Chapitre 2 : L'analyse de l'Education par les économistes
1. L’émergence de l'économie de l'éducation
Avant les années 1960 : L'éducation est considérée comme une dépense de consommation, sans analyse économique approfondie.
Fin des années 1950 : L'éducation devient un enjeu politique majeur pour l'économie, avec l'idée que le progrès économique passe par une hausse du niveau d'éducation.
Le NBER (National Bureau of Economic Research) introduit l'éducation dans les analyses économiques à la fois microéconomiques et macroéconomiques, en percevant l'éducation comme un secteur de production particulier.
2. L'approche microéconomique
Théorie du capital humain (BECKER, 1964) : L'éducation est vue comme un investissement et non comme une consommation. Les individus choisissent d'investir dans leur éducation en fonction des coûts et des bénéfices anticipés (ex. : salaires futurs).
Changements dans les rendements de l'éducation : À la fin des Trente Glorieuses, les rendements de l'éducation diminuent, entraînant des critiques sur le modèle du capital humain.
Théorie du signal : L'éducation sert à signaler la compétence d'un individu à un employeur, plutôt qu'à améliorer la productivité.
Critiques des hypothèses de rationalité : Des facteurs comme les influences familiales et les contraintes socio-économiques compliquent le choix rationnel d'éducation.
3. L'approche macroéconomique
Impact de l'éducation sur la croissance économique : L'investissement en capital humain est vu comme la clé de la croissance économique. L'éducation financée par l'État permet d'augmenter le niveau moyen de qualification de la population.
Modèles de croissance endogène : Ces modèles relient l'accumulation de capital humain à la croissance économique, en distinguant les effets du stock de capital humain de ceux de l'augmentation annuelle du capital humain.
Le rôle de l'État : L'État joue un rôle essentiel dans le financement public de l'éducation, car les externalités positives de l'éducation génèrent des bénéfices sociaux supérieurs aux bénéfices privés.
Institutions et croissance : Les institutions (valeurs et normes) influencent les choix éducatifs et la relation entre capital humain et croissance économique.
4. La production de l'éducation
Coûts de l'éducation : Les dépenses publiques en éducation augmentent, principalement dues à l'amélioration des conditions d'enseignement (encadrement et salaires).
Fonction de production de l'éducation : Modélisation du processus éducatif comme une fonction de production où les enseignants sont un facteur clé. L'optimisation consiste à maximiser l'efficacité de l'éducation, en équilibrant la taille des classes et les coûts.
Limitations de la fonction de production : L'éducation est une interaction sociale complexe difficile à modéliser de manière optimale, car les ressources (enseignants, bâtiments) ne sont pas toujours utilisées de manière optimale.
5. Les dysfonctionnements du marché de l'éducation
Asymétrie d'information : Les asymétries entre emprunteurs et prêteurs créent des obstacles à l'accès à l'éducation pour certaines populations.
Ségrégation spatiale : L'accès aux meilleurs établissements scolaires est conditionné par la capacité financière des familles à s'installer dans des quartiers où les écoles sont de qualité.
Bien public et externalités : L'éducation présente des caractéristiques de bien public, avec des externalités positives (entraide entre élèves) et négatives (congestion et perturbations en classe).
Ce résumé met en évidence l'évolution de la pensée économique autour de l'éducation, en passant d'une simple dépense de consommation à un bien complexe influençant la croissance économique et la structure sociale.