Dans la réécriture de Joël Pommerat, le personnage de Cendrillon est rebaptisé Sandra, une jeune fille sensible qui lutte pour faire le deuil de sa mère récemment décédée. La belle-mère est représentée de manière plus humaine et complexe que dans le conte traditionnel, montrant des moments de tendresse bien qu'elle soit sévère et souvent injuste envers Sandra. Les demi-sœurs, Jocelyne et Frédérique, sont également des personnages nuancés qui oscillent entre méchanceté et empathie. Le Prince, quant à lui, est à la recherche de lui-même autant que d'une épouse, ce qui le rend plus vrai et moderne.

Joël Pommerat réinvente le conte de Cendrillon en lui conférant une dimension psychologique profonde. L'utilisation du prénom 'Sandra' à la place de 'Cendrillon' indique une volonté d'ancrer l'histoire dans une réalité plus tangible. La pièce explore des thèmes complexes tels que le deuil, la quête identitaire et les dynamiques familiales, ce qui la différencie des interprétations plus simples et féériques du conte populaire.

Les dialogues dans la pièce de Pommerat sont cruciaux pour dévoiler la psychologie des personnages. Chaque échange entre les personnages porte une charge émotionnelle et permet de révéler les motivations et les conflits intérieurs des protagonistes. Les non-dits et les sous-entendus sont aussi importants que les paroles prononcées, ajoutant à la complexité des relations entre les personnages.

À la fin de la pièce, Sandra parvient à s'affirmer et à accepter la perte de sa mère. Le Prince, de son côté, trouve dans Sandra non seulement une compagne mais aussi une personne qui le comprend et l'aide à surmonter ses propres incertitudes. La belle-mère et les demi-sœurs évoluent elles aussi, montrant des signes de réconciliations possibles. Ainsi, le dénouement, bien qu'éloigné de la fin traditionnelle où tout s'arrange magiquement, offre une ouverture vers de futures relations plus saines et apaisées entre les personnages.