  • Un seul patrimoine par personne :
  • Il est incessible en lui-même, mais transmissible à cause de mort (actif + passif).
  • Tout patrimoine appartient à une personne : physique ou morale.


II. Critiques de la conception classique

  • Unicité du patrimoine = confusion entre biens personnels et biens professionnels.
  • Difficulté de distinguer les affectations (vie personnelle / vie professionnelle).


III. La théorie du patrimoine d’affectation


1. Principes

  • Une personne peut avoir plusieurs patrimoines :
  • un patrimoine personnel,
  • un ou plusieurs patrimoines affectés à des buts particuliers.
  • Conception dite objective : repose sur les biens affectés, et non sur la personne.


2. Droit comparé

  • Reconnu en Allemagne et en Common Law.
  • En France : progressive évolution vers cette conception.


3. Exemples en droit français

  • Loi de 2007 sur la fiducie :
  • Transfert de biens/droits/sûretés à un fiduciaire.
  • Création d’un patrimoine séparé, distinct de celui du constituant et du fiduciaire.
  • Ce patrimoine autonome ne répond que des dettes liées à sa gestion.


IV. Réforme et perspectives

  • L’avant-projet de réforme du droit des biens (2008) a repris la conception classique du patrimoine.
  • Certains auteurs décrivent le patrimoine comme « l’émanation économique de la personnalité juridique ».


SECTION 5 : L’animal, les meubles et les immeubles, et les distinctions secondaires

Introduction

  • Jean Carbonnier : « les choses constituent un monde bariolé ».
  • Besoin de classifications pour organiser le droit des biens.
  • Le droit retient 8 distinctions principales, d’importance inégale (souvent historiques).
  • Classification centrale : biens meubles / biens immeubles (summa divisio).
  • Depuis loi 2015, l’animal est mis à part.


§1 – L’animal


1. Avant la loi du 16 février 2015

  • L’animal = chose → bien approprié.


2. Depuis la loi de 2015 – article 515-14 C. civ.

  • Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité.
  • Nouvelle catégorie : « êtres vivants et sensibles » (commune avec les humains, mais statut différent).
  • Régime : soumis au droit des biens + lois spéciales de protection.
  • Protégés : animaux domestiques + animaux sauvages en captivité.
  • Exclus : animaux sauvages en liberté.


3. Ambiguïtés et débats

  • Catégorie hybride : ni « chose », ni « personne », mais régime juridique des biens.
  • Application : selon les cas → règles des meubles corporels ou des immeubles par destination.
  • Certains auteurs proposent une catégorie autonome, mais sans effet sur le régime.


4. Portée juridique de la loi

  • Pour certains : réforme symbolique, sous pression des lobbies agricoles.
  • Pour d’autres (ex. Marc Denaux) : tournant juridique, menace potentielle sur certaines pratiques (élevage intensif, chasse…).
  • L’évolution dépendra de la jurisprudence : interprétation de l’article 515-14.


§2 – La distinction meubles / immeubles


1. Base légale et logique

  • Article 516 C. civ. : tous les biens sont meubles ou immeubles.
  • Distinction ancienne :
  • Justification historique → valeur économique de la terre (héritage, mariage).
  • Adage : res mobilis res vilis.
  • Aujourd’hui : distinction critiquée → certains préfèrent corporels / incorporels.
  • Mais distinction reste essentielle (valeur, régime juridique, publicité, fiscalité…).


2. Conséquences juridiques

  • Compétence juridictionnelle :
  • Actions immobilières → tribunal du lieu de l’immeuble.
  • Actions mobilières → domicile du défendeur.
  • Droit international privé : immeubles soumis à la loi française, même étrangers.
  • Rescision pour lésion :
  • Possible pour les immeubles (lésion > 7/12e).
  • En principe impossible pour les meubles.
  • Publicité légale :
  • Immeubles → publication obligatoire (décret 1955).
  • Meubles → pas de publicité sauf exceptions (aéronefs, navires…).
  • Saisies : saisie immobilière + protectrice que mobilière (logement familial).
  • Possession :
  • Immeubles → acquisition par possession durable.
  • Meubles → acquisition immédiate (en fait de meubles, possession vaut titre).
  • Fiscalité : droits de mutation plus lourds pour les immeubles.


I) Les immeubles (art. 517 C. civ.)


1. Immeubles par nature

  • Définition : biens immobiles → sol + tout ce qui y adhère.
  • Inclut :
  • Le sol (surface, sous-sol, volume aérien).
  • Bâtiments fixés au sol.
  • Accessoires incorporés (canalisations, moulins, etc.).
  • Végétaux enracinés (meubles une fois coupés, art. 520-521).
  • Limite : définition étroite (ignore copropriété, volumes).


2. Immeubles par destination (fiction juridique)

  • Définition : meubles considérés comme immeubles car affectés à un immeuble par nature.
  • Conditions :
  • Même propriétaire.
  • Volonté de créer un lien de destination (preuve objective).
  • Modalités :
  • Affectation (service de l’exploitation du fonds, art. 524).
  • Attache à perpétuelle demeure (fixation matérielle durable, art. 525).
  • Distinction avec immeuble par nature :
  • Incorporation → perte d’autonomie (devient immeuble par nature).
  • Destination → conserve son individualité.


3. Immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent (art. 526 C. civ.)

  • Droits portant sur un immeuble (sauf propriété) :
  • Usufruit, servitudes, emphytéose, superficie.
  • Hypothèque, créances immobilières, actions immobilières.


II) Les meubles

1. Meubles par nature (art. 528)

  • Biens transportables d’un lieu à l’autre.
  • Exemples : véhicules, meubles meublants, électricité.
  • ⚠️ Pas les animaux (depuis 2015).

2. Meubles par anticipation

  • Immeubles destinés à devenir meubles prochainement.
  • Origine jurisprudentielle.
  • Exemple : arbres vendus pour être coupés.
  • Intérêt : fiscalité, transmission.

3. Meubles par détermination de la loi (art. 529)

  • Catégorie de meubles incorporels.
  • Inclut : droits réels mobiliers, actions réelles mobilières, créances, parts sociales (même SCI).
  • Fiscalité : parfois traités comme immeubles (ex. parts SCI).
  • Aussi : droits intellectuels.


III) Les distinctions secondaires

a. Consomptibles / non consomptibles

  • Consomptibles : détruits par 1er usage (argent, aliments).
  • Non consomptibles : subsistent (terrain, maison).
  • Intérêt : restitution, usufruit, prêt.

b. Biens de consommation

  • Dépérissent rapidement sans être détruits par 1er usage (ex. imprimante).

c. Fongibles / non fongibles

  • Fongibles (choses de genre) : interchangeables (blé, vin).
  • Non fongibles (corps certains) : individualisés.
  • Intérêt : transfert de propriété, risques, restitution.

d. Appropriées / non appropriées

  • Ex. : air, mer → hors appropriation.

e. Dans le commerce / hors commerce

  • Hors commerce : pas de convention possible (ex. corps humain).

f. Biens publics / privés

g.Corporels / incorporels



Droit civil des biens

📚 Introduction

Qu’est-ce que le droit des biens ?

Le droit des biens appartient au droit civil, branche du droit privé.

Il concerne :

  • la détermination des biens,
  • leur classification,
  • leur régime juridique.


SECTION 1 : L’importance du droit des biens

Le droit des biens occupe une place essentielle en droit privé.

  • Il constitue l’un des « murs porteurs » du droit.
  • Le Code civil en témoigne en consacrant au droit des biens deux livres :
  • le Livre II,
  • le Livre III.

Pourquoi le droit des biens est-il important ?

  • Parce que toute personne a besoin de biens pour satisfaire ses besoins fondamentaux : se nourrir, se loger, se vêtir.
  • Les biens sont au cœur de nombreuses opérations juridiques : vente, location, prêt, etc.
  • Le droit reflète cette réalité : il part des besoins concrets et y apporte une réponse juridique.


Section 2 : La notion de bien

I. Sens du terme « bien »

Sens moral : le contraire du mal → sans intérêt pour le juriste.

Sens juridique :

  • Les choses appropriées par l’homme :
  • Une chose devient un bien par l’appropriation (ex. : l’air n’est pas un bien car il n’appartient à personne).
  • Le propriétaire peut aussi transformer un bien en simple chose en abandonnant son droit de propriété (ex. : mitoyenneté).
  • Les droits ayant une valeur économique :
  • Droits réels : portent sur une chose.
  • Droits personnels (ou droits de créance) : portent sur une créance entre deux personnes.


II. Les catégories de biens

  • Biens corporels (ou matériels) : perceptibles par les sens (ex. : sol, terrain, constructions, meubles, véhicules).
  • Biens incorporels (ou immatériels) : relèvent d’activités intellectuelles, souvent de grande valeur économique (ex. : valeurs mobilières).

👉 Aujourd’hui, il n’existe pas un droit unique des biens mais des droits des biens.

Cependant, on étudie surtout le droit commun des biens.

Définition

Biens corporels
un bien corporel est un bien qui a une réalité physique et tangible.
Biens incorporels
un bien incorporel est un droit ou un élément immatériel qui peut faire partie du patrimoine.

III. Distinction entre droit réel et droit personnel

Définition

Droit personnel
c’est le droit qu’a une personne, appelée créancier, d’exiger d’une autre personne, appelée débiteur, l’exécution d’une obligation (de donner, de faire ou de ne pas faire).
Droit réel
c’est le droit qu’a une personne d’exercer directement une maîtrise sur une chose.

1. Le droit personnel (droit de créance)

  • Instaure un lien entre deux personnes : créancier / débiteur.
  • Obligations possibles : donner, faire ou ne pas faire.
  • Caractéristiques :
  • Relatif : ne produit d’effet qu’entre les parties.
  • Renonciation impossible sans l’accord du débiteur.
  • En cas de concours entre créanciers → égalité entre eux.


2. Le droit réel

  • Instaure un lien entre une personne et une chose.
  • Caractéristiques :
  • Absolu : opposable à tous.
  • Peut être abandonné unilatéralement.
  • Confère :
  • un droit de suite : récupérer la chose, même entre les mains d’un tiers,
  • un droit de préférence : priorité sur les autres créanciers lors d’une saisie.


IV. Remises en cause et réforme

XIXe – XXe siècles : doctrines de Planiol et Ginossar, qui nuancent la distinction entre droit réel et droit personnel.

Avant-projet de réforme du droit des biens (2008) :

  • Propose une définition moderne de la chose :
« Les choses corporelles ou incorporelles faisant l’objet d’une appropriation, ainsi que les droits réels et personnels. »


SECTION 3 : La délimitation du droit des biens

I. Champ d’application du droit des biens

  • En théorie, le droit des biens pourrait être assimilé au droit du patrimoine.
  • En pratique, son domaine est plus limité :
  • Les droits personnels sont étudiés dans le droit des obligations.
  • Les droits réels accessoires relèvent du droit des sûretés.
  • Les droits de propriété intellectuelle sont exclus (programme spécifique).


II. Les droits de propriété intellectuelle (exclus du cours)

  • Ils portent sur des créations de l’esprit :
  • Propriété littéraire et artistique → droit d’auteur.
  • Propriété industrielle → dessins, modèles, brevets.


III. Les catégories de droits réels

  • Droits réels principaux :
  • Droit de propriété.
  • Démembrements du droit de propriété.
  • → dits « principaux » car ils ont une existence autonome.
  • Droits réels accessoires :
  • Sûretés réelles (ex. hypothèque, gage).
  • → n’ont pas d’existence autonome : liés à une créance principale.


IV. Limites de l’étude

  • Le droit des biens se limite aux droits réels principaux.
  • Nous nous concentrons sur le droit civil des biens, mais :
  • La frontière avec le droit administratif est perméable.
  • Le droit public des biens a des incidences sur le droit civil.


SECTION 4 : Les biens et le patrimoine

I. La notion de patrimoine


1. Conception classique (Aubry et Rau)

  • Le patrimoine est une universalité juridique composée de :
  • Actif : biens présents et futurs.
  • Passif : dettes.
  • Principe : l’actif répond du passif (article 2284 C. civ.).
  • Caractéristiques :
  • Le patrimoine est une entité abstraite indépendante des biens qui le composent.
  • Il est indivisible et unique.


2. Universalité de droit vs universalité de fait

  • Universalité de droit (patrimoine) : ensemble comprenant biens + créances + dettes.
  • Universalité de fait : ensemble constitué uniquement de biens corporels (ex. : fonds de commerce).


3. Conséquences de la théorie classique

  • Tout individu a un patrimoine, même s’il est vide ou négatif (nouveau-né, personne endettée).
  • Un seul patrimoine par personne :
  • Il est incessible en lui-même, mais transmissible à cause de mort (actif + passif).
  • Tout patrimoine appartient à une personne : physique ou morale.


II. Critiques de la conception classique

  • Unicité du patrimoine = confusion entre biens personnels et biens professionnels.
  • Difficulté de distinguer les affectations (vie personnelle / vie professionnelle).


III. La théorie du patrimoine d’affectation


1. Principes

  • Une personne peut avoir plusieurs patrimoines :
  • un patrimoine personnel,
  • un ou plusieurs patrimoines affectés à des buts particuliers.
  • Conception dite objective : repose sur les biens affectés, et non sur la personne.


2. Droit comparé

  • Reconnu en Allemagne et en Common Law.
  • En France : progressive évolution vers cette conception.


3. Exemples en droit français

  • Loi de 2007 sur la fiducie :
  • Transfert de biens/droits/sûretés à un fiduciaire.
  • Création d’un patrimoine séparé, distinct de celui du constituant et du fiduciaire.
  • Ce patrimoine autonome ne répond que des dettes liées à sa gestion.


IV. Réforme et perspectives

  • L’avant-projet de réforme du droit des biens (2008) a repris la conception classique du patrimoine.
  • Certains auteurs décrivent le patrimoine comme « l’émanation économique de la personnalité juridique ».


SECTION 5 : L’animal, les meubles et les immeubles, et les distinctions secondaires

Introduction

  • Jean Carbonnier : « les choses constituent un monde bariolé ».
  • Besoin de classifications pour organiser le droit des biens.
  • Le droit retient 8 distinctions principales, d’importance inégale (souvent historiques).
  • Classification centrale : biens meubles / biens immeubles (summa divisio).
  • Depuis loi 2015, l’animal est mis à part.


§1 – L’animal


1. Avant la loi du 16 février 2015

  • L’animal = chose → bien approprié.


2. Depuis la loi de 2015 – article 515-14 C. civ.

  • Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité.
  • Nouvelle catégorie : « êtres vivants et sensibles » (commune avec les humains, mais statut différent).
  • Régime : soumis au droit des biens + lois spéciales de protection.
  • Protégés : animaux domestiques + animaux sauvages en captivité.
  • Exclus : animaux sauvages en liberté.


3. Ambiguïtés et débats

  • Catégorie hybride : ni « chose », ni « personne », mais régime juridique des biens.
  • Application : selon les cas → règles des meubles corporels ou des immeubles par destination.
  • Certains auteurs proposent une catégorie autonome, mais sans effet sur le régime.


4. Portée juridique de la loi

  • Pour certains : réforme symbolique, sous pression des lobbies agricoles.
  • Pour d’autres (ex. Marc Denaux) : tournant juridique, menace potentielle sur certaines pratiques (élevage intensif, chasse…).
  • L’évolution dépendra de la jurisprudence : interprétation de l’article 515-14.


§2 – La distinction meubles / immeubles


1. Base légale et logique

  • Article 516 C. civ. : tous les biens sont meubles ou immeubles.
  • Distinction ancienne :
  • Justification historique → valeur économique de la terre (héritage, mariage).
  • Adage : res mobilis res vilis.
  • Aujourd’hui : distinction critiquée → certains préfèrent corporels / incorporels.
  • Mais distinction reste essentielle (valeur, régime juridique, publicité, fiscalité…).


2. Conséquences juridiques

  • Compétence juridictionnelle :
  • Actions immobilières → tribunal du lieu de l’immeuble.
  • Actions mobilières → domicile du défendeur.
  • Droit international privé : immeubles soumis à la loi française, même étrangers.
  • Rescision pour lésion :
  • Possible pour les immeubles (lésion > 7/12e).
  • En principe impossible pour les meubles.
  • Publicité légale :
  • Immeubles → publication obligatoire (décret 1955).
  • Meubles → pas de publicité sauf exceptions (aéronefs, navires…).
  • Saisies : saisie immobilière + protectrice que mobilière (logement familial).
  • Possession :
  • Immeubles → acquisition par possession durable.
  • Meubles → acquisition immédiate (en fait de meubles, possession vaut titre).
  • Fiscalité : droits de mutation plus lourds pour les immeubles.


I) Les immeubles (art. 517 C. civ.)


1. Immeubles par nature

  • Définition : biens immobiles → sol + tout ce qui y adhère.
  • Inclut :
  • Le sol (surface, sous-sol, volume aérien).
  • Bâtiments fixés au sol.
  • Accessoires incorporés (canalisations, moulins, etc.).
  • Végétaux enracinés (meubles une fois coupés, art. 520-521).
  • Limite : définition étroite (ignore copropriété, volumes).


2. Immeubles par destination (fiction juridique)

  • Définition : meubles considérés comme immeubles car affectés à un immeuble par nature.
  • Conditions :
  • Même propriétaire.
  • Volonté de créer un lien de destination (preuve objective).
  • Modalités :
  • Affectation (service de l’exploitation du fonds, art. 524).
  • Attache à perpétuelle demeure (fixation matérielle durable, art. 525).
  • Distinction avec immeuble par nature :
  • Incorporation → perte d’autonomie (devient immeuble par nature).
  • Destination → conserve son individualité.


3. Immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent (art. 526 C. civ.)

  • Droits portant sur un immeuble (sauf propriété) :
  • Usufruit, servitudes, emphytéose, superficie.
  • Hypothèque, créances immobilières, actions immobilières.


II) Les meubles

1. Meubles par nature (art. 528)

  • Biens transportables d’un lieu à l’autre.
  • Exemples : véhicules, meubles meublants, électricité.
  • ⚠️ Pas les animaux (depuis 2015).

2. Meubles par anticipation

  • Immeubles destinés à devenir meubles prochainement.
  • Origine jurisprudentielle.
  • Exemple : arbres vendus pour être coupés.
  • Intérêt : fiscalité, transmission.

3. Meubles par détermination de la loi (art. 529)

  • Catégorie de meubles incorporels.
  • Inclut : droits réels mobiliers, actions réelles mobilières, créances, parts sociales (même SCI).
  • Fiscalité : parfois traités comme immeubles (ex. parts SCI).
  • Aussi : droits intellectuels.


III) Les distinctions secondaires

a. Consomptibles / non consomptibles

  • Consomptibles : détruits par 1er usage (argent, aliments).
  • Non consomptibles : subsistent (terrain, maison).
  • Intérêt : restitution, usufruit, prêt.

b. Biens de consommation

  • Dépérissent rapidement sans être détruits par 1er usage (ex. imprimante).

c. Fongibles / non fongibles

  • Fongibles (choses de genre) : interchangeables (blé, vin).
  • Non fongibles (corps certains) : individualisés.
  • Intérêt : transfert de propriété, risques, restitution.

d. Appropriées / non appropriées

  • Ex. : air, mer → hors appropriation.

e. Dans le commerce / hors commerce

  • Hors commerce : pas de convention possible (ex. corps humain).

f. Biens publics / privés

g.Corporels / incorporels


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