📘 Audition de la personne gardée à vue sans avocat
🔹 1. Définition et contexte
L’audition d’une personne gardée à vue sans avocat est une mesure exceptionnelle, encadrée par la loi, qui permet à un OPJ d’interroger un mis en cause privé de liberté, dans deux cas précis :
- Avant l’arrivée de l’avocat (si celui-ci a été demandé)
- Si la personne renonce expressément à son droit à l’avocat
Cette audition doit respecter strictement les droits fondamentaux de la personne gardée à vue et ne peut être conduite que par un officier de police judiciaire.
🔹 2. Cadre juridique et conditions de validité
a) Audition avant l’arrivée de l’avocat
- L’avocat a été demandé par le gardé à vue.
- L’audition peut avoir lieu avant son arrivée uniquement si elle est urgente.
- L’urgence doit être motivée et justifiée dans le procès-verbal.
- L’OPJ doit démontrer que l’attente de l’avocat compromettrait l’enquête (ex : risque de disparition de preuves, nécessité d’intervenir rapidement).
b) Audition après renoncement à l’avocat
- Le gardé à vue renonce expressément à son droit à l’assistance d’un avocat.
- Cette renonciation doit être :
- Libre : sans pression ni contrainte
- Éclairée : la personne comprend les conséquences
- Écrite : mentionnée dans le PV avec signature ou refus de signer
⚠️ En l’absence de ces conditions, l’audition est irrégulière et peut être annulée.
🔹 3. Droits fondamentaux du gardé à vue
Avant toute audition, l’OPJ doit notifier les droits suivants à la personne gardée à vue :
- Droit d’être informée de la nature de l’infraction reprochée
- Droit de garder le silence
- Droit d’être assistée par un avocat
- Droit de demander un examen médical
- Droit de prévenir un proche ou son employeur
- Droit à un interprète si elle ne comprend pas le français
Ces droits doivent être :
- Verbalement expliqués
- Mentionnés dans le procès-verbal
- Confirmés par la signature du gardé à vue, ou mention du refus de signer
🔹 4. Déroulement de l’audition
L’audition doit être menée avec neutralité, rigueur et respect des droits. Elle doit comporter :
a) Identification complète
- Nom, prénom, date et lieu de naissance, nationalité, adresse
- Profession, situation familiale
- Type et numéro de pièce d’identité présentée
b) Cadre de l’audition
- Date et heure de début et de fin
- Nom et qualité de l’OPJ
- Mention du cadre : urgence ou renoncement
- Notification des droits et réponse du gardé à vue
c) Contenu de l’audition
- Questions posées et réponses données
- Comportement du gardé à vue : coopératif, silencieux, agité, agressif…
- Réactions aux éléments présentés : témoignages, preuves matérielles, confrontations
- Éventuelles déclarations spontanées, demandes ou précisions
- Mention de toute difficulté rencontrée (refus de répondre, tension, fatigue…)
d) Clôture du procès-verbal
- Signature du gardé à vue (si acceptée)
- Signature de l’OPJ
- Mention de la transmission au procureur de la République
Le PV doit être :
- Rédigé en langue française
- Structuré de manière chronologique
- Strictement factuel
- Exempt de toute interprétation personnelle
🔹 5. Responsabilité de l’officier de police judiciaire
L’OPJ est pleinement responsable de :
- La notification complète et conforme des droits
- La rédaction fidèle et exhaustive du procès-verbal
- La justification de l’absence d’avocat
- Le respect du statut du gardé à vue
- La transmission du PV dans les délais légaux
Il doit veiller à :
- Ne pas exercer de pression ou de contrainte
- Ne pas poser de questions orientées ou suggestives
- Ne pas interpréter ou modifier les propos recueillis
- Ne pas omettre les éléments importants ou les incidents survenus
Toute irrégularité peut entraîner :
- Une nullité de procédure
- Une exclusion du PV comme élément de preuve
- Une mise en cause de la responsabilité de l’OPJ