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Axe 1 HGGSP

Axe 1 : Histoire et Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques (HGGSP)

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

  Axe 1 - Exploiter, préserver et protéger

Les sociétés peuvent bâtir trois types de relations avec leur environnement naturel :

- Une relation de préservation : il s’agit de mettre à l’abri la nature, considérée comme extérieure à l’humanité, des dégradations que provoquent les activités humaines. Cette logique est à

l’origine de la création des parcs naturels et inspire la conception de la Wilderness.

- Une relation de conservation : il s’agit d’une gestion raisonnée des ressources naturelles par des techniques adaptées afin d’éviter leur épuisement et ne pas compromettre la satisfaction par les générations futures de leurs besoins. Cette logique est au cœur du développement durable et

de l’activité des services forestiers (cf Jalon 1).

- Une relation d’exploitation : il s’agit de l’utilisation des ressources naturelles et du travail

d’autrui pour produire les biens matériels et les services considérés comme nécessaires aux besoins des sociétés.

La notion de métabolisme nature-société, emprunté aux sciences du vivant, permet de comprendre les enjeux de ces rapports entre nature et société. Cette notion désigne les échanges de matière et d’énergie entre les sociétés et l’environnement. Ces échanges sont la conséquence du travail humain qui transforme la nature dans le but créer les biens utiles à la satisfaction des besoins sociaux. Or si ces échanges socio-écologiques sont inégaux, cela peut dégrader l’environnement et fragiliser le fonctionnement des sociétés comme le montre l’exemple ci-dessous.

  

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

Problématique : Aussi convient-il d’analyser comment les sociétés ont-elles arbitré entre exploitation des « milieux » et nécessité de préserver la nature ou de conserver les ressources naturelles, de la révolution néolithique à nos jours ?

 I)

La transformation des « milieux » par les sociétés avant l’ère thermo-industrielle

A) Larévolutionnéolithique:unnouveaumétabolismenature-société(Jalon2)

a) La révolution néolithique, des chasseurs-cueilleurs aux éleveurs-agriculteurs : La révolution néolithique désigne la transformation des modes de subsistance et d’habitation des sociétés humaines entre 8000 et 3000 av. n.è. Alors que, durant la période paléolithique, les humains étaient nomades et vivaient des ressources qu’ils prélevaient directement dans la nature grâce à la chasse, la pêche et la cueillette, lors de la période du néolithique, ils deviennent sédentaires et tirent désormais leurs ressources de l’agriculture et de l’élevage.

Á cette fin, les humains transforment directement la nature, tout en apprenant progressivement à la contrôler : ils défrichent les forêts et les zones humides pour les convertir en parcelles agricoles ; ils sélectionnent certaines plantes (orge, riz, millet, blé...) pour leurs qualités nutritives et agronomiques et domestiquent certaines espèces animales (bœuf, porc, mouton...). La révolution néolithique apparaît dans des foyers multiples et concernent tous les continents (cf carte TD1).

Ce processus est rendu possible par de nouvelles organisations techniques et sociales : mise au point de nouveaux outils pour défricher (hache en pierre polie), produire (houe, faucille) et stocker (invention de la céramique), regroupement dans des villages, division et spécialisation du travail (apparition de l’artisanat pour fabriquer les céramiques, indispensable au stockage des grains, au côté des éleveurs/agriculteurs) ...

b) La révolution néolithique, un progrès ? : La sédentarisation, l’agriculture et l’élevage ne débouchent pas cependant sur une amélioration immédiate des conditions d’existence des humains par rapport au genre de vie des chasseurs-cueilleurs nomades, lorsqu’on analyse les données archéologiques. L’espérance de vie semble reculer à cause du développement des épidémies liées aux zoonoses : les maladies se transmettent du bétail aux humains et se propagent vite, du fait de la hausse des densités nés des regroupements en villages et villes. D’autre part, comme le travail agricole est plus pénible et intensif que celui de la chasse et de la cueillette et le régime alimentaire qui en résulte beaucoup moins varié et équilibré, les

  

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

humains développent des troubles de santé alors inconnus : caries, diminution de la taille moyenne, lésions articulaires...

Le succès de la révolution néolithique découle, en fait, de la sécurité relative qu’elle apporte en termes d’apports alimentaires et de l’accélération de la croissance démographique qu’elle permet. En effet, une agricultrice, grâce à la sédentarisation, peut avoir un nouveau-né tous les ans contre un tous les trois à quatre ans pour une chasseuse-cueilleuse. C’est ce qui explique le très fort accroissement démographique entre le paléolithique durant lequel la population humaine a stagné autour de 3 millions d’habitants et le néolithique durant lequel elle passe de 3 millions vers 10 000 av. n.è. à 25 millions en 2000 av. n.è.

Enfin l’extension de l’agriculture sous forme de céréaliculture est aussi la conséquence de l’affirmation des États. Car, à l’inverse d’autres plantes tels les tubercules ou les lentilles, les céréales murissent de façon simultanée et visible, sont stockables et conservables. Elles se prêtent donc aux prélèvements fiscaux par les États. La richesse et la puissance matérielle que procurent les territoires céréaliers expliquent ainsi le contrôle renforcé que les États exercent sur les populations auxquels ils imposent des formes de travail contraint et les guerres avec les autres États auxquels ils disputent leur possession comme en attestent le développement des fortifications et d’une industrie de la guerre (fabrication d’armes...).

c) La révolution néolithique, une révolution environnementale : L’extension des surfaces cultivées et des zones d’élevages, sous l’effet de la croissance démographique, entraîne la transformation irréversible des environnements qui permettaient le genre de vie de chasseurs/cueilleurs : recul des forêt, diminution des espèces sauvages tels les aurochs...Cette anthropisation des « milieux » se traduit, par exemple, sur les bords de Méditerranée par la substitution au paysage de forêt primaire de pins d’un paysage de garrigues. Ce dernier résulte des incendies humains pour convertir la forêt en prairie pour le pastoralisme et du pâturage par les moutons et les chèvres des jeunes pousses d’arbres qui empêchent la reconstitution des forêts.

Cette transformation des écosystèmes par l’action humaine ne va pas sans risques. En Mésopotamie, par exemple, l’excès de déforestation pour répondre à une demande croissante en bois de construction, de cuisson, de chauffage ou pour mettre en culture de nouvelles terres accélère l’érosion des sols et le transfert des sédiments (matière rocheuse et nutritive des sols) vers l’Euphrate et le Tigre. Cela provoque leur envasement et une intensification de la violence des crues qui fragilise les sociétés. De même, l’irrigation entraîne une salinisation des sols

 

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

avec comme conséquence une perte de fertilité et la nécessité de déboiser de nouvelles surfaces, au prix d’un accroissement de la vulnérabilité aux crues et à l’érosion.

La révolution néolithique ne concerne pas cependant toute l’humanité. Jusqu’à l’époque contemporaine, il subsiste en effet des populations de chasseurs-cueilleurs (aborigènes d’Australie, Inuits, sociétés amérindiennes). Ces dernières ont développé d’autres solidarités écologiques avec leur « milieu ». Ainsi les Amérindiens, en Amérique du Nord, faisaient-ils brûler des forêts, permettant ainsi leur reconstitution grâce à la fertilisation par les cendres, tout en offrant aux troupeaux de bisons qu’ils chassaient de vastes prairies.

B) « L’impérialisme écologique européen », à l’origine d’une transformation mondiale des métabolismes nature-société

a) L’inégalité de «l’échange colombien» comme l’un des facteurs de la domination européenne : « L’échange colombien » désigne les transferts de formes de vie non humaines qui résultent de la conquête et l’exploitation des « nouveaux mondes » par les puissances coloniales européennes à partir de 1492. Celui-ci a des conséquences importantes sur les métabolismes nature-société à l’échelle mondiale car il entraîne une transformation des écosystèmes par le système colonial au profit de l’Europe et au détriment des sociétés et des écologies des espaces colonisés.

Carte de « L’échange colombien (16e – 18e

siècle) », in Jean-François Mouhot, « Plantes et microbes, acteurs de l’histoire », Sciences Humaines, n° 242, nov. 2012, ici dans sa version corrigée publiée dans L. Testot, « La nouvelle histoire du Monde », Sciences Humaines Histoire, n° 3, déc. 2014/janv. 2015. © Légendes cartographie.

S’ajoutant aux effets d’une conquête brutale et du travail forcé, « le choc microbien » décime les populations amérindiennes car celles-ci sont exposées à des germes importés par les Européens auxquels, à la différence de ceux-ci, elles n’ont pas développé de résistance immunitaire. Dans ces territoires que la conquête a vidés, les puissances coloniales parviennent à acclimater les plantes et les animaux domestiqués dans les anciens mondes (blé, riz, orge, café, canne à sucre, cheval, porcs...). L’exploitation des terres substitue ainsi aux anciennes

   

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écologies précolombiennes de nouvelles écologies destinés à répondre aux besoins du système colonial et de l’Europe.

D’autre part, par le biais de la conquête, les puissances européennes s’approprient de nouvelles espèces domestiquées par les sociétés amérindiennes de plantes et d’animaux qu’elles peuvent transférer en Europe : dindes, pommes de terre, patate douce, tomates, courges... Les apports caloriques nouveaux que permet la domination coloniale sont l’un des moteurs de la croissance démographique et économique de l’Europe à compter du XVIe siècle.

b) Le pillage environnemental des mondes colonisés, extractivisme et plantationocène : Les puissances coloniales s’approprient les ressources naturelles des mondes colonisés qui sont nécessaires à leur développement. Cette appropriation passe par la destruction des anciens métabolismes nature – société qui permettaient aux sociétés locales ainsi qu’à des formes de vie non humaines de subsister et de croître. Elle s’effectue, selon deux modalités :

- Celle de l’extractivisme. Les anciennes solidarités écologiques entre nature et société sont détruites pour extraire des sous-sols des richesses minières comme l’argent dans la montagne de Potosi, le « cerro rico », dans l’actuelle Bolivie. Les colons espagnols contraignent au travail forcé (la « mita ») les Amérindiens qui meurent par milliers pour exploiter cette mine d’argent. L’extraction du précieux minerai se traduit par une pollution des eaux en raison des produits chimiques utilisés pour son lavage et une contamination des sols par des métaux lourds, qui les rend impropre aux cultures, tout en empoisonnant les formes de vie humaine et non humaine.

- Celle des plantations. La culture de la canne à sucre, plante hautement rentable car produit de luxe consommé en Europe, en fournit un exemple : les forêts sont défrichées, les cultures vivrières démantelées, près de 12 millions Africain·e·s noir·e·s déporté·e·s et esclavagisé·e·s, dans le but de faire fonctionner des plantations pour le profit des colons et des négociants européens. Ces plantations expérimentent de nouvelles formes d’exploitation intensive de la nature et du travail, caractéristiques du capitalisme industriel : concentration d’une main d’œuvre servile, division des tâches, machines industrielles... En résultent, sur le plan environnemental, une accélération de l’érosion ainsi qu’un épuisement des sols et, sur le plan socio-économique, une hypermortalité des esclavagisé·e·s (espérance de vie de 7 ans) allant de pair avec une dépendance aux centres coloniaux. En effet, les colonies dépendent, pour leurs revenus, de la vente du sucre sur les marchés européens et, pour leur subsistance, de l’importation de denrées alimentaires et de biens industriels d’Europe.

-

 

 II)

a)

- -

-

c)

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La permanence d’une relation de domination et d’exploitation écologique coloniale des anciennes périphéries colonisées par les anciens centres coloniaux : L’impérialisme européen s’est donc fondé sur une domination et une exploitation à outrance des « milieux » colonisés dont les centres coloniaux ont capté les bénéfices écologiques sous la forme de flux de matière et d’énergie sans subir le préjudice des dégradations environnementales qu’ils ont imposé à leurs périphéries colonisées.

Le scandale du chlordécone en Martinique et en Guadeloupe montre que, malgré la décolonisation, cette appropriation des écologies locales à leur profit et aux dépens des populations autochtones ainsi que des autres formes de vie non humaines ne s’est pas arrêté. Les riches propriétaires blancs de plantations de banane, destinées à alimenter les marchés européen et étatsunien, ont reçu l’autorisation de l’État d’utiliser un pesticide réputé toxique, le chlordécone, de 1972 à 1993, afin préserver la productivité des bananeraies et leur taux de profit.

Les conséquences ont été redoutables : empoisonnement des rivières et des cultures vivrières ainsi que de 90 % de la population martiniquaise. Rejoue ainsi la logique à l’œuvre de « l’impérialisme écologique » européen qui détruit les métabolismes nature-société liant les populations locales à des écosystèmes, au nom de la satisfaction des besoins et des intérêts du centre impérial.

La transformation des « milieux » par les sociétés à l’ère thermo-industrielle

A) La révolution industrielle, une rupture majeure du métabolisme nature – société (Jalon 2)

La révolution industrielle, le début d’une nouvelle ère des rapports nature - société : Pour répondre à la hausse de la demande en biens industriels, se met en place graduellement, à compter de 1780, en Europe de l’Ouest puis aux États-Unis, une production de masse qui repose sur :

La mécanisation du travail : les machines remplacent les outils manuels et décuplent la puissance de travail.

L’usage massif des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) : celles-ci se substituent aux énergies renouvelables (force humaine, animale, hydraulique et éolienne qui propulsaient les moulins)

Une nouvelle organisation du travail : l’usine remplace les ateliers des artisans et permet des gains de productivité grâce à la concentration de la main d’œuvre et à la division des tâches.

  

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L’industrialisation est, aux yeux des élites économiques et politiques, une stratégie qui permet d’alimenter une croissance économique de façon indéfinie et de réaliser des profits considérables. En effet, les énergies fossiles (charbon, pétrole) conjuguées aux innovations technologiques libèrent la production économique de contraintes naturelles qui l’entravaient : si la machine à vapeur et le charbon sont plus coûteux que les moulins à eau qui utilisent une énergie gratuite (l’eau), ils offrent une plus grande puissance, qui n’est jamais tributaire de la baisse de débit des cours d’eau (gel en hiver et étiage en été) ainsi que la possibilité d’installer les usines au plus près des villes où se concentrent une main d’œuvre nombreuse , gonflée par l’exode rural, que le patronat peut exploiter à bon prix.

Dans les campagnes, l’industrialisation semble, de la même façon, annuler les contraintes naturelles. Les engrais chimiques produits par la nouvelle industrie permettent de reconstituer la fertilité des sols épuisés par les cultures et d’augmenter la productivité agricole. Grâce à la hausse des rendements agricoles, les campagnes peuvent ainsi nourrir des populations urbaines et industrielles toujours plus nombreuses, écartant, par là-même le spectre du plafond malthusien qui pesait sur la croissance démographique. R. Malthus, un prêtre anglican et économiste, avait, en effet, avancé à la fin du XVIIIe siècle, que la croissance démographique condamnait à la pauvreté les sociétés car la production agricole progressait de façon arithmétique (2, 4, 8, 16...) quand celle de la population augmentait de façon géométrique (2, 4, 16, 96...)

b) «L’apocalypse joyeuse» ou l’heure de la désinhibition à l’égard des impacts environnementaux de l’industrialisation : La conception d’une économie enfin libérée des entraves naturelles grâce aux énergies fossiles et au progrès technologique va de pair avec l’occultation ou la minoration des dégradations environnementales majeures que provoque l’industrialisation. Pourtant les contemporains se mobilisent contre la pollution des eaux et airs qu’entraînent les rejets et les déchets industriels. C. Dickens, l’auteur d’Oliver Twist parle de Londres comme de la “rusty black” tellement l’air et les murs de la ville sont noircis par les fumées émanant des usines. Le smog, brouillard dense de particules polluantes, devient une réalité récurrente des cités industrielles, provoquant une surmortalité. Le smog de 1952 à Londres entraîne ainsi près de 15 000 morts. Aux pollutions s'ajoutent le sentiment d'une nature défigurée, tout particulièrement dans les “pays noirs”, les régions charbonnières, dominées par les terrils, montagne de gravats noirs extraits des mines.

Mais les élites politiques et économiques neutralisent ces mobilisations en faveur de la protection de l’environnement. Les inconvénients que représentent les dégradations environnementales sont minorés au regard des bénéfices économiques que le capitalisme

 

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

industriel est censé apporter à l’ensemble de la société. En France, par exemple, le décret de 1810 empêche de fermer toute usine qui a obtenu une autorisation préalable de l’État, quels que soient les dégâts écologiques qu’elle engendre : il oblige seulement les entreprises à payer des indemnités, déterminées par la justice, aux personnes éventuellement lésées par les pollutions. D’autre part, les usines sont délocalisées dans des quartiers périphériques ou des villes touchés par la pauvreté où les revenus de la population dépendent des emplois offerts par les usines polluantes, avec comme effet de diminuer les contestations. Enfin s’impose un discours hygiéniste sur le plan médical qui déconnecte la santé des personnes des dégradations environnementales : les pollutions ne provoqueraient pas de maladies ; celles-ci résulteraient exclusivement d’un manque d’hygiène et de la pauvreté que l’amélioration des revenus, les progrès des soins médicaux ainsi qu’un urbanisme rendant les villes plus propres doivent résoudre.

Cette nouvelle culture participe ainsi d’une désinhibition des consciences face aux catastrophes environnementales provoquées par le mode de production capitaliste et industriel. La progression des gaz à effet de serre qui résulte de l’utilisation des énergies fossiles n’est, de même, pas perçue comme un danger à l’époque : d’une part, parce qu’elle n’entraîne pas de réchauffement planétaire durant cette période du fait des faibles concentrations de CO2 et, d’autre part, parce que les angoisses climatiques des contemporains de la Révolution industrielle sont celles du retour à un âge glaciaire (cf traumatisme de l’année sans été en 1816 à cause de l’éruption volcanique de Tambora en Indonésie).

c) Dans les mondes colonisés, le règne d’une « écologie de la faim » comme moteur et conséquence de l’impérialisme et du capitalisme européen : Dans le dernier quart du XXe siècle, de grandes famines provoquent la mort de plus de 50 millions de personnes dans les mondes colonisés en Afrique et en Asie. Les autorités coloniales imputent cette hypermortalité aux sécheresses extrêmes (dues au phénomène El Nino) et au « retard de développement » des sociétés indigènes ainsi qu’à leur « paresse » face au travail. Il s’agit, pour elles, de se dédouaner de toute responsabilité dans la catastrophe en en rejetant la faute sur la «nature » et les autochtones, et de légitimer ainsi le système colonial et capitaliste comme une entreprise de modernisation et de progrès

Mais, dans la réalité, l’hypermortalité liée aux famines est la conséquence de la domination coloniale et de l’exploitation capitaliste de l’Afrique et de l’Asie par les Européens. Ceux-ci ont, en effet, accru la vulnérabilité des sociétés qu’ils ont conquises aux épisodes de sécheresse de trois façons :

 

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

- Par le démantèlement des cultures vivrières et des réseaux de greniers-réserves de céréales pour faire place à des cultures commerciales (coton, sucre...) destinées à alimenter l’industrie et les ventres européens ;

- Par la généralisation de la loi du marché qui a conduit les négociants à préférer exporter les réserves de blé locales qui existaient vers les marchés européens où le prix de vente de celui-ci était supérieur au marché local ;

- Par le poids des impôts coloniaux qui ont encore davantage appauvri les « indigènes », les privant des ressources financières pour se procurer des ressources alimentaires.

L’inégalité des échanges socio-écologiques entre l’Europe et les mondes qu’elle a soumis s’aggrave donc à l’époque thermo-industrielle et contribue à expliquer les inégalités de développement qui se creusent entre l’occident et le reste du monde au XXe siècle.

B) La « grande accélération » ou le grand dérèglement du métabolisme nature-société après 1945

a) Les indicateurs du grand dérèglement du métabolisme nature-société : Depuis 1945, les paramètres du système terre connaissent des changements irréversibles et rapides.

   

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

  Ces indicateurs montrent que la croissance économique telle qu’elle est organisée par les modes de production et de consommation à la base des sociétés industrielle et capitaliste n’est pas soutenable car elle épuise les ressources naturelles et déstabilise les conditions naturelles qui permettent la vie de la grande majorité des espèces vivantes, humaines comme non humaines.


Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

b) Les facteurs du grand dérèglement du métabolisme nature-société : La « grande accélération » de la croissance économique et des pressions humaines sur l’environnement après 1945 sont la conséquence du modèle productiviste. Celui-ci repose sur une production illimitée de biens et de services marchands. Cette production illimitée est entretenue par une société de consommation où les individus et les ménages sont incités à renouveler en permanence et rapidement leurs biens du fait des innovations et de leur obsolescence programmée, avec comme promesse celle de l’abondance matérielle sans fin puisque leurs dépenses stimulent l’activité économique, la création de richesse et d’emplois.

 Cette logique productiviste occulte les coûts cachés d’un tel mode de production et de consommation. Ainsi, dans le PNB (produit national brut) qui sert de référence pour mesurer la richesse des nations, ne sont comptabilisées que les valeurs de tous les biens et les services marchands produits, sans prendre en compte les dommages infligés par les pollutions et l’épuisement des ressources naturelles qui diminuent d’autant dans les faits la richesse disponible pour l’avenir. Cette logique a ainsi contribué à renforcer la croyance dans une économie que le progrès technologique et le capitalisme auraient désencastré de la nature.


Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

c) Les effets du grand dérèglement eu métabolisme nature -société : Les pressions sur le système terre qui résulte du mode de production et de consommation capitaliste et industriel ont des effets inégaux. Alors que ce sont les puissances industrielles qui ont retiré les bénéfices d’une exploitation intensive de la nature, parce qu’elles l’ont organisé à leur profit, ce sont les pays les moins industrialisés qui subissent l’essentiel des dommages infligés à l’environnement comme le montre la carte ci-dessous, alors qu’ils sont les plus vulnérables du fait de leur pauvreté.

  Le dérèglement des paramètres du système terre et ses conséquences, la multiplication et l’intensification des catastrophes pour toutes les formes de vie, ont contribué à remettre en cause la désinhibition des consciences à l’égard des dégradations environnementales et des limites naturelles, qui, depuis l’âge industriel, a été une des conditions de la mise en place d’une société productiviste. De préoccupations marginales et minoritaires, la protection de l’environnement et la nécessité de réencastrer l’économie dans la nature sont devenus des enjeux majeurs.


 III)

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

La protection de l’environnement par les humains : un enjeu politique et social, global et local

A) Lawilderness:préserverlanaturesauvage

a) L’invention de la Wilderness : C’est aux États-Unis que se constitue à la fin du XIXe siècle un mouvement écologique autour de la défense de la nature sauvage ou Wilderness. Celle-ci apparaît comme un bien commun à préserver des dégradations qu’engendrent l’urbanisation et l’industrialisation ainsi que l’extension de l’agriculture. Ce mouvement de défense de la Wilderness se structure autour de figures et d’organisations non gouvernementales comme le Sierra Club fondé par John Muir en 1892 et la Wilderness society par Aldo Leopold en 1937. Cet activisme aboutit à la création de parcs naturels, des aires protégées où l’habitat humain et les activités industrielles et agricoles sont interdites, au nom d’une logique de préservation. Le premier parc naturel créé est celui de Yellowstone en 1872 à cheval sur les états du Montana, du Wyoming et de l’Idaho.

Le mouvement de préservation de la Wilderness se diffuse et s’organise à l’échelle mondiale comme en attestent la création d’ONG internationales tels l’UICN (Union Internationale de Conservation de la Nature) en 1948 qui regroupe aujourd’hui près de 1300 associations nationales ou encore le WWF (World Wildlife Fund) en 1961 récoltant des dons pour financer l’ouverture et l’entretien de parcs naturels dans le monde. Autre manifestation de cette diffusion de la Wilderness, la France adopte en 1960 une loi sur la création de parcs naturels nationaux.

b) L’illusion de la Wilderness : La Wilderness repose cependant sur une conception fausse d’une nature sauvage originaire qu’il faudrait préserver de toute intervention humaine. En effet, aux Etats-Unis, les grandes forêts que célèbrent les amoureux de la nature sont la conséquence du colonialisme européen : en décimant les populations amérindiennes, celui-ci a entraîné la reforestation de territoires aménagés par les sociétés autochtones et l’illusion d’une nature vide. D’autre part, la création des parcs naturels s’est traduite par l’expulsion des nations amérindiennes survivantes qui y vivaient, comme dans le cas de celui de Yellowstone avec le peuple des Soshstone, car elles étaient accusées de dégrader et de salir la nature. Enfin la vision de la Wilderness est modelée par des valeurs élitistes et masculinistes puisque les activités qui y sont autorisées (aventure, kayak...) renvoient à des loisirs réservés à la bourgeoisie et à l’imaginaire d’un mâle héroïque affrontant le monde sauvage. Voilà pourquoi l’historien étatsunien, W. Cronon, parle de la Wilderness comme une construction sociale blanche, raciste, élitiste et mâle.

  

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 A cela s’ajoute le fait que la préservation de la Wilderness sert d’alibi. Sont protégés, en effet quelques îlots des dégradations de la société industrielle et capitaliste, tandis que la nature ordinaire, le milieu de vie des hommes et des femmes, continue d’être polluée, au nom de l’impératif de croissance économique.

c) La préservation de la Wilderness, un moteur du colonialisme vert : La préservation de la Wilderness est aussi un outil manipulé par les puissances occidentales et les institutions internationales qu’elles contrôlent (ONU comme des ONG tel l’UICN et le WWF) pour dominer des peuples qu’ils continuent, dans les faits, de considérer comme inférieurs. Ainsi construisent- elles l’image d’une Afrique sauvage et déshumanisée devant servir de cadre à leurs divertissements (tourisme vert, safari, trekking...) à longueur de documentaires animaliers et revues (cf National geographic). Cette wilderness africaine devrait être protégée de la croissance démographique et des activités économiques des sociétés africaines qui la dégraderaient. Aussi l’UNESCO et l’UICN ont-elles obtenu, par exemple, du gouvernement éthiopien, soucieux d’améliorer son image internationale, de se procurer des financements internationaux et développer le tourisme international, qu’il expulse du parc du Simien des communautés paysannes accusés de déforestation et de perturber la vie des espèces sauvages.

Or cette conception d’un milieu « naturel » en déclin est une construction sans rapport avec la réalité qui reflète des préjugés occidentaux. Les techniques paysannes adaptées à un milieu semi-aride permettent, en effet, sous forme d’un jardinage élaboré, la régénération de la biodiversité, comme peut en attester, par ceux et celles qui vont sur le terrain, la progression ou le maintien du couvert forestier et des populations des espèces sauvages. Les conséquences de leur expulsion pour les paysan.ne.s sont, quant à elles, désastreuses : réinstallation dans des bidonvilles, passage de la pauvreté à la misère, sentiment de déracinement...

B) Concilierenvironnementetdéveloppement:laquadratureducercle?

a) La forêt française depuis Colbert : un laboratoire d’expériences de conservation d’un « milieu naturel ». Les forêts, comme milieu de vie, lieu de production de richesses et réservoir de ressources convoitées (gibier, bois de chauffage, bois d’œuvre...), sont considérés par l’État comme stratégiques. Aussi revendique-t-il leur gestion comme une prérogative de la puissance publique par la promotion d’un modèle de gestion raisonnée visant à conserver les ressources face aux intérêts particuliers qui les dégraderaient. Ainsi l’ordonnance des eaux et forêts de 1669, due à Colbert, au nom de l’intérêt général, interdit-elle et criminalise-t-elle les usages communautaires des paysan·ne·s qui y puisent des moyens de subsistance

 

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

(pâturage de leurs bêtes, bois de chauffage...) pour faire des forêts un espace consacré à la production des espèces utiles à la politique de puissance de Louis XIV (bois d’œuvre pour la construction d’une force navale) et aux divertissements aristocratiques (privilège royal et seigneurial de la chasse). Un corps de commissaires et gardes forestiers royaux, chargés de protéger les forêts, est créé à cette fin.

La Révolution de 1789, à laquelle participent massivement les communautés paysannes, rétablit les droits d’usage communautaire des forêts et transforme une partie celle-ci en bien national du fait de la nationalisation des biens du clergé et des nobles émigrés. Mais les masses rurales sont une nouvelle fois accusées d’une exploitation abusive les forêts qui entraînerait une intensification des catastrophes naturelles (érosion, destruction des sols, inondations...) et porterait atteinte au respect de la propriété privée. Aussi, au nom de la protection de l’environnement, les usages communautaires sont-ils une nouvelles fois criminalisés par le Code forestier de 1827. L’État entreprend également des actions de reboisement de la France, dans les Landes et en Sologne sous le 2nd Empire, puis, dans les montagnes durant la IIIe République, dans un double objectif : procurer du bois d’œuvre nécessaire au développement du chemin de fer, et assainir les milieux que le déboisement a rendu dangereux (inondations, paludisme...). Conjugué au remplacement du charbon de bois par la houille, ces politiques publiques enrayent la diminution du couvert forestier depuis la fin du Moyen Âge et entraînent son augmentation entre 1827 et 1914 de 7,5% à 10,2% du territoire national.

Aujourd’hui, les actions de l’Etat sont toujours pilotées par l’objectif d’une gestion raisonnée des ressources et des espaces forestiers. Mais il s’agit, pour lui, de concilier exploitation et conservation, en s’inscrivant dans le respect de ses engagements internationaux en faveur du développement durable. Aussi affirme-t-il dans la loi d’orientation sur les forêts de 2001 que l’exploitation des ressources naturelles des forêts à des fins productives (industrie de bois, filière énergétiques) ou récréatives (tourisme, loisirs) est soumise à des autorisations et à un contrôle par l’Etat (ONF – Office National des Forêts ; préfecture) de façon à ne pas compromettre la satisfaction des besoins des générations futures ainsi qu’à garantir la pérennité des services écosystémiques (stockage du carbone réduisant l’effet de serre, lutte contre l’érosion et les inondations, maintien de la biodiversité). A cette logique de conservation s’ajoute une logique de préservation par la création de nouveaux parcs naturels nationaux. Ces derniers constituent des aires naturelles protégées où les formes d’exploitation (coupe de bois, chasse...) et d’artificialisation (urbanisation, équipements touristiques) de la « nature » sont interdites dans les zones de cœur ou très limitées et encadrées dans les zones d’adhésion. Cependant, l’État, converti au dogme du néolibéralisme, amorce cependant une rupture avec

 

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

cette double logique : il entend confier davantage la gestion de forêt aux intérêts privés et aux forces du marché.

b) « Halte à la croissance ! », une prise de conscience des limites planétaires : L’environnement a nourri de nombreux mouvements politiques et sociaux mais ceux-ci ont été systématiquement dénigré, tout particulièrement dans les pays en voie de développement, car ils étaient considérés comme un attachement au passé et un refus du progrès. Cependant, dans les pays occidentaux, la critique des dégradations environnementales par le capitalisme industriel acquiert une audience nouvelle dans les années 1970. Ainsi, en France, René Dumont, agronome, devient- il une figure publique du mouvement écologique, même si sa candidature à la présidentielle de 1974 ne recueille que 1,32 % des voix.

Le rapport Meadows publié en 1972 témoigne également d’une montée des préoccupations environnementales dans le débat public. Rédigé à l’initiative du Club de Rome, un mouvement regroupant des grands patrons et des experts scientifiques, il démontre que la croissance économique ne peut être indéfinie à cause de l’épuisement des ressources naturelles et de l’augmentation des pollutions. En se basant sur une simulation informatique de l’évolution de la planète à partir de cinq paramètres (Population, production alimentaire par habitant, stock de ressources naturelles non renouvelable, pollution, industrialisation), il invite à limiter la croissance démographique et la production économique pour préserver les équilibres planétaires.

Cette question des limites planétaires est cependant rapidement marginalisée dans le débat public. Dans le contexte de crise économique après 1973, la priorité des gouvernements est la relance de la croissance économique et la création d’emplois nouveaux. Quant aux experts économiques, ils entretiennent la croyance dans les mécanismes du progrès et du marché qui feront émerger une économie du recyclage pour diminuer les pollutions et de nouvelles énergies qui se substitueront à celles en cours d’épuisement. Enfin, pour les pays du Sud, ces limites planétaires sont une norme illégitime émanant des pays riches qui a pour but de stigmatiser leurs efforts de développement et les empêcher d’exploiter leurs ressources naturelles pour sortir de la pauvreté.

c) Le développement durable, une stratégie pour concilier croissance, justice sociale et environnement: Dans les années 1980, la Commission des Nations Unies pour l’Environnement et la Commission des Nations Unies pour le Commerce et le Développement se saisissent de la question des dégradations environnementales et des inégalités de développement. Leur travail est synthétisé dans le rapport Bruntland en 1987 qui entend

 

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

concilier le principe de la croissance économique avec les exigences environnementales et les exigences de justice sociale. Le rapport appelle, en effet, à une gestion raisonnée des ressources dans le but de conserver celles-ci pour permettre aux générations suivantes de répondre à leurs besoins.

Le rapport Bruntland nourrit le Sommet de Rio de 1992, une conférence internationale organisée par l’ONU, où sont adoptés par 153 Etats les trois piliers du développement durable (cf schéma ci-dessous). Ceux-ci doivent orienter leurs politiques publiques et la coopération internationale.

Les Objectifs du Développement Durable adoptés en 2015 par les États-membres de l’ONU sont censés impulser une mise en œuvre plus énergique des piliers du développement durable dans les politiques des États. Car jusqu’ici le développement économique a continué de se réaliser au détriment de l’environnement et au prix d’une hausse des inégalités. Les États les plus riches et les grandes entreprises se sont, en effet, contentés, au mieux, d’un greenwashing : la protection de l’environnement n’a été qu’un affichage politique ou publicitaire sans volonté de transformer effectivement les modes de production et de consommation pour les rendre compatibles avec les limites planétaires comme le montre le schéma ci-dessous. Cette résistance témoigne, d’une part, du fait que l’environnement continue d’être perçu comme une variable secondaire par rapport aux bénéfices de la croissance économique et non comme la base matérielle de nos existences, et, d’autre part, que l’accumulation de richesses et de pouvoirs

  

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

qui profite à une minorité apparaît, à celle-ci, comme une protection suffisante contre les catastrophes à venir qui seront autant de nouvelles sources de profit (capitalisme du désastre).

                    Conclusion : On peut observer que, dans l’arbitrage entre exploitation et protection de l’environnement, ce sont le colonialisme et le capitalisme industriel, enfantés au sein des sociétés européennes, qui libèrent la croissance économique de toute notion de limites naturelles. Alors que jusqu’au XVIe siècle, les sociétés étaient tenues de concilier développement et environnement, à travers un idéal de maîtrise de la nature permettant la reconstitution des bases matérielles de leur existence, la conquête et l’exploitation des nouveaux mondes offrent aux puissances impérialistes européennes et aux entrepreneurs capitalistes la possibilité d’une exploitation intensive de leurs ressources naturelles à leur profit, sans se soucier des conséquences de la destruction d’écosystèmes lointains. De même, la Révolution industrielle promet une ère de croissance illimitée par l’utilisation massive de nouvelles sources d’énergie et de nouvelles technologies qui semblent affranchir le développement des contraintes et des cycles naturels. Le système productiviste qui se met en place réussit à enraciner cette croyance d’autant mieux qu’il parvient à désinhiber les consciences face aux risques environnementaux en faisant de l’abondance matérielle le bienfait ultime et de l’environnement une variable secondaire.


Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

Si, face au dérèglement des paramètres du système terre et ses conséquences bien manifestes, l’intensification et la multiplication des catastrophes, la nécessité de protéger l’environnement et de mettre en œuvre des modes de production et de consommation compatibles avec les limites planétaires s’imposent, de nouveau, comme un enjeu, les résistances demeurent fortes en raison de l’enracinement des valeurs et des croyances liées au modèle productiviste. D’autre part, les politiques de gestion raisonnée des ressources comme de préservation de « la nature » montrent qu’à l’instar des formes d’exploitation coloniale ou capitaliste, elles peuvent être des outils de domination, en niant notamment les solidarités écologiques et les rapports non marchands qu’ont bâti des sociétés avec leur environnement. Aussi la question d’habiter le monde à l’ère de l’anthropocène est-elle celle de la construction d’un monde commun et juste pour l’ensemble des humains comme des non humains.

Partie 1 : Histoire
La première partie de l'axe 1 est consacrée à l'étude de l'histoire contemporaine. Les élèves aborderont des thèmes tels que les grandes guerres du XXe siècle, les mouvements de décolonisation, les grandes crises économiques et politiques, ainsi que les idéologies qui ont marqué cette période. Ils analyseront également les changements technologiques, sociaux et culturels qui ont eu lieu au cours de cette période.

Définition

Décolonisation
La décolonisation fait référence au processus par lequel les colonies européennes ont obtenu leur indépendance. Elle a été marquée par des mouvements de libération nationale et des luttes pour l'autodétermination des peuples colonisés. La décolonisation a eu lieu après la Seconde Guerre mondiale et a été influencée par des facteurs tels que la montée du nationalisme, les revendications de liberté et de droits de l'homme, ainsi que la pression internationale pour mettre fin au colonialisme.
Partie 2 : Géographie
La deuxième partie de l'axe 1 est consacrée à l'étude de la géographie. Les élèves exploreront les différents aspects de la géographie contemporaine, tels que la mondialisation, les dynamiques territoriales, les enjeux environnementaux, et les migrations. Ils analyseront également les interactions entre les sociétés humaines et leur environnement, ainsi que les défis posés par la gestion des ressources naturelles et la préservation de la biodiversité.

Définition

Mondialisation
La mondialisation fait référence à l'interconnexion croissante des sociétés, des économies et des cultures à l'échelle mondiale. Elle est caractérisée par l'intensification des échanges commerciaux, financiers et culturels entre les différents pays du monde. La mondialisation a des impacts majeurs sur les dynamiques territoriales, les inégalités socio-économiques et les identités culturelles. Elle soulève également des questions sur la gouvernance mondiale et la régulation des flux transnationaux.
Partie 3 : Géopolitique et Sciences Politiques
La troisième partie de l'axe 1 est consacrée à l'étude de la géopolitique et des sciences politiques. Les élèves exploreront les relations internationales, les enjeux géopolitiques contemporains, les grandes organisations internationales, ainsi que les systèmes politiques et les régimes politiques. Ils analyseront également les tensions et les conflits géopolitiques, les défis de la gouvernance mondiale et les mouvements sociaux qui ont façonné l'histoire récente.

Définition

Relations internationales
Les relations internationales font référence aux interactions entre les différents acteurs de la scène internationale, tels que les États, les organisations internationales, les entreprises multinationales et les mouvements sociaux. Elles sont marquées par des rivalités de pouvoir, des intérêts économiques et politiques, ainsi que des conflits et des coopérations. Les relations internationales sont étudiées dans le but de comprendre les dynamiques géopolitiques et les enjeux politiques à l'échelle mondiale.

A retenir :

En conclusion, l'axe 1 du programme de HGGSP pour les élèves de Terminale offre une vision globale de l'histoire contemporaine, de la géographie et de la géopolitique. Il permet aux élèves de développer une compréhension approfondie des enjeux historiques, géographiques et politiques qui influencent notre monde aujourd'hui. Les connaissances acquises dans cet axe sont essentielles pour les futurs citoyens et professionnels qui souhaitent s'engager dans des carrières liées aux sciences humaines et sociales.

Axe 1 HGGSP

Axe 1 : Histoire et Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques (HGGSP)

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

  Axe 1 - Exploiter, préserver et protéger

Les sociétés peuvent bâtir trois types de relations avec leur environnement naturel :

- Une relation de préservation : il s’agit de mettre à l’abri la nature, considérée comme extérieure à l’humanité, des dégradations que provoquent les activités humaines. Cette logique est à

l’origine de la création des parcs naturels et inspire la conception de la Wilderness.

- Une relation de conservation : il s’agit d’une gestion raisonnée des ressources naturelles par des techniques adaptées afin d’éviter leur épuisement et ne pas compromettre la satisfaction par les générations futures de leurs besoins. Cette logique est au cœur du développement durable et

de l’activité des services forestiers (cf Jalon 1).

- Une relation d’exploitation : il s’agit de l’utilisation des ressources naturelles et du travail

d’autrui pour produire les biens matériels et les services considérés comme nécessaires aux besoins des sociétés.

La notion de métabolisme nature-société, emprunté aux sciences du vivant, permet de comprendre les enjeux de ces rapports entre nature et société. Cette notion désigne les échanges de matière et d’énergie entre les sociétés et l’environnement. Ces échanges sont la conséquence du travail humain qui transforme la nature dans le but créer les biens utiles à la satisfaction des besoins sociaux. Or si ces échanges socio-écologiques sont inégaux, cela peut dégrader l’environnement et fragiliser le fonctionnement des sociétés comme le montre l’exemple ci-dessous.

  

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

Problématique : Aussi convient-il d’analyser comment les sociétés ont-elles arbitré entre exploitation des « milieux » et nécessité de préserver la nature ou de conserver les ressources naturelles, de la révolution néolithique à nos jours ?

 I)

La transformation des « milieux » par les sociétés avant l’ère thermo-industrielle

A) Larévolutionnéolithique:unnouveaumétabolismenature-société(Jalon2)

a) La révolution néolithique, des chasseurs-cueilleurs aux éleveurs-agriculteurs : La révolution néolithique désigne la transformation des modes de subsistance et d’habitation des sociétés humaines entre 8000 et 3000 av. n.è. Alors que, durant la période paléolithique, les humains étaient nomades et vivaient des ressources qu’ils prélevaient directement dans la nature grâce à la chasse, la pêche et la cueillette, lors de la période du néolithique, ils deviennent sédentaires et tirent désormais leurs ressources de l’agriculture et de l’élevage.

Á cette fin, les humains transforment directement la nature, tout en apprenant progressivement à la contrôler : ils défrichent les forêts et les zones humides pour les convertir en parcelles agricoles ; ils sélectionnent certaines plantes (orge, riz, millet, blé...) pour leurs qualités nutritives et agronomiques et domestiquent certaines espèces animales (bœuf, porc, mouton...). La révolution néolithique apparaît dans des foyers multiples et concernent tous les continents (cf carte TD1).

Ce processus est rendu possible par de nouvelles organisations techniques et sociales : mise au point de nouveaux outils pour défricher (hache en pierre polie), produire (houe, faucille) et stocker (invention de la céramique), regroupement dans des villages, division et spécialisation du travail (apparition de l’artisanat pour fabriquer les céramiques, indispensable au stockage des grains, au côté des éleveurs/agriculteurs) ...

b) La révolution néolithique, un progrès ? : La sédentarisation, l’agriculture et l’élevage ne débouchent pas cependant sur une amélioration immédiate des conditions d’existence des humains par rapport au genre de vie des chasseurs-cueilleurs nomades, lorsqu’on analyse les données archéologiques. L’espérance de vie semble reculer à cause du développement des épidémies liées aux zoonoses : les maladies se transmettent du bétail aux humains et se propagent vite, du fait de la hausse des densités nés des regroupements en villages et villes. D’autre part, comme le travail agricole est plus pénible et intensif que celui de la chasse et de la cueillette et le régime alimentaire qui en résulte beaucoup moins varié et équilibré, les

  

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

humains développent des troubles de santé alors inconnus : caries, diminution de la taille moyenne, lésions articulaires...

Le succès de la révolution néolithique découle, en fait, de la sécurité relative qu’elle apporte en termes d’apports alimentaires et de l’accélération de la croissance démographique qu’elle permet. En effet, une agricultrice, grâce à la sédentarisation, peut avoir un nouveau-né tous les ans contre un tous les trois à quatre ans pour une chasseuse-cueilleuse. C’est ce qui explique le très fort accroissement démographique entre le paléolithique durant lequel la population humaine a stagné autour de 3 millions d’habitants et le néolithique durant lequel elle passe de 3 millions vers 10 000 av. n.è. à 25 millions en 2000 av. n.è.

Enfin l’extension de l’agriculture sous forme de céréaliculture est aussi la conséquence de l’affirmation des États. Car, à l’inverse d’autres plantes tels les tubercules ou les lentilles, les céréales murissent de façon simultanée et visible, sont stockables et conservables. Elles se prêtent donc aux prélèvements fiscaux par les États. La richesse et la puissance matérielle que procurent les territoires céréaliers expliquent ainsi le contrôle renforcé que les États exercent sur les populations auxquels ils imposent des formes de travail contraint et les guerres avec les autres États auxquels ils disputent leur possession comme en attestent le développement des fortifications et d’une industrie de la guerre (fabrication d’armes...).

c) La révolution néolithique, une révolution environnementale : L’extension des surfaces cultivées et des zones d’élevages, sous l’effet de la croissance démographique, entraîne la transformation irréversible des environnements qui permettaient le genre de vie de chasseurs/cueilleurs : recul des forêt, diminution des espèces sauvages tels les aurochs...Cette anthropisation des « milieux » se traduit, par exemple, sur les bords de Méditerranée par la substitution au paysage de forêt primaire de pins d’un paysage de garrigues. Ce dernier résulte des incendies humains pour convertir la forêt en prairie pour le pastoralisme et du pâturage par les moutons et les chèvres des jeunes pousses d’arbres qui empêchent la reconstitution des forêts.

Cette transformation des écosystèmes par l’action humaine ne va pas sans risques. En Mésopotamie, par exemple, l’excès de déforestation pour répondre à une demande croissante en bois de construction, de cuisson, de chauffage ou pour mettre en culture de nouvelles terres accélère l’érosion des sols et le transfert des sédiments (matière rocheuse et nutritive des sols) vers l’Euphrate et le Tigre. Cela provoque leur envasement et une intensification de la violence des crues qui fragilise les sociétés. De même, l’irrigation entraîne une salinisation des sols

 

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

avec comme conséquence une perte de fertilité et la nécessité de déboiser de nouvelles surfaces, au prix d’un accroissement de la vulnérabilité aux crues et à l’érosion.

La révolution néolithique ne concerne pas cependant toute l’humanité. Jusqu’à l’époque contemporaine, il subsiste en effet des populations de chasseurs-cueilleurs (aborigènes d’Australie, Inuits, sociétés amérindiennes). Ces dernières ont développé d’autres solidarités écologiques avec leur « milieu ». Ainsi les Amérindiens, en Amérique du Nord, faisaient-ils brûler des forêts, permettant ainsi leur reconstitution grâce à la fertilisation par les cendres, tout en offrant aux troupeaux de bisons qu’ils chassaient de vastes prairies.

B) « L’impérialisme écologique européen », à l’origine d’une transformation mondiale des métabolismes nature-société

a) L’inégalité de «l’échange colombien» comme l’un des facteurs de la domination européenne : « L’échange colombien » désigne les transferts de formes de vie non humaines qui résultent de la conquête et l’exploitation des « nouveaux mondes » par les puissances coloniales européennes à partir de 1492. Celui-ci a des conséquences importantes sur les métabolismes nature-société à l’échelle mondiale car il entraîne une transformation des écosystèmes par le système colonial au profit de l’Europe et au détriment des sociétés et des écologies des espaces colonisés.

Carte de « L’échange colombien (16e – 18e

siècle) », in Jean-François Mouhot, « Plantes et microbes, acteurs de l’histoire », Sciences Humaines, n° 242, nov. 2012, ici dans sa version corrigée publiée dans L. Testot, « La nouvelle histoire du Monde », Sciences Humaines Histoire, n° 3, déc. 2014/janv. 2015. © Légendes cartographie.

S’ajoutant aux effets d’une conquête brutale et du travail forcé, « le choc microbien » décime les populations amérindiennes car celles-ci sont exposées à des germes importés par les Européens auxquels, à la différence de ceux-ci, elles n’ont pas développé de résistance immunitaire. Dans ces territoires que la conquête a vidés, les puissances coloniales parviennent à acclimater les plantes et les animaux domestiqués dans les anciens mondes (blé, riz, orge, café, canne à sucre, cheval, porcs...). L’exploitation des terres substitue ainsi aux anciennes

   

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

écologies précolombiennes de nouvelles écologies destinés à répondre aux besoins du système colonial et de l’Europe.

D’autre part, par le biais de la conquête, les puissances européennes s’approprient de nouvelles espèces domestiquées par les sociétés amérindiennes de plantes et d’animaux qu’elles peuvent transférer en Europe : dindes, pommes de terre, patate douce, tomates, courges... Les apports caloriques nouveaux que permet la domination coloniale sont l’un des moteurs de la croissance démographique et économique de l’Europe à compter du XVIe siècle.

b) Le pillage environnemental des mondes colonisés, extractivisme et plantationocène : Les puissances coloniales s’approprient les ressources naturelles des mondes colonisés qui sont nécessaires à leur développement. Cette appropriation passe par la destruction des anciens métabolismes nature – société qui permettaient aux sociétés locales ainsi qu’à des formes de vie non humaines de subsister et de croître. Elle s’effectue, selon deux modalités :

- Celle de l’extractivisme. Les anciennes solidarités écologiques entre nature et société sont détruites pour extraire des sous-sols des richesses minières comme l’argent dans la montagne de Potosi, le « cerro rico », dans l’actuelle Bolivie. Les colons espagnols contraignent au travail forcé (la « mita ») les Amérindiens qui meurent par milliers pour exploiter cette mine d’argent. L’extraction du précieux minerai se traduit par une pollution des eaux en raison des produits chimiques utilisés pour son lavage et une contamination des sols par des métaux lourds, qui les rend impropre aux cultures, tout en empoisonnant les formes de vie humaine et non humaine.

- Celle des plantations. La culture de la canne à sucre, plante hautement rentable car produit de luxe consommé en Europe, en fournit un exemple : les forêts sont défrichées, les cultures vivrières démantelées, près de 12 millions Africain·e·s noir·e·s déporté·e·s et esclavagisé·e·s, dans le but de faire fonctionner des plantations pour le profit des colons et des négociants européens. Ces plantations expérimentent de nouvelles formes d’exploitation intensive de la nature et du travail, caractéristiques du capitalisme industriel : concentration d’une main d’œuvre servile, division des tâches, machines industrielles... En résultent, sur le plan environnemental, une accélération de l’érosion ainsi qu’un épuisement des sols et, sur le plan socio-économique, une hypermortalité des esclavagisé·e·s (espérance de vie de 7 ans) allant de pair avec une dépendance aux centres coloniaux. En effet, les colonies dépendent, pour leurs revenus, de la vente du sucre sur les marchés européens et, pour leur subsistance, de l’importation de denrées alimentaires et de biens industriels d’Europe.

-

 

 II)

a)

- -

-

c)

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

La permanence d’une relation de domination et d’exploitation écologique coloniale des anciennes périphéries colonisées par les anciens centres coloniaux : L’impérialisme européen s’est donc fondé sur une domination et une exploitation à outrance des « milieux » colonisés dont les centres coloniaux ont capté les bénéfices écologiques sous la forme de flux de matière et d’énergie sans subir le préjudice des dégradations environnementales qu’ils ont imposé à leurs périphéries colonisées.

Le scandale du chlordécone en Martinique et en Guadeloupe montre que, malgré la décolonisation, cette appropriation des écologies locales à leur profit et aux dépens des populations autochtones ainsi que des autres formes de vie non humaines ne s’est pas arrêté. Les riches propriétaires blancs de plantations de banane, destinées à alimenter les marchés européen et étatsunien, ont reçu l’autorisation de l’État d’utiliser un pesticide réputé toxique, le chlordécone, de 1972 à 1993, afin préserver la productivité des bananeraies et leur taux de profit.

Les conséquences ont été redoutables : empoisonnement des rivières et des cultures vivrières ainsi que de 90 % de la population martiniquaise. Rejoue ainsi la logique à l’œuvre de « l’impérialisme écologique » européen qui détruit les métabolismes nature-société liant les populations locales à des écosystèmes, au nom de la satisfaction des besoins et des intérêts du centre impérial.

La transformation des « milieux » par les sociétés à l’ère thermo-industrielle

A) La révolution industrielle, une rupture majeure du métabolisme nature – société (Jalon 2)

La révolution industrielle, le début d’une nouvelle ère des rapports nature - société : Pour répondre à la hausse de la demande en biens industriels, se met en place graduellement, à compter de 1780, en Europe de l’Ouest puis aux États-Unis, une production de masse qui repose sur :

La mécanisation du travail : les machines remplacent les outils manuels et décuplent la puissance de travail.

L’usage massif des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) : celles-ci se substituent aux énergies renouvelables (force humaine, animale, hydraulique et éolienne qui propulsaient les moulins)

Une nouvelle organisation du travail : l’usine remplace les ateliers des artisans et permet des gains de productivité grâce à la concentration de la main d’œuvre et à la division des tâches.

  

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

L’industrialisation est, aux yeux des élites économiques et politiques, une stratégie qui permet d’alimenter une croissance économique de façon indéfinie et de réaliser des profits considérables. En effet, les énergies fossiles (charbon, pétrole) conjuguées aux innovations technologiques libèrent la production économique de contraintes naturelles qui l’entravaient : si la machine à vapeur et le charbon sont plus coûteux que les moulins à eau qui utilisent une énergie gratuite (l’eau), ils offrent une plus grande puissance, qui n’est jamais tributaire de la baisse de débit des cours d’eau (gel en hiver et étiage en été) ainsi que la possibilité d’installer les usines au plus près des villes où se concentrent une main d’œuvre nombreuse , gonflée par l’exode rural, que le patronat peut exploiter à bon prix.

Dans les campagnes, l’industrialisation semble, de la même façon, annuler les contraintes naturelles. Les engrais chimiques produits par la nouvelle industrie permettent de reconstituer la fertilité des sols épuisés par les cultures et d’augmenter la productivité agricole. Grâce à la hausse des rendements agricoles, les campagnes peuvent ainsi nourrir des populations urbaines et industrielles toujours plus nombreuses, écartant, par là-même le spectre du plafond malthusien qui pesait sur la croissance démographique. R. Malthus, un prêtre anglican et économiste, avait, en effet, avancé à la fin du XVIIIe siècle, que la croissance démographique condamnait à la pauvreté les sociétés car la production agricole progressait de façon arithmétique (2, 4, 8, 16...) quand celle de la population augmentait de façon géométrique (2, 4, 16, 96...)

b) «L’apocalypse joyeuse» ou l’heure de la désinhibition à l’égard des impacts environnementaux de l’industrialisation : La conception d’une économie enfin libérée des entraves naturelles grâce aux énergies fossiles et au progrès technologique va de pair avec l’occultation ou la minoration des dégradations environnementales majeures que provoque l’industrialisation. Pourtant les contemporains se mobilisent contre la pollution des eaux et airs qu’entraînent les rejets et les déchets industriels. C. Dickens, l’auteur d’Oliver Twist parle de Londres comme de la “rusty black” tellement l’air et les murs de la ville sont noircis par les fumées émanant des usines. Le smog, brouillard dense de particules polluantes, devient une réalité récurrente des cités industrielles, provoquant une surmortalité. Le smog de 1952 à Londres entraîne ainsi près de 15 000 morts. Aux pollutions s'ajoutent le sentiment d'une nature défigurée, tout particulièrement dans les “pays noirs”, les régions charbonnières, dominées par les terrils, montagne de gravats noirs extraits des mines.

Mais les élites politiques et économiques neutralisent ces mobilisations en faveur de la protection de l’environnement. Les inconvénients que représentent les dégradations environnementales sont minorés au regard des bénéfices économiques que le capitalisme

 

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

industriel est censé apporter à l’ensemble de la société. En France, par exemple, le décret de 1810 empêche de fermer toute usine qui a obtenu une autorisation préalable de l’État, quels que soient les dégâts écologiques qu’elle engendre : il oblige seulement les entreprises à payer des indemnités, déterminées par la justice, aux personnes éventuellement lésées par les pollutions. D’autre part, les usines sont délocalisées dans des quartiers périphériques ou des villes touchés par la pauvreté où les revenus de la population dépendent des emplois offerts par les usines polluantes, avec comme effet de diminuer les contestations. Enfin s’impose un discours hygiéniste sur le plan médical qui déconnecte la santé des personnes des dégradations environnementales : les pollutions ne provoqueraient pas de maladies ; celles-ci résulteraient exclusivement d’un manque d’hygiène et de la pauvreté que l’amélioration des revenus, les progrès des soins médicaux ainsi qu’un urbanisme rendant les villes plus propres doivent résoudre.

Cette nouvelle culture participe ainsi d’une désinhibition des consciences face aux catastrophes environnementales provoquées par le mode de production capitaliste et industriel. La progression des gaz à effet de serre qui résulte de l’utilisation des énergies fossiles n’est, de même, pas perçue comme un danger à l’époque : d’une part, parce qu’elle n’entraîne pas de réchauffement planétaire durant cette période du fait des faibles concentrations de CO2 et, d’autre part, parce que les angoisses climatiques des contemporains de la Révolution industrielle sont celles du retour à un âge glaciaire (cf traumatisme de l’année sans été en 1816 à cause de l’éruption volcanique de Tambora en Indonésie).

c) Dans les mondes colonisés, le règne d’une « écologie de la faim » comme moteur et conséquence de l’impérialisme et du capitalisme européen : Dans le dernier quart du XXe siècle, de grandes famines provoquent la mort de plus de 50 millions de personnes dans les mondes colonisés en Afrique et en Asie. Les autorités coloniales imputent cette hypermortalité aux sécheresses extrêmes (dues au phénomène El Nino) et au « retard de développement » des sociétés indigènes ainsi qu’à leur « paresse » face au travail. Il s’agit, pour elles, de se dédouaner de toute responsabilité dans la catastrophe en en rejetant la faute sur la «nature » et les autochtones, et de légitimer ainsi le système colonial et capitaliste comme une entreprise de modernisation et de progrès

Mais, dans la réalité, l’hypermortalité liée aux famines est la conséquence de la domination coloniale et de l’exploitation capitaliste de l’Afrique et de l’Asie par les Européens. Ceux-ci ont, en effet, accru la vulnérabilité des sociétés qu’ils ont conquises aux épisodes de sécheresse de trois façons :

 

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

- Par le démantèlement des cultures vivrières et des réseaux de greniers-réserves de céréales pour faire place à des cultures commerciales (coton, sucre...) destinées à alimenter l’industrie et les ventres européens ;

- Par la généralisation de la loi du marché qui a conduit les négociants à préférer exporter les réserves de blé locales qui existaient vers les marchés européens où le prix de vente de celui-ci était supérieur au marché local ;

- Par le poids des impôts coloniaux qui ont encore davantage appauvri les « indigènes », les privant des ressources financières pour se procurer des ressources alimentaires.

L’inégalité des échanges socio-écologiques entre l’Europe et les mondes qu’elle a soumis s’aggrave donc à l’époque thermo-industrielle et contribue à expliquer les inégalités de développement qui se creusent entre l’occident et le reste du monde au XXe siècle.

B) La « grande accélération » ou le grand dérèglement du métabolisme nature-société après 1945

a) Les indicateurs du grand dérèglement du métabolisme nature-société : Depuis 1945, les paramètres du système terre connaissent des changements irréversibles et rapides.

   

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

  Ces indicateurs montrent que la croissance économique telle qu’elle est organisée par les modes de production et de consommation à la base des sociétés industrielle et capitaliste n’est pas soutenable car elle épuise les ressources naturelles et déstabilise les conditions naturelles qui permettent la vie de la grande majorité des espèces vivantes, humaines comme non humaines.


Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

b) Les facteurs du grand dérèglement du métabolisme nature-société : La « grande accélération » de la croissance économique et des pressions humaines sur l’environnement après 1945 sont la conséquence du modèle productiviste. Celui-ci repose sur une production illimitée de biens et de services marchands. Cette production illimitée est entretenue par une société de consommation où les individus et les ménages sont incités à renouveler en permanence et rapidement leurs biens du fait des innovations et de leur obsolescence programmée, avec comme promesse celle de l’abondance matérielle sans fin puisque leurs dépenses stimulent l’activité économique, la création de richesse et d’emplois.

 Cette logique productiviste occulte les coûts cachés d’un tel mode de production et de consommation. Ainsi, dans le PNB (produit national brut) qui sert de référence pour mesurer la richesse des nations, ne sont comptabilisées que les valeurs de tous les biens et les services marchands produits, sans prendre en compte les dommages infligés par les pollutions et l’épuisement des ressources naturelles qui diminuent d’autant dans les faits la richesse disponible pour l’avenir. Cette logique a ainsi contribué à renforcer la croyance dans une économie que le progrès technologique et le capitalisme auraient désencastré de la nature.


Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

c) Les effets du grand dérèglement eu métabolisme nature -société : Les pressions sur le système terre qui résulte du mode de production et de consommation capitaliste et industriel ont des effets inégaux. Alors que ce sont les puissances industrielles qui ont retiré les bénéfices d’une exploitation intensive de la nature, parce qu’elles l’ont organisé à leur profit, ce sont les pays les moins industrialisés qui subissent l’essentiel des dommages infligés à l’environnement comme le montre la carte ci-dessous, alors qu’ils sont les plus vulnérables du fait de leur pauvreté.

  Le dérèglement des paramètres du système terre et ses conséquences, la multiplication et l’intensification des catastrophes pour toutes les formes de vie, ont contribué à remettre en cause la désinhibition des consciences à l’égard des dégradations environnementales et des limites naturelles, qui, depuis l’âge industriel, a été une des conditions de la mise en place d’une société productiviste. De préoccupations marginales et minoritaires, la protection de l’environnement et la nécessité de réencastrer l’économie dans la nature sont devenus des enjeux majeurs.


 III)

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

La protection de l’environnement par les humains : un enjeu politique et social, global et local

A) Lawilderness:préserverlanaturesauvage

a) L’invention de la Wilderness : C’est aux États-Unis que se constitue à la fin du XIXe siècle un mouvement écologique autour de la défense de la nature sauvage ou Wilderness. Celle-ci apparaît comme un bien commun à préserver des dégradations qu’engendrent l’urbanisation et l’industrialisation ainsi que l’extension de l’agriculture. Ce mouvement de défense de la Wilderness se structure autour de figures et d’organisations non gouvernementales comme le Sierra Club fondé par John Muir en 1892 et la Wilderness society par Aldo Leopold en 1937. Cet activisme aboutit à la création de parcs naturels, des aires protégées où l’habitat humain et les activités industrielles et agricoles sont interdites, au nom d’une logique de préservation. Le premier parc naturel créé est celui de Yellowstone en 1872 à cheval sur les états du Montana, du Wyoming et de l’Idaho.

Le mouvement de préservation de la Wilderness se diffuse et s’organise à l’échelle mondiale comme en attestent la création d’ONG internationales tels l’UICN (Union Internationale de Conservation de la Nature) en 1948 qui regroupe aujourd’hui près de 1300 associations nationales ou encore le WWF (World Wildlife Fund) en 1961 récoltant des dons pour financer l’ouverture et l’entretien de parcs naturels dans le monde. Autre manifestation de cette diffusion de la Wilderness, la France adopte en 1960 une loi sur la création de parcs naturels nationaux.

b) L’illusion de la Wilderness : La Wilderness repose cependant sur une conception fausse d’une nature sauvage originaire qu’il faudrait préserver de toute intervention humaine. En effet, aux Etats-Unis, les grandes forêts que célèbrent les amoureux de la nature sont la conséquence du colonialisme européen : en décimant les populations amérindiennes, celui-ci a entraîné la reforestation de territoires aménagés par les sociétés autochtones et l’illusion d’une nature vide. D’autre part, la création des parcs naturels s’est traduite par l’expulsion des nations amérindiennes survivantes qui y vivaient, comme dans le cas de celui de Yellowstone avec le peuple des Soshstone, car elles étaient accusées de dégrader et de salir la nature. Enfin la vision de la Wilderness est modelée par des valeurs élitistes et masculinistes puisque les activités qui y sont autorisées (aventure, kayak...) renvoient à des loisirs réservés à la bourgeoisie et à l’imaginaire d’un mâle héroïque affrontant le monde sauvage. Voilà pourquoi l’historien étatsunien, W. Cronon, parle de la Wilderness comme une construction sociale blanche, raciste, élitiste et mâle.

  

Thème 5 : L’environnement, entre exploitation et protection

 A cela s’ajoute le fait que la préservation de la Wilderness sert d’alibi. Sont protégés, en effet quelques îlots des dégradations de la société industrielle et capitaliste, tandis que la nature ordinaire, le milieu de vie des hommes et des femmes, continue d’être polluée, au nom de l’impératif de croissance économique.

c) La préservation de la Wilderness, un moteur du colonialisme vert : La préservation de la Wilderness est aussi un outil manipulé par les puissances occidentales et les institutions internationales qu’elles contrôlent (ONU comme des ONG tel l’UICN et le WWF) pour dominer des peuples qu’ils continuent, dans les faits, de considérer comme inférieurs. Ainsi construisent- elles l’image d’une Afrique sauvage et déshumanisée devant servir de cadre à leurs divertissements (tourisme vert, safari, trekking...) à longueur de documentaires animaliers et revues (cf National geographic). Cette wilderness africaine devrait être protégée de la croissance démographique et des activités économiques des sociétés africaines qui la dégraderaient. Aussi l’UNESCO et l’UICN ont-elles obtenu, par exemple, du gouvernement éthiopien, soucieux d’améliorer son image internationale, de se procurer des financements internationaux et développer le tourisme international, qu’il expulse du parc du Simien des communautés paysannes accusés de déforestation et de perturber la vie des espèces sauvages.

Or cette conception d’un milieu « naturel » en déclin est une construction sans rapport avec la réalité qui reflète des préjugés occidentaux. Les techniques paysannes adaptées à un milieu semi-aride permettent, en effet, sous forme d’un jardinage élaboré, la régénération de la biodiversité, comme peut en attester, par ceux et celles qui vont sur le terrain, la progression ou le maintien du couvert forestier et des populations des espèces sauvages. Les conséquences de leur expulsion pour les paysan.ne.s sont, quant à elles, désastreuses : réinstallation dans des bidonvilles, passage de la pauvreté à la misère, sentiment de déracinement...

B) Concilierenvironnementetdéveloppement:laquadratureducercle?

a) La forêt française depuis Colbert : un laboratoire d’expériences de conservation d’un « milieu naturel ». Les forêts, comme milieu de vie, lieu de production de richesses et réservoir de ressources convoitées (gibier, bois de chauffage, bois d’œuvre...), sont considérés par l’État comme stratégiques. Aussi revendique-t-il leur gestion comme une prérogative de la puissance publique par la promotion d’un modèle de gestion raisonnée visant à conserver les ressources face aux intérêts particuliers qui les dégraderaient. Ainsi l’ordonnance des eaux et forêts de 1669, due à Colbert, au nom de l’intérêt général, interdit-elle et criminalise-t-elle les usages communautaires des paysan·ne·s qui y puisent des moyens de subsistance

 

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(pâturage de leurs bêtes, bois de chauffage...) pour faire des forêts un espace consacré à la production des espèces utiles à la politique de puissance de Louis XIV (bois d’œuvre pour la construction d’une force navale) et aux divertissements aristocratiques (privilège royal et seigneurial de la chasse). Un corps de commissaires et gardes forestiers royaux, chargés de protéger les forêts, est créé à cette fin.

La Révolution de 1789, à laquelle participent massivement les communautés paysannes, rétablit les droits d’usage communautaire des forêts et transforme une partie celle-ci en bien national du fait de la nationalisation des biens du clergé et des nobles émigrés. Mais les masses rurales sont une nouvelle fois accusées d’une exploitation abusive les forêts qui entraînerait une intensification des catastrophes naturelles (érosion, destruction des sols, inondations...) et porterait atteinte au respect de la propriété privée. Aussi, au nom de la protection de l’environnement, les usages communautaires sont-ils une nouvelles fois criminalisés par le Code forestier de 1827. L’État entreprend également des actions de reboisement de la France, dans les Landes et en Sologne sous le 2nd Empire, puis, dans les montagnes durant la IIIe République, dans un double objectif : procurer du bois d’œuvre nécessaire au développement du chemin de fer, et assainir les milieux que le déboisement a rendu dangereux (inondations, paludisme...). Conjugué au remplacement du charbon de bois par la houille, ces politiques publiques enrayent la diminution du couvert forestier depuis la fin du Moyen Âge et entraînent son augmentation entre 1827 et 1914 de 7,5% à 10,2% du territoire national.

Aujourd’hui, les actions de l’Etat sont toujours pilotées par l’objectif d’une gestion raisonnée des ressources et des espaces forestiers. Mais il s’agit, pour lui, de concilier exploitation et conservation, en s’inscrivant dans le respect de ses engagements internationaux en faveur du développement durable. Aussi affirme-t-il dans la loi d’orientation sur les forêts de 2001 que l’exploitation des ressources naturelles des forêts à des fins productives (industrie de bois, filière énergétiques) ou récréatives (tourisme, loisirs) est soumise à des autorisations et à un contrôle par l’Etat (ONF – Office National des Forêts ; préfecture) de façon à ne pas compromettre la satisfaction des besoins des générations futures ainsi qu’à garantir la pérennité des services écosystémiques (stockage du carbone réduisant l’effet de serre, lutte contre l’érosion et les inondations, maintien de la biodiversité). A cette logique de conservation s’ajoute une logique de préservation par la création de nouveaux parcs naturels nationaux. Ces derniers constituent des aires naturelles protégées où les formes d’exploitation (coupe de bois, chasse...) et d’artificialisation (urbanisation, équipements touristiques) de la « nature » sont interdites dans les zones de cœur ou très limitées et encadrées dans les zones d’adhésion. Cependant, l’État, converti au dogme du néolibéralisme, amorce cependant une rupture avec

 

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cette double logique : il entend confier davantage la gestion de forêt aux intérêts privés et aux forces du marché.

b) « Halte à la croissance ! », une prise de conscience des limites planétaires : L’environnement a nourri de nombreux mouvements politiques et sociaux mais ceux-ci ont été systématiquement dénigré, tout particulièrement dans les pays en voie de développement, car ils étaient considérés comme un attachement au passé et un refus du progrès. Cependant, dans les pays occidentaux, la critique des dégradations environnementales par le capitalisme industriel acquiert une audience nouvelle dans les années 1970. Ainsi, en France, René Dumont, agronome, devient- il une figure publique du mouvement écologique, même si sa candidature à la présidentielle de 1974 ne recueille que 1,32 % des voix.

Le rapport Meadows publié en 1972 témoigne également d’une montée des préoccupations environnementales dans le débat public. Rédigé à l’initiative du Club de Rome, un mouvement regroupant des grands patrons et des experts scientifiques, il démontre que la croissance économique ne peut être indéfinie à cause de l’épuisement des ressources naturelles et de l’augmentation des pollutions. En se basant sur une simulation informatique de l’évolution de la planète à partir de cinq paramètres (Population, production alimentaire par habitant, stock de ressources naturelles non renouvelable, pollution, industrialisation), il invite à limiter la croissance démographique et la production économique pour préserver les équilibres planétaires.

Cette question des limites planétaires est cependant rapidement marginalisée dans le débat public. Dans le contexte de crise économique après 1973, la priorité des gouvernements est la relance de la croissance économique et la création d’emplois nouveaux. Quant aux experts économiques, ils entretiennent la croyance dans les mécanismes du progrès et du marché qui feront émerger une économie du recyclage pour diminuer les pollutions et de nouvelles énergies qui se substitueront à celles en cours d’épuisement. Enfin, pour les pays du Sud, ces limites planétaires sont une norme illégitime émanant des pays riches qui a pour but de stigmatiser leurs efforts de développement et les empêcher d’exploiter leurs ressources naturelles pour sortir de la pauvreté.

c) Le développement durable, une stratégie pour concilier croissance, justice sociale et environnement: Dans les années 1980, la Commission des Nations Unies pour l’Environnement et la Commission des Nations Unies pour le Commerce et le Développement se saisissent de la question des dégradations environnementales et des inégalités de développement. Leur travail est synthétisé dans le rapport Bruntland en 1987 qui entend

 

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concilier le principe de la croissance économique avec les exigences environnementales et les exigences de justice sociale. Le rapport appelle, en effet, à une gestion raisonnée des ressources dans le but de conserver celles-ci pour permettre aux générations suivantes de répondre à leurs besoins.

Le rapport Bruntland nourrit le Sommet de Rio de 1992, une conférence internationale organisée par l’ONU, où sont adoptés par 153 Etats les trois piliers du développement durable (cf schéma ci-dessous). Ceux-ci doivent orienter leurs politiques publiques et la coopération internationale.

Les Objectifs du Développement Durable adoptés en 2015 par les États-membres de l’ONU sont censés impulser une mise en œuvre plus énergique des piliers du développement durable dans les politiques des États. Car jusqu’ici le développement économique a continué de se réaliser au détriment de l’environnement et au prix d’une hausse des inégalités. Les États les plus riches et les grandes entreprises se sont, en effet, contentés, au mieux, d’un greenwashing : la protection de l’environnement n’a été qu’un affichage politique ou publicitaire sans volonté de transformer effectivement les modes de production et de consommation pour les rendre compatibles avec les limites planétaires comme le montre le schéma ci-dessous. Cette résistance témoigne, d’une part, du fait que l’environnement continue d’être perçu comme une variable secondaire par rapport aux bénéfices de la croissance économique et non comme la base matérielle de nos existences, et, d’autre part, que l’accumulation de richesses et de pouvoirs

  

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qui profite à une minorité apparaît, à celle-ci, comme une protection suffisante contre les catastrophes à venir qui seront autant de nouvelles sources de profit (capitalisme du désastre).

                    Conclusion : On peut observer que, dans l’arbitrage entre exploitation et protection de l’environnement, ce sont le colonialisme et le capitalisme industriel, enfantés au sein des sociétés européennes, qui libèrent la croissance économique de toute notion de limites naturelles. Alors que jusqu’au XVIe siècle, les sociétés étaient tenues de concilier développement et environnement, à travers un idéal de maîtrise de la nature permettant la reconstitution des bases matérielles de leur existence, la conquête et l’exploitation des nouveaux mondes offrent aux puissances impérialistes européennes et aux entrepreneurs capitalistes la possibilité d’une exploitation intensive de leurs ressources naturelles à leur profit, sans se soucier des conséquences de la destruction d’écosystèmes lointains. De même, la Révolution industrielle promet une ère de croissance illimitée par l’utilisation massive de nouvelles sources d’énergie et de nouvelles technologies qui semblent affranchir le développement des contraintes et des cycles naturels. Le système productiviste qui se met en place réussit à enraciner cette croyance d’autant mieux qu’il parvient à désinhiber les consciences face aux risques environnementaux en faisant de l’abondance matérielle le bienfait ultime et de l’environnement une variable secondaire.


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Si, face au dérèglement des paramètres du système terre et ses conséquences bien manifestes, l’intensification et la multiplication des catastrophes, la nécessité de protéger l’environnement et de mettre en œuvre des modes de production et de consommation compatibles avec les limites planétaires s’imposent, de nouveau, comme un enjeu, les résistances demeurent fortes en raison de l’enracinement des valeurs et des croyances liées au modèle productiviste. D’autre part, les politiques de gestion raisonnée des ressources comme de préservation de « la nature » montrent qu’à l’instar des formes d’exploitation coloniale ou capitaliste, elles peuvent être des outils de domination, en niant notamment les solidarités écologiques et les rapports non marchands qu’ont bâti des sociétés avec leur environnement. Aussi la question d’habiter le monde à l’ère de l’anthropocène est-elle celle de la construction d’un monde commun et juste pour l’ensemble des humains comme des non humains.

Partie 1 : Histoire
La première partie de l'axe 1 est consacrée à l'étude de l'histoire contemporaine. Les élèves aborderont des thèmes tels que les grandes guerres du XXe siècle, les mouvements de décolonisation, les grandes crises économiques et politiques, ainsi que les idéologies qui ont marqué cette période. Ils analyseront également les changements technologiques, sociaux et culturels qui ont eu lieu au cours de cette période.

Définition

Décolonisation
La décolonisation fait référence au processus par lequel les colonies européennes ont obtenu leur indépendance. Elle a été marquée par des mouvements de libération nationale et des luttes pour l'autodétermination des peuples colonisés. La décolonisation a eu lieu après la Seconde Guerre mondiale et a été influencée par des facteurs tels que la montée du nationalisme, les revendications de liberté et de droits de l'homme, ainsi que la pression internationale pour mettre fin au colonialisme.
Partie 2 : Géographie
La deuxième partie de l'axe 1 est consacrée à l'étude de la géographie. Les élèves exploreront les différents aspects de la géographie contemporaine, tels que la mondialisation, les dynamiques territoriales, les enjeux environnementaux, et les migrations. Ils analyseront également les interactions entre les sociétés humaines et leur environnement, ainsi que les défis posés par la gestion des ressources naturelles et la préservation de la biodiversité.

Définition

Mondialisation
La mondialisation fait référence à l'interconnexion croissante des sociétés, des économies et des cultures à l'échelle mondiale. Elle est caractérisée par l'intensification des échanges commerciaux, financiers et culturels entre les différents pays du monde. La mondialisation a des impacts majeurs sur les dynamiques territoriales, les inégalités socio-économiques et les identités culturelles. Elle soulève également des questions sur la gouvernance mondiale et la régulation des flux transnationaux.
Partie 3 : Géopolitique et Sciences Politiques
La troisième partie de l'axe 1 est consacrée à l'étude de la géopolitique et des sciences politiques. Les élèves exploreront les relations internationales, les enjeux géopolitiques contemporains, les grandes organisations internationales, ainsi que les systèmes politiques et les régimes politiques. Ils analyseront également les tensions et les conflits géopolitiques, les défis de la gouvernance mondiale et les mouvements sociaux qui ont façonné l'histoire récente.

Définition

Relations internationales
Les relations internationales font référence aux interactions entre les différents acteurs de la scène internationale, tels que les États, les organisations internationales, les entreprises multinationales et les mouvements sociaux. Elles sont marquées par des rivalités de pouvoir, des intérêts économiques et politiques, ainsi que des conflits et des coopérations. Les relations internationales sont étudiées dans le but de comprendre les dynamiques géopolitiques et les enjeux politiques à l'échelle mondiale.

A retenir :

En conclusion, l'axe 1 du programme de HGGSP pour les élèves de Terminale offre une vision globale de l'histoire contemporaine, de la géographie et de la géopolitique. Il permet aux élèves de développer une compréhension approfondie des enjeux historiques, géographiques et politiques qui influencent notre monde aujourd'hui. Les connaissances acquises dans cet axe sont essentielles pour les futurs citoyens et professionnels qui souhaitent s'engager dans des carrières liées aux sciences humaines et sociales.